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19 Avril 2005
 

Alors que l'on débat à Rome, le Québec a déjà été pris d'assaut

 

Rome, le 08 octobre 2008  - (E.S.M.) - C’est justement l’archevêque de Québec, le cardinal Marc Ouellet, que Benoît XVI a chargé d’ouvrir et de conclure les travaux. De plus, le cardinal Ouellet est l’un des témoins les plus avertis et les plus critiques de la métamorphose qui, en quelques décennies, a fait du très catholique Québec une terre de mission.

Le pape Benoît XVI

Alors que l'on débat à Rome, le Québec a déjà été pris d'assaut

Le 08 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - C'était la région la plus catholique d'Amérique du Nord, c'est aujourd'hui la plus sécularisée. Terre d'origine du cardinal Ouellet, rapporteur général au synode des évêques sur la Parole de Dieu, c'est aussi pour Benoît XVI une nouvelle terre de mission

Dimanche dernier, dans l’Homélie de la messe d’ouverture du synode des évêques consacré aux Écritures Saintes, Benoît XVI a rappelé que, dès le début de l’annonce de l’Évangile, "des communautés chrétiennes sont apparues et ont été florissantes avant de disparaître, ne laissant aujourd’hui de traces que dans les livres d’histoire".

Et d’ajouter :

"La même chose ne pourrait-elle pas se produire à notre époque ? Des nations autrefois riches de foi et de vocations sont en train de perdre leur identité, sous l’influence délétère et destructrice d’une certaine culture moderne".

On devine que, parmi ces nations qui furent vigoureusement chrétiennes et ne le sont plus aujourd’hui, le pape Joseph Ratzinger pense au Canada, et plus exactement au Québec.

C’est justement l’archevêque de Québec, le cardinal Marc Ouellet, que Benoît XVI a chargé d’ouvrir et de conclure les travaux du Synode par deux discours généraux. De plus, le cardinal Ouellet est l’un des témoins les plus avertis et les plus critiques de la métamorphose qui, en quelques décennies, a fait du très catholique Québec une terre de mission.

Le Québec est la plus vaste province du Canada – cinq fois la taille de l’Italie – mais compte moins de huit millions d’habitants. On y parle le français. Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’empreinte catholique y était encore très marquée. Ses fleuves et ses villages portent des noms de saints, les églises sont très nombreuses, les écoles et les hôpitaux sont presque tous nés de l’initiative religieuse. Les vocations étaient elles aussi florissantes.

A partir des années 60, cependant, on a assisté à une chute verticale. Sans bruit, une "révolution tranquille" a fait du Québec un avant-poste de la sécularisation. Aujourd’hui, moins de 5% des catholiques vont à la messe le dimanche. Il y a peu de mariages religieux, les funérailles sont majoritairement civiles, les baptêmes se font de plus en plus rares.

Les lois codifient cette situation au nom d’un fondamentalisme laïciste qui est parvenu, cette année, à imposer à toutes les écoles publiques et privées du Québec – une première mondiale – un cours obligatoire "d’éthique et de culture des religions". Il est interdit aux enseignants qui en sont chargés de se présenter comme croyants et appartenant à une communauté de croyants. Pendant le cours, des informations sont données sur les principales religions du monde et l’on discute de sujets controversés comme l’avortement ou l’euthanasie, avec l’obligation de ne prendre position ni dans un sens ni dans l’autre.

"C’est la dictature du relativisme appliquée dès l’école primaire", a protesté le cardinal Ouellet. Mais sa voix reste isolée. Si 80% des familles continuent de demander l’enseignement de la religion catholique, une seule école, la Loyola High School de Montréal, a présenté un recours devant la cour suprême contre le cours obligatoire désormais imposé par la loi.

Georges Leroux, le philosophe de l’Université de Montréal qui a conçu le nouveau cours, affirme "qu’il est désormais temps de transmettre la culture religieuse non plus comme croyance mais comme histoire, comme patrimoine universel de l’humanité".

A noter que les lois les plus éloignées de la doctrine de l’Église ont été votées au Québec par des majorités non pas radicales mais modérées. La loi sur l’enseignement obligatoire "d’éthique et de culture des religions" a elle-même été approuvée par un gouvernement conservateur, dont font partie des catholiques.

En outre, la révolution culturelle qui a changé le visage du Québec n’est plus "tranquille". Elle s’est faite récemment plus hostile et plus méprisante envers ceux qui lui résistent. Dans le numéro du 3 octobre d’"Avvenire", le cardinal Ouellet a déclaré:

"J’ai eu récemment une preuve de cette aversion quand j’ai écrit aux médias une lettre ouverte où, entre autres, je demandais pardon au nom de l’Église canadienne pour les erreurs que nous avions commises dans le passé. Les réactions à cette lettre ont été très hostiles".

Le cardinal Ouellet a décrit et analysé le cas typique du Québec dans un article du dernier numéro de "Vita e Pensiero", la revue de l’Université Catholique de Milan. Un article d’autant plus intéressant qu’il est paru à la veille d’un synode des évêques précisément consacré à savoir "comment rendre l’annonce de l’Évangile plus efficace à notre époque".

Voici l’article :

Où va le Québec ? A propos de la foi et de la laïcité
Par Marc Ouellet

Je commencerai par dire que je suis convaincu que la crise des valeurs et la recherche de sens sont des problèmes profonds et urgents au Québec, au point d’avoir des répercussions graves sur la santé publique, ce qui entraîne des coûts considérables pour le système de santé. Depuis 400 ans, la société du Québec repose sur deux piliers – la culture française et la religion catholique – qui forment l’armature de base grâce à laquelle les autres composantes de son actuelle identité plurielle ont été intégrées. Mais cette armature est fragilisée par l’affaiblissement de l’identité religieuse de la majorité francophone.

Le débat actuel concerne directement la religion et les relations entre les communautés culturelles, mais le vrai problème ne porte pas sur l'intégration des immigrés, rendue plus difficile par leurs demandes à caractère religieux. Les statistiques montrent que les demandes d’asile pour motif religieux sont rares. Cela signifie qu’il faut chercher ailleurs la raison des tensions actuelles et n’attribuer la responsabilité de la profonde crise de la société au Québec ni à ceux qui sont venus y chercher un refuge ni à leur religion jugée envahissante. Les réfugiés et les immigrés nous apportent souvent la richesse de leur témoignage et de leurs valeurs culturelles, qui s’ajoutent aux valeurs propres de la société québécoise. L'accueil, le partage et la solidarité doivent donc rester des attitudes de base envers les immigrés et leurs besoins humains et religieux.

Le vrai problème, pour reprendre l'expression assez vague qui favorise la diffusion du slogan à la mode "La religion en privé ou à l’Église mais pas en public", n’est plus celui de la "place de la religion dans l’espace public". D’ailleurs, qu’est-ce que l’espace public ? La rue, le parc, les médias, l’école, la commune, le parlement national ? Faut-il faire disparaître de l’espace public les monuments élevés à Mgr François de Laval et au cardinal Taschereau ? Faut-il interdire le souhait de "Joyeux Noël" dans les enceintes parlementaires et le remplacer par "Bonnes Fêtes", pour être plus corrects ? Les symboles religieux caractéristiques de notre histoire et donc constitutifs de notre identité collective sont-ils devenus une gêne, de mauvais souvenirs à mettre dans un tiroir ? Faut-il les faire disparaître de l’espace commun pour satisfaire une minorité laïciste radicale qui est la seule à s’en plaindre, au nom de l'égalité absolue des citoyens et des citoyennes ?

Les croyants et les incroyants portent en eux leur croyance ou leur incroyance partout où ils vont. Ils sont appelés à vivre ensemble, à s’accepter et à se respecter mutuellement, à n’imposer leur croyance ou leur incroyance ni en privé ni en public. Retirer tout signe religieux d’un lieu public qu’une tradition bien définie identifie culturellement à sa dimension religieuse, n’est-ce pas promouvoir l'absence de croyance comme seule valeur qu’on ait le droit d’affirmer ? La présence du crucifix au parlement national, à la mairie et aux carrefours n’est le signe d’aucune religion d’État. C’est un signe identifiant et culturel lié à l’histoire concrète d’un peuple qui a droit à la continuité de ses institutions et de ses symboles. Ce symbole n’est pas d’abord un signe confessionnel, mais le témoignage de l'héritage culturel de toute une société marquée par sa vocation historique de berceau de l'évangélisation de l'Amérique du Nord. Le gouvernement de la province canadienne du Québec a précisément repoussé, il y a peu de temps, une proposition tendant à retirer le crucifix de la salle du parlement.

Le vrai problème du Québec n’est donc pas la présence de signes religieux ou l'apparition de nouveaux signes religieux qui envahiraient l’espace public. Le vrai problème du Québec, c’est le vide spirituel créé par une rupture religieuse et culturelle, par la forte perte de mémoire qui conduit à la crise de la famille et de l'éducation, qui laisse les citoyennes et les citoyens désorientés, démotivés, instables et attirés par des valeurs passagères et superficielles. Ce vide spirituel et symbolique mine de l’intérieur la culture du Québec, disperse ses énergies vitales et génère l'insécurité et le manque d’enracinement et de continuité avec les valeurs évangéliques et sacramentelles qui l'ont nourrie dès l’origine.

Un peuple dont l’identité s’est fortement construite, au fil des siècles, sur la foi catholique ne peut se vider de sa substance, du jour au lendemain, sans de graves conséquences à tous les niveaux. De là le désarroi des jeunes, la chute vertigineuse des mariages, le très faible taux de natalité et le nombre effrayant d’avortements et de suicides, pour ne citer que quelques unes des conséquences qui s’ajoutent à la situation précaire des seniors et de la santé publique. Enfin ce vide spirituel et culturel est entretenu par une rhétorique anticatholique truffée de clichés que l’on retrouve hélas trop souvent dans les médias.

Cela favorise une vraie culture du mépris et de la honte vis-à-vis de notre héritage religieux, cela détruit l'âme du Québec. Aujourd’hui il faut se demander: "Québec, qu’as-tu fait de ton baptême ?" et freiner le fondamentalisme laïciste imposé par le biais des fonds publics, pour retrouver un meilleur équilibre entre tradition et innovation créatrice au service du bien commun. Il faut réapprendre le respect de la religion qui a forgé l'identité de la population et le respect de toutes les religions, sans céder à la pression des intégristes laïcs qui demandent que la religion soit exclue de l’espace public.

Le Québec est mûr pour une nouvelle évangélisation en profondeur, qui se dessine dans certains milieux à travers d’importantes initiatives catéchétiques ou des efforts communautaires de retour aux sources de notre histoire. Un renouveau spirituel et culturel est possible si le dialogue entre l’État, la société et l’Église reprend son cours, de façon constructive et respectueuse de notre identité collective désormais pluraliste.

* * *

Dans le cadre d’un débat sur les "accommodement raisonnables", on ne peut négliger le changement radical que la province du Québec vient d’introduire à propos de la place de la religion à l’école.

Ce changement provoque le désarroi et la colère de nombreux parents qui se voient privés, au nom d’une dernière réforme et de la modernisation du système scolaire québécois, de l’un de leurs droits acquis. Sans tenir compte de la primauté du droit des parents et de leur volonté clairement exprimée de garder la liberté de choisir entre enseignement confessionnel et enseignement moral, l’État supprime l'enseignement confessionnel et impose un cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse dans les écoles tant publiques que privées.

Aucun pays européen n’a jamais adopté une orientation aussi radicale, qui révolutionne les convictions et la liberté religieuse des citoyens. De là le profond malaise, le sentiment d'impuissance de nombreuses familles face à un État tout-puissant qui paraît ne pas craindre l'influence de l’Église et peut donc imposer sa loi sans conditionnements supérieurs. Le sort le plus scandaleux est celui des écoles catholiques privées, que le jeu des subventions gouvernementales force à marginaliser leur enseignement confessionnel au profit du cours imposé par l’État partout et à tous les niveaux.

L'opération de recentrage de la formation éthique et religieuse du citoyen par le biais de ce cours obligatoire réussira-t-elle à préserver un minimum de points de référence pour assurer une vite commune harmonieuse ? J’en doute, je suis même sûr du contraire, parce que cette opération est faite au prix de la liberté religieuse des citoyens et surtout de celle de la majorité catholique. De plus elle est fondée exclusivement sur une "connaissance" des croyances et rites de six ou sept religions. Je doute que des enseignants vraiment peu préparés à relever ce défi puissent enseigner avec une neutralité totale et de manière critique des notions qui sont encore moins compréhensibles pour eux que leur propre religion. Il faut être très ingénu pour croire que ce miracle d’enseignement culturel des religions produira un nouveau petit Québécois, pluraliste, expert en relations inter-religieuses et critique envers toutes les croyances. Le moins que l’on puisse dire est que la soif de valeurs spirituelles sera bien loin d'être étanchée et qu’une dictature du relativisme risque de rendre encore plus difficile la transmission de notre héritage religieux.

La culture rurale du Québec a placé des croix un peu à tous les carrefours. Ces "croix de chemin" invitent à prier et à réfléchir au sens de la vie. Quel choix s'impose maintenant à notre société pour que l’État prenne des décisions éclairées et vraiment respectueuses de la conscience religieuse des individus, des groupes et des Églises ? Malgré certaines déviances dues aux incitations récurrentes mais limitées du fanatisme, la religion reste une source d'inspiration et une force de paix dans le monde et dans notre société, à condition qu’elle ne soit pas manipulée par des intérêts politiques ou persécutée dans ses aspirations légitimes.

La réforme impose que la loi soumette les religions au contrôle et aux intérêts de l’État, mettant fin aux libertés religieuses acquises depuis des générations. Cette loi ne sert pas le bien commun et ne pourra pas être imposée sans être perçue comme une violation de la liberté religieuse des citoyens et des citoyennes. Il ne serait pas raisonnable de la conserver telle qu’elle a été promulguée, parce qu’elle instaurerait un légalisme laïciste étroit qui exclut la religion de l’espace public. Les deux piliers de notre identité culturelle nationale, la langue et la religion, sont historiquement et sociologiquement appelés à s’épauler ou à s’écrouler ensemble. Le moment où une nouvelle alliance entre la foi catholique et la culture émergente redonnera à la société du Québec plus de confiance en elle-même et de foi en l'avenir n’est-il pas arrivé ?

Depuis toujours le Québec vit de l'héritage d’une tradition religieuse forte et positive, exempte de grands conflits et caractérisée par le partage, l'accueil de l’étranger et la compassion envers les plus démunis. Il faut protéger et entretenir cet héritage religieux fondé sur l'amour qui est une force d’intégration sociale bien plus efficace que la connaissance abstraite de quelques notions superficielles sur six ou sept religions. En ce moment, ce qui est le plus important, c’est que la majorité catholique se réveille, reconnaisse ses véritables besoins spirituels et renoue avec ses pratiques traditionnelles pour être à la hauteur de la mission qui est la sienne depuis l’origine.

Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


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Sources : Source : Sandro Magister 
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 08.10.2008 - T/Eglise

 

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