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Le désir de Benoît XVI de faire un geste à ceux qui ont dit non à
Rome
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ROME, le 4 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI sait par l’histoire que plus les
années passent, plus les schismes se durcissent et moins les
conditions d’une réconciliation se trouvent réunies, chacun
poursuivant sa route sur le chemin qu’il s’est tracé.
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L'église saint Eloy à Bordeaux
Le désir de Benoît XVI de faire
un geste à ceux qui ont dit non à Rome
A PROPOS DE
L’INSTITUT DU BON PASTEUR
Mgr Jean Pierre Ricard dans l'éditorial de l'AQUITAINE
journal du diocèse de Bordeaux propose un chemin pour avancer
Comment accueillir sur Bordeaux l'Institut du Bon
pasteur, société de vie apostolique de droit pontifical ? Dans la charité
et la vérité !
Le cardinal archevêque de Bordeaux dans l'éditorial en
date du 6 octobre 2006 du journal officiel de son diocèse évoque les
préalables et les conditions de réalisation d'une convention.
Le 8 septembre dernier a été érigé à Rome l’Institut
du Bon pasteur.
Il s’agit d’une société de vie
apostolique de droit pontifical. Elle comprend actuellement cinq prêtres et
un diacre. Son supérieur général est l’abbé Philippe Laguérie. Comme les
autres sociétés de vie apostolique de droit pontifical, elle dépend de Rome
pour tout ce qui concerne la vie interne de l’Institut. Par contre, elle a
besoin de l’autorisation de l’évêque diocésain pour toute activité
apostolique dans son diocèse et à plus forte raison pour avoir la charge
pastorale de fidèles. Cet Institut a une caractéristique propre : il lui a
été accordé « l’usage exclusif » des livres liturgiques de 1962,
c’est-à-dire des livres utilisés avant le Concile Vatican II et la mise en
œuvre de la réforme conciliaire. Les prêtres de cet Institut ne
concélèbreront pas. Ceci dit, personne ne peut interdire à un prêtre de
concélébrer avec l’évêque du diocèse ou avec le pape lui-même.
Cette décision est à mettre en relation avec le désir
du pape Benoît XVI, exprimé plusieurs fois par lui, de faire un
geste d’accueil vis-à-vis de ceux qui ont suivi Mgr Lefebvre dans son « non
» à Rome. Le pape sait par l’histoire que plus les années passent, plus les
schismes se durcissent et moins les conditions d’une réconciliation se
trouvent réunies, chacun poursuivant sa route sur le chemin qu’il s’est
tracé. La création de cet Institut est donc le signe d’une main tendue,
d’une invitation à surmonter la suspicion et à entamer un dialogue dans un
esprit plus fraternel. L’avenir dira si cette création est une initiative
prometteuse ou un espoir avorté.
A Bordeaux,
la création de cet Institut a créé une forte émotion.
On
ne peut oublier la violence qui a marqué pendant plusieurs années les
relations des occupants de Saint Eloi avec l’Eglise diocésaine. Certains ont
approuvé le geste du pape cherchant à promouvoir l’unité. D’autres se sont
interrogés sur le sens de cette décision de créer cet Institut. Ils se sont
sentis déjugés par rapport à leur vie liturgique, à leur activité pastorale,
à leur fidélité à la réforme conciliaire. Dans le cadre d’une réunion
extraordinaire du Conseil Presbytéral, chaque prêtre a pu donner son avis et
dire ses questions. Des laïcs engagés dans la vie du diocèse se sont
également exprimés collectivement. J’ai entendu les interrogations et les
préoccupations des uns et des autres. Il y a là l’expression d’une
inquiétude qui doit être pris en compte. Je crois pourtant qu’il faut
ramener les choses à leur juste proportion : un geste généreux et
exceptionnel d’offre de communion vis-à-vis d’un groupe particulier ne vient
pas remettre en question le chemin que le Seigneur nous a fait vivre en
Eglise depuis 40 ans, sous la houlette de nos papes successifs : Paul VI,
Jean-Paul II et aujourd’hui Benoît XVI.
Comment allons-nous avancer maintenant sur Bordeaux ?
La
structure la plus appropriée pour permettre la reconnaissance d’une activité
apostolique de cet Institut sur Bordeaux est celle de la paroisse
personnelle, telle qu’elle est définie au canon 518 du Code de Droit
canonique. Cette paroisse accueillera des fidèles attachés à la liturgie
d’avant le Concile, à ce que le pape appelle « la forme extraordinaire du
rite romain » Elle ne saurait être territoriale car on ne peut obliger les
fidèles d’un territoire donné à vivre leur vie liturgique selon cette forme
du rite romain. Eriger une paroisse personnelle appelle la signature d’une
convention entre le diocèse et l’Institut. Celle-ci supposera un accord sur
des modes de fonctionnement et sur des conditions de mise en oeuvre. C’est
seulement à partir de cet accord que l’église Saint Eloi, dont l’Eglise
diocésaine est affectataire, pourra être mise, pour un temps fixé, à
disposition de la paroisse personnelle ainsi créée.
Dans quel esprit allons-nous vivre ce rapprochement ?
Dans la charité et la vérité.
Dans la charité tout d’abord.
Nous sommes tous invités à entrer,
non pas dans une logique de stratégie politique, même pastorale, du
donnant-donnant mais dans l’attitude évangélique de cet accueil du frère,
qui implique toujours gratuité et espérance dans la foi. L’Evangile ne nous
dit-il pas : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux : ne
vous posez pas en juges, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés,
acquittez et vous serez acquittés, donnez et on vous donnera. C’est une
bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on versera dans le pan de votre
vêtement, car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de
mesure pour vous. » (Lc 6, 36-38)
Dans la vérité aussi.
Une
réconciliation véritable ne saurait s’effectuer dans un climat d’esprit de
revanche, de clair obscur des convictions ou de pratique d’un double
langage. Saint Jacques nous rappelle : « Que votre oui soit oui et votre
non, non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. » (5, 12) Il est
important que les préalables mis à la reconnaissance de cet Institut soient
mieux connus. J’aurai l’occasion moi-même d’aller à Rome et de demander une
information complémentaire sur ce point. L’entrée dans une pleine communion
implique, en effet, la fidélité au Magistère actuel du pape et des évêques
et une position claire vis-à-vis de l’acte magistériel qu’ont été le Concile
Vatican II et la promulgation de ses textes. Certes, les questions et les
difficultés ne disparaissent pas pour autant. Mais la communion implique que
ces questions soient partagées fraternellement, dans un climat de respect
mutuel et d’obéissance filiale au Magistère, et non pas exprimées dans un
climat de polémique aussi lassant que stérile. Oui, la communion implique
accueil de l’autre, connaissance mutuelle, volonté de se mettre ensemble à
l’écoute de ce que « L’Esprit dit aux Eglises » (Ap. 2, 29) Cet appel
s’adresse vraiment à tous. Il implique une conversion de chacun.
N’oublions pas enfin que la communion est au service
de la mission.
L’évangélisation de notre société est le
défi majeur que notre Eglise a à relever. Nul n’a la solution miracle. Cela
se saurait depuis longtemps. Nous savons simplement que ni la dissolution de
l’Evangile dans l’air du temps ni la constitution de ghettos chrétiens
repliés sur eux-mêmes ne sont les réponses satisfaisantes à ce défi de
l’évangélisation. Sur le terrain chacun est attelé à le relever. Nous avons
besoin d’unir nos forces, toutes nos forces, et de partager nos expériences.
Nous sommes appelés à vivre la même aventure apostolique. Certains jours, la
mer peut paraître forte. La barque ecclésiale en est secouée. Mais n’ayons
pas peur ! Entendons le Christ nous dire : « Hommes de peu de foi, pourquoi
avez-vous douté ? Ne savez vous pas que je suis avec vous dans la barque
jusqu’à la fin des siècles ? »
Oui, le
temps est vraiment à la confiance et à la mission.
+ Jean-Pierre cardinal RICARD
Repères: Pour
ceux qui désirent lire le Décret de la Commission pontificale " Ecclesia
Dei " pour la création de l’Institut du Bon-Pasteur (La
croix) ►
http://www.la-croix.com Benoît XVI et
l'unité pleine et visible de tous les fidèles du Christ: ►
Benoît XVI
Lire aussi: Benoît XVI porte le souci d'un retour à la
pleine communion des "lefebvristes": ►
Benoît XVI
Benoît XVI accorde la messe en latin à des prêtres
traditionalistes ralliés : ►
Benoît
XVI
Sources: AQUITAINE, journal du diocèse de Bordeaux
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.10.2006 - BENOÎT XVI |