Visite du patriarche Alexis II de
Moscou à Paris |
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Paris, le 27 septembre 2007 -
(E.S.M.) -
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la
Conférence des évêques de France, et Monseigneur André Vingt-Trois,
archevêque de Paris, accueilleront le patriarche Alexis II de Moscou et de
toute la Russie mercredi 3 octobre prochain à Paris.
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Le patriarche Alexis II
de Moscou -
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Visite du patriarche Alexis II de Moscou à Paris
Communiqué de la Conférence des Evêques de France
Le patriarche Alexis II de Moscou, primat de l’Église orthodoxe russe, reçu
à Paris, mercredi 3 octobre 2007 par le cardinal Jean-Pierre Ricard et Mgr
André Vingt-Trois
Paris, jeudi 27 septembre 2007.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la
Conférence des évêques de France, et Monseigneur André Vingt-Trois,
archevêque de Paris, accueilleront le patriarche Alexis II de Moscou et de
toute la Russie mercredi 3 octobre prochain à Paris.
Le primat de l’Église orthodoxe russe sera reçu à déjeuner par le cardinal
Jean-Pierre Ricard à la Maison de la Conférence des évêques de France,
avenue de Breteuil, à partir de 12h30.
En fin de journée, à 17h45, le patriarche Alexis II sera accueilli par
Monseigneur André Vingt-Trois dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, où il
vénérera la relique de la Couronne d’épines du Seigneur.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard a exprimé dans son invitation le souhait que
cette visite, qui sera la première d’un patriarche de Moscou à Paris, «
renforce les liens très anciens d’estime et d’amitié tissés entre l’Église
catholique de France et l’Église orthodoxe russe ».
Source: CEF
A cette visite suivra celle à Strasbourg où, le 2 octobre, il est prévu que
le primat de l’Église orthodoxe russe parle devant l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe à l’invitation de son président.
Mercredi 3 octobre, Cathédrale Notre-Dame de Paris
Le Patriarche Alexis II sera accueilli par Mgr André Vingt-Trois à 17h30, à
la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour vénérer la Couronne d’épines.
Le patriarche Alexis II de Moscou et de toute la Russie a accepté avec
gratitude l’invitation du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de
Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, de se rendre à
Paris pour rencontrer les chrétiens de France à l’occasion de sa visite au
Conseil de l’Europe à Strasbourg. Le patriarche Alexis a également accepté
avec reconnaissance l’invitation de Mgr André Vingt-Trois, archevêque de
Paris, de visiter la cathédrale Notre-Dame pour y vénérer les reliques de la
Passion du Christ.
La première visite d’un patriarche de Moscou à Paris aura lieu le 3 octobre
2007 et suivra sa visite à Strasbourg où, le 2 octobre, le primat de
l’Église orthodoxe russe parlera devant l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l’Europe à l’invitation de son président.
Pendant son séjour à Paris le patriarche de Moscou souhaite prier devant la
Couronne d’épines du Sauveur à la cathédrale Notre-Dame, visiter l’église
des Trois Saints Docteurs, église cathédrale du diocèse de Chersonèse, et y
célébrer un office d’actions de grâces avec les fidèles de l’Église
orthodoxe russe demeurant en France. Le programme prévoit également des
rencontres avec les représentants du monde religieux, culturel et politique
de France.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de
France, donnera un déjeuner officiel en l’honneur du patriarche Alexis. Le
soir du 3 octobre, à l’issue de l’office à Notre-Dame, le diocèse de
Chersonèse organisera au Palais de la Conciergerie une réception privée à
l’occasion de la visite du primat de l’Église orthodoxe russe en France.
Dans sa lettre d’invitation adressée au patriarche Alexis le cardinal
Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de France,
exprime l’espoir que cette visite contribuera à « renforcer les liens très
anciens d’estime et d’amitié tissés entre l’Église catholique de France et
l’Église orthodoxe russe ». L’archevêque de Paris Mgr André Vingt-Trois a
déclaré dans sa lettre que pour lui et pour les catholiques de Paris ce sera
« une fierté et une joie que de pouvoir accueillir le patriarche de Moscou
». Il a souligné que « la présence de l’orthodoxie russe en France est déjà
ancienne et elle y a porté de beaux fruits » et exprimé l’assurance que
cette visite sera un encouragement pour les orthodoxes vivant en France.
Alexis II : Mon message à la France
À la veille de sa visite à Strasbourg et à Paris, le patriarche de Moscou a
choisi « La Vie » pour parler de l'avenir de l’orthodoxie russe et de son
désir de dialogue avec l’Église catholique.
De notre envoyé spécial, à Moscou, Jean Mercier. Interprètes Alexandre
Siniakov et Sabbas Toutounov
Il nous reçoit autour de la table où il se réunit souvent avec les hauts
prélats de son Église. En plein centre de Moscou, Alexis II nous a donné
rendez-vous dans son quartier général administratif, non loin de sa
cathédrale du Saint-Sauveur, reconstruite à l’identique après avoir été
rasée par Staline en 1931. Le « pape » de l’orthodoxie russe a la barbe
imposante, la voix grave et des yeux très noirs. Sur son front et ses
épaules, un séraphin brodé au fil d’or nous fixe comme depuis l’éternité. Au
menu de l’interview, sa prochaine venue en France du 1er au 4 octobre, à
l’invitation de l’Église catholique, la première visite d’un patriarche de
Moscou dans l’Hexagone. L’enjeu majeur du voyage est œcuménique (voir notre
analyse page 23). Alexis II vient aussi témoigner de la métamorphose de
l’orthodoxie russe. Passée des catacombes au statut de première puissance
symbolique au sein du plus grand pays de la planète, elle est le réservoir
sur lequel un « nouveau monde » refonde son identité… Au point qu’il est
difficile de distinguer ce qui relève de la recherche des racines ou de la
quête de Dieu. Mais loin de nos réflexes de pensée française! L’Église
russe est une incarnation profonde du christianisme dans une culture. Alors
que le catholicisme pourrait exister sans la France, l’orthodoxie russe ne
pourrait exister sans le pays et la culture qui la portent. Bien au-delà du
cliché qui prévaut souvent d’une Église conservatrice et nationaliste,
Alexis II nous parle d’une mutation réelle et d’une forte volonté
d’ouverture. Et, surtout, appelle le christianisme européen à penser, d’Est
en Ouest, une véritable stratégie géo-spirituelle pour assurer son avenir
sur le Vieux Continent.
La Vie. Que représente pour vous cette visite en
France ?
Alexis II. C’est la première fois que je viens chez vous en qualité de
patriarche de Moscou. Cependant, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de
visiter votre pays, et je m’en souviens avec émotion. Je me rappelle ma
première venue à Paris, en 1962, pour une réunion du Conseil œcuménique des
Églises. Des liens intimes se sont tissés depuis des siècles entre nos deux
pays, permettant un enrichissement mutuel. Je suis très reconnaissant à la
France d’avoir, après la révolution de 1917, accueilli tant d’émigrés en
provenance de Russie. La France est aussi le pays qui a donné au monde ces
remarquables penseurs chrétiens que sont Pascal et Bossuet, et, plus proches
de nous dans le temps, Yves Congar, Henri de Lubac et Jacques Maritain. Et
je ne peux passer sous silence le cardinal Roger Etchegaray auquel je suis
lié depuis de longues années par l’amitié.
Qu’attendez-vous de ce voyage ?
Alexis II. Il va me permettre de rencontrer les fidèles de notre Église :
des descendants des premiers émigrés, des Russes qui sont venus en France
ces dernières années, ainsi que des Français qui sont devenus orthodoxes par
l’intermédiaire des émigrés. Les orthodoxes venus en France de différents
pays ont créé des structures ecclésiales qui relèvent de diverses Églises
orthodoxes locales et non du patriarcat de Moscou. J’espère que ma rencontre
avec leurs représentants contribuera au renforcement du témoignage commun et
de l’unité des orthodoxes. À Strasbourg, je parlerai devant l’assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe. Nous aussi, chrétiens élevés dans la
tradition orthodoxe, avons notre vision des problèmes contemporains. Il
serait difficile d’édifier une véritable coopération paneuropéenne sans
prendre en compte notre expérience. Et j’ai hâte de rencontrer les fidèles
de l’Église catholique et notamment le cardinal Jean-Pierre Ricard et Mgr
André Vingt-Trois, l’archevêque de Paris, qui m’ont invité dans votre
capitale et que je remercie chaleureusement.
Quelle est la situation de votre Église ?
Alexis II. Nous venons de très loin. Sans doute est-il très difficile aux
Occidentaux de mesurer ce que nous avons traversé. L’Église orthodoxe russe
a été l’objet de persécutions sans précédent de la part d’un État qui
confessait un athéisme militant. Je vous donne juste un exemple : l’un des
plans quinquennaux de l’ère soviétique avait pour objectif qu’en 1937 le nom
de Dieu ne soit plus prononcé sur le territoire de l’URSS ! Le pays a connu
plus de martyrs et de confesseurs de la foi que dans les premiers siècles du
christianisme. Depuis la fin du communisme, l’Église orthodoxe connaît une
véritable renaissance. Partout des églises sont reconstruites ou sortent de
terre. De plus en plus de personnes prennent part à la reconstruction de nos
structures. Peu à peu, on retrouve le mécénat qui existait avant la
révolution… C’est stupéfiant : quand on crée une église, on y place un
prêtre. Six mois après, on nous demande un deuxième prêtre, puis encore un
troisième. C’est vraiment voulu d’en bas, de la base. Heureusement, il n’y
aucun manque de vocations. Autrefois, on se moquait de nous en disant : «
Qui va dans vos églises ? Des vieilles dames ! » Mais, aujourd’hui, il y a
de très nombreux jeunes à nos offices. Et pourtant les conditions de culte
ne sont pas toujours faciles : on est debout parfois de longues heures,
parfois serré dans la foule. En vingt ans, nous avons multiplié par quatre
le nombre de paroisses. Mais ce ne sont pas seulement les murs que nous
voulons reconstruire, ce sont les âmes. Cela passe aussi par une action dans
le domaine social, qui était impossible à l’époque soviétique. Aujourd’hui,
nous sommes présents dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les
prisons, les écoles. Nous comptons beaucoup sur l’éducation des jeunes. Je
viens d’inaugurer une maison pour 500 adolescents, près de Moscou.
Quelle leçon tirez-vous de cette histoire ?
Alexis II. L’Église orthodoxe russe considère comme son devoir de faire
partager au monde entier son expérience douloureuse. La renaissance de la
vie ecclésiale en Russie était impossible à imaginer, il y a trente ans ! Le
retour de milliers de personnes au Christ dans les pays postsoviétiques
redonne espoir en l’avenir du christianisme dans le monde ! Grâce à sa
situation entre l’Europe et l’Asie, l’Église russe est appelée à être un
pont entre l’Occident et l’Orient. Son histoire est intimement liée aussi
bien aux pays européens qu’aux civilisations asiatiques.
La presse parle beaucoup d’un voyage du pape à Moscou.
Que pouvez-vous en dire ?
Alexis II. La question d’une visite du pape en Russie n’est pas à l’ordre du
jour. Cependant, la possibilité d’une rencontre avec le pape de Rome n’a
jamais été rejetée, même pendant les périodes difficiles. Nous avons
toujours pensé que la rencontre entre les primats des deux plus grandes
Églises chrétiennes devait être accompagnée d’un véritable progrès dans nos
relations et non pas seulement être un geste protocolaire ou un simple
événement médiatique.
En attendant cet événement, quelle est votre vision de
ces relations ?
Alexis II. Je suis convaincu qu’un des devoirs principaux de nos Églises
aujourd’hui est la proclamation des valeurs de l’Évangile et de la vie
chrétienne. Le fondement pour ce témoignage commun se trouve dans la
proximité des positions de l’Église orthodoxe russe et de l’Église
catholique romaine sur de nombreuses questions actuelles. Il est évident que
plusieurs tendances du monde contemporain, telles que la sécularisation, le
relativisme religieux, la marginalisation de la religion par rapport à la
vie sociale, la propagande d’une culture de consommation, la révision des
normes éthiques, exigent une réponse commune que les orthodoxes et les
catholiques peuvent et doivent fournir. Attachés à la vision des valeurs
chrétiennes et fidèles à la Tradition, nous devons, ensemble, défendre la
famille et avertir la société du caractère néfaste de la « culture de la
mort » prônée aujourd’hui, qui veut nous faire accepter l’avortement,
l’euthanasie et les « unions » du même sexe. Sur le plan pratique, l’Église
orthodoxe russe et l’Église catholique disposent d’ores et déjà d’une
expérience positive d’action commune au plan international, par exemple,
auprès des institutions européennes à Bruxelles et à Strasbourg, ainsi
qu’auprès de l’Onu, où nous exprimons ensemble le regard chrétien sur
l’organisation sociale, les droits et la dignité de l’homme.
Les Français s’étonnent parfois des liens très étroits
entre votre Église et la nation russe. La position de l’Église orthodoxe
leur paraît ambiguë à l’égard du nationalisme. Que leur répondez-vous ?
Alexis II. Tout d’abord, je veux rappeler que, chez nous, l’Église est
séparée de l’État, l’État ne s’ingère pas dans les affaires intérieures de
l’Église, tout comme l’Église ne s’ingère pas dans la vie politique.
Pourtant, nous pouvons avoir des objectifs communs et qui touchent la santé
éthique de la société. Par exemple, assurer la paix entre les nations et
entre les religions, surmonter des maladies de ce siècle, comme la drogue ou
l’alcoolisme. Dans un tout autre domaine, nous collaborons avec l’État à la
préservation de l’architecture religieuse, ce que l’Église ne peut assumer
elle-même.
La Russie a-t-elle nécessairement son identité dans
l’orthodoxie ?
Alexis II. D’après les sondages, 80 % de la population russe s’identifie à
l’orthodoxie. Mais nous avons aussi des millions de musulmans, de juifs, de
bouddhistes qui ont leur place dans le pays. Depuis plusieurs années, nous
avons mis en place un conseil interreligieux, au sein duquel les
représentants des différentes religions se rencontrent et discutent de
problèmes communs.
Croyez-vous que l’Occident comprenne vraiment la
Russie ?
Alexis II. Je ne pense pas que nous devions évaluer le niveau de notre
compréhension mutuelle. Une chose est évidente : cette compréhension est
aujourd’hui indispensable. Elle est le gage du développement harmonieux de
l’Europe et du monde. Comme le disait Blaise Pascal : « Pour comprendre, il
faut aimer. » J’espère que c’est ainsi – dans l’esprit d’amour et de paix –
que nous chercherons à nous comprendre les uns les autres. Nous n’avons pas
d’autre voie. En suivant ce chemin, l’Église orthodoxe russe pourra prouver
son ouverture et son désir de témoigner, ensemble avec les chrétiens
d’Occident, des valeurs éternelles de l’Évangile devant le monde
contemporain.
Comment voyez-vous l’avenir du christianisme dans
l’Occident ?
Alexis II. Nous sommes témoins de la fin d’une longue crise spirituelle qui
a frappé l’Occident chrétien, tout comme l’Orient postcommuniste.
L’expérience a montré qu’il est impossible d’assurer un avenir à notre monde
sans s’appuyer sur les valeurs éthiques traditionnelles. La conclusion qui
peut en être tirée, c’est que rien ne peut étouffer le principe spirituel de
l’homme. L’avenir du christianisme en Occident, et dans le monde en général,
dépend de la façon dont les disciples du Christ seront prêts à préserver
aujourd’hui la Vérité, à garder intact le dépôt de la foi reçu des
générations qui nous ont précédés. La fidélité au Christ et l’obéissance aux
commandements de Dieu resteront-elles les fondements de la vie des chrétiens
contemporains ? Le sens de la responsabilité face à l’Éternité sera-t-il la
mesure de tous nos actes ? Résisterons-nous aux tentations et aux épreuves
de ce monde ? La réponse de chaque chrétien déterminera l’avenir de la
civilisation chrétienne.
Source: la Vie
Sources: CEF -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.09.2007 - BENOÎT XVI -
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