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Son pontificat touche à sa fin mais le Pape François est toujours
seul aux commandes
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Le 06 mars 2025 -
E.S.M.
- En dépit de ses conditions de santé
précaires, non seulement le Pape François ne fait pas
mine de vouloir renoncer à la papauté mais il ne veut
pas non plus déléguer à d’autres le pouvoir sur tout ce
qui lui tient le plus à cœur, et tout cela depuis son
lit d’hôpital à Gemelli.
S. M.
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Bergoglio -
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Son pontificat touche à sa fin mais le Pape François est toujours seul aux
commandes
Le 06 mars 2025 -
E.S.M. -
En dépit de ses conditions de santé précaires, non seulement le Pape
François ne fait pas mine de vouloir renoncer à la papauté mais il ne
veut pas non plus déléguer à d’autres le pouvoir sur tout ce qui lui
tient le plus à cœur.
Et il le fait sans imposer la moindre limite aux
pouvoirs de monarque absolu qu’il s’est toujours attribué. Il n’aura pas
fallu deux ans après qu’il ait adopté le nouvelle Loi fondamentale de
l’État de la Cité du Vatican, est en soi inviolable à l’instar toutes
les constitutions, pour qu’il l’enfreigne sans vergogne à deux reprises,
et tout cela depuis son lit d’hôpital à Gemelli.
La première fois, c’était le 15 février, un jour après son
hospitalisation, quand il a nommé sœur
Raffaella Petrini gouverneur de
l’État de la Cité du Vatican, sans tenir compte des articles de la Loi
fondamentale qui réservent cette charge à un cardinal.
La seconde fois, c’était le 25 février, quand il a nommé deux
secrétaires généraux de ce même gouvernorat, alors que le Loi
fondamentale n’en prévoit qu’un seul, avant d’attribuer à la sœur
Petrini le rôle répartir les missions entre les deux.
Dans ce dernier cas, la publication de cette double nomination a été
assortie d’un avertissement précisant que le Pape modifiait et
approuvait dans le même temps les canons de la Loi fondamentale et de la
Loi n°CCLXXIV sur le gouvernement de l’État du Vatican qui stipulaient
le contraire. Mais jusqu’à aujourd’hui, en consultant le site officiel
du Saint-Siège, il semble qu’aucun changement n’ait été apporté au texte
de ces deux lois.
Pas le moindre signe de correction non plus de cette première ligne
surprenante du préambule de la Loi fondamentale qui – pour le première
fois dans l’histoire – attribue au pape « en vertu de son ‘munus’
pétrinien » l’exercice de « pouvoirs souverains notamment sur l’État de
la Cité du Vatican », comme s’il exerçait sur cette dernière un pouvoir
de droit divin.
Quand la Loi fondamentale a été promulguée le 13 mai 2023, cette
ligne a fait frémir d’horreur les spécialistes en droit canon du monde
entier, à de rares exceptions près, dont celle notable du cardinal
jésuite Gianfranco Ghirlanda, le canoniste à l’œuvre derrière tout cela
et bien d’autres choses encore, un personnage entièrement dévoué au Pape
François. Il n’est donc pas surprenant que le Pape ait manifesté son
irritation depuis son lit d’hôpital quand la télévision italienne a
imprudemment diffusé la « fake news » selon laquelle le 20 février le
cardinal Ghirlanda se serait rendu à son chevet, alimentant les
suspicions d’on ne sait quelle nouvelle machination, peut-être même pour
changer les règles du conclave et du préconclave, suscitant un démenti
immédiat de la salle de presse du Saint-Siège, obéissant de toute
évidence à un ordre venu d’en-haut.
En revanche, cette même salle de presse a rendu compte de l’audience
accordée à l’hôpital par le Pape au cardinal Pietro Parolin, le
Secrétaire d’État, et à son substitut pour les affaires générales,
l’archevêque vénézuélien Edgar Peña Parra. Le motif de cette audience
était d’autoriser le Dicastère pour les causes des saints à proclamer de
nouveaux saints et bienheureux, avec le consistoire de cardinaux de
circonstance en de tels cas de figure, mais avec un pape dont la santé
chancelante est une source d’inquiétude, ce qui rappelle ce même
consistoire du 11 février 2013 où Benoît XVI a annoncé sa démission, à
la surprise générale.
Mais dans ce communiqué sur l’audience du 24 février, il y avait
également un non-dit : la volonté du Pape François de montrer que ses
références de premier ordre dans la Curie – qu’il a reçu une nouvelle
fois le 2 mars – sont Parolin et Peña Parra, et ce dernier plus encore
que le premier.
En effet, le cardinal Parolin a davantage subi le pontificat de
François qu’il ne l’a épaulé. D’abord exclu du cercle restreint des
cardinaux appelés par le Pape à le conseiller dans le gouvernement de
l’Église universelle, il a vu les pouvoirs de la Secrétairerie d’État
fondre comme neige au soleil, année après année, jusqu’à ce qu’on lui
coupe tous les budgets qu’elle gérait. Sans parler de sa réputation qui
a été gravement entachée par ce procès au Vatican à la suite de
l’acquisition malheureuse d’un immeuble situé Sloane Avenue à Londres.
Quant à la politique internationale, là encore le Pape François a
préféré n’en faire qu’à sa tête, quoique parfois avec l’appui de la
Communauté Sant’Egidio, sans que la Secrétairerie d’État ne puisse rien
faire pour l’endiguer.
La dernière humiliation infligée au cardinal Parolin par le Pape a
été, ce 6 février, la prolongation à durée indéterminée du nonagénaire
Giovanni Battista Re, arrivé au terme de son mandat en tant que doyen du
collège des cardinaux. Il revient à la personne qui occupe cette charge
de présider le pré-conclave et le conclave et le cardinal Parolin aurait
eu toutes les chances d’être élu comme nouveau doyen par le cercle
restreint des « cardinaux évêques » qui sont habilités à faire ce choix,
et dont il fait également partie. Mais de toute évidence, le fait que le
cardinal Parolin soit chargé de sa succession n’est pas au goût du Pape
François.
En revanche, le Vénézuélien Peña Parra a non seulement été choisi en
tant que son principal exécuteur testamentaire par le Pape François qui
l’a appelé à son chevet, mais il semble agir sous couvert de l’autorité
du Pape, notamment pour des opérations qui outrepassent largement les
limites de la légitimité.
Le dernier épisode en date révélateur de cette proximité entre Peña
Parra et le Pape concerne le prêtre argentin Ariel Alberto Príncipi,
appartenant au mouvement charismatique, qui a été réduit à l’état laïc
en juin 2023 par le tribunal interdiocésain de Cordoba avec l’accord du
Dicastère pour la Doctrine de la foi avant d’être à nouveau condamné,
après avoir perdu en appel, par un autre tribunal ecclésiastique, celui
de Buenos Aires, en avril 2024.
Cette condamnation se basait sur les dénonciations de trois jeunes,
mineurs au moment des faits, qui reprochaient à ce prêtre de leur avoir
fait subir des « impositions des mains de nature libidineuse » pendant
des rites de guérison qu’il pratiquait, dont certains en présence
d’autres fidèles.
Le P. Príncipi n’a cessé de clamer son innocence et de se prétendre
victime d’une mauvaise interprétation de ses gestes. Mais son sort
semblait être scellé, n’attendant plus que le prononcé de la
condamnation définitive par le Dicastère de la Doctrine de la foi, qui
est la seule instance du Vatican habilitée à juger de tels délits.
Pourtant, le 25 septembre dernier, le diocèse de Río Carto auquel le
P. Príncipi appartient a annoncé qu’il avait reçu de la Secrétairerie
d’État un édit, signé par le substitut Peña Parra, ordonnant que le P.
Príncipi soit réintégré dans le sacerdoce, moyennant quelques
limitations dans l’exercice de son ministère. Et ce « à la suite de
nouvelles preuves fournies par certains évêques diocésains
d’Argentine ».
Mais deux semaines plus tard, le 7 octobre, l’archevêque John,
Kennedy, responsable de la section disciplinaire du Dicastère pour la
Doctrine de la foi, qui a l’exclusivité de la compétence en la matière,
décrétait nul l’édit de Mgr Peña Parra et confirmait définitivement la
condamnation du P. Príncipi.
Affaire conclue ? Juridiquement oui, mais le mystère de cette
ingérence du substitut Peña Parra dans un procès canonique reste entier,
d’autant qu’il aurait entraîné son licenciement immédiat si jamais il
l’avait fait sans un blanc-seing du Pape François.
Il y a aussi cette inconnue sur le rôle joué dans cette histoire par
le Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal argentin
Victor Manuel Fernández, puisque techniquement, il est censé être la
partie lésée par l’abus de pouvoir perpétré par le Substitut du
Secrétaire d’État, tout en étant dans le même temps un ami de longue
date du P. Príncipi et en étant lui-même surtout très proche du Pape.
Reste également à comprendre ce comportement du Pape François qui a
laissé faire une chose puis son contraire : une contradiction qui n’a
rien de bien nouveau dans sa manière de gouverner.
Il n’en demeure pas moins que le Pape François réserve une attention
toute particulière à « son » Argentine, et qu’il prend en la matière des
décisions en parfaite autonomie, des décisions qui s’avèrent bien
souvent désastreuses.
Un autre cas emblématique est celui de son ami et protégé de longue
date Gustavo Oscar Zanchetta, nommé évêque peu après le début de son
pontificat avant d’être traîné devant les tribunaux argentins pour abus
sexuels sur séminaristes, avec la confirmation il y a un mois en appel
de sa condamnation à quatre ans et six mois de réclusion.
Après avoir fait un pas de côté en 2016 avant que les accusations ne
fassent surface, Mgr Zanchetta a été mis à l’abri au Vatican derrière un
rôle de façade construite de toutes pièces sur mesure pour lui par le
Pape, celui d’assesseur de l’Administration du patrimoine du
Saint-Siège. Mais même après sa condamnation, qu’il doit purger en
partie en prison et en partie assigné à résidence, les autorités n’ont
donné suite à aucune enquête canonique à sa charge, bien qu’elles aient
été annoncées en 2019, ni à aucune mesure disciplinaire.
Ces dernières semaines, Mgr Zanchetta était à Rome pour recevoir un
traitement médical à la Polyclinique Gemelli, celle-là même où le Pape
est hospitalisé. Il semble donc toujours manifestement jouir de sa
protection.
Mais le cas de Zanchetta est loin d’être isolé. On ne compte plus les
évêques argentins nommés personnellement par le Pape François avant
d’être forcés de quitter leurs fonctions face à des accusations de
délits ou pour incompétence.
La dernière affaire en date a éclaté le 13 février dernier après la
démission de l’évêque de San Rafael, Carlos María Domínguez, 59 ans,
installé par le Pape deux ans auparavant mais qui fait aujourd’hui
l’objet d’une enquête pour des abus sexuels perpétrés sur trois jeunes
hommes.
Il y a moins d’un an, le 27 mai, une autre démission inattendue a
fait scandale : celle de l’archevêque Gabriel Antonio Mestre, 57 ans, du
siège de La Plata, auquel François l’avait promu moins d’un an plus tôt.
Avant cela, Mgr Mestre avait été évêque de son diocèse natal, Mar del
Plata. Mais le premier successeur nommé par le Pape pour le remplacer ce
diocèse, José María Baliña, a dû se retirer moins d’un mois plus tard,
officiellement pour raisons de santé. Et le second, Gustavo Larrazábal,
a dùu faire de même avant même de prendre ses fonctions dans son
diocèse, à la suite d’accusations d’abus de pouvoir et d’agression
sexuelle portées contre lui par une femme.
Entretemps, c’est le vicaire général diocésain Luis Albóniga qui
administre le diocèse de Mar del Plata. Mais peu avant la nomination
d’un troisième évêque, en la personne d’Ernesto Giobando, un jésuite ami
de longue date du pape, Albóniga lui-même a dû prendre « un temps de
repos » après qu’une enquête canonique ait été ouverte à son égard pour
des motifs non précisés.
Après, quoi, dans un communiqué, Mgr Mestre a attribué sa démission
forcée de l’archidiocèse de la Plata à l’issue d’un colloque à Rome
entre lui et le Pape François, « après avoir comparé différentes
perceptions des événements qui se sont produits dans le diocèse de Mar del Plata » : un marasme qui, de toute évidence, lui est également
imputable en bonne partie.
Bref, à force de faire et de défaire tout et n’importe quoi de sa
seule initiative, au mépris des lois, et avec des résultats si peu
reluisants, le Pape François transmet en fait un avertissement à son
successeur : celui de se garder au plus haut point de vouloir jouer lui
aussi au pape roi.
Mais rien ne presse. À la première ministre italienne Giorgia Meloni,
reçue à l’hôpital Gemelli le 19 février, à la suite d’une autre
initiative personnelle, le Pape François a déclaré qu’il était bien
conscient que certains priaient pour sa mort mais qu’en attendant « le
Seigneur de la moisson a jugé bon de me laisser ici ».
Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
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constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.03.2025
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