Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI |
 |
Le 07 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le Cardinal Ratzinger n'a pas changé de
discours depuis qu'il est devenu Benoît XVI, et son Motu proprio ne vise
nullement à généraliser la forme extraordinaire de la liturgie romaine.
|
La
liturgie dite "tridentine" -
Pour agrandir l'image
►
Cliquer
Summorum Pontificum : comment bien utiliser le Motu Proprio
Le 07 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Depuis la publication du
Motu Proprio Summorum Pontificum, de nombreux
fidèles traditionalistes, c'est-à-dire fermement attachés à la forme
extraordinaire du rite romain - se réclament de Benoît XVI.
Malheureusement, certains d'entre eux en arrivent à trahir la pensée du
Souverain Pontife, essentiellement lorsqu'ils se mobilisent pour un
retour généralisé ou exclusif de la liturgie dite "tridentine"
(dont la forme actuelle est davantage un héritage du
XVIIème siècle revisité par le XIXème siècle que le legs du concile de
Trente).
Trahison de la pensée de Benoît XVI, en effet, quand on cherche à faire
croire ou quand on pense que la forme extraordinaire du rite romain
pourrait devenir, à l'avenir, une façon habituelle de célébrer la
liturgie dans les paroisses.
S'adressant au Professeur Lothar Barth, le Cardinal Ratzinger avait
écrit: "Je crois que dans l'avenir, l'Église romaine ne devra avoir
qu'un seul rite; l'existence de deux rites est difficilement "gérable"
pour les évêques et les prêtres. Le rite romain de l'avenir devrait être
un seul rite, célébré en latin ou en langue populaire, mais basée
entièrement dans la tradition du rite ancien." On remarquera que
dans cette lettre écrite en 2003, le Cardinal Ratzinger parle encore de
"deux rites", selon la terminologie de cette époque, alors que par
la suite et dans le Motu proprio Summorum pontificum, il emploiera
l'expression "deux formes de l'unique rite romain". (1)
Dans cette même lettre au Professeur Barth, le Cardinal Ratzinger
poursuit: "Si vous vous engagez ainsi pour la question liturgique,
vous ne serez pas seul et vous préparez "l'opinion publique de l'Église"
à des mesures éventuelles en faveur d'un usage plus large des manuels
liturgiques anciens. Il faut cependant être prudent quant à l'excitation
des espoirs trop grands, maximaux, auprès des fidèles attachés à la
tradition."
Il est ici clairement dit que la prudence s'impose... pour un usage "plus
large" - et non pas "généralisé" - des livres liturgiques
anciens.
Remarquons bien que le Cardinal Ratzinger n'a pas changé de discours
depuis qu'il est devenu Benoît XVI, et son Motu proprio ne vise
nullement à généraliser la forme extraordinaire de la liturgie romaine.
Il suffit, pour s'en convaincre, de lire attentivement la
Lettre que le Souverain Pontife a adressée aux
évêques pour leur expliquer la portée du Motu proprio : "Le nouveau
Missel restera certainement la forme ordinaire du Rite romain, non
seulement en raison des normes juridiques, mais aussi à cause de la
situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de fidèles."
Mais Benoît XVI ajoute aussitôt après - et c'est ce que beaucoup
oublient - que "les deux formes d'usage du Rite romain peuvent
s'enrichir réciproquement (...). Dans la célébration de la Messe
selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte
que cela ne l'a été souvent fait jusqu'à présent, cette sacralité qui
attire de nombreuses personnes vers le rite ancien." Et enfin : "La
meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les
communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec
beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions; c'est ce
qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de
ce Missel."
C'est bien le missel "de Paul VI", correctement mis en oeuvre - et non
comme il est actuellement utilisé dans la majorité des paroisses -, qui
sera l'agent de l'unité des communautés paroissiales, en tant qu'il
possède une incontestable "richesse spirituelle" doublée d'une véritable
"profondeur théologique".
Les communautés ou les groupes de fidèles qui disent autre chose, qui
critiquent ou refusent le Missel romain actuel, adoptent une attitude
peu "catholique" qui risque de les marginaliser, avec toutes les
conséquences que cela peut avoir à plus ou moins long terme.
Mais alors, demandera-t-on, pourquoi le Motu proprio Summorum pontificum
et la possibilité de rétablir la forme qu'avait la liturgie avant le
Concile ?
La réponse à cette question nous est donnée par le P. Aidan Nichols o.p.
dans
un ouvrage remarquable sur la pensée de Benoît XVI (2) : "Durant
les dernières années de son office à la tête de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi, Joseph Ratzinger a noblement défendu la liberté
qu'ont les fidèles de célébrer la liturgie romaine traditionnelle,
connue sous le nom de saint Pie V ou encore de rite tridentin. Il n'a
cependant pas jugé souhaitable un retour généralisé à cette liturgie. Ce
qui est désirable - et même en fait, indispensable -, c'est une vie
liturgique apte à exprimer les précieuses vérités contenues dans
l'ancienne liturgie."
Il est donc clair que la possibilité de célébrer la liturgie romaine
selon sa forme extraordinaire doit être comprise non comme une fin, mais
comme un moyen de redonner à la forme ordinaire du rite l'apparence que
souhaitait lui donner la Constitution
Sacrosanctum Concilium de Vatican II. C'est de cette apparence dont
parle le Cardinal Ratzinger lorsqu'il écrit que "grâce au "Mouvement
liturgique", puis de façon plus nette lors du concile Vatican II, la
fresque fut dégagée, et pendant un instant, nous restâmes fascinés par
la beauté de ses couleurs et de ses motifs." (3)
Ne pas chercher à comprendre ces différents aspects du problème actuel
conduit autant à utiliser le Motu proprio Summorum pontificum pour aller
dans une impasse qu'à falsifier le véritable enseignement de Vatican II.
C'est en tout cas prendre, d'un côté comme de l'autre, le risque de
faire capoter tous les efforts faits en vue d'une authentique et urgente
"réforme de la réforme de la liturgie".
(1) Denis Crouan, Tradition et Liturgie, éd. Téqui, Paris,
1985; Réflexions sur la Liturgie, éd. Téqui, Paris, 1987.
(2) P. Aidan Nichols, La pensée de Benoît XVI; introduction à la
théologie de Joseph Ratzinger, éd. Ad Solem, Genève
(CH), 2008.
(3) Cardinal Joseph Ratzinger, Der Geist der Liturgie, Verlag Herder,
Freiburg
(D), 2000.
Nouveau : S'inscrire à la newsletter ! Voir
menu de gauche. |
Sources : Proliturgia
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
07.12.2008 -
T/Motu proprio
|