Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Benoît XVI invite à avancer dans l’œcuménisme avec les orthodoxes

 

Le 08 novembre 2008  - (E.S.M.) - Les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique de France, ainsi que les visites du patriarche Alexis II en France et du cardinal André Vingt-Trois en Russie, reflètent la tendance générale qui caractérise aujourd’hui les rapports entre les catholiques et les orthodoxes, exprime le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad.

Le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad

Benoît XVI invite à avancer dans l’œcuménisme avec les orthodoxes

« Une occasion unique de travailler ensemble »
Métropolite Cyrille

Le 08 novembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Le cardinal André Vingt-Trois était invité en Russie du 26 au 30 octobre par le patriarcat de Moscou, où il a notamment rendu hommage aux martyrs de l’Église orthodoxe russe durant la période communiste. Après la Visite du patriarche Alexis II à Paris à l’automne 2007, ces événements marquent un net rapprochement avec l’Église orthodoxe russe, au moment même où le pape Benoît XVI invite à avancer dans l’œcuménisme avec les orthodoxes et espère pouvoir se rendre à Moscou. Pour nous expliquer ce contexte nouveau, nous remercions chaleureusement le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad, président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, d’avoir accepté de répondre à nos questions. Entretien exclusif.

La Nef – Il y a depuis un an un rapprochement entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique de France : pourquoi ce rapprochement, que peut-on en attendre ?
Métropolite Cyrille – Je crois que les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique de France, ainsi que les visites du patriarche Alexis II en France et du cardinal André Vingt-Trois en Russie, reflètent la tendance générale qui caractérise aujourd’hui les rapports entre les catholiques et les orthodoxes. Nombreuses sont les questions posées dans la vie de la société contemporaine où les positions de l’Église orthodoxe et de l’Église catholique se rejoignent. C’est pourquoi je suis convaincu qu’une réelle coopération entre les orthodoxes et les catholiques est aujourd’hui indispensable pour que nous puissions donner une réponse convaincante et efficace aux défis du monde contemporain.

La visite du patriarche Alexis II en France au mois d’octobre de l’année dernière a révélé l’intérêt et le soutien que les catholiques français portent à l’orthodoxie russe. Ils furent très nombreux à venir, avec des sentiments de sincère fraternité, à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour assister, aux côtés du patriarche Alexis, à la prière devant la Couronne d’épines du Seigneur. Nous en avons été très touchés.

De ce fait, les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique de France ont une importance et une signification particulières. Regardez à quel point les chemins historiques de nos Églises se ressemblent. La France est le premier pays occidental où l’Église catholique fut confrontée à un athéisme militant et à une sécularisation antichrétienne qui préparèrent, entre autres facteurs, la Révolution de 1789, suivie d’une terreur effroyablement sanglante. L’Église catholique y fut cruellement persécutée. De nombreux catholiques français, notamment au sein du clergé, ont perdu la vie à cause de leur foi.

Au XXe siècle, ce fut le tour de l’Église orthodoxe russe de passer à travers le feu des épreuves et des persécutions. La Révolution d’octobre 1917 déclencha des persécutions contre l’Église qui ont dépassé, par leur ampleur, celles des premiers siècles de l’histoire du christianisme. La majeure partie des églises et des monastères a été détruite ou profanée. Des milliers d’évêques, de prêtres, de moines, de moniales et de simples fidèles subirent d’atroces souffrances dans les camps ou furent exécutés. L’apogée de ces persécutions d’une violence inouïe fut atteint dans les années 1920 et 1930. Plus tard, d’une façon peut-être moins sanglante, mais toujours aussi obstinée, l’État soviétique a continué à brimer l’Église et à l’empêcher de témoigner ouvertement du Christ, tout en déployant, de son côté, une propagande athée très agressive.

Ainsi, nos deux Églises savent ce que signifie la sécularisation. Elles ont affronté l’athéisme dans ses manifestations extrêmes. Grâce à cette expérience, elles peuvent apporter au monde d’aujourd’hui un témoignage particulièrement convaincant. Je crois que cette convergence dans l’expérience historique de l’Église orthodoxe russe et de l’Église catholique de France leur offre une occasion unique de travailler et de témoigner ensemble. Il suffirait donc de peu pour que l’Église catholique de France devienne un véritable pont entre l’orthodoxie russe et l’Église catholique dans son ensemble.

Il ne faut pas oublier que nos Églises connurent autrefois une coopération très fructueuse. Comme vous le savez, après la Révolution de 1917, les meilleurs représentants de la pensée théologique et philosophique russe ont émigré en France. De même, un siècle et demi auparavant, c’est la Russie qui avait accueilli de nombreux religieux français expulsés de leur pays par la Révolution et la Terreur. Les fidèles de l’Église orthodoxe russe ont fondé à Paris l’institut de théologie orthodoxe Saint-Serge où de grandes personnalités ont enseigné. Le retour des théologiens catholiques français à l’héritage patristique et aux sources de la foi chrétienne s’est fait en échange étroit et simultanément avec celui des théologiens russes présents à Paris. Il suffit de rappeler les liens qui existaient entre Vladimir Lossky d’une part et les pères Yves Congar ou Henri de Lubac d’autre part.

Aujourd’hui, nos deux Églises pourraient de nouveau établir et développer une coopération concrète dans le domaine de la formation théologique. Au mois d’avril dernier, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe a pris la décision d’ouvrir un séminaire de notre patriarcat en région parisienne. Nous fûmes touchés par la bienveillance avec laquelle ce projet fut reçu par les évêques d’Île-de-France.

Pourriez-vous préciser les objectifs de ce nouveau séminaire ?
Ce sera le premier séminaire de l’Église orthodoxe russe en Europe occidentale. Paris a été choisi en raison des profonds liens spirituels et culturels qui existent entre nos deux pays et nos Églises. Le séminaire aura pour objectif de former des membres du clergé pour le patriarcat de Moscou. Tout en offrant un cadre canonique orthodoxe aux séminaristes, il leur donnera la possibilité de découvrir la spiritualité française, l’expérience des autres Églises, d’apprendre les langues européennes et d’avoir ainsi une vision plus large des défis posés aujourd’hui à notre Église. Nous espérons que l’existence d’un séminaire russe en France, formant des futurs acteurs du dialogue interecclésial, renforcera les liens entre les chrétiens d’Europe orientale et d’Europe occidentale.

Comment s’inscrit ce dialogue entre le patriarcat de Moscou et l’Église de France dans le contexte plus général du dialogue œcuménique entre catholiques et orthodoxes ? Et plus précisément, où en est le dialogue entre Moscou et Rome ? Une visite du pape à Moscou est-elle prochainement envisageable ?
L’Église russe souhaite aujourd’hui développer des relations avec l’Église catholique romaine dans tous les domaines et à tous les niveaux, y compris par le biais du dialogue panorthodoxe avec les catholiques. Mais je suis convaincu que ce dialogue est impossible en dehors de relations bilatérales de l’Église catholique avec chacune des Églises orthodoxes. Le développement de tels contacts directs serait la plus efficace contribution à cette œuvre commune.

En ce qui concerne les relations bilatérales entre Moscou et Rome, vous avez raison de parler de « dialogue » et non de « pourparlers » ou de « négociations ». En effet, ces derniers sont menés entre des États ou des forces politiques pour permettre aux deux partis de parvenir à des résultats avantageux. Les Églises, elles, cultivent un dialogue qui fait partie de leur vie. Dans ce dialogue, elles poursuivent non pas des objectifs immédiats, mais cherchent à bâtir à long terme des relations fondées sur le respect mutuel, le désir de se mieux connaître mutuellement et de travailler ensemble dans les domaines qui exigent une parole chrétienne unifiée face à de nombreux problèmes.

Nous pouvons d’ailleurs faire des pas en direction les uns des autres sans attendre que tous les problèmes entre Moscou et Rome soient résolus. Il nous faut établir une plus grande confiance mutuelle, parvenir à dissiper tous les malentendus concernant la mission catholique en Russie et dans les autres pays de la CEI où la majeure partie de la population se réclame de l’Église orthodoxe russe. Il nous reste à apaiser les relations complexes entre les orthodoxes et les gréco-catholiques en Ukraine. De tels progrès ne pourront que faciliter la rencontre entre le patriarche de Moscou et le pape de Rome. Le patriarche Alexis II a toujours souligné que l’Église orthodoxe russe n’a jamais écarté la possibilité d’une telle rencontre. Nous souhaitons cependant qu’elle soit très bien préparée et qu’elle aboutisse à des résultats concrets et visibles. Il ne suffit pas de créer un beau sujet pour les médias.

Vous avez publié l’an dernier la traduction française de la doctrine sociale : quels sont selon vous les points de rencontre les plus importants avec la doctrine sociale de l’Église catholique, à quels défis contemporains répondent-ils ?
Les Fondements de la doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe, publiés en français par les Éditions du Cerf et le Centre Istina, partagent beaucoup de choses avec le Compendium de la Doctrine sociale de l'Église catholique. C’est tout à fait naturel, dans la mesure où, dans l’élaboration de leur enseignement social, nos Églises se sont laissé guider par les principes de l’Écriture Sainte et d’une commune tradition apostolique. Bien sûr, autant que je puisse en juger, la doctrine sociale catholique s’est beaucoup inspirée également de la pensée aristotélicienne dans son interprétation thomiste. Il s’agit notamment de la distinction, inconnue de la théologie orthodoxe, entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel des choses. Néanmoins, toutes les idées fondamentales sont les mêmes.

À mon avis, la principale convergence entre nos deux doctrines sociales réside dans le fait que, pour nos Églises, Dieu et ses commandements doivent être au centre de la vie sociale de l’homme. L’Écriture Sainte nous enseigne que Dieu n’est pas seulement la source, mais aussi la finalité de la création. C’est pourquoi, dans son activité, l’homme ne peut rester indifférent ou neutre par rapport aux lois données par Dieu au genre humain dès l’origine et pour le bonheur de l’homme. La dimension sociale de sa vie ne peut pas être coupée des principes spirituels et éthiques posés au fondement de l’existence humaine. Si c’est le cas, l’homme et la société dans laquelle il vit, se dégradent inévitablement : ils se détruisent progressivement de l’intérieur. La vie sociale, politique, économique, la recherche scientifique, comme tous les autres aspects de la vie d’une personne humaine, ne peuvent être privés des valeurs éthiques. Le fondement éthique est la source du bonheur, la condition de la croissance juste et harmonieuse de la personne. C’est ce que rappellent les doctrines sociales de l’Église orthodoxe russe et de l’Église catholique qui voient tous les aspects de la vie sociale de l’homme à travers le prisme de la tradition chrétienne.

Dans ce domaine, nos Églises peuvent déployer, à mon avis, une coopération très fructueuse. La défense commune de la dignité authentique de la personne humaine, des valeurs chrétiennes de la famille et de la vie sociale, des principes moraux dans la bioéthique est aujourd’hui, plus que jamais, urgente et, je dirais même, indispensable.

Quel est pour vous l’apport de Soljénitsyne qui vient de nous quitter ? Il est connu pour avoir contribué à révéler l’horreur du communisme soviétique, mais il s’est aperçu que le matérialisme de l’Occident n’était pas non plus un bon modèle…
Le ministère prophétique d’Alexandre Soljénitsyne a, pendant des décennies, aidé de nombreuses personnes à découvrir la voie vers la vraie liberté dans une vie guidée par des repères éthiques. Ses œuvres littéraires, brillantes par le style et la connaissance de l’histoire, ont effectivement révélé au monde les souffrances infligées par les autorités athées et leurs persécutions contre la foi et l’Église. Partout où il a vécu – en Union Soviétique, à l’étranger ou dans la Russie contemporaine – Alexandre Soljénitsyne a toujours dénoncé le mensonge et l’injustice, donné à la société et au pouvoir civil des conseils avisés sur la façon de rendre l’avenir meilleur. En tant que chrétien orthodoxe, Soljénitsyne s’est toujours préoccupé de l’œuvre de Dieu et a pris une part active aux discussions sur les rapports entre l’Église et la société. Pour tout cela, de nombreux évêques, prêtres et laïcs de notre Église lui sont infiniment reconnaissants. J’en fais partie.

La liturgie orthodoxe n’a pas connu de brutale réforme comme celle du rite latin catholique en 1969. Comment évolue votre liturgie, y a-t-il des pressions pour la faire évoluer et dans quel sens (compréhension, langue du pays…) ?
En effet, l’évolution de la liturgie orthodoxe est due non pas à des réformes hiérarchiques, mais à une pratique vivante dans différents contextes culturels. Au cours des dernières années, l’Église orthodoxe russe a reconnu à plusieurs reprises la nécessité de prendre des mesures pour rendre la liturgie plus compréhensible aux fidèles, surtout dans un souci missionnaire. Mais cette question exige une approche extrêmement prudente, car les opinions, à ce sujet, sont divergentes. Dans le domaine liturgique, la précipitation et la pression hiérarchique sont inacceptables. Il faut faire preuve de bon sens pastoral et tenir compte des souhaits et des opinions de tous les fidèles.

Comment percevez-vous le Motu Proprio Summorum Pontificum (2007) de Benoît XVI ?
Bien que cette question soit interne à l’Église catholique romaine, j’aimerais répondre que, personnellement, je vois dans cette décision du pape Benoît XVI la manifestation d’un profond et authentique respect de la tradition liturgique de son Église. En tant qu’évêque de l’Église orthodoxe, pour laquelle la liturgie est le centre et l’apogée de la vie chrétienne, je voudrais partager la conviction suivante : l’Eucharistie, pendant laquelle le chrétien communie aux saints et redoutables Mystères du Christ, en s’unissant à Dieu lui-même, doit être célébrée avec la piété et la beauté que ce sacrement mérite. La forme de cette célébration ne doit pas être un obstacle, mais un guide vers la meilleure compréhension de la grandeur de ce mystère.

Propos recueillis par Christophe Geffroy et Jacques de Guillebon
Traduction française du hiéromoine Alexandre Siniakov
 

Nouveau : S'inscrire à la newsletter ! Voir menu de gauche.


 

Source : La Nef n°198 de novembre 2008
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 08.11.2008 - T/Oecuménisme

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante