Vatican : Visite des évêques portugais |
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Rome, le 06 décembre 2007 -
(E.S.M.) -
Discours du pape Benoît XVI aux membres de la Conférence Épiscopale du
Portugal en visite "Ad Limina Apostolorum".
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Nossa
Senhora de Fátima
Visite ad Limina de la Conférence épiscopale du Portugal
Discours du Saint-Père Benoît XVI :
Monsieur le Cardinal Patriarche,
Bien-aimés Évêques portugais!
J'éprouve une grande joie à vous recevoir aujourd'hui dans la Maison de
Pierre, avec la force de Dieu, solide pilier de ce pont que vous êtes
appelés à être et à créer entre l'humanité et son destin suprême, la Très
Sainte Trinité. Huit ans après votre dernière visite "ad limina", vous
trouvez le visage de Pierre différent, mais pas son cœur ni ses bras qui
vous accueillent et vous confirment dans la force de Dieu qui nous soutient
et nous rend frères dans le Christ Seigneur: "Que la grâce et la paix vous
soient accordées en abondance" (1 P 1, 2).
Avec ces paroles de bienvenue, je salue chacun de vous, en remerciant le
Président de la Conférence épiscopale, Mgr Jorge
Ortiga, pour le tableau qu'il a tracé de la vie et de la situation de
vos diocèses et pour les pieux sentiments qu'il a exprimés au nom de tous et
que je restitue avec une vive affection et avec l'assurance de mes prières
pour vous et pour ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale.
Bien-aimés Évêques du Portugal, vous avez franchi la Porte Sainte du
Jubilé de l'An 2000 à la tête du pèlerinage de
vos diocésains, en les invitant à entrer et à rester dans le Christ comme
dans la Maison de leurs désirs les plus profonds et authentiques,
c'est-à-dire la Maison de Dieu, et à mesurer jusqu'à quel point ces désirs
étaient déjà devenus réalité, c'est-à-dire jusqu'où la vie et la personne de
chacun incarnent le Verbe de Dieu, selon l'exemple de la parole de saint
Paul, qui disait: "Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui
vit en moi" (Ga 2, 20). Le
signe concret de cette incarnation est de faire déborder pour les autres la
vie du Christ qui jaillit en moi. Car "je ne peux avoir le Christ pour
moi seul: je ne peux lui appartenir qu'en union avec tous ceux qui sont
devenus ou qui deviendront les siens... Nous devenons "un seul corps",
fondus ensemble dans une unique existence"
(Deus Caritas
est n. 14).
Ce "corps" du Christ qui embrasse l'humanité de tous les temps et les lieux,
c'est l'Église. Saint Ambroise a vu sa préfiguration dans cette "terre
sainte" indiquée par Dieu à Moïse: "Retire tes sandales de tes pieds car
le lieu où tu te tiens est une terre sainte"
(Ex 3, 5); et c'est là, ensuite,
qu'il lui fut ordonné: "Mais toi, tu te tiendras ici, auprès de moi"
(Dt 5, 30), un ordre que le
saint Évêque de Milan rend actuel pour le fidèle en ces termes: "Tu
restes avec moi (avec Dieu) si tu restes dans l'Église; reste là où
je te suis apparu; là je suis avec toi. Là où se trouve l'Église, tu trouves
le point de référence le plus stable pour ton esprit; là où je te suis
apparu dans le buisson ardent, se trouve le fondement de ton âme. De fait,
Je te suis apparu dans l'Église, comme par le passé dans le buisson ardent.
Tu es le buisson; Je suis le feu; le feu dans le buisson, c'est Moi dans ta
chair. C'est pourquoi Je suis le feu; pour t'illuminer, pour détruire tes
épines, tes péchés et te montrer ma bienveillance"
(Epistolae extra collectionem: Ep. 14,41-42).
Ces paroles traduisent bien la façon de vivre et l'appel laissés par Dieu
aux pèlerins du Grand Jubilé.
En ce moment, je désire rendre grâce avec vous au Christ Seigneur pour la
grande miséricorde dont il a fait preuve envers son Église en pèlerinage au
Portugal pendant la période de l'Année Sainte et au cours des années
suivantes, imprégnées par le même esprit jubilaire, qui vous a fait voir,
sans crainte, les limites et les manquements qui vous ont laissés sans pain,
et convaincus de devoir prendre le chemin du retour vers la Maison du Père,
où le pain se trouve en abondance. De fait, on ressent le même climat que
celui du Jubilé, qui se poursuit dans de nombreuses initiatives que vous
avez entreprises au cours des dernières années: le recensement général de la
pratique dominicale, la reprise du chemin synodal fait ou à faire, la
convocation dans divers diocèses de la station eucharistique ou de la
mission générale selon des modalités nouvelles ou anciennes, la réalisation
au niveau national de la rencontre de mouvements et de communautés
ecclésiales nouvelles et du congrès de la famille, la volonté de servir
l'homme exprimée par l'Église et par l'Etat dans un nouveau Concordat,
l'acclamation de la sainteté exemplaire dans la personne de nouveaux
bienheureux. Au cours de ce long pèlerinage, la confession la plus fréquente
sur les lèvres des chrétiens a été le manque de participation à la vie
communautaire, en se proposant de trouver de nouvelles formes d'intégration
dans la communauté. Le mot d'ordre a été, et continue d'être, d'édifier des
chemins de communion. Il est nécessaire de changer le style d'organisation
de la communauté ecclésiale portugaise et la mentalité de ses membres
pour avoir une Église en harmonie avec le Concile
Vatican II, dans laquelle soit bien définie la fonction du clergé et du
laïcat, en tenant compte du fait que nous ne faisons qu'un, depuis
que nous avons été baptisés et intégrés dans la famille des fils de Dieu, et
que nous sommes tous coresponsables de la croissance de l'Église.
Mes bien-aimés frères, cette ecclésiologie de la communion sur le chemin
ouvert par le Concile, par laquelle l'Église portugaise se sent
particulièrement interpellée dans le sillage du Grand Jubilé, est la route
sûre à suivre, sans perdre de vue d'éventuels écueils, comme
l'horizontalisme à la source, la démocratisation dans l'attribution des
ministères sacramentels, l'assimilation de l'Ordre conféré aux services
naissants, le débat sur celui qui est le premier parmi les membres de la
communauté (débat inutile
dans la mesure où le Seigneur Jésus a déjà décidé qu'il s'agit du dernier).
Avec tout cela, je ne veux pas dire que l'on ne doive pas débattre sur le
juste ordonnancement au sein de l'Église et sur l'attribution des
responsabilités: il y aura toujours des déséquilibres, qui exigent des
corrections. De telles questions ne peuvent cependant pas nous distraire de
la véritable mission de l'Église: celle-ci ne doit pas parler en premier
lieu d'elle-même, mais de Dieu.
Les éléments essentiels du concept chrétien de "communion" se trouvent dans
le texte de la première Lettre de saint Jean: "Ce que nous avons
contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi,
pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous"
(1 Jn 1, 3). Le point de départ de
la communion apparaît là avec évidence: c'est l'union de Dieu avec l'homme,
qui est le Christ en personne; la rencontre avec le Christ crée la communion
avec Lui et, en Lui, avec le Père dans l'Esprit Saint. Nous voyons ainsi -
comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique - que "à l'origine du
fait d'être chrétien il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée,
mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie
un nouvel horizon et par là son orientation définitive"
(Deus Caritas
est,
n. 1).
Nous savons que la première rencontre peut revêtir une pluralité de formes,
comme le démontrent les innombrables vies de saints
(leur présentation fait
partie de l'évangélisation, qui doit être accompagnée par des modèles de
pensée et de conduite), mais l'initiation chrétienne de la
personne passe, normalement, par l'Église: l'économie divine du salut a
besoin de l'Église. En raison du nombre croissant de chrétiens non
pratiquants dans vos diocèses, il vaut peut-être la peine de vérifier "l'efficacité
des parcours actuels d'initiation, afin que, par l'action éducative de nos
communautés, le chrétien soit aidé à mûrir toujours davantage, en parvenant
à donner à sa vie une authentique assise eucharistique, de sorte qu'il soit
en mesure de rendre raison de son espérance d'une manière adaptée à notre
temps" (Exhortation post Synodale "Sacramentum Caritatis",
n. 18).
Bien-aimés Évêques du Portugal, il y a quatre semaines vous vous êtes réunis
dans le Sanctuaire de Fatima avec le Cardinal-Secrétaire d'État que j'ai
envoyé là-bas comme mon
Légat spécial à l'occasion de la clôture des célébrations pour le 90
anniversaire des Apparitions de Notre Dame. Il me plaît de penser à Fatima
comme à une école de foi dont la Vierge Marie serait comme maîtresse; Elle a
élevé là sa chaire pour enseigner aux petits Voyants, et ensuite à la
multitude, les vérités éternelles et l'art de prier, de croire, d'aimer.
Avec l'humble attitude des élèves qui ont besoin d'apprendre la leçon,
confiez chaque jour à cette si éminente Maîtresse et Mère du Christ, chacun
de vous et les prêtres qui sont vos proches collaborateurs dans la direction
du troupeau, les personnes consacrées, hommes et femmes, qui anticipent le
Ciel sur la terre, et les fidèles laïcs qui modèlent la terre à l'image du
Ciel. En implorant sur tous, avec la protection de Nossa Senhora de
Fátima, la lumière et la force de l'Esprit, je vous donne ma Bénédiction
apostolique.
Synthèse :
Benoît XVI rappelle la vraie mission de l'Eglise aux évêques
portugais
Sources: www.vatican.va
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana/101107
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/Ad Limina |