Pâques en la Cathédrale Saint Etienne de Toulouse |
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TOULOUSE, le 09 Avril 2007 -
(E.S.M.) - Nous
publions, avec son aimable autorisation, deux homélies de Mgr. Robert Le
Gall, Archevêque de Toulouse. La Messe Chrismale et la Solennité des
Solennités, le Jour de Pâques.
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Mgr.
Robert Le Gall, Archevêque de Toulouse
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Mgr le Gall
Pâques en la Cathédrale Saint Etienne de Toulouse
MESSE CHRISMALE
EN LA CATHÉDRALE SAINT-ETIENNE DE TOULOUSE
LE LUNDI SAINT 2 AVRIL 2007
« Je demande la consolation ! » C’était la requête d’un pénitent à la fin du
Carême : il peinait dans le combat, franc et clair devant Dieu et devant lui
même ; il avait besoin, non pas de mes paroles d’encouragement, encore
qu’elles soient importantes à leur plan et fassent partie de notre
ministère, mais de la présence divine pour le soutenir. N’est ce pas ce que
nous avons entendu hier dans la lecture de la Passion selon saint Luc ? Le
troisième Évangile est le seul à rapporter la sueur de sang de Jésus lors de
son agonie, à ce point éprouvante qu’il précise : « Alors du ciel apparut un
ange qui le réconfortait » (22, 43).
Consolation, réconfort : nous reconnaissons là l’œuvre de l’Esprit Saint.
Nous venons de l’entendre. A la synagogue de Nazareth, Jésus tombe sur le
passage d’Isaïe que nous écoutions dès le début de la première lecture : «
L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par
l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux
prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière,
apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits
accordée par le Seigneur. » Avec cette citation, voici trois fois que nous
entendons cette promesse, vraie parole de consolation, empruntée à la fin du
livre d’Isaïe, qui fait suite, précisément, à ce que l’on appelle le « livre
de la Consolation d’Israël ». Ses premières paroles résonnent dans notre
cœur : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cœur de
Jérusalem » (40, 1 2). Et la lecture d’Isaïe de ce jour confirme : « Alors,
tous ceux qui pleurent, je les consolerai » (61, 2).
Le don de l’Esprit est réconfort. Dans les discours après la Cène, que nous
pouvons reprendre tous ces jours, Jésus nous annonce l’Esprit comme notre
Défenseur, comme notre Avocat ou notre Paraclet, celui qui est appelé – en
latin et en grec pour être près de nous et prendre notre défense, celui que
nous appelons à la rescousse (Jn 14, 16.26 ; 15, 26 ; 16, 7). « Je demande
la consolation ! », répétait mon pénitent avec un accent de vérité
impressionnant. Il est dit du vieillard Siméon, qui survient au moment de la
présentation de Jésus au Temple, qu’« il attendait la Consolation d’Israël
et que l’Esprit Saint était sur lui » (Lc 2, 25). Dans le même sens, Luc
écrit dans les Actes des Apôtres que les Églises, après les premières
épreuves, « étaient comblées de la consolation de l’Esprit Saint » (9, 21).
Dans ces deux dernières mentions, le mot grec est παρακλησίς : la paraclèse
ou consolation est bien l’œuvre du Saint-Esprit.
Comme ministres ordonnés, participant à cette onction spirituelle du Messie
envoyé porter l’Évangile aux pauvres, nous sommes les ambassadeurs de la
consolation de l’Esprit Saint. C’est en ce sens que la liturgie de la
Pentecôte, qui est le point d’orgue de tout le cycle pascal, dans sa
profonde Séquence nous fait chanter l’Esprit en ces termes :
Viens en nous, père des pauvres,
Viens, dispensateur des dons,
Viens, lumière des cœurs.
Consolateur souverain,
Hôte très doux de nos âmes,
Adoucissante fraîcheur.
Qu’est ce qui peut nous consoler en profondeur sinon de nous savoir aimés,
aidés parce qu’aimés ? C’est ce dont nous assure la deuxième lecture. Il
s’agit des premières lignes de l’Apocalypse, qui font un portrait de «
Jésus, Christ, le Témoin fidèles, le premier né d’entre les morts, le
souverain des rois de la terre » (1, 5) ; cette litanie continue par la
formule suivante : « A lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés
par son sang, à lui qui ceci, à lui qui cela, à lui gloire et puissance pour
les siècles des siècles. Amen » (1, 5 6).
« A lui qui nous aime ! » Voilà notre consolation. Est il étonnant de voir
notre pape Benoît XVI intituler sa première Lettre encyclique :
Dieu est Amour
et sa première Exhortation apostolique post synodale sur l’Eucharistie :
Le
Sacrement de l'Amour. Aux jeunes, pour la XXIIe Journée
Mondiale de la Jeunesse dans les diocèses, le pape Benoît XVI disait
fortement : « Osez l’amour », avant d’ajouter : «
L’Eucharistie est par dessus tout la grande école de l’amour ».
Très chers frères dans l’Ordre sacré, Évêque, Prêtres, avec les Diacres,
comment sommes nous dans notre ministère les témoins fidèles de cette Bonne
Nouvelle, annoncée par Jésus aux pauvres, de cet Évangile qu’il est en sa
Personne, lui qui est Il nous aime ? Avons nous, par l’onction de l’Esprit
Saint, assez de cœur, ouvert au Cœur transpercé de Jésus, pour apporter
cette consolation à tous ceux qui nous attendent ou que nous rejoignons ? Je
vais bénir l’huile des malades et l’huile des catéchumènes, puis consacrer
avec les prêtres le saint Chrême pour apporter dans les sacrements du
baptême, de la confirmation et de l’ordre, dans le sacrement des malades,
cette douceur spirituelle qui est force de Dieu : « Répands largement,
Seigneur, les dons du Saint-Esprit sur nos frères que cette onction va
imprégner ; fais progresser ton Eglise jusqu'à ce qu’elle atteigne cette
plénitude où toi-même tu seras totalement présent à tous les êtres », toi le
Consolateur souverain. Amen.
SOLENNITÉ DES SOLENNITES
JOUR DE PAQUES
LE DIMANCHE 8 AVRIL 2007
EN LA CATHÉDRALE SAINT-ETIENNE
DE TOULOUSE
Le mot qui revient sans cesse dans l’Évangile de ce matin de Pâques, jusqu’à
sept fois – un chiffre biblique – est celui de « tombeau ». Les saintes
femmes et les Apôtres sont obnubilés par le tombeau où l’on a déposé en hâte
le corps de Jésus. Les femmes, en la Passion selon saint Luc, que nous
entendions dimanche dernier, « regardaient » à distance après la mort de
Jésus ; au moment de son ensevelissement, « elles regardèrent le tombeau
pour voir comment le corps avait été placé ». Le samedi, tout le monde était
tenu au repos du sabbat – source ou occasion des premières altercation de
Jésus avec les scribes et les pharisiens – et les pieuses femmes, « qui le
suivaient depuis la Galilée », attendaient avec impatience « le premier jour
de la semaine » pour rendre au Seigneur les derniers hommages avec leurs
aromates.
Pour nous, le tombeau ou la sépulture ont un sens très fort. Les
scientifiques paléontologues s’entendent pour dire que la preuve que l’on se
trouve devant des êtres humains est le fait qu’ils ensevelissent leurs
morts, signe d’une certaine croyance dans un au delà. De nos jours où
s’amplifient les pratiques de crémation, la façon dont les gens vivent leur
deuil cause problème, à tel point qu’une loi sur le sort des cendres et des
urnes est prête à être promulguée : j’étais même chargé de dire au ministère
de l’Intérieur la position de l’Eglise catholique à ce sujet au nom de notre
Conférence épiscopale, puisqu’il s’agit de liturgie. Rappelons nous le
besoin, l’exigence même, des familles pour récupérer les dépouilles de leurs
disparus, par exemple lors du naufrage d’un chalutier dans la Manche. Le
tombeau, ou le lieu sacré où l’on peut déposer l’urne d’un défunt, permet
qu’un lien soit maintenu à partir duquel une espérance se construit.
Curieusement, quand Jésus, à trois reprises, annonce son mystère pascal, il
ne mentionne pas son ensevelissement : après la confession de foi de Pierre,
écrit saint Matthieu, « Jésus, le Christ, commença à montrer à ses disciples
qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup, être tué, et le
troisième jour ressusciter » (16, 21 ; cf. 17, 22 ; 20, 18 19). Pourtant,
notre Credo nous fait proclamer qu’il « a été enseveli ». Jésus ne s’attarde
pas à cette étape transitoire de sa Pâque, mais elle est essentielle pour
lui comme pour nous, car non seulement il est mort comme nous et pour nous,
mais il a été mis au tombeau comme nous. Seulement, l’espérance qu’il nous
apporte fait que nous ne restons pas au tombeau, même si nous y honorons nos
défunts, dans ces « dortoirs de la Résurrection » que sont nos cimetières,
comme écrit Bernanos, qui ne fait que reprendre le sens originel du mot.
Il nous faut les anges éblouissants du matin de Pâques pour que nous
commencions à comprendre avec les femmes et grâce à elles aussi : « Pourquoi
cherchez vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est
ressuscité » (Lc 24, 5). Telle est l’annonce pascale, frères et sœurs du
Ressuscité, que nous devons faire retentir dans le monde entier, à commencer
par notre si attachante ville rose, comme nous l’avons fait déjà sur le
Capitole le Vendredi saint au soir à presque 2000 chrétiens.
Avant de parler du tombeau, l’évangéliste Jean parle de jardin : « Près du
lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin,
un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore mis personne » (19, 41). Et de
fait, quand Marie-Madeleine parle à Jésus, sans le reconnaître, elle voit en
lui le jardinier ou le gardien du jardin
; les deux mots résonnent ensemble, d’autant que l’un semble venir de
l’autre : garden, disent les Anglais pour jardin, et gardener pour
jardinier. Comme l’écrit l’auteur inconnu d’une homélie antique pour le
grand et saint Samedi : « C’est pour toi, homme, qui es sorti du premier
jardin, le paradis terrestre, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et
que j’ai été crucifié dans un jardin », enseveli dans un jardin.
Cela seul fait la différence. Jésus a dit lui-même à propos de son mystère
pascal : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne
meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn
12, 24). Jésus a été semé dans le jardin comme une graine, pour pousser
jusqu’à la pleine vie au soleil de Dieu son Père. N’est ce pas pour cela que
l’on appelle les nouveaux baptisés des néophytes, littéralement en grec «
nouvelles pousses ». Saint Paul a développé cette image à la fin de sa
première lettre aux Corinthiens : « L’un de vous peut demander : Comment les
morts ressuscitent ils ? avec quel sorte de corps reviennent ils ? –
Réfléchis donc ! Quand tu sèmes une graine, elle ne peut pas donner vie sans
mourir d’abord ; et tu ne sèmes pas le corps de la plante qui va pousser, tu
sèmes une graine toute nue : du blé ou autre chose. Et Dieu lui donne un
corps comme il le veut » (15, 35 36).
Ce matin, frères et sœurs du Vivant, ne restons pas au tombeau ; il est
vide. Nous sommes dans le jardin de la Résurrection, où comme au jardin
Saliège voisin – nous y étions hier soir pour le feu nouveau – le printemps
fait son entrée lumineuse et chaude. Nous sommes plantés avec lui pour une
vie nouvelle, « implantés », « complantés » selon la formule de Paul qui
n’hésite jamais à forger de nouveaux mots pour dire la vie neuve manifestée
par Jésus ressuscité. Il nous reste à nourrir ce germe de vie divine au
soleil du Vivant, pour que se développe harmonieusement ce jardin de Dieu
qu’est l’Eglise dans le monde, encore plus beau que notre Jardin des plantes
ou le Grand Rond, où chantent la vie et ses couleurs. « Ce qui est semé,
écrit encore l’Apôtre, n’a plus de valeur, ce qui ressuscite est plein de
gloire ; ce qui est semé est faible, ce qui ressuscite est puissant ; ce qui
est semé est un corps humain, ce qui est ressuscité est un corps spirituel »
(15, 43 44).
Il est Vivant : il est Prince de la vie.
Alleluia.
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fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
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Homélie prononcée par le pape Benoît XVI, lors de
la Veillée Pascale dans la Basilique Saint-Pierre:►
Benoît XVI: l'amour est plus fort que la mort
Sources:
Mgr Le gall-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.04.2007 - BENOÎT XVI - Méditation |