Les Pères de l'Église commentent
l'Évangile |
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Le 05 octobre 2008 -
(E.S.M.) -
Tout homme livré au mal, à ne consulter que sa volonté, porte la main
sur Dieu et le met à mort ; car celui qui foule aux pieds les
commandements de Dieu, celui qui murmure contre Dieu, celui qui lance
vers le ciel des regards de colère, ne s’emparerait-il pas de Dieu, s’il
le pouvait, pour s’en défaire et pécher en toute liberté ?
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Papyrus
IIIe-IVe siècle, écrit en copte
Les Pères de l'Église commentent l'Évangile
Le 05 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Les Pères de l'Église commentent l'Évangile : Les Pères de
l’Église sont nos pères dans la foi. Les premiers, et d’une manière
inégalée, ils ont scruté, médité et expliqué la Sainte Écriture et en
particulier les Évangiles. Voici un exemple de méditation à partir de
l'évangile de ce jour, évangile qui a été commenté par notre Saint-Père le
pape Benoît XVI au cours de la célébration de la Messe de ce matin en
ouverture du Synode des évêques sur
la
Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église.
C'est en commentant l'évangile que le pape Benoît XVI rappelle aujourd'hui
que "Jésus parle de la mort qui est entre les mains de ceux qui n'ont pas
tenu compte de la Voix de Dieu et ont progressivement fermé leur coeur à la
vérité, la justice et l'amour. Prions avec confiance - a demandé le
Saint-Père ce midi au cours de l'Angélus - pour que le Seigneur
guide nos pas et nous accorde la patience et la constance dans l'action de
la volonté sainte de Dieu ! "
Évangile de
Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,33-43.
(vv. 33-44)
Saint Jean Chrysostome
- Docteur de l'Église, patriarche de Constantinople (345 - 407)
(hom
68). A cette première parabole le Sauveur en
ajoute une autre, pour montrer que les Juifs sont beaucoup plus coupables
encore et indignes de tout pardon. Écoutez une autre parabole : «
Il y avait un homme, etc. » -
Origène - (185 -
254) [n'a pas fait l'objet du consensus ecclésiastique].
(Traité 19 sur S. Matth.) Cet
homme, père de famille, c’est Dieu qui prend le nom d’homme dans quelques
paraboles, comme un père qui bégaie avec son petit enfant, et qui descend
jusqu’à son langage enfantin pour l’instruire plus facilement. - S. Chrys.
(sur S. Matth.)
On donne à Dieu le nom d’homme, non pas sans doute qu’il en
ait la nature, il l’est par comparaison et non pas en réalité ; et le Fils,
qui prévoyait que ce nom qu’il portait lui-même donnerait lieu aux
blasphèmes de ceux qui le regardaient comme un simple mortel, a voulu le
donner à son Père, Dieu invisible, qui, par nature, est le Seigneur des
anges et des hommes et qui en est le père par sa bonté. -
Saint Jérôme
- Docteur de l'Église (v. 347 - 420).
C’est lui qui a planté la vigne dont Isaïe a dit : «
La vigne du Seigneur des armées est la maison d’Israël
(cf. Ps 79). »
Suite. - « Et il l’entoura d’une haie. »
- S. JER. Cette haie, ce sont les murs de la cité ou les secours des
anges. - S. Chrys. (sur S. Matth.)
Ou bien, par cette haie, il faut entendre que cette vigne est confiée à la
garde des saints patriarches, qui sont devenus comme un rempart pour le
peuple d’Israël. - Orig. Ou bien encore, la garde de Dieu, c’est la
haie qui entoure cette vigne, et le pressoir le lieu où se faisaient les
libations « Et il y fit un pressoir » -
S. JER. Ce pressoir c’est l’autel, ou bien les pressoirs qui forment
le titre des psaumes huitième, quatre-vingtième, quatre-vingt-troisième ;
pressoirs qui désignent les martyrs. - S. Hil.
(can. 22.) Ou bien Dieu a
préparé les prophètes comme autant de pressoirs dans lesquels les flots de
l’Esprit saint devaient se répandre en abondance, comme un vin qui
bouillonne. - S. Chrys. (sur S. Matth.)
Ou bien encore, le pressoir c’est la parole de Dieu qui crucifie l’homme,
malgré les contradictions de la chair.
« Et il y bâtit une tour. » - S. Jér.
C’est-à-dire le temple, dont le prophète Michée a dit : « Et la tour de
la fille de Sion qui est environnée de nuages. » -
Saint Hilaire de Poitiers
- (315 - 367). Ou bien, par cette tour, il faut
entendre l’élévation de la loi qui, sortant de la terre, élevait les hommes
jusqu’au ciel, et du haut de laquelle on pouvait découvrir dans le lointain
des âges l’avènement du Christ.
« Et il la loua à des vignerons. » S.
Chrys.
(sur S. Matth.) Ce fut lorsque
Moïse établit des prêtres et des lévites d’après la loi, et qu’ils reçurent
le pouvoir de gouverner le peuple de Dieu. Or de même qu’un fermier,
quoiqu’il offre à son maître de ses propres biens, ne peut lui être aussi
agréable qu’en lui présentant les fruits de sa vigne ; ainsi le prêtre ne
plaira jamais autant à Dieu par sa sainteté personnelle qu’en enseignant au
peuple à se sanctifier, parce que la justice du prêtre n’est que la justice
d’un seul homme, tandis que la justice du peuple c’est la justice d’un grand
nombre.
« Et il s’en alla dans un pays éloigné.
» - S. Jér. Ce n’est pas que Dieu change de lieu, car il est
nécessairement présent partout, puisqu’il
(Jr 23, 23) remplit tout de son
immensité ; mais il paraît s’éloigner de sa vigne pour laisser aux vignerons
toute liberté dans leur travail. - S. Chrys.
(hom. 68,) Ou bien il part pour
un pays lointain, en usant à leur égard de longanimité, et en ne leur
infligeant pas toujours les châtiments que leurs péchés méritaient. -
Orig. Ou bien ces paroles signifient que le Seigneur, qui avait marché
avec eux sous la forme d’une nuée pendant le jour et d’une colonne de feu
pendant la nuit
(Ex 13), ne leur apparut plus
ensuite de cette manière. Or, dans le prophète Isaïe, c’est le peuple juif
qui est appelé la vigne, et c’est à cette vigne que s’adressent les menaces
du père de famille dans l’Évangile. Au contraire, ce n’est pas à la vigne
qu’il fait des reproches, mais à ceux qui la cultivent. C’est qu’en effet,
dans l’Évangile, la vigne est le royaume de Dieu ; la vie exempte de toute
faute en est le fruit. La haie qui entoure la vigne, c’est la lettre de
l’Écriture, qui cache aux yeux de ceux qui sont en dehors les fruits
mystérieux qu’elle renferme ; la profondeur des oracles divins, c’est le
pressoir dans lequel ceux qui ont mis à profit la connaissance de la parole
de Dieu versent tous leurs soins et toute leur affection comme autant de
fruits ; la tour qui est élevé dans la vigne, c’est le Verbe qui vient de
Dieu lui-même, par l’économie divine de l’incarnation ; il a loué cette
vigne à des vignerons, c’est-à-dire au peuple qui nous a précédé, tant
prêtres que laïques. Or, il part pour un pays lointain, afin de laisser aux
vignerons le temps de la cultiver. Le temps de la vendange arrive, et pour
chacun en particulier, et pour tout le peuple en général. La première saison
de la vie est celle de l’enfance, et alors la vigne, sans rien produire au
dehors, n’a encore en elle que la sève de la vie Lorsque l’enfant commence a
parler, c’est le temps ou les bourgeons commencent a paraître Or, plus l’âme
de l’enfant fait de progrès, plus aussi la vigne, c’est-à-dire la parole de
Dieu, se développe, et c’est à la suite de cet accroissement successif
qu’elle produit, dans leur maturité, les fruits de la charité, de la joie,
de la paix et d’autres vertus semblables Pour le peuple qui reçut la loi de
Moise, le temps de la vendange approche également : «
Or, le temps des fruits étant proche. »
RABAN . C’est avec raison qu’il dit : « Le
temps des fruits, » et non le temps de recueillir les produits de
cette vigne, car un peuple rebelle et opiniâtre ne produit aucun fruit. -
S. Chrys.
(hom. 68.) Les serviteurs ce
sont les prophètes, qui, comme autant de prêtres, offrent au Seigneur les
fruits du peuple et les témoignages de son obéissance, qui consiste dans les
oeuvres. Or, ces vignerons ont fait paraître toute l’étendue de leur
méchanceté, non seulement en ne portant pas de fruits, mais encore en
entrant dans une grande colère contre les serviteurs qu’on leur avait
envoyés et en plongeant leurs mains dans le sang. «
Mais les vignerons s’étant saisis de ses serviteurs,
» etc. -S. JER. Ils les battirent de verges comme Jérémie
(Jr 27), les tuèrent comme
Isaïe, les lapidèrent comme Naboth
(3 R 21) et comme Zacharie,
qu’ils immolèrent entre le temple et l’autel. (Mt
23) - S. Chrys.
(sur S. Matth.) A chaque degré de la malice des
Juifs, Dieu ajoutait un degré de miséricorde ; mais leur malice s’augmentait
en proportion égale de la miséricorde divine, et la méchanceté des hommes
engageait ainsi un véritable combat contre la clémence de Dieu. «
Il leur envoya encore d’autres serviteurs, » etc.
S. HIL,
(Can. 22,)
Ces prophètes envoyés en plus grand nombre que les premiers
désignent le temps où, à la prédication individuelle et successive de chaque
prophète, Dieu en fit succéder un plus grand nombre, pour annoncer tous en
même temps ses oracles. - Ou bien ces premiers serviteurs qui furent envoyés
sont Moïse, qui donna la loi, et Aaron, premier grand prêtre, qu’ils
renvoyèrent sans leur avoir donné aucun fruit, après les avoir flagellés par
leurs plaintes insolentes. Dans les autres serviteurs, vous pouvez voir les
chœurs des prophètes. - S. Hil. Le fils envoyé en dernier lieu
signifie l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ. «
Enfin, il leur envoya son propre Fils. »
S. Chrys.
(hom. 68.) Pourquoi ne l’a-t-il
pas envoyé en premier lieu ? C’était pour leur laisser le temps de se
reconnaître coupables des mauvais traitements qu’ils avaient faits aux
premiers envoyés, et que, renonçant à leur fureur, ils fussent saisis de
honte en voyant le Fils de Dieu lui-même venir à eux. C’est pour cela qu’il
dit : « Ils auront quelque respect pour mon Fils. - S. Chrys.
(sur S. Matth.) Il le leur
envoie, non comme un juge qui porte à des coupables la sentence de
condamnation, mais pour offrir le pardon au repentir ; il le leur envoie,
non pour les châtier, mais pour les couvrir de honte. - S. Jér. Cette
parole : « ils auront quelque respect »
ne veut pas dire que le père de famille était dans l’ignorance de ce qui
devait arriver ; car que peut-il ignorer lui qui n’est autre que Dieu
lui-même ? Si donc Dieu nous est représenté comme sujet au doute, c’est pour
sauvegarder la libre volonté de l’homme. - S. Chrys.
(hom. 68.) Ou bien le Sauveur
exprime ici ce qui aurait dû se faire, car ils auraient dû le respecter, et
il montre ainsi toute l’énormité de leur crime et combien ils sont
inexcusables. - Orig. Ou bien enfin ces paroles : «
Ils respecteront mon fils, » se sont accomplies dans ceux d’entre
les Juifs qui connurent Jésus-Christ et crurent en lui ; et quant à celles
qui suivent : « Les vignerons, voyant le Fils,
dirent entre eux : Voici l’héritier, venez, tuons-le, » elles ont
trouvé leur accomplissement dans ceux qui, ayant vu Notre-Seigneur
Jésus-Christ, et l’ayant reconnu pour le Fils de Dieu, n’ont pas laissé de
le crucifier. - S. Jér. Interrogeons ici Arius et Eunomius : Vous le
voyez, leur dirons-nous, on dit du Père qu’il ne sait pas. Tout ce qu’ils
pourront répondre en faveur du Père, qu’ils l’appliquent donc au Fils, qui a
déclaré ne pas savoir le dernier jour. - S. Chrys.
(sur S. Matth.) Il en est qui
prétendent que Jésus-Christ reçut le nom de Fils à son baptême, comme les
autres saints ; mais le Seigneur lui-même détruit cette interprétation en
disant ici : « Je leur enverrai mon Fils.
» Or, lors qu’il songeait à leur envoyer son Fils après les prophètes,
il était déjà Fils. D’ailleurs, s’il n’est appelé Fils qu’au même titre que
tous les autres saints auxquels Dieu a fait entendre sa parole, le Seigneur
aurait dû donner aux prophètes le nom de Fils comme au Christ, ou lui donner
le nom de serviteur comme aux autres prophètes. - Rab. Cet aveu
qu’ils font en disant : « Voici l’héritier,
» nous prouve clairement que ce n’est point par ignorance, mais par
jalousie, que les princes des prêtres ont crucifié Jésus-Christ. Ils
comprirent qu’il était celui à qui Dieu a dit par son prophète : «
Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage. »
L’héritage du Fils est, en effet, la sainte Église formée de toutes les
nations, héritage que le Père ne lui a pas laissé en mourant, mais qu’il a
conquis lui-même d’une manière admirable par sa mort.
S. Chrys.
(sur S. Matth.) Cependant, ce
n’est qu’après qu’il fut entré dans le temple, et qu’il en eut chassé tous
ceux qui vendaient les animaux destinés aux sacrifices, qu’ils formèrent
surtout le projet de le mettre à mort. Et ils se dirent entre eux : «
Venez, tuons-le. » Tel était en effet leur raisonnement : «
Cet homme fera nécessairement perdre au peuple l’habitude de sacrifier ces
victimes qui font notre profit, pour le déterminer à offrir le sacrifice de
justice
(Ps 4, 6 ; Ps 59, 20 ; Ml 3, 3)
qui tend directement à la gloire de Dieu, et ce peuple cessera ainsi d’être
à nous pour être tout à Dieu. Si, au contraire, nous le mettons à mort,
alors que personne ne demande à ce peuple les fruits de la justice, on
continuera d’offrir des victimes, et le peuple sera toujours sous notre
domination. C’est ce qu’ils expriment en propres termes : «
Et nous aurons son héritage. » Telles sont les pensées des
prêtres qui suivent les inspirations de la chair, et qui, sans se préoccuper
que leur peuple s’ive sans péché, n’ont en vue qu’une seule chose : les
offrandes qui sont faites dans l’église, et qu’ils considèrent comme le gain
du sacerdoce. - Rab. Ou bien les Juifs cherchaient à lui enlever son
héritage après l’avoir mis à mort, en s’efforçant d’éteindre la foi dont il
est l’auteur, de lui substituer leur justice, qui vient de la loi, et d’en
semer les germes dans le cœur des Gentils qu’ils voulaient former eux-mêmes.
« Ainsi, s’étant saisis de lui, ils le jetèrent
hors de la vigne et le tuèrent. » S. Hil.
(can. 22.) Jésus-Christ fut jeté
hors de Jérusalem, comme hors de la vigne, pour y subir la sentence qui le
condamnait à mort. - Orig. Ou bien ces paroles : «
Ils le jetèrent hors de la vigne, » veulent dirent, à mon avis,
qu’autant qu’il était en eux, ils le traitèrent comme étranger à la vigne et
à ceux qui la cultivaient.
« Lors donc que le maître de la vigne sera venu,
que fera-t-il à ces vignerons ? » - S. Jér. Le Seigneur
leur fait cette question, non qu’il ignore ce qu’ils doivent y répondre,
mais pour qu’ils trouvent leur condamnation dans leur propre réponse. Ils
lui dirent donc : « Il fera périr misérablement ces
méchants, » etc. - S. Chrys.
(sur S. Matth.)
Si leur réponse est conforme à la vérité, il ne faut pas en
attribuer le mérite à ceux qui ont prononcé une sentence aussi juste, mais à
la justice de la cause elle-même ; car c’est la vérité qui leur a fait
violence. - Orig. Non plus que Caïphe
(Jn 11) ; ce n’est pas
d’eux-mêmes que les princes des prêtres prononcent contre eux ce jugement
prophétique, d’après lequel la parole de Dieu leur sera enlevée pour être
donnée aux Gentils, qui produiront des fruits dans leur temps. Ou bien,
c’est le Seigneur qu’ils ont mis à mort qui, aussitôt sa résurrection, fit
périr misérablement ces mauvais vignerons, et loua sa vigne à d’autres
(c’est-à-dire aux Apôtres), qui
avaient embrassé la foi parmi le peuple juif.
Saint Augustin - Docteur de l'Église, évêque
d'Hippone - (354 - 430).
(de l’accord des Evang., 2, 70.)
Saint Marc ne donne pas cette réponse comme venant des Juifs
(Mc 10), mais comme une suite du discours du
Seigneur, et comme s’il avait répondu lui-même à la question qu’il avait
faite. Mais il est facile de lever cette difficulté en disant que leur
réponse suivit de si près la question, que l’Évangéliste n’a pas cru devoir
la faire précéder de ces mots : « Ils répondirent, » laissant au lecteur le
soin de les suppléer ; ou bien que cette réponse a été attribuée au
Seigneur, parce qu’étant conforme à la vérité, c’est lui qui, étant la
vérité même, a parlé par leur bouche. - S. Chrys.
(hom. 68.) Ou bien encore, il
n’y a aucune contradiction, car cette réponse a pu être donnée deux fois,
d’abord par les Juifs, et puis par Notre-Seigneur lui-même. - S. Aug.
(de l’accord des Evang.) Mais
une difficulté plus sérieuse, c’est que, d’après saint Luc, non seulement
les Juifs n’ont pas fait cette réponse, mais qu’ils en ont donné une toute
contraire ; car voici comment cet Évangéliste s’exprime : «
Ce qu’ayant entendu, c’est-à-dire cette sentence
tombée des lèvres du Sauveur, ils dirent : A Dieu ne plaise. »
Or, on peut lever cette apparente contradiction en disant que parmi le
peuple qui l’écoutait, quelques-uns firent la réponse rapportée par saint
Matthieu, et d’autres celle de saint Luc : « A Dieu
ne plaise. » Et on ne doit pas se laisser ébranler par cette
circonstance que saint Matthieu raconte que les princes des prêtres et les
anciens du peuple s’approchèrent du Sauveur, et continue sa narration
jusqu’à la parabole de la vigne louée aux vignerons sans faire paraître
d’autres interlocuteurs. Car on peut très bien supposer que tout ce discours
s’adressait aux princes des prêtres, mais que saint Matthieu, pour abréger,
a omis ce que rapporte saint Luc, c’est-à-dire que la parabole de la vigne
fut exposée non seulement devant ceux qui avaient interrogé Jésus sur son
autorité, mais encore en présence du peuple, et c’est parmi le peuple qu’il
s’en est trouvé pour faire cette réponse : « Il les
fera périr, et il donnera sa vigne à d’autres. » Saint Marc
attribue cette réponse au Seigneur lui-même, à cause de la vérité qu’elle
renferme, ou par suite de l’union des membres avec leur chef, union qui en
fait un seul corps. Mais il y en eut aussi qui, entendant cette réponse,
s’écrièrent : « A Dieu ne plaise, »
parce qu’ils comprenaient que cette parabole était dirigée contre eux. -
S. Chrys.
(sur S. Matth.) Ou bien encore,
saint Luc a rapporté la réponse de leur bouche, et saint Matthieu celle de
leur cœur ; car ils le contredirent réellement en face en lui répondant : «
A Dieu ne plaise, » tandis qu’ils l’approuvaient dans leur âme,
et répondaient intérieurement : « Il fera périr
misérablement ces méchants ; » c’est ainsi qu’un homme qui est
surpris en faute cherche à excuser sa conduite, qu’il est obligé de
condamner dans sa conscience. - S. Chrys.
(hom. 68.) On peut dire encore,
dans un autre sens, que le Seigneur leur a proposé cette parabole pour leur
faire prononcer leur propre condamnation sans le, savoir, comme Nathan le
fit à l’égard de David
(2 R 22), mais qu’ayant compris
que c’était contre eux-mêmes que cette parabole était dirigée, ils
s’écrièrent : « A Dieu ne plaise. »
Rab. Dans le sens moral, le Seigneur loue à chacun de nous sa vigne
pour la cultiver lorsqu’il nous donne le baptême pour que nous lui fassions
produire des fruits de justice. Il envoie un serviteur, puis un second et un
troisième lorsqu’on nous lit la loi, les psaumes et les prophéties, pour
nous exhorter à faire le bien. Mais nous frappons, et nous chassons ces
envoyés lorsque nous méprisons ou, ce qui est plus grave encore, lorsque
nous blasphémons la parole de Dieu. Tout chrétien, autant qu’il est en lui,
met à mort l’héritier lorsqu’il foule aux pieds le Fils de Dieu et fait
outrage à l’esprit de grâce. Après le châtiment du premier vigneron, la
vigne est louée à un autre, ce qui arrive lorsque l’âme qui est humble
reçoit le don de la grâce que le superbe a méprisé.
S. Chrys.
(hom. 68.) Mais comme les
princes des prêtres n’acceptaient pas ce jugement, le Sauveur leur apporte
un témoignage de I’Écriture : « Jésus ajouta : N’avez-vous jamais lu dans l’Écriture
: « La pierre qu’ont rejetée, » etc.
C’est-à-dire : Si vous ne comprenez cette parabole, comprenez au moins ce
passage de l’Écriture. - S. Jér. Il leur présente la même vérité sous
des paraboles diverses, et ceux qu’il vient d’appeler laboureurs et
vignerons, il les présente comme des architectes et des maçons. - S.
Chrys.
(hom. 68.) La pierre, c’est
Jésus-Christ, et ceux qui bâtissent sont les docteurs des Juifs qui l’ont
rejeté en disant : « Cet homme ne vient pas de Dieu. » - Rab.
Mais c’est justement parce qu’ils l’ont rejeté qu’il devint cette pierre
angulaire qui affermit le sommet de l’angle, parce qu’il réunit dans une
même foi ceux qu’il avait choisis dans les deux peuples, et c’est pour cela
qu’il ajoute : « Elle est devenue la principale
pierre de l’angle. » S. Hil.
(can. 22.) Il est devenu la
pierre principale de l’angle, parce qu’il a été le lien qui a uni le peuple
de la loi au peuple des Gentils.
S. Chrys. (hom. 68.)
Il veut leur montrer ensuite que rien en cela n’était contraire à la volonté
de Dieu, et il ajoute : « Ceci est l’œuvre du
Seigneur. » - ORIG. C’est-à-dire c’est Dieu lui-même qui a
donné cette pierre à tout l’édifice, et cette pierre angulaire est un
spectacle admirable pour nous qui pouvons le voir des yeux de
l’intelligence.- S. Chrys.
(sur S. Matth.) C’est comme s’il
leur disait : Comment ne comprenez-vous pas dans quel édifice cette pierre
doit devenir le sommet de l’angle. Ce n’est pas dans le vôtre sans doute,
puisque vous l’avez rejetée, mais dans un autre. Or, si un nouvel édifice
doit s’élever, le vôtre doit donc être abandonné ? Aussi ajoute-t-il : «
Je vous déclare donc : Le royaume de Dieu vous sera
enlevé, » etc. - Orig. Le royaume de Dieu, ce sont les
mystères du royaume de Dieu, c’est-à-dire les divines Écritures que le
Seigneur a données aux hommes, d’abord à ce premier peuple à qui ont été
confiés les oracles divins
(Rm 3, 1-2), et ensuite aux
nations qui en ont produit les fruits. Or, Dieu ne donne sa parole qu’à
celui qui lui fait produire des fruits, et le royaume de Dieu n’est point
donné à celui qui laisse régner en lui le péché. Comment donc a-t-il pu
donner ce royaume à ceux qui devaient en être dépouillé ? Remarquons ici que
les dons de Dieu sont des dons gratuits. Ceux à qui Dieu n’a fait que louer
son royaume, il ne le leur a pas donné comme aux élus et comme aux fidèles ;
ceux, au contraire, à qui Dieu l’a donné, l’ont reçu comme étant marqués du
sceau des élus.
S. Chrys.
(sur S. Matth.) Jésus-Christ est
appelé la pierre, non seulement à cause de sa force et de sa consistance,
mais parce qu’il doit briser et réduire en poudre tous ses ennemis. Voilà
pourquoi il ajoute : « Et celui qui tombera sur
cette pierre, se brisera, » etc. - S. Jér. Celui qui est
pécheur, mais qui croit en Jésus-Christ, tombe il est vrai, sur cette pierre
et s’y brise, sans toutefois être entièrement réduit en poudre, car la
patience de Dieu lui réserve des occasions de salut. Mais celui sur lequel
tombera, c’est-à-dire sur lequel viendra fondre cette pierre, et qui aura
tout à fait renié Jésus-Christ, elle le réduira tellement en poudre, qu’il
ne restera pas le moindre fragment avec lequel il soit possible de puiser
une goutte d’eau
(Is 30, 14). - S. Chrys.
(sur S. Matth.) Être brisé et
être broyé sont deux choses différentes : quand un objet est brisé, il en
reste quelque chose ; mais quand il est broyé, il est comme réduit en
poussière. Or, ce qui tombé sur une pierre ne se brise pas en proportion de
la dureté de la pierre, mais en raison de la violence de sa chute, ou de la
force de son poids, ou de la hauteur d’où il tombe ; ainsi la ruine du
chrétien qui pêche n’est pas en proportion de ce que Jésus-Christ peut faire
pour le perdre, mais en raison de ce qu’il fait pour se perdre lui-même par
ses oeuvres, eu raison de l’énormité de ses péchés ou de la grandeur de sa
dignité ; la ruine des infidèles, au contraire, n’est qu’en raison de la
puissance que Jésus-Christ a pour les perdre. - S. Chrys.
(hom. 69.) Ou bien il leur indique ici deux ruines
différentes : l’une qu’ils éprouveront en venant se heurter contre cette
pierre qui a été pour eux un objet de scandale, et à laquelle il fait
allusion en disant : « Celui qui tombera sur cette
pierre ; » l’autre qui viendra à la suite de la captivité qui les
menace, et qu’il exprime en ajoutant : « Et elle
écrasera celui sur qui elle tombera. » - S. Aug.
(Quest. évang.) Ou bien, ceux
qui tomberont sur cette pierre sont ceux qui l’accablent actuellement de
mépris et d’outrages ; ils ne périssent pas sans ressource ; mais ils sont
cependant brisés, et ne marchent plus dans les sentiers de la justice ;
ceux, au contraire, sur lesquels tombera cette pierre, la verront fondre sur
eux du haut du ciel au jour du jugement avec des châtiments sans retour ;
c’est pour cela qu’il ajoute : « Elle les écrasera.
» Car les impies seront comme la poussière que le vent disperse de dessus la
face de la terre.
vv. 45, 46.
S. Jér. Quoique le cœur des Juifs fût endurci par l’incrédulité, ils
comprenaient cependant que toutes ces paroles du Sauveur étaient dirigées
contre eux. « Et les princes des prêtres, ayant entendu, » etc. - S.
Chrys.
(sur S. Matth.)
Telle est la différence des hommes de bien d’avec les
méchants : l’homme de bien qui est surpris en faute s’afflige, parce qu’il a
péché ; le méchant, au contraire, est furieux, non pas d’avoir péché, mais
de voir son péché découvert ; et non seulement il n’en fait pas pénitence,
mais il n’en devient que plus irrité contre celui qui l’a repris de son
crime. Et c’est pour cela que les princes des prêtres, surpris dans leur
malice, n’en deviennent que plus ardents pour le mal. « Et voulant se
saisir de lui, ils craignirent la foule, parce qu’elle le regardait comme un
prophète. » - Orig. Les idées du peuple sur Jésus-Christ, qu’il
regarde comme un prophète, ont quelque chose de conforme à la vérité ; mais
il ne comprend pas sa grandeur en tant qu’il est Fils de Dieu. Or, les
princes des prêtres craignent le peuple, parce qu’il a de Jésus-Christ cette
opinion, et qu’il est disposé à le défendre, car eux-mêmes ne peuvent
s’élever jusque là, et ne se forment aucune idée convenable du Sauveur. Il
faut, du reste, savoir qu’il y a différentes manières de s’emparer de Jésus.
Les princes des prêtres et les pharisiens voulaient se saisir de lui, mais
d’une autre manière que l’Épouse des cantiques lorsqu’elle dit : « Je
l’ai saisi, et ne le laisserai point aller, » et lorsqu’elle doit le
retenir encore plus fortement, comme elle l’exprime plus loin : « Je
monterai sur le palmier et je saisirai ses rameaux élevés. » Tous ceux
qui n’ont pas d’idées justes sur la divinité du Christ veulent s’emparer de
Jésus pour le perdre. Quant aux autres paroles différentes de la parole du
Christ, il est possible de les saisir, de s’en emparer ; mais pour la parole
de vérité, personne ne peut ni la saisir, c’est-à-dire la comprendre, ni
s’en emparer, c’est-à-dire l’enchaîner, ni l’arracher de l’esprit des
fidèles, ni la faire mourir, c’est-à-dire la détruire. - S. Chrys.
(sur S. Matth.) Tout homme livré
au mal, à ne consulter que sa volonté, porte la main sur Dieu et le met à
mort ; car celui qui foule aux pieds les commandements de Dieu, celui qui
murmure contre Dieu, celui qui lance vers le ciel des regards de colère, ne
s’emparerait-il pas de Dieu, s’il le pouvait, pour s’en défaire et pécher en
toute liberté ? - Rab. Et cependant nous voyons tous les jours se
renouveler cette crainte de ceux qui appréhendent de se saisir de Jésus,
lorsqu’un chrétien, qui ne l’est que de nom, n’ose, par un sentiment de
honte, ou parce qu’il craint les gens de bien qui l’entourent, attaquer
l’unité de la foi et de la paix qu’il déteste dans son cœur.
Pour découvrir les Pères de l'Église, lire les
catéchèses de Benoît XVI.
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Sources :
Bibliothèque
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
05.10.2008 -
T/Méditation
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