Evangélisation ? Il faut que l’Eglise
assume dans la miséricorde toutes les situations tordues… |
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Le 08 avril 2009 -
(E.S.M.)
- « Aujourd’hui on ne peut annoncer Jésus-Christ si on
n’annonce pas un Jésus-Christ miséricordieux. C’est l’incontournable de
la nouvelle évangélisation. L’humanité d’aujourd’hui est si blessée
qu’elle ne peut supporter un autre langage que celui de la miséricorde
de l’Evangile ».
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Evangélisation ? Il faut que l’Eglise
assume dans la miséricorde toutes les situations tordues…
Le 08 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Les chrétiens dans l’action pour la justice - Et l’évangélisation ? "Il
faut que l’Eglise assume dans la miséricorde toutes les situations tordues…"
…explique le prieur général de la Communauté Saint-Jean :
Notre note
2 soulignait le devoir d’engagement social du chrétien, à partir d’un
texte-clé de Josef Ratzinger/Benoît XVI. Cette dimension « sociale » ne se substitue
pas à l’évangélisation (je le disais hier soir au débat
protestants-catholiques de Neuilly). Social et évangélisation sont
inséparables : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger… »
L’évangélisation n’est pas du « militantisme » avec insignes, banderoles et
cris scandés. Confondre les deux est un contre-témoignage. Le militant «
défend » et « attaque » : défendre et attaquer est un réflexe partisan, sans
rien à voir avec «allez et évangélisez tous les peuples ». Evangéliser est
autre chose que « militer ». « Aujourd’hui on ne peut annoncer Jésus-Christ
si on n’annonce pas un Jésus-Christ miséricordieux. C’est l’incontournable
de la nouvelle évangélisation. L’humanité d’aujourd’hui est si blessée
qu’elle ne peut supporter un autre langage que celui de la miséricorde de
l’Evangile », explique le P. Jean-Pierre Marie, prieur général de la
Communauté Saint-Jean [1]. Même lorsqu’on nous blesse injuste-ment,
explique-t-il, nous pouvons avoir deux attitudes :
- « Nous défendre, réclamer justice, nous protéger ».
(Il y a une manière de
« défendre » l’Eglise, soi-disant, qui cache un repli sur soi et le réflexe
de nous défendre nous-mêmes : d’où les faux pas qui menacent de recommencer
à tout instant).
- « Ou bien entrer dans le mouvement même de l’amour divin : aimer malgré et
même à cause de la blessure. Et nous servir alors de la blessure pour aller
plus loin, pour aimer davantage, plus gratuitement, et redonner notre
confiance. »
Une Eglise politique ? Non : une Eglise souffrante
L’Eglise est attaquée à droite et à gauche. Ce n’est pas étonnant. Les
catholiques sont regardés comme des asociaux : ils ne doivent pas en être
surpris - sauf s’ils confondaient catholicisme et honorabilité, ce qui
montrerait leur incompréhension de la situation en 2009… L’erreur serait de
réagir à cette situation en allant crier « nous voulons être respectés »
sous l’œil goguenard des médias : sincèrement sûrs que le catholicisme est
absurde, une bonne part des journalistes jugeraient absurde cette ire de
cathos.
Et elle serait effectivement absurde. Le devoir du chrétien n’est pas de se
défouler mais d’évangéliser : c’est-à-dire de faire voir le cœur de la foi,
qui n’est pas une opinion (ni un titre de propriété, ni un brevet
d’honorabilité), mais une confiance en Dieu. D'où la consigne du Christ aux
apôtres : « De tous faites des disciples ». Comment cela se pourra-t-il ?
Par la
Miséricorde : « Elle est le grand lieu prophétique de l’Eglise, le
grand refuge de l’humanité pécheresse, appelée à l’unité en Dieu. Et cette
miséricorde est contagieuse. Elle réclame notre coopération pour devenir la
grande lumière prophétique de l’Eglise… Depuis la Croix, depuis Marie, toute
l’Eglise paraît n’avoir qu’une seule mission : offrir la blessure du Cœur
[du Christ] et témoigner ainsi de l’absolu de la miséricorde… » [3]
Le vice de raisonnement est de confondre action chrétienne et politique. De
cette erreur sont nées au XXe siècle des naïvetés dégénérant en scandales.
Les chrétiens ont le devoir de s’engager et d’être solidaires des justes
luttes dans la société ; mais pas de se fourvoyer et de compromettre le
message de l’Evangile. (A la réunion œcuménique d’hier fut aussi évoquée
l’urgence d’abolir la notion d’ « Occident chrétien », obscène en 2009 et
vouée à couvrir le pire si elle persistait). « Nous n’avançons pas vers une
Eglise politiquement triomphante, mais une Eglise qui révèle dans la
souffrance toute sa dignité de mère et toute sa fécondité cachée, une Eglise
qui communie avec l’opprobre des pécheurs et partage leur sort comme Jésus.
D’être couronnée d’étoiles ne dispense pas la Vierge d’enfanter dans la
douleur et d’être le témoin et l’avocate de toute la souffrance humaine.
N’est-ce pas ce que le Saint-Père rappelait à Lourdes lors de son
Homélie sur le sourire de Marie ? A son tour, il faut que l’Eglise assume dans la
miséricorde toutes les situations tordues [des pécheurs], pour que ceux-ci
redécouvrent le chemin de la lumière et retrouvent leur dignité. Les hommes
ont besoin d’espérance ! […] Il faut que l’Eglise reflète le visage de la
miséricorde du Christ crucifié et qu’elle se prépare au retour du Maître en
devenant toujours davantage le refuge assuré des pécheurs. » [4]
Le chemin de l’évangélisation n’est pas celui de colères identitaires, mais
« de l’amour, du partage, de l’accueil et du pardon ». La leçon s’adresse
autant aux cathos français tourneboulés depuis deux mois, qu’aux chrétiens
résolus à s’engager sur le vrai terrain social de l’avenir : le combat pour
la justice et la paix, ici et dans le monde.
[1] Revue Kephas, janvier-mars 2009.
[3] P. Jean-Pierre Marie, ibid.
[4] Ibid.

Sources : plunkett.hautetfort
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.04.09 -
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