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Rome, le 07 mars 2008 -
(E.S.M.) - Questions de société : Fides publie un dossier sur
le testament biologique et a réuni plusieurs entretiens que nous
diffusons en deux fois.
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Le suicide
médicalement assisté
LE TESTAMENT BIOLOGIQUE
1er partie
L’indisponibilité du bien-vie
Comme l’explique le Professeur Gian Luigi Gigli, professeur à l’Université
de Udine, dans des entretiens que nous proposons dans ce dossier, « faire un
absolu, comme on voudrait le faire en Italie, du principe
d’autodétermination, met en danger un des pivots de l’ordre juridique
(l’indisponibilité du bien-vie), et réduit à une conception de
type contractuel la relation médecin-malade »
Des lignes directrices publiées sur des revues scientifiques qui font
autorité en Grande Bretagne, où le « living will »
(déclarations anticipées de la volonté) est déjà en cours,
soutiennent que où manquent des directives anticipées, écrites ou exprimées
oralement sans qu’il puisse y avoir d’équivoque et attestée, celui qui
remplace le malade inconscient peut prendre des décisions concernant la vie
du malade ‘en interprétant’ ce qu’aurait pu être le choix, ou en faisant
lui-même les choix, sur la base de ce qu’il considère être pour ‘le
meilleur’ intérêt du malade. Et ceci, malgré le fait que de nombreuses
études aient démontré que, face à des hypothèses sur des décisions de fin de
vie, les choix de la personne de confiance soient discordantes de celles
exprimées par le malade.
Les données de la Belgique et de la Hollande sont impressionnantes, à
propos des décisions de fin de vie chez les enfants de mois d’un an.
L’absence d’espérances réelles de survie, ou la perspective d’une qualité de
vie très basse, amènent à décider en faveur de la fin de la vie pour
60% des enfants. On note d’autre part que 79%
des médecins considèrent que c’est leur propre devoir professionnel de
réduire les souffrances en hâtant la mort (évidemment
toujours le ‘meilleur intérêt’ du petit malade). Et cela, sur la
base du principe d’autodétermination exercé, pour le compte d’un malade qui
n’est pas en mesure d’exprimer de manière autonome ses propres choix.
Au Colorado, on a fait mourir un enfant de 5 ans, gravement handicapé mais
en mesure de fréquenter une école appropriée, en suspendant de l’hydrater et
de le nourrir, suite à la décision de ses parents, et avec l’autorisation du
magistrat. En Suisse, et dans l’Oregon, sur la base du principe de
l’autodétermination, on a légalisé le suicide médicalement assisté, et, au
mois de novembre 2006, la Haute-Cour de Lausanne a donné des lignes
directrices pour les personnes affectées de « troubles psychologiques
graves, permanents et durables » : au nom de le l’autodétermination de
malade déprimé, on recommande ainsi de l’aider pour les choix du type de
mort.
Le 25 février dernier, le Pape Benoît XVI, lors d'une audience, en a profité
pour rappeler, une fois de plus, la condamnation éthique énergique et
constante de toute forme d'euthanasie directe, selon l'enseignement
pluriséculaire de l'Église".
(ici)
"La tentation de l'euthanasie apparaît comme l'un des
symptômes les plus alarmants de la culture de la mort qui progresse surtout
dans la société du bien être" (Evangelium
Vitae, 64).
Testament biologique : finalités également
euthanasiques ?
L’expression « testament de vie » traduit l’expression anglaise « living
will », qui veut dire « volonté exprimée quand on est en vie », par un
sujet, et qui se rapporte de manière particulière à sa propre mort. On parle
aussi de « advances care directives », que l’on traduit par «
directives anticipées pour le médecin », ou « directives anticipées ». Les
deux termes ont été utilisés de manière interchangeable, en se référant à
des déclarations génériques de volonté du malade à propos des choix
thérapeutiques et d’assistance qui le concerneraient. « Mais il faut noter
que le but ultime du testament biologique, du moins comme il est conçu dans
les Pays qui le prévoient – a écrit récemment Maria Luisa Di Pietro,
professeur adjoint de Bioéthique à l’Université Catholique du Sacré-Cœur et
Présidente de l’Association « Scienza et Vita »
(Science et Vie) a des finalités également euthanasiques. Le
comité italien pour la Bioéthique, en revanche, a adopté l’expression «
déclarations anticipées de traitement », à la place de directives
anticipées, dans le but de souligner qu’il ne représente pas une obligation
pour le médecin »
Dans l’élaboration de ce Dossier, nous avons voulu choisir comme source
privilégiée l’Association « Scienza et Vita » ; « qui défend les
frontières e la vie, depuis son apparition jusqu’à son terme naturel ». Sur
son site (www.scienzaevita.org), l’Association
a voulu proposer une campagne d’entretiens contre l’hypothèse d’une loi qui
réglementerait le testament biologique, en discussion au Parlement italien.
Nous donnerons, dans ce dossier, quelques-unes de ces interventions, en
considérant, avec « Scienza e Vita », que ceux qui s’occupent
concrètement de questions qui touchent à la vie et à la mort, comme les
médecins, peuvent donner des conseils utiles à ceux qui, avec obstination,
veulent introduire, également en Italie comme, malheureusement cela a déjà
été le cas dans d’autres Pays une loi qui pour réglementer le testament
biologique.
Entretiens
1. Entretien avec le Professeur Rodolfo
Proietti,
Dirigeant médical,
Responsable du Service d’Anesthésie, de Thérapie intensive post-opératoire,
et de Thérapie de la douleur (UOC)
à la Polyclinique Universitaire “A. Gemelli” de Rome
Que pensez-vous d’une norme qui établit le
testament biologique ?
Le testament biologique naît avec l’intention initiale de favoriser, dans le
cadre de la relation médecin-malade, des décisions du médecin destinées à
éviter l’acharnement thérapeutique. Si l’on approuvait une loi qui se
limite à obtenir cet objectif, cela pourrait être utile pour aider le
médecin à prendre les décisions difficiles de « fin de vie ». Mais, avec le
temps, et avec la poursuite du débat, l’objectif d'un testament biologique, et
de la loi qui le concerne et dont on parle, s’est modifié : l’objectif est
devenu celui d’étendre les décisions du malade y compris sur des procédures
d’assistance qui, n’ont rien à voir avec l’acharnement thérapeutique.
Qu’entendez-vous par acharnement thérapeutique ?
Dans une première phase, l’acharnement thérapeutique identifiait l’usage de
thérapies disproportionnées par excès, qui concernaient des malades
arrivés en phase terminale ; puis il a pris un sens différent que l’on ne
peut partager, parce que certains proposent d’étendre la signification de ce
terme à n’importe quelle thérapie considérée insupportable par le malade. Il
faut, à ce sujet, bien considérer qu’une thérapie peut être considérée comme
insupportable par une personne malade, indépendante du caractère inévitable
de la mort. Pour cette raison, je considère qu’une norme sur le testament
biologique qui parlerait de l’acharnement thérapeutique comme certains le
considèrent, est inacceptable, inutile et potentiellement dangereuse. Dans
ces cas, c’est déjà le devoir du médecin d’éviter les excès de diagnostic et
les excès thérapeutiques. La thérapie disproportionnée
par excès, se réfère surtout à ces conditions où la mort est désormais
inévitable – malgré les thérapies dont on dispose, et est attendue à brève
échéance.
Qu’entendez-vous par euthanasie ?
L’euthanasie peut avoir deux formes: une forme active, qui se produit quand
à la demande de la personne malade, on ad ministre des substances toxiques
destinées à mettre fin à la vie; en pratique, une anticipation de la mort à
la demande du malade, que nombre de personnes considèrent comme inadmissible
; la deuxième forme peut être qualifié d’euthanasie par omission, qui se
produit quand on entend ne pas commencer, ou suspendre – toujours sur
demande du malade – des thérapies adaptées, et dues, afin d’anticiper la
mort, quand, non seulement elle est inévitable, mais est attendue à brève
échéance.
Dans le code déontologique, y a-t-il les réponses
nécessaires à ce problème ?
Le code déontologique interdit l’euthanasie, sous des différentes formes, et
l’acharnement thérapeutique, compris comme thérapies disproportionnées par
excès. Le refus de thérapies disproportionnées par
excès rentre dans les dispositions prévues par le code de déontologie,
qui prévoit déjà que le médecin puisse se servir de ce qui a été déclaré
précédemment par le malade, qui puisse indiquer des décisions aptes à éviter
l’acharnement thérapeutique. Cette possibilité, déjà prévue dans le code de
déontologie médicale amène inévitablement à mettre fortement en doute
l’utilité concrète du testament biologique.
Y a-t-il un conflit, et en quoi consiste-t-il,
entre les volontés exprimées précédemment par le malade, et la position de
garantie du médecin ?
Quand je parle de relation entre le médecin et le malade, j’aime rappeler
que cette relation n’est jamais de type conflictuel ; elle a pour objectif
le partage du projet thérapeutique ; il revient au médecin de réaliser une
relation positive avec le malade, en aidant à ce partage.
Dans l’exercice de votre profession, avez-vous déjà
eu des problèmes, je veux dire des plaintes judiciaires, dans le cas
d’interventions contraires aux indications du malade qui pourtant ont permis
de sauver la vie ou de rétablir un équilibre de santé, ou d’arrêt de
thérapies disproportionnées qui ont entraîné la mort du malade ?
Non. Durant mon expérience de réanimateur, il peut arriver – et cela arrive
– qu’il y ait une demande des familles de au-delà du possible. Dans
l’expérience commune, quotidienne, on demande au médecin, je ne dis pas de
pratiquer l’acharnement thérapeutique, mais de faire tout le possible,
certainement. Je le répète : c’est là mon expérience quotidienne. Je dois
dire aussi que si l’on parle beaucoup d’euthanasie, mais que les demandes
sont peu nombreuses.
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements, dans le contexte de la
relation entre le médecin et le malade ?
La différence est substantielle. Dans le testament biologique, la
déclaration est faite sur une maladie non existante, sur une condition
supposée de pathologie, pour un événement qui pourrait se produire. Dans la
planification des traitements, nous nous référons à une pathologie en cours
; le malade est conscient, car il a été informé par le médecin traitant, que
la maladie pourra connaître une évolution, jusqu’à la phase terminale : nous
ébauchons donc, avec la personne malade, des décisions pour cette pathologie
déjà en cours. La pathologie des traitements rentre pleinement dans le cadre
de formation du consensus reposant sur l’information.
La mise en route des soins palliatifs et de
l’assistance à domicile, de structures pour des malades en long séjour et
des Hospices, peuvent-elles être une réponse à l’euthanasie et à l’abandon
thérapeutique ?
En réalité, les soins palliatifs et l’assistance au malade en phase
terminale, sont un devoir absolu pour la médecine, indépendamment de la
poursuite des objectifs secondaires. Ils représentent un des éléments qui
caractérisent une assistance de haute qualité, attentive à placer le
meilleur intérêt du malade au centre de l’action thérapeutique. Je n’aime
pas dire : multiplions les soins palliatifs pour limiter les demandes
d’euthanasie ; ils faut les faire de toute façon, parce qu’ils sont la
meilleure réponse d’assistance possible pour de nombreux malades.
2. Entretien avec le Docteur Giancarlo
Pizza
Président de l’Ordre des
Médecins de Bologne, et Président des ordres de l’Emilie–Romagne,
Responsable du Module d’Immunothérapie – UO. D’Urologie, Hôpital Saint
Ursule Malpighi ; Membre du Groupe de Coopération en Immunologie, de la
Société Italienne d’Urologie et du CLURON (Club d’Urologie et d’Oncologie),
Président de la Société International du « Transfer Factor (ITFS).
Etes-vous favorable au testament biologique ?
Vous me voyez perplexe, parce que ce serait une décision prise aujourd’hui,
dans une condition déterminée, qui ne peut plus être révoquée, et, en outre,
confiée à quelqu’un d’autre.
Comment définiriez-vous l’acharnement thérapeutique
et l’euthanasie ?
Par acharnement thérapeutique, on veut dire n’importe quelle pratique
médicale ou thérapeutique faite en de hors de toute perspective possible, et
raisonnable, d’obtenir un bienfait pour le malade. Euthanasie veut dire
donner la mort, accomplir un acte qui a un résultat immédiat :
la mort d’une personne.
Le code de déontologie répond-il à ces problèmes ?
Oui, parce que les médecins travaillent tous dans le cadre du rapport qui
s’instaure entre le médecin et le malade.
Peut-il y avoir un conflit entre la volonté
exprimée par le malade, et la position de garantie du médecin ?
Oui, parce que la décision d’un individu de se laisser mourir crée un
conflit pour la science et la conscience du médecin. L’aspiration du
médecin est maintenir les personnes en vie ; c’est une norme qui le lie, et
qui devient un problème énorme. Je dois dire aussi que, si le législateur
veut faire une proposition sur le testament biologique, qu’il le fasse s’il
veut, c’est son droit. Mais nous pensons, et c’est notre droit et notre
devoir de le dire, qu’une proposition de ce genre peut créer des problèmes
sérieux
Dans l’exercice de votre profession, avez-vous déjà
eu des problèmes, je veux dire des plaintes judiciaires, dans le cas
d’interventions contraires aux indications du malade qui pourtant ont permis
de sauver la vie ou de rétablir un équilibre de santé, ou d’arrêt de
thérapies disproportionnées qui ont entraîné la mort du malade ?
Cela ne m’est jais arrivé. J’ai eu aussi de la chance dans ce domaine. Et je
n’ai jamais entendu parlé d’une chose de ce genre. On se trouve, la plupart
du temps, devant les familles des malades, et l’on fait tous nos efforts
pour les comprendre et pour parler avec eux.
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements ?
Ce sont des choses différentes. Le testament biologique veut dire donner des
dispositions, accorder à l’individu une prérogative que la loi ne lui permet
pas. La planification est toute autre chose.
Dans cette matière, quelle est l’importance de
l’assistance ?
La demande de se faire donner la mort vient à cause de souffrances
insupportables, par manque d’assistance, par le sentiment d’être abandonné.
Faire plus dans le domaine de l’assistance peut réduire cette demande. Dans
la région où je travaille, la situation est bonne de ce point de vue :les
malades en phase terminale sont soignés et suivis jusqu’au bout, grâces aux
Hospices, et cela, certainement, soulage leurs souffrances et celle des
familles
3. Entretien avec le
Docteur Fulvio Borromei
Président de l’ordre des Médecins Chirurgiens et des
Chirurgiens-dentistes de la Province d’Ancône, Président, Médecin-chirurgien
, Spécialiste des Urgences et de Thérapie d’Urgence
Que pensez-vous du testament biologique ?
Si c’était possible, je jugerais ce problème au sein du code déontologique,
en maintenant le rapport très étroit qu’il doit y avoir entre le médecin et
le malade. Les principes qui viennent de centaines et de centaines d’années
ont été respectés. Sur ce point, je n’ai pas de doutes. Je dirais qu’il est
nécessaire d’accorder toute son attention au soin du malade ; je veux
parler, à ce sujet, de la capacité du médecin de s’occuper attentivement
d’une personne. Peut-être bien que, ces dernières années, on a accordé trop
d’attention à la thérapie. Nous réunissons thérapie et soin pour être de
vrais médecins dans le respect de la personne.
Qu’entendez-vous par acharnement thérapeutique et
euthanasie ? Que répond le code déontologique à ces problèmes ?
L’acharnement thérapeutique est tout ce qui, de
manière extrême, vise le soin de la maladie, au lieu de viser le soin de la
personne. En ce sens, je ne considère qu’il y avoir une loi qui nous
dit ce qu’est ou ce que n’est pas l’acharnement thérapeutique. Euthanasie
pour moi, se réfère au cas où le médecin fait des actes qui nuisent
directement à la survie de l’individu. Regardons ce que dit le Serment
d’Hippocrate : le médecin ne peut enlever la vie à l’individu, il doit la
sauver. Dans le code de déontologie, on trouve toutes les réponses
concernant ce problème. S’il y avait besoins d’approfondissements, cela
pourrait être fait dans le cadre du commentaire di code de déontologie
Volonté exprimée par le malade et position de
garantie du médecin: Peut-il y avoir un conflit entre les deux ?
Le malade X ne peut dire au médecin Y de faire ce que lui veut, de manière
absolue. Soigner est un long parcours, qui peut caractériser les accords
entre le médecin et le malade, en respectant la volonté de tous les deux. La
détermination du malade doit se confronter avec la morale, avec les
sentiments et avec le caractère professionnel du médecin.
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements ?
La parole planification des traitements est un peu dangereuse. Chaque malade
a une histoire. La médecine représente l’art suprême fait de science, de
connaissance, d’humanité. On ressent cela et on le vit quand on travaille,
on ne peut le déterminer.
Quel rôle peuvent avoir les Hospices ?
Ils sont des réponses très efficaces, et sont l’antidote à des demandes
d’euthanasie. Moi-même, j’ai fondé un Hospice, et je dois dire que la
réalité géographique où je vis est très positive de ce point de vue.
Comme le rappelle le pape Benoît XVI dans l'Encyclique
"Spe Salvi", "la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans
son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun
comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les
souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à
faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi
intérieurement est une société cruelle et inhumaine" (n.
38).
4. Entretien avec le Doocteur Giovanni
Battista Guazzetti
Médecin chirurgien, Responsable du, Service des états
végétatifs au centre Don Orione de Bergame, Spécialisé en gériatrie et
gérontologie
Etes-vous favorable au testament biologique ?
Non, parce qu’il dénature la relation médecin-malade ; c’est une négation du
caractère spécifique et particulier de ce rapport.
Comment définissez-vous l’acharnement thérapeutique
et l’euthanasie ?
L’acharnement thérapeutique est une pratique où l’on
met en jeu des moyens disproportionnés de soin, face à une situation qui n’a
aucune possibilité de récupération. L’euthanasie est une action dont
le but est de donner la mort à une personne. Donner la mort est dans les
intentions de l’action
Le code de déontologie donne-t-il des réponses à
ces problèmes ?
Je réponds « oui », parce que l’on y par le prendre soin des personnes, et
certainement pas de recourir à l’euthanasie
Peut-il y avoir un conflit entre la volonté
exprimée par le malade, et la position de garantie du médecin ?
Il y a un conflit quand la volonté du malade exprime une volonté
suicidaire. C’est une circonstance que l’on peut rencontrer. Je suis
médecin depuis vingt-six ans, je me suis toujours occupé de ces problèmes et
je n’ai jamais connu des situations de ce genre.
Dans l’exercice de votre profession, avez-vous déjà
eu des problèmes, je veux dire des plaintes judiciaires, dans le cas
d’interventions contraires aux indications du malade qui pourtant ont permis
de sauver la vie ou de rétablir un équilibre de santé, ou d’arrêt de
thérapies disproportionnées qui ont entraîné la mort du malade ?
Non. Quand je prends en charge la vie d’une personne, je cherche toujours à
instaurer une relation, un parcours partagé, avec cette personne, avec les
membres de sa famille. C’est un chemin commun, si l’on veut. Combien de fois
ai-je dû discuter, et je le fais dans l’esprit de ce chemin commun.
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements ?
Aujourd’hui, il y a le consensus informé, qui est un acte d’un parcours de
soin. La différence entre le consensus informé et le testament biologique,
réside en ce qu’il n’y a pas la simultanéité des événements. Avec le
consensus informé, on décide aujourd’hui pour demain ; avec le testament
biologique, d’ici à vingt ans ou plus.
Les Hospices sont-ils importants pour ces problèmes
?
Certainement. S’ils ne peuvent supprimer le problème, du, moins, ils peuvent
l’atténuer.
5. Entretien avec le Professeur
Pierpaolo Donadio
Médecin-chef d’Anesthésie
et de Réanimation à l’Hôpital Le Molinette de Turin
Que pensez-vous d’une loi sur le testament
biologique ?
Si elle se limite seulement à certains cas, d’un malade conscient, comme
“renfort” pour le malade informé, elle pourrait avoir un sens. J’ai vu des
SLA ou dystrophies de malades qui ne voulaient pas aller en respiration
artificielle, et qui s’y sont trouvés contre leur propre volonté. J’aimerais
que ceux qui ont une maladie claire, connue, avec un parcours thérapeutique
fixé, puissent décider comment l’affronter, de manière à ce que les autres
puissent travailler de pair. Dans ce sens, une loi qui protègerait cette
possibilité peut tracer un parcours déjà programmé. Si le malade exprime un
vrai testament biologique, il doit être limité à une maladie connue au
moment où il rédige et signe le testament biologique, qui peut être compris
d’une certaine manière comme la formalisation d’un parcours programmé de
soins. Si je perds conscience parce que j’ai la sclérose, il doit exister
quelque chose qui me protège contre quelqu’un qui voudrait me couper la
gorge. Je sais bien que cette manière de présenter les choses est très
différente du contenu des propositions de loi sur le testament biologique en
discussion. Mais c’est ce que je pense sur cette question
Comment définissez-vous l’acharnement thérapeutique
et l’euthanasie ?
L’acharnement thérapeutique est l’utilisation de
moyens excessifs pour le traitement de pathologies évolutives, ou de moyens
qui entraînent trop de souffrances, que le malade ne désire pas, ou des
traitements destinés à différer inutilement, pour peu de temps, une mort
inévitable. Les trois tenants et aboutissants ne sont pas
nécessairement unis. Si moi, médecin, je soigne une personne mûre conscient,
qui ne supporte pas la thérapie, je lui fais violence et je pratique alors
l’acharnement. L’euthanasie est un acte qui veut donner la mort à un sujet
malade qui la demande, ou encore à un sujet malade qui ne la demande pas,
mais considéré comme étant convenable, abusivement, par son médecin, pour le
faire mourir.
Le code de déontologie donne-t-il des réponses à
ces problèmes ?
Oui, de manière intentionnellement et utilement générique. A mon avis, c’est
là une matière de déontologie professionnelle, mais non de casuistique. Le
code de déontologie suffit pour traiter cette question ; il est suffisant
dans son expression vague voulue, parce cette question considère tous les
tenants et aboutissants qui peuvent se présenter pour le choix.
Peut-il y avoir un conflit entre la volonté exprimée par le malade, et la
position de garantie du médecin ?
Il peut y avoir un conflit si la volonté exprimée précédemment ne peut
connaître les articulations de ce qui peut arriver avec le temps, qui peut
se traduire en plusieurs années. Et cela, relativement à toute situation
subjective, parce que toutes les situations sont différentes les unes des
autres. Il n’y a pas de conflit théorique, parce que la volonté du malade
doit toujours être respectée. Là où le malade a donné des dispositions
génériques exprimant sa volonté, le conflit peut naître du fait que,
lorsqu’ils les a données , il ne savait pas quand, comment, et de quelle
chose il serait malade.
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements ?
La différence réside précisément dans le cadre du contexte. S’il y a une
maladie, il y a simultanément une décision, et donc une planification des
traitements. Dans le cas du testament biologique, cette décision peut être
prise même vingt ans auparavant.
Les Hospices sont-ils importants pour ces problèmes
?
Ils peuvent être une réponse partielle et obligée, s’ils touchent la
majorité des cas. Pour la plus grande partie des cas, la réponse est donc «
oui » ; il est un peu faux et illusoire de dire que, avec cela, on résout
tout. C’est l’illusion contraire à l’illusion du testament biologique. Ce
sont des choses nécessaires, et un droit ; mais il y a des situations, même
si elles sont peu nombreuses – et l’on doit pourtant tenir compte de ces
situations peu nombreuses pour avoir une vision d’ensemble – par rapport
auxquelles les soins palliatifs et structures d’assistance ne résolvent pas
le problème. Une personne intellectuellement honnête ne peut dire que, avec
les soins palliatifs – qui vont très bien pour les néoplastiques, pour les
progrès neurotoniques un peu moins – on résout tout ; on limite certainement
la possibilité d’une demande d’euthanasie
6. Entretien avec le Docteur Ivano
Argentini
Médecin-chrirurgien spécialisé en Cardiologie, à l’Hôpital civil San
Sebastiano de Correggio
Que pensez-vous d’une loi éventuelle sur le
testament biologique ?
Elle peut représenter la fracture qui, au sein de la société occidentale,
s’est créée entre individu et collectivité, entre médecine et société.
Puisque l’on ne croit plus que la médecin est appelé à interpréter « selon
sa science et sa conscience », selon les meilleures stratégies de notre
défense vis-à-vis de la maladie et de la souffrance, et par ce que l’on n’a
pas confiance que les proches maintiendront avec le médecin la meilleur «
alliance thérapeutique » en notre faveur, on recherche l’aide chez l’avocat
et dans la magistrature, en espérant ainsi être protégés de la solitude et
la société que l’on considère hostile, ou du moins indifférente
Comment définissez-vous l’acharnement thérapeutique
?
Toute pratique médicale ou thérapeutique qui serait
faite au-delà de toute attente raisonnable et possible de bienfait pour le
malade.
Comment définissez-vous l’euthanasie ?
L’acte prémédité de procurer la mort pour guérir la
souffrance
Le code de déontologie donne-t-il des réponses à
ces problèmes ?
La tâche du médecin est de travailler comme allié sûr et fiable du malade ;
les ressources sont amplement représentées dans le Code de Déontologie, et
sont en mesure de répondre de manière adéquate à cette matière.
Peut-il y avoir un conflit entre la volonté
exprimée par le malade, et la position de garantie du médecin ?
La profession médicale doit être libre d’interpréter selon la science et la
conscience, les meilleures solutions à proposer au malade. Le médecin
réduit à être un « employé » pour décider selon les règles d’une contrat,
perd sa nature la plus intime qui consiste à être un spécialiste et un
humaniste, unique et véritable défense contre la souffrance et contre les
maladies qui toucheront toujours la vie des hommes
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements ?
La planification des traitements, à supposer que l’on puisse le faire (parce
que chaque malade et chaque maladie ont des modalités et des
caractéristiques propres) veut dire tout autre chose que créer une
disposition coactive par la force de la loi, qui oblige le médecin à suivre
des directives qui puissent être aussi en opposition avec les impératifs de
bonne pratique clinique et de sa conscience
Les Hospices et les soins palliatifs sont-ils
importants pour ces problèmes ?
Dans ma Province, Reggio Emilia, il y a un excellent Hospice (Madonna
dell’Ulivetto), et la culture des soins palliatifs est en croissance. La
souffrance, la maladie et la mort se présenteront dans vie de chacun d’entre
nous. Nous avons deux possibilités : ou les vivre avec la souffrance, la
solitude et le désespoir, ou être aidés à ne pas ressentir la souffrance en
recevant la solidarité et l’espérance. C’est là
la différence entre l’acharnement thérapeutique, l’euthanasie, et les soins
palliatifs.
7. Entretien avec le Docteur Maurizio
Silvestri
Médecin, spécialiste en Gynécologie et Oncologie
Médicale, Dirigeant de la Structure Code Gynécologie au “Presidio
Ospedaliero de Spolète.
Que pensez-vous du testament biologique ?
Le testament biologique, c’est-à-dire la déclaration anticipée de traitement
médical, est déjà possible en Italie, sur la base de l’article 32 de la
Constitution et de la Convention de Oviedo ratifiée également par l’État
italien. Je le dis clairement, il n’est pas possible que, dans notre système
juridique, un individu dispose de ce qu’on appelle bien-vie, pour lui ou
pour les autres. Je suis tout à fait contraire à toute norme qui
approuverait le testament biologique, sil elle voulait créer les conditions
juridiques pour permettre à l’individu de disposer du bien-vie.
Comment définissez-vous l’acharnement thérapeutique
et l’euthanasie ? Le code de déontologie donne-t-il des réponses à ces
problèmes ?
Je considère comme acharnement thérapeutique tous les actes médicaux qui
représentent l’effort obstiné pour maintenir en vie un malade, même e,
l’absence de la plus petite possibilité réelle que ces actes puissent
profiter à son état de santé. L’euthanasie ou la bonne mort dans le langage
commun, est cette pratique par laquelle on enlève la bien de la vie, de
manière rapide et la moins douloureuse possible, à un être humain ayant une
maladie qui lui cause une grande souffrance et pour laquelle il n’y a aucun
espoir d’amélioration ou de guérison. Dans le code de déontologie, il y a
toutes les réponses, pour l’euthanasie (art. 36) et pour l’assistance au
malade incurable (art. 37).
Peut-il y avoir un conflit entre la volonté
exprimée par le malade, et la position de garantie du médecin ?
Dans le domaine de la chirurgie, je l’imagine surtout dans le désaccord
exprimé pour des raisons religieuses concernant la transfusion de sang ou de
ses dérivés. Le conflit avec la volonté exprimée auparavant par le malade,
naît quand, pendant une acte chirurgical en anesthésie générale, se présente
la nécessité d’effectuer une transfusion.
Pouvez-vous indiquer la différence entre testament
biologique, et planification des traitements ?
Alors que le testament biologique est une déclaration anticipée de
traitement qui est faite par un sujet en l’absence d’une maladie déterminée
qu’il n’aura peut-être jamais à l’avenir, la planification du traitement est
un temps fondamental de l’accord informé. Il représente ce processus par
lequel le médecin se met d’accord avec le malade sur les procédures,
conformes à la bonne pratique clinique, qu’il pratiquera dans le but
d’obtenir l’amélioration de l’état de santé du, malade lui-même.
Les Hospices et les soins sont-ils importants pour
ces problèmes ?
Oui, certainement. Dans la région où je travaille, Spolète en Ombrie, une
Association de volontariat du nom de « Aglaia » s’est bien implantée
sur le territoire. Cette association soigne à domicile les malades en phase
terminale. Elle a montré, et elle montre que l’on peut soigner sans guérir.
Elle comprend des médecins, des infirmiers et de l’autre personnel, que
l’association forme pour l’aide à domicile au malade en phase terminale par
des cours de formation organisés et financés par l’association elle-même.
Les soins sont donnés gratuitement, et l’associatif finance elle-même ses
propres dépenses. Sous peu, Spolète aura un Hospice, qui naît de la volonté
des membres de l’Aglaia.
Sources :
www.vatican.va -
DOSSIER FIDES
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.03.2008 -
T/BRÈVE/MÉDICALE |