Kosovo, Benoît XVI sera-t-il entendu ? |
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Rome, le 06 février 2008 - Le Kosovo est le berceau culturel et
spirituel de la Serbie.
Le 3 février dernier, le Pape Benoît XVI recevait, le président du Kosovo Fatmir
Sejdiu. Suite à cette rencontre le Vatican a diffusé un communiqué de
presse indiquant "la position du Saint-Siège sur le statut juridique
définitif du Kosovo''.
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Benoît XVI
et le président du Kosovo Fatmir Sejdiu
Kosovo, Benoît XVI sera-t-il entendu ?
Le 3 février le Pape Benoît XVI recevait, le président du Kosovo Fatmir
Sejdiu. Suite à cette rencontre le Vatican a diffusé un communiqué de
presse indiquant "la position du Saint-Siège sur le statut juridique
définitif du Kosovo''.
Cette entrevue a permis au pape Benoît XVI de recevoir des informations
directes sur la situation actuelle et sur les perspectives futures.
C'est dans cette perspective que nous publions la chronique internationale
de François Dreyfus
Le pape Benoît XVI a souhaité dans son
Discours au Corps Diplomatique, du 7 janvier 2008, qu'on garantisse la sécurité et le respect des droits de ceux qui habitent
sur cette terre, pour que soit dissipé définitivement le spectre d'un
conflit violent et que la stabilité européenne soit renforcée.
Le drame du Kosovo
En ce 90e anniversaire des 14 articles du président Wilson de 1918, on peut
voir aujourd’hui une dramatique conséquence de ces propositions utopiques.
En effet, l’idéologie du président Wilson, en invitant au dépècement de
l’Empire des Habsbourg, en proclamant comme vérité politique fondamentale le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en imposant au monde entier des
régimes démocratiques comme une fin en soi, est à l’origine de nombre de
catastrophes humaines et politiques du xxe siècle – on l’oublie un peu trop
souvent.
Cette fois-ci, c’est dans les Balkans que se prépare un drame humain et
politique, la vraisemblable proclamation de l’indépendance du Kosovo qui se
produira sans doute dans les jours à venir avec la bénédiction des
États-Unis et de l’Union européenne, au mépris du droit international : en
effet les Nations Unies ont souhaité que l’on arrache le Kosovo à la Serbie
au prétexte que la majorité de la population est albanophone.
Le Kosovo est le berceau culturel et spirituel de la Serbie. En juin 1914,
on comptait au Kosovo 300 000 habitants dont moins de 130 000 étaient
musulmans et albanophones. De 1914 à 1938, la population serbe, profitant de
son niveau général supérieur à celui des Albanais, refusant la misère du
Kosovo ruiné par quatre siècles d’oppression ottomane, puis par la Grande
Guerre, a fortement émigré vers la région de Belgrade, mais aussi vers les
États-Unis et le Canada (environ 35 000). Ayant une démographie plus
dynamique, les albanophones représentent un peu plus de la moitié de la
population (58 %). Le coup de grâce au Kosovo serbophone est donné par le
maréchal Tito. Croate, se méfiant des Serbes, il fit du Kosovo une province
autonome de la République serbe, un des États fédérés constituant la
Yougoslavie : de 1948 à 1981, la population albanophone croît de 15 %, les
serbophones s’accroissent de 5 % seulement. En 1990, il ne reste que 27 % de
Serbes. La politique de Milosevic pousse en 1999 les albanophones à fuir
vers l’Albanie : au nom des grands principes, les puissances, au lieu
d’aider les Kosovars albanophones à s’installer en Albanie, qu’ils auraient
contribué à moderniser et développer, obligent manu militari (on se souvient
des bombardements de Belgrade) les Serbes à laisser les albanophones revenir
au Kosovo. Les albanophones, triomphants, réclament leur indépendance du
Kosovo, entraînant l’exode des 2/3 de la population serbophone. Il reste
environ 10 % de serbophones au Kosovo aujourd’hui. Depuis les dernières
élections, le gouvernement albanophone du Kosovo veut proclamer
l’indépendance, avec l’accord complice de Washington. L’Union européenne se
résignera à l’accepter ! Mais quelle sera la réaction de Moscou, allié
depuis toujours de Belgrade qui refuse le démantèlement de l’État serbe ?
Les ressorts de la politique US
Pourquoi Washington joue-t-elle de cette manière ? Il y a, à cela, plusieurs
raisons : tenant à l’amitié avec la RFA protectrice des Croates et des
Slovènes, elle n’a pas d’objection à ce démantèlement de la Serbie. Les
États-Unis, pas plus d’ailleurs que la France, n’ont compris que chez les
Slaves du Sud, les appartenances ethniques et religieuses sont bien plus
importantes qu’une relation avec un État. Rappelons-nous les conflits entre
Serbes et Croates dans la Yougoslavie d’avant-guerre, les oppositions
ethnoculturelles dans l’État de Tito.
Au surplus, les États-Unis s’intéressent au Kosovo, car un Kosovo
indépendant dépendra financièrement d’eux et cela leur permettra de
contrôler de très près le débouché du gazoduc
Caspienne-Grozny-Novosibirsk-Bulgarie-Monténégro. Les Russes de surcroît
envisagent de reconstituer leur flotte en Méditerranée en la basant dans le
fjord de Kotor au Monténégro.
D’autres solutions ?
Ainsi Washington, une fois de plus, joue avec le feu. Le monde orthodoxe,
profondément attaché au symbole que représente le Kosovo dans le conflit
millénaire entre chrétiens et musulmans, est hostile à cette volonté
américaine. Outre les Serbes et les Russes, leurs éternels alliés, Bulgares
et Macédoniens, sont fondamentalement hostiles à la mainmise musulmane sur
ces trésors chrétiens du Kosovo. C’est là que se trouvent les importants
monastères et églises de Gracanika, de Lieviska et de Pec, qui soulignent le
poids de la chrétienté orthodoxe dans les conflits avec les Ottomans dans
les Balkans depuis l’ère byzantine. Pour nombre d’orthodoxes, abandonner le
Kosovo aux albanophones musulmans est un crime d’autant plus grand
qu’églises et monastères, aujourd’hui toujours, ne sont pas des monuments,
mais des lieux vivants, vibrant de foi, héritiers d’une longue histoire.
Y avait-il d’autres solutions pour le Kosovo, en dehors de l’indépendance ?
On pouvait envisager un partage de la province en regroupant la population
serbophone dans le Nord-Est de la région à proximité de la Serbie
traditionnelle et donner le Kosovo albanophone à l’Albanie : cela paraît
dangereux à plusieurs titres, plus précisément car cela confortait le rêve
d’une Grande Albanie annexant le tiers occidental de la Macédoine et la
province grecque d’Epire, grande Albanie envisagée par les Italiens en 1915
et plus tard au temps de Mussolini.
Naturellement la vraie solution était de laisser le Kosovo à la Serbie, mais
de faire du Kosovo albanophone une région jouissant d’une grande autonomie
garantie par l’Union européenne. Cette solution complétée par le
rattachement de la Bosnie serbophone à Belgrade, la Bosnie musulmane et
catholique étant rattachée à la Croatie. Cela éviterait l’existence de
micro-États qui pourraient constituer de vrais précédents dans l’Union : l’Ecosse,
la Flandre, le Pays Basque, la Corse et bien d’autres.
Une fois encore, pour tancer Moscou et interdire l’extension de Gazprom, les
États-Unis ouvrent des vannes dangereuses. Le drame est que les États
membres de l’Union européenne se tiennent cois, n’osant pas faire de peine
même légère à Washington.
François-Georges Dreyfus
Benoît XVI reçoit le président du Kosovo Fatmir Sejdiu ►
Ici
Visite du président du Kosovo à Benoît XVI ►
Ici
Sources: www.vatican.va
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.02.2008 - BENOÎT XVI
- T/International/Kosovo |