Benoît XVI: l'amour est plus fort que
la mort |
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CITE DU VATICAN, le 08 Avril 2007 -
(E.S.M.) - Voici l'homélie
prononcée par le pape Benoît XVI, lors de la Veillée Pascale dans la
Basilique Saint-Pierre, en présence de plus de dix mille personnes.
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Veillée
Pascale présidée par le pape Benoît XVI -
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Veillée
Pascale
Benoît XVI: l'amour est plus fort que la mort
Psaume 138 : Psaume de Méditation
(réécrit - Stan Rougier)
Seigneur, Dieu qui es, Tu lis dans mon coeur quand ça va, quand ça ne va
pas, Tu le sais.
Tu sais où je vais, Tu sais où je dors. Tu lis au plus profond de moi ! Tu
es le compagnon de toutes mes routes.
Je n'ai pas commencé à parler, et déjà tu as compris ce que je voulais dire.
Je suis enveloppé de Ta tendresse. Sur mon épaule, douce et ferme se pose Ta
main.
Ce que Tu es pour moi me dépasse ; j'en ai le souffle coupé.
Comment ferais-je pour me séparer de Toi ? Où fuir pour ne plus voir ton
visage ?
Je vais au plus haut des cieux, Tu es là. Je descends dans les tombeaux, je
T'y retrouve ! Je prends les ailes de l'aube ; je m'installe aux extrémités
des mers : Là encore, Ta main me conduit, Cette main si tendrement posée sur
moi.
Il m'est arrivé de dire : '' Qu'Il me laisse vivre à ma guise quelque temps,
qu'il cesse un instant de me regarder ! ''
Même lorsque je m'isole, je Te retrouve dans mon coeur, A travers mes
ombres, Tu vois comme en plein jour.
C'est toi qui as eu cette idée que j'existe, c'est Toi qui as brodé les
moindres cellules de mon corps, c'est Toi qui m'as tissé au ventre de ma
mère.
Je suis ébloui par un tel mystère. Prodige que je suis, merveille qu'une si
belle aventure !
Ce que je suis vraiment, Toi tu le sais. Mon mystère est transparent pour
Toi.
Tu étais là quand je fus conçu dans le secret du désir, pétri dans la
poussière des étoiles.
Mon histoire Tu la connais, le développement de mon embryon s'inscrivait
chaque jour dans Ton livre
Que Tes projets sont magnifiques., comme Tes mystères me dépassent !
Plus foisonnants que les grains de sable du désert, je m'y perds comme dans
un rêve et au matin je retrouve Ton visage.
Conduis-moi sur ton chemin d'éternité.
Voici le texte intégral de l'homélie prononcée par le pape Benoît XVI, lors
de la Veillée Pascale dans la Basilique Saint-Pierre, en présence de plus de
dix mille personnes.
Homélie du Saint Père Benoît XVI
Chers Frères et Sœurs,
Depuis les temps les plus anciens, la liturgie du jour de Pâques commence
par ces mots : Resurrexi et adhuc tecum sum –
Je suis ressuscité et je me retrouve avec toi.
Ta main s’est posée sur moi. La liturgie
voit ici les premières paroles du Fils adressées au Père après la
résurrection, après son retour de la nuit de la mort dans le monde des
vivants. La main du Père l’a soutenu aussi en cette nuit, et ainsi il a pu
se relever, ressusciter.
Cette parole vient du psaume 138, dans lequel elle a d’abord un autre sens.
Ce psaume est un chant d’émerveillement devant la
toute-puissance et l’omniprésence de Dieu, un chant de confiance
en Dieu, qui ne nous laisse jamais tomber de ses mains.
Et ses mains sont de bonnes mains.
L’orant imagine un voyage à travers toutes les dimensions de l’univers – que
lui arrivera-t-il ? «Je gravis les cieux : tu es là; je descends chez les
morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore et me pose au-delà des
mers : même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit. J’avais dit :
‘Les ténèbres m’écrasent !’ Mais la nuit devient lumière autour de moi.
Même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et
la nuit comme le jour est lumière !»
(Ps 138 [139], 8-12).
Le jour de Pâques, l’Église nous dit : Jésus Christ a accompli pour nous ce
voyage à travers les dimensions de l’univers. Dans la Lettre aux Éphésiens
nous lisons qu’il est descendu jusqu’en bas sur la terre et que Celui qui
est descendu est le même que Celui qui est aussi monté au plus haut des
cieux pour combler tout l’univers
(cf. 4, 9-10). Ainsi la vision du psaume est devenue réalité.
Dans l’obscurité impénétrable de la mort, il est entré comme la lumière –
la nuit devint lumière comme le jour, et les ténèbres devinrent lumière.
C’est pourquoi l’Église peut justement considérer ces paroles d’action de
grâce et de confiance comme les paroles du Ressuscité adressées au Père : «Oui,
j’ai accompli le voyage jusqu’aux profondeurs extrêmes de la terre, dans
l’abîme de la mort, et j’ai apporté la lumière; et maintenant je suis
ressuscité et je suis pour toujours saisi par tes mains». Mais
cette parole du Ressuscité au Père est devenue aussi une parole que le
Seigneur nous adresse : «Je suis ressuscité et
maintenant je suis pour toujours avec toi», dit-il à chacun
d’entre nous. Ma main te soutient.
Où que tu puisses tomber, tu tomberas dans mes
mains. Je suis présent jusqu’aux portes de la mort. Là où personne ne peut
plus t’accompagner et où tu ne peux rien emporter, là je t’attends et je
change pour toi les ténèbres en lumière.
Cette parole du psaume, lue comme l’échange du Ressuscité avec nous, est en
même temps une explication de ce qui advient dans le Baptême.
Le Baptême, en effet, est plus qu’un bain, plus
qu’une purification. Il est plus que l’entrée dans une communauté.
Il est une nouvelle naissance. Un nouveau commencement
de la vie. Le passage de la Lettre aux Romains, que nous venons
d’entendre, dit avec des paroles mystérieuses que, dans le Baptême, nous
avons été unis dans une mort semblable à celle du Christ. Dans le Baptême
nous nous donnons au Christ – Il nous assume en lui, afin que nous ne
vivions plus pour nous-mêmes, mais grâce à lui, avec lui et en lui; afin que
nous vivions avec lui et ainsi pour les autres. Dans le Baptême, nous
renonçons à nous-mêmes, nous déposons notre vie entre
ses mains, disant avec saint Paul : «Je vis, mais ce n’est plus moi,
c’est le Christ qui vit en moi». Si nous nous donnons de cette manière,
acceptant une sorte de mort de notre moi, alors cela signifie aussi que
la frontière entre la mort et la vie est devenue
perméable. En deçà comme au-delà de la mort,
nous sommes avec le Christ, et c’est pourquoi, à partir de ce
moment-là, la mort n’est plus une vraie limite. Paul nous le dit d’une
manière très claire dans sa Lettre aux Philippiens : «En effet, pour moi,
vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce
monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir.
Je me sens pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le
Christ, car c’est bien cela le meilleur; mais, à cause de vous, demeurer en
ce monde est encore plus nécessaire»
(cf. 1, 21-24). De part et d’autre de la frontière de la mort, il
est avec le Christ, il n’y a plus de vraie différence. Oui, c’est vrai : «Tu
me devances et me poursuis, tu m’enserres, tu as mis la main sur moi».
Aux Romains, Paul écrit : «Aucun ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt
pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, si nous
mourons, nous mourons pour le Seigneur»
(14, 7-8).
Chers Frères qui allez être baptisés, voilà la nouveauté du Baptême : notre
vie appartient au Christ, elle n’est plus à nous. Et c’est pourquoi nous ne
sommes plus seuls même dans la mort, mais nous sommes avec lui qui est
toujours vivant. Dans le Baptême, unis au Christ, nous
avons déjà accompli le voyage cosmique jusqu’aux profondeurs de la mort.
Accompagnés par lui, et même accueillis par lui dans son amour, nous sommes
libérés de la peur. Il nous enveloppe et il nous porte, où que nous
allions, lui qui est la Vie même.
Retournons encore à la nuit du Samedi saint. Dans le Credo, nous proclamons,
à propos du chemin du Christ : «Il est descendu aux enfers». Qu’est-il
arrivé alors ? Puisque nous ne connaissons pas le monde de la mort, nous ne
pouvons nous représenter ce processus de victoire sur la mort qu’à travers
des images qui restent toujours peu adaptées. Avec toute leur insuffisance,
elles nous aident cependant à comprendre quelque chose du mystère. La
liturgie applique à la descente de Jésus dans la nuit de la mort la parole
du psaume 23 [24]:
«Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles!» La porte de la
mort est fermée, personne ne peut entrer par là. Il n’y a pas de clé pour
cette porte de fer. Pourtant, le Christ en a la clé. Sa Croix ouvre toutes
grandes les portes de la mort, les portes inviolables. Maintenant, elles ne
sont plus infranchissables. Sa Croix, la radicalité de son amour, est la clé
qui ouvre cette porte. L’amour de Celui qui, étant
Dieu, s’est fait homme pour pouvoir mourir, cet amour-là a la force d’ouvrir
la porte. Cet amour est plus fort que la mort. Les icônes
pascales de l’Église d’Orient montrent comment le Christ entre dans le monde
des morts. Son vêtement est lumière, parce que Dieu est lumière. «Même les
ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est
lumière» (cf. Ps 138 [139],
12).
Jésus, qui entre dans le monde des morts, porte les stigmates : ses
blessures, ses souffrances sont devenues puissance, elles sont amour qui
vainc la mort. Jésus rencontre Adam et tous les hommes qui attendent dans la
nuit de la mort. À leur vue, on croit même entendre la prière de Jonas : «Du
ventre des enfers, j’appelle : tu écoutes ma voix»
(Jon 2, 3). Dans
l’incarnation, le Fils de Dieu s’est fait un avec l’être humain, avec Adam.
Mais c’est seulement au moment où il accomplit l’acte extrême de l’amour en
descendant dans la nuit de la mort qu’il porte à son accomplissement le
chemin de l’incarnation. Par sa mort, il prend par la main Adam, tous les
hommes en attente, et il les conduit à la lumière.
On peut toutefois demander : mais que signifie donc cette image ? Quelle
nouveauté est réellement advenue avec le Christ ? L’âme de l’homme est par
elle-même immortelle depuis la création – qu’est-ce le Christ a donc apporté
de nouveau ? Oui, l’âme est immortelle, parce que l’homme demeure de manière
singulière dans la mémoire et dans l’amour de Dieu, même après sa chute.
Mais sa force ne lui suffit pas pour s’élever vers Dieu. Nous n’avons pas
d’ailes qui pourraient nous porter jusqu’à une telle hauteur.
Et pourtant rien d’autre ne peut combler l’homme éternellement si ce
n’est être avec Dieu. Une éternité sans cette union avec Dieu
serait une condamnation. L’homme ne réussit pas à atteindre les hauteurs,
mais il aspire à monter : «Du ventre des enfers, j’appelle» Seul le Christ
ressuscité peut nous mener jusqu’à l’union avec Dieu, jusqu’à ce point où,
par nos forces, nous ne pouvons parvenir. Lui prend
vraiment la brebis perdue sur ses épaules et il la ramène à la maison. Nous
vivons accrochés à son Corps, et, en communion avec son Corps, nous allons
jusqu’au cœur de Dieu. Ainsi seulement la mort est vaincue, nous sommes
libres et notre vie est espérance.
Telle est la joie de la Vigile pascale : nous sommes
libres. Par la résurrection de Jésus, l’amour s’est manifesté plus fort que
la mort, plus fort que le mal. L’amour l’a fait descendre et il est
en même temps la force par laquelle il est monté; la force par laquelle il
nous porte avec lui. Unis à son amour, portés sur les ailes de son amour,
comme des personnes qui aiment, nous descendons avec lui dans les ténèbres
du monde, en sachant que nous montons aussi avec lui. Prions donc en cette
nuit : Seigneur, montre aujourd’hui encore que
l’amour est plus fort que la haine; qu’il est plus fort que la mort.
Descends aussi dans les nuits et dans les enfers de notre temps et
prends par la main ceux qui attendent.
Conduis-les à la lumière ! Sois aussi avec moi dans mes nuits obscures et
conduis-moi au-dehors ! Aide-moi, aide-nous à descendre avec toi dans
l’obscurité de ceux qui sont dans l’attente, qui crient des profondeurs vers
toi ! Aide-nous à les conduire à ta lumière ! Aide-nous à parvenir au «oui»
de l’amour, qui nous fait descendre et qui, précisément ainsi, nous fait
monter également avec toi! Alleluia. Amen.
Texte original: Italien:
VEGLIA PASQUALE
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Benoît XVI : Le Christ ressuscité est l’espérance d’un avenir meilleur - 08.04.07
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Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.04.2007 - BENOÎT XVI - Table Semaine
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