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Benoît XVI et le destin des enfants morts sans le baptême
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ROME, le 6 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Le Pape Benoît XVI a invité les théologiens à étudier
le « sort des enfants morts sans baptême
» : c’est la question des "limbes". Ce terme, qui n’est pas dans la
Bible et que les théologiens de l’"aggiornamento" conciliaire
n’utilisent plus.
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Laissez les enfants venir à moi.
Benoît XVI et
le destin des enfants morts sans le baptême
Les "limbes" - du latin limbus : bord, bordure - était un
lieu aux marges du paradis, patrie de ceux qui mouraient sans baptême.
L’idée prend forme au XIIIè siècle et le mot qui la résume connaît une
grande fortune au cours des siècles, sans jamais devenir doctrine
contraignante.
« Il ne s’agit pas simplement - a dit le pape Benoît
XVI - d’un problème théologique isolé. Tant d’autres thèmes fondamentaux
s’imbriquent intimement avec celui-ci : la volonté salvifique universelle de
Dieu, la médiation unique et universelle de Jésus-Christ, le rôle de l’Eglise
sacrement universel de salut, la théologie des sacrements, le sens de la
doctrine sur le péché originel ».
Les théologiens, selon le Pape,
devront étudier le « nexus » (le noeud) entre tous ces mystères, en vue
d’offrir une synthèse théologique qui puisse servir d’aide pour une pratique
pastorale plus cohérente et éclairée.
La pratique, aujourd’hui, est
en effet incertaine : il peut arriver qu’une grand-mère insiste pour que
l’enfant soit baptisé à peine né, parce que jadis (de son temps) les prêtres
disaient qu’on devait le faire, tandis que le jeune prêtre préfère laisse
passer quelques mois, de sorte que les parents se préparent avec calme au
grand rendez-vous.
Mais si entre-temps l’enfant meurt ? La réponse
du Catéchisme de l’Eglise catholique est rassurante : « Quant aux enfants
morts sans baptême l’Eglise ne peut que les confier à la miséricorde de
Dieu, comme elle le fait pour eux dans le rite des funérailles. En effet, la
grande miséricorde de Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés, et
la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire : "Laissez les
enfants venir à moi", nous permettent d’espérer qu’il y a une voie de salut
pour les enfants morts sans baptême » (n. 1261).
L'Evangile de ce
Dimanche 8 octobre est également très réconfortant et nous montre l'attitude
pleine de tendresse du Christ, il n'y en a pas d'autre :
On
présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les
disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et
leur dit : « Laissez les enfants venir à moi.
Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux
qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n'accueille
pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant n'y entrera pas. » Il les
embrassait et les bénissait en leur imposant les
mains. Evangile de
Jésus-Christ selon saint Marc 10,10-14.
L’origine de la théorie des Limbes éternelles.
Tout part d’une recherche de saint Augustin et d’une réflexion
théologique. Il connaît parfaitement à son époque cette vérité de foi : «
Tout homme qui meurt sans la grâce est, aussitôt après sa mort, conduit dans
l’enfer éternel. »
Il sait fort bien que les enfants non baptisés ne
sont pas privés de la grâce à cause d’une faute venant d’eux mais parce que
leur lointain ancêtres, Adam et Eve, en toute lucidité, choisirent en leur
nom de séparer l’humanité de ce chemin de Dieu.
Saint Augustin
prolongea donc sa réflexion et, fidèle au dogme, conclut donc : « Les
enfants n’ayant pas de faute personnelle, ils sont certainement séparés de
Dieu (peine du DAM), mais sans aucune souffrance (peine du SENS). Ils vivent
donc dans un bonheur naturel, sans regret de ne pas voir Dieu puisque, de
toute façon, cela dépasse les possibilités de leur nature humaine. »
Cette opinion théologique fit souche en Occident. Au Moyen-âge, près de 1000
années plus tard, saint Thomas reprend à son actif cette opinion théologique
et elle sera enseignée dans les écoles théologiques jusqu’à ce que, en 1895,
une jeune fille, devenue depuis Docteur de l’Eglise, ne lui donne un coup
mortel : « Un petit enfant, cela ne se damne pas.
» (Sainte Thérèse de
l’Enfant Jésus, en 1995).
Le magistère de l’Eglise
L’Eglise n’a jamais fait sienne
dans son dogme cette hypothèse. Par contre, elle parle plusieurs fois
explicitement des limbes des enfants, sans en préciser la durée. Dans
Certains conciles œcuméniques, la doctrine sur la destinée des enfants morts
sans baptême a été reprise. On peut citer la profession de foi de Michel
Paléologue, au Concile de Lyon, en 1274. Il est confessé que "Les âmes de
ceux qui meurent avec le seul péché originel, descendent aussitôt en enfer,
mais cependant pour y être punies par des peines diverses". Cette même
formulation est répétée au Concile de Florence . Le pape Pie VI affirme que
ces enfants sont privés de la vision de Dieu (peine du dam) sans pourtant
être soumis à la souffrance (peine du feu).
Le refus définitif de l’ETERNITE des limbes dans le Magistère
Jusqu’à récemment, l’Eglise ne s’est pas prononcée directement sur ce
sujet et c’est justement l’objet de la Commission Thélogique Internationale
que de donner à l’Eglise une matière à se prononcer. Mais l’éternité des
Limbes des enfants est depuis longtemps une hypothèse intenable. En effet,
saint Augustin n’a tout simplement pas considéré une autre vérité de la foi
qui est, depuis, devenu une vérité solennelle : «
Dieu propose A TOUT HOMME son salut », autrement dit aux enfants
aussi. Et il ne saurait être question qu’il abandonne personne dans la
séparation d’avec lui, sauf si cet homme l’a voulu de son propre chef par un
péché libre et volontaire (le blasphème contre l’Esprit).
Dès le
Concile de Trente, l’universalité de la proposition du salut est enseignée :
"Si quelqu’un dit que la grâce de la justification n’est accordée qu’aux
prédestinés à la vie et que tous les autres appelés, tout en étant appelés,
ne reçoivent pas cette grâce, parce que prédestinés au mal par la puissance
divine, qu’il soit anathème" .
Et le Concile Vatican II le rappelle
avec force : « Puisque le Christ est mort pour tous et
que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine,
nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu seul
connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal. »
La commission théologique Internationale
Elle devrait se prononcer sur l’impossibilité de l’éternité des Limbes
et réaffirmer avec sainte Thérèse de Lisieux et
le vénérable Marcel Van,
l'apôtre des enfants, que les enfants non baptisés sont sauvés.
Mais elle ne devrait pas se prononcer sur « La manière dont Dieu les conduit
au salut »
Les théologiens catholiques
Il restera donc aux théologiens catholiques à chercher, en tenant compte
de TOUTE LA FOI DE L’EGLISE qui peut se résumer en ces deux propositions :
1° La grâce du baptême leur est conférée d’une manière que Dieu connaît,
AVANT leur entrée dans l’autre monde (Benoît XII, constitution Benedictus
Deus) 2° Ils entrent au Ciel par un acte de CHARITE (Concile de
Trente, session 6), donc dans un amour conscient et volontaire de Dieu,
comme il convient à une personne.
L’hypothèse la plus simple, celle
qui fait en ce moment le plus l’unanimité, est soutenue dans ce site de
recherche théologique
http://visitationpourlavie.free.fr
et présentée pour tous sous forme de deux contes
http://visitationpourlavie.free.fr/fichiers/conteslapetiteSophie.htm
Ces enfants, ceux qui sont avortés par millions de nos jours par
exemples, sont très certainement accueillis par les habitants du Ciel à
l’heure de leur mort, c’est-à-dire dans le passage de la mort qui précède
l’entrée dans l’autre monde. Ils sont adoptés par de nouveaux parents
spirituels qui demandent (baptême du désir) aussitôt et obtienne pour eux le
baptême et sa grâce. Mais les petits ne sont pas prêts encore à entrer
dans la vision béatifique. Ils restent donc, le temps qu’il faut, dans un
temps d’éducation naturelle et de préparation de leur intelligence et
volonté à la rencontre du Christ qui paraîtra bientôt pour eux dans sa
gloire. C’est ce que l’on peut appeler un temps de Limbes provisoires.
Commentaire de St Augustin:
Dans un passage du De Trinitate (St Augustin), nous
pouvons lire dans le dernier passage, certains éléments de manière, disons,
plus émouvante. Louez,
enfants, le
Seigneur».
« Frères, vous le savez et vous avez plusieurs fois
entendu dans l’Évangile le Seigneur dire: “Laissez
venir à moi les petits
enfants car le royaume des cieux leur
appartient”; et encore: “Si l’on ne reçoit pas le royaume de Dieu
comme un enfant, on n’y entrera pas”. C’est pourquoi, mes très chers
frères, quand vous entendez chanter dans les psaumes: “Louez,
enfants, le
Seigneur”, ne pensez pas [Augustin parlait ici surtout
à des personnes adultes] que cette exhortation ne vous concerne pas vu
que vous êtes sortis de l’enfance du corps et que vous vous trouvez dans la
fleur de la jeunesse ou dans l’âge vénérable de la vieillesse; en effet, l’Apôtre
vous dit à tous: “Vous ne devez pas devenir des
enfants dans votre esprit, mais soyez petits quant au mal, pour être
parfaits dans l’esprit”. Mais y a-t-il un mal plus grand que la superbe?
[Ici, c’est très beau] En effet, la superbe, présumant une grandeur
vide, ne permet pas que l’homme avance sur la voie droite et entre
par la porte étroite». La voie étroite dont parle Jésus (Mt 7,
13-14) n’est pas difficile parce qu’elle est étroite, comme nous avons
tendance à le penser sans nous en apercevoir. Elle est
étroite parce qu’elle est petite, et ainsi
seuls les enfants
peuvent y marcher. C’est là quelque chose
de merveilleux. Et ainsi la porte étroite n’est pas étroite parce
qu’elle est difficile mais elle est étroite parce qu’elle est
petite. Et quand un homme est superbe, il se grandit, et ainsi il ne
peut passer par la petite porte.
La superbe rend grand et ne permet donc pas de marcher
sur la route étroite et ne laisse pas entrer par la porte étroite, «
l’enfant, au contraire, entre facilement par des passages étroits
et, pour cette raison, personne, s’il n’est enfant [s’il n’est petit]
n’entre dans le royaume des cieux». La porte du
royaume des cieux et la route du royaume des cieux sont étroites. Il faut
donc être des enfants,
des petits, pour y entrer. Si l’on est enfant, petit, on entre
partout. Ce puer facile intrat est quelque chose d’extraordinaire. La
route étroite et la porte étroite sont faciles si l’on est enfant.
Les enfants
passent partout. Cette lecture d’Augustin est merveilleuse.
La Commission théologique internationale
soutient que l'idée des limbes "peut être abandonnée". Dans un sens analogue
s'était exprimé il y a plus de 20 ans le pape Benoît XVI, alors card.
Ratzinger: ►
Benoît XVI compte rejeter le concept des limbes
Sources:
A.D. -
Archives
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.10.2006 - BENOÎT XVI |