Catéchèse de Benoît XVI : "L'amour
est l'échelle qui conduit à Dieu" |
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Cité du Vatican, le 06 septembre 2007 -
(E.S.M.)
- Ce matin le Pape
Benoît XVI a poursuivi son évocation des Pères de l'Eglise, en traçant
un portrait de Grégoire de Nysse (335-395), en rappelant que ce saint
évêque a notamment manifesté "une très haute conception de la dignité
humaine".
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Le pape Benoît XVI,
place St Pierre ce matin -
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Catéchèse de Benoît XVI : "L'amour est l'échelle qui conduit à Dieu"
Evocation de saint Grégoire de Nysse - texte intégral en 2è partie
Ce matin le Pape Benoît XVI est arrivé de Castelgandolfo par hélicoptère
pour l'audience générale Place St. Pierre, à laquelle ont pris part 16.000
personnes. Poursuivant son évocation des Pères de l'Eglise, Benoît XVI a
tracé un portrait de Grégoire de Nysse (335-395), en rappelant que ce saint
évêque a notamment manifesté "une très haute conception de la dignité
humaine".
Pour Grégoire, a-t-il dit, "la finalité de l'homme est de ressembler à Dieu,
principalement par le biais de l'amour, de la connaissance et de la pratique
des vertus, dans une adhésion constante au bien tel un coureur tendu dans
l'élan".
Mais la perfection qui nous fait participer à la sainteté de Dieu, a ajouté
le Saint-Père, ne s'acquiert jamais. Elle est un cheminement, une ouverture
continuelle qui va toujours de l'avant. "L'histoire de toute âme est celle
de l'amour toujours ouvert à de nouveaux horizons afin que Dieu accroisse
continuellement les capacités de l'âme de croître dans le bien".
"Dans cette ascension spirituelle, le modèle et le maître est le Christ qui
nous montre l'image de Dieu. En l'admirant, chacun de nous devient comme le
peintre de sa vie. "Sa volonté entraîne l'œuvre et les vertus sont des
couleurs".
"L'importance que saint Grégoire donne au mot chrétien", a ajouté le Pape,
vient de ce que "chrétien signifie celui qui porte le nom du Christ. Qui
porte ce nom doit s'assimiler au Christ, y compris dans sa vie. Or le
Christ est tout particulièrement présent dans les pauvres, soulignait
Grégoire" de Nysse, nous invitant à en reconnaître la dignité car "ils
représentent la personne du Sauveur".
Ce cheminement vers Dieu passe aussi, a rappelé le Saint-Père, "par la
prière, la pureté du cœur et l'amour du prochain. L'amour est l'échelle qui
conduit à Dieu".
Après la catéchèse, Benoît XVI a salué les groupes linguistiques,
s'adressant notamment aux Missionnaires de la Charité, venus à Rome pour le
dixième anniversaire de la mort de la bienheureuse Thérèse de Calcutta: La
vie et le témoignage de cette authentique disciple du Christ invite
l'Eglise entière à être fidèle à Dieu mais aussi aux plus nécessiteux".
070905 (340)
Texte intégral de la catéchèse du Saint Père Benoît
XVI
Chers frères et sœurs!
Je vous propose quelques aspects de la doctrine de saint Grégoire de Nysse,
dont nous avons déjà parlé mercredi dernier. En premier lieu, Grégoire de
Nysse manifesta une conception très élevée de la dignité de l'homme. Le but
de l'homme, dit le saint évêque, est celui de devenir semblable à Dieu, et
il atteint ce but avant tout à travers l'amour, la connaissance et la
pratique des vertus, « rayons lumineux qui descendent de la nature divine »
(De Beatitudinibus 6: PG 44, 1272 C),
dans un mouvement perpétuel d'adhésion au bien, comme le coureur qui est
tendu en avant. Grégoire utilise, à ce propos, une image efficace, déjà
présente dans la Lettre de Paul aux Philippiens : épekteinómenos
(3, 13), c'est-à-dire « lancé vers
l'avant », vers ce qui est plus grand, vers la vérité et l'amour. Cette
expression appropriée indique une réalité profonde : la perfection, que nous
voulons trouver n'est pas une chose acquise pour toujours ; la perfection
est le fait de rester en chemin, c'est une disposition permanente à aller de
l'avant, car l'on n'atteint jamais la pleine ressemblance avec Dieu ; nous
sommes toujours en chemin (cf. Homilia in
Canticum 12: PG 44, 1025d). L'histoire de chaque âme est celle
d'un amour à chaque fois comblé et, dans le même temps, ouvert sur de
nouveaux horizons, car Dieu étend sans cesse les possibilités de l'âme, pour
la rendre capable de biens toujours plus grands. Dieu lui-même, qui a déposé
en nous des germes de bien, et dont part toute initiative de sainteté, «
modèle le bloc... En limant et en nettoyant notre esprit, il forme en nous
le Christ » (In Psalmos 2, 11: PG 44,
544B).
Grégoire se soucie de préciser : « Ce n'est pas, en effet, notre œuvre, et
ce n'est pas non plus la victoire d'une force humaine que de devenir
semblables à la divinité, mais c'est le résultat de la munificence de Dieu,
qui dès sa première origine a fait grâce à notre nature de la ressemblance
avec Lui » (De virginitate 12, 2: SC 119,
408-410). Donc, pour l'âme, « il ne s'agit pas de connaître
quelque chose de Dieu, mais d'avoir Dieu en soi »
(De beatitudinibus 6: PG 44, 1269c).
Du reste, remarque Grégoire avec acuité, « la divinité est pureté, est
affranchissement des passions et disparition de tout mal : si toutes ces
choses sont en toi, Dieu est réellement en toi »
(De beatitudinibus 6: PG 44, 1272C).
Lorsque nous avons Dieu en nous, lorsque l'homme aime Dieu, par cette
réciprocité qui est propre à l'amour, il désire ce que Dieu lui-même désire
(cf. Homilia in Canticum 9: PG 44, 956ac),
et il coopère donc avec Dieu à modeler en lui l'image divine, si bien que «
notre naissance spirituelle est le résultat d'un libre choix, et nous sommes
d'une certaine façon les parents de nous-mêmes, en nous créant comme nous
voulons être et en nous formant par notre volonté selon le modèle que nous
choisissons » (Vita Moysis 2, 3: SC 1bis,
108). Pour s'élever vers Dieu, l'homme doit se purifier : « La
voie qui reconduit au ciel la nature humaine, n'est autre que l'éloignement
des maux de ce monde... Devenir semblable à Dieu signifie devenir juste,
saint et bon... Si donc, selon l'Ecclésiaste
(5, 1), “Dieu est au ciel” et si,
selon le prophète (Ps 72, 28),
vous “adhérez à Dieu”, il s'ensuit nécessairement que vous êtes là où Dieu
se trouve, du moment que vous êtes unis à Lui. Etant donné qu'il vous a
ordonné, lorsque vous priez, d'appeler Dieu Père, il vous dit de devenir
sans aucun doute semblables à votre Père céleste, avec une vie digne de
Dieu, comme le Seigneur nous l'ordonne plus clairement ailleurs, en disant :
‘Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait’
(Mt 5, 48)»
(De oratione dominica 2: PG 44, 1145ac).
Sur ce chemin d'ascèse spirituelle, poursuit Benoît XVI, le Christ est le
modèle et le maître qui nous fait voir la belle image de Dieu
(cf. De perfectione christiana, PG 46, 272a).
Chacun de nous, en se tournant vers Lui, se retrouve être « le peintre de sa
propre vie », qui possède la volonté pour exécuter le travail et les vertus
comme des couleurs dont se servir (ibid.:
PG 46, 272b). Si l'homme est considéré digne du Christ, comment
doit-il donc se comporter ? Grégoire répond ainsi : «[Il doit] toujours
examiner au plus profond de lui ses pensées, ses paroles et ses actions,
pour voir si celles-ci sont tournées vers le Christ ou si elles s'éloignent
de lui » (ibid.: PG 46, 284c).
Et ce point est important en raison de la valeur qu'il attribue à la parole
« chrétien ». Le chrétien est quelqu'un qui porte le nom du Christ, et il
doit donc s'assimiler à Lui également dans sa vie. A travers le Baptême,
nous chrétiens, assumons une grande responsabilité.
Mais le Christ - rappelle Grégoire - est présent également chez les pauvres,
c'est pourquoi ils ne doivent jamais être offensés : «Ne méprise pas ceux
qui gisent étendus, comme si pour cette raison ils ne valaient rien.
Considère qui ils sont, et tu découvriras quelle est leur dignité : ils
représentent pour nous la Personne du Sauveur. Et il en est ainsi : car le
Seigneur, dans sa bonté, leur prêta sa personne elle-même, afin que, à
travers celle-ci, s'émeuvent ceux qui sont durs de cœur et ennemis des
pauvres » (De pauperibus amandis : PG 46,
460bc). Grégoire, avons-nous dit, parle de montée : montée vers
Dieu dans la prière, à travers la pureté du cœur ; mais montée vers Dieu
également à travers l'amour pour le prochain. L'amour est l'échelle qui
conduit vers Dieu. Par conséquent, Grégoire de Nysse apostrophe avec
vivacité chacun de ses auditeurs : « Sois généreux avec ces frères, victimes
du malheur. Donne à l'affamé ce que tu ôtes à ton ventre »
(ibid.: PG 46, 457c).
Avec une grande clarté, Grégoire rappelle que nous dépendons tous de Dieu,
et c'est pourquoi il s'exclame : « Ne pensez pas que tout vous appartienne !
Il doit également y avoir une part pour les pauvres, les amis de Dieu. En
effet, la vérité est que tout vient de Dieu, Père universel, et que nous
sommes frères et appartenons à une même race »
(cf. ibid.: PG 46, 465b). Il faut
alors que le chrétien s'examine, insiste encore Grégoire : « Mais à quoi te
sert-il de jeûner et de faire abstinence de la chair, si ensuite avec ta
méchanceté tu ne fais rien d'autre que dévorer ton frère ? Quel gain
tires-tu, face à Dieu, du fait de ne pas manger ce qui est à toi, si
ensuite, agissant injustement, tu arraches des mains du pauvre ce qui lui
appartient ? » (ibid.: PG 46, 456a).
Nous concluons ces catéchèses sur trois grands Pères de Cappadoce en
rappelant encore cet aspect important de la doctrine spirituelle de Grégoire
de Nysse, qui est la prière. Pour progresser sur le chemin vers la
perfection et accueillir Dieu en soi, porter en soi l'Esprit de Dieu,
l'amour de Dieu, l'homme doit se tourner avec confiance vers Lui dans la
prière : « A travers la prière nous réussissons à être avec Dieu. Mais celui
qui est avec Dieu est loin de l'ennemi. La prière est soutien et défense de
la chasteté, frein de la colère, apaisement et domination de l'orgueil. La
prière est conservation de la virginité, protection de la fidélité dans le
mariage, espérance pour ceux qui veillent, abondance de fruits pour les
agriculteurs, sécurité pour les navigateurs »
(De oratione dominica 1: PPG 44, 1124A-B).
Le chrétien prie en s'inspirant toujours de la prière du Seigneur : « Si
nous voulons donc prier que descende sur nous le Royaume de Dieu, nous lui
demandons cela à travers la puissance de la Parole : que je sois éloigné de
la corruption, que je sois libéré de la mort, que je sois dégagé des chaînes
de l'erreur ; que jamais la mort ne règne sur moi, que la tyrannie du mal
n'ait jamais de pouvoir sur moi, que l'adversaire ne domine pas sur moi ni
ne me fasse prisonnier à travers le péché, mais que ton Règne vienne sur
moi, afin que s'éloignent de moi ou, mieux encore, que disparaissent les
passions qui, à présent, me dominent et règnent en maîtres »
(ibid., 3: PG 44, 1156d-1157a).
Une fois sa vie terrestre terminée, le chrétien pourra ainsi s'adresser avec
sérénité à Dieu. Parlant de cela, saint Grégoire pense à la mort de sa sœur
Macrine, et écrit qu'à l'heure de sa mort, elle priait Dieu ainsi : « Toi
qui as sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, “détourne de moi tes
yeux, que je respire” (Ps 38, 14),
et pour que je sois trouvée à tes côtés sans tâche, au moment où je suis
dépouillée de mon corps (cf. Col 2, 11),
de façon à ce que mon esprit, saint et immaculé
(cf. Ep 5, 27), soit accueilli
entre tes mains, “devant toi [...] comme un encens”
(Ps 140, 2)»
(Vita Macrinae 24: SC 178, 224).
Cet enseignement de saint Grégoire demeure toujours valide : non seulement
parler de Dieu, mais porter Dieu en soi. Nous le faisons avec l'engagement
de la prière et en vivant dans l'esprit de l'amour pour tous nos frères.
Le pape Benoît XVI a dit, en allemand :
J’accomplirai moi aussi au cours des prochains jours un pèlerinage et je me
réjouis de la prochaine visite en Autriche à l’occasion du 850ème
anniversaire du sanctuaire de Mariazell. La devise de mon voyage est «
Tourner le regard vers le Christ ». Cette invitation est adressée à tous
ceux pour qui le Christ est le Seigneur de notre vie. Que Dieu vous bénisse
ainsi que vos familles ! ►
Le Voyage Apostolique du Saint Père en
Autriche
Texte original des paroles du saint Père
►
UDIENZA GENERALE
Autres synthèses de
l'Audience Générale
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Le Pape Benoît XVI a la voix rauque mais parle clair
►
Appel de Benoît XVI pour la défense de la création
Le pape Benoît XVI a déjà consacré une catéchèse à Saint Grégoire de Nysse
mercredi dernier ►Texte
intégral
Sources: ZF - www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.09.2007 - BENOÎT XVI |