Benoît XVI avait dit : "Ne pas agir
selon la raison contredit la nature de Dieu" |
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Le 05 avril 2008 -
(E.S.M.) - La rencontre, écrit Magdi Christiano Allam, qui a
le plus influé sur ma décision de me convertir, c'est celle du pape
Benoît XVI. Lorsque j'étais musulman, je l'ai admiré et défendu pour sa
capacité à faire, du lien indissociable entre foi et raison, le
fondement de la religion authentique et de la civilisation de l'homme.
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Monseigneur Guy Bagnard
(France) -
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Benoît XVI avait dit : "Ne pas agir selon la raison contredit la nature de
Dieu"
Un Baptême pas comme les autres
La célébration du Baptême dans la nuit de Pâques fait partie de la grande
tradition chrétienne. Le Pape Benoît XVI n'a pas dérogé à l'histoire très
ancienne de l'Église. Au cours de la vigile pascale, il a baptisé sept
adultes - hommes et femmes - de quatre continents. Parmi les candidats se
trouvait un catéchumène venant de l'islam, Magdi Allam, homme connu
publiquement puisqu'il occupe la fonction de Directeur adjoint d'un des plus
grands quotidiens italiens, le Corriere della Sera.
Étant donné la personnalité du nouveau baptisé et celle de celui qui le
baptisait, l'événement a pris des proportions quasiment mondiales. Le
Journal du Vatican a cru bon d'intervenir pour insister sur un point : "Le
geste de Benoît XVI est une affirmation modérée et claire de la liberté
religieuse, qui est aussi la liberté de changer de religion, comme l'a
souligné, en 1948, la Déclaration universelle des droits de l'homme".
De son côté, Magdi Christiano Allam - c'est le nom du nouveau baptisé - a
envoyé une lettre au Directeur de son journal pour retracer l'histoire de
son cheminement. Je retiens quatre points de sa longue lettre :
- Le sérieux de son parcours : "Ma conversion au catholicisme est
l'aboutissement d'une médiation intérieure progressive et profonde".
- La personnalité du pape : "La rencontre qui a le plus influé sur ma
décision de me convertir, c'est celle du pape Benoît XVI. Lorsque j'étais
musulman, je l'ai admiré et défendu pour sa capacité à faire, du lien
indissociable entre foi et raison, le fondement de la religion authentique
et de la civilisation de l'homme".
- La mise en lumière d'une situation personnelle : "Il est temps de
mettre fin à la violence des musulmans qui ne respectent pas la liberté de
choix en matière de religion. Depuis cinq ans, je suis contraint de
vivre enfermé, avec une surveillance continue de ma maison et une escorte de
carabiniers pour chacun de mes déplacements. Cette situation est due aux
menaces et aux condamnations à mort que m'adressent les extrémistes et les
terroristes islamiques d'Italie ou de l'étranger".
- La mise en relief d'une situation générale : "En Italie, il y a des
milliers de convertis à l'Islam qui vivent sereinement leur nouvelle foi.
Mais il y a aussi des milliers de musulmans convertis au christianisme, qui
sont obligés de cacher leur nouvelle foi de peur d'être assassinés par les
extrémistes musulmans cachés parmi nous. Le moment est venu de sortir des
ténèbres des catacombes".
Il est vrai que des reproches ont été adressés à Magdi Allam pour certains
de ses propos, en raison de leur caractère excessif, compte tenu du contexte
actuel. Dire que "la racine du mal se trouve dans
un islam qui est physiologiquement violent et historiquement conflictuel"
ne peut pas servir la cause du dialogue entre l'islam et le christianisme.
Toutefois, a fait remarque le Père Lombardi, Directeur de Radio Vatican,
"accueillir dans l'Église un nouveau croyant ne signifie pas, évidemment,
que l'on adopte toutes ses idées et positions, notamment en matière
politique ou sociale. Ses idées personnelles ne deviennent en aucune manière
l'expression officielle des positions du Pape et du Saint
Siège".
Mais toutes ces précautions ne peuvent pas éliminer la
question de fond. "L'islam accepte-t-il qu'un musulman qui change de
religion puisse continuer à mener sa propre vie sans danger ? Dans l'islam,
quitter sa religion est-il passible de mort ?" Si la question est ramenée à
sa plus simple expression, c'est que bien des faits jettent le doute quant à
la réponse.
Par exemple, combien de musulmans devenus chrétiens ont-ils été obligés de
quitter leur pays d'Algérie, pour mener leur vie en sécurité ? Il n'y a pas
si longtemps, un prêtre catholique a été condamné en Algérie à deux ans de
prison, "pour avoir prié hors d'un lieu de culte" officiellement reconnu.
On ne compte pas les chrétiens agressés en Irak, et cela bien avant
l'assassinat de l'archevêque chaldéen de Mossoul, Mgr Rahho. "On nous
intimide, on nous menace, on nous rançonne, on nous enlève, on nous tue,
parce que nous sommes chrétiens. Personne n'est épargné : enfants, femmes,
vieillards, laïcs et religieux. On ne compte plus les églises touchées par
des attentats à la voiture piégée" (Le Monde, 25 mars
2008).
A voir encore plus largement, certains constats s'imposent. Le Père Henri
Boulad, Recteur des Collèges jésuites au Caire, explique que
dans aucun des 57 pays musulmans, la liberté
religieuse n'existe. "L'islam est un système englobant, à la fois
religion et idéologie ; si l'islam accepte de séparer le religieux du
social, il ne sera plus l'islam". Voilà qui met en évidence une structure de
fond de la religion musulmane, comme un de ses principes régulateurs.
On sait que l'islam et le christianisme se présentent comme deux religions
universelles, parce que le contenu de la foi qu'elles énoncent est pour
elles l'expression de la vérité sur Dieu et sur l'homme. Dans ces
conditions, un dialogue est-il possible ?
Le Père Samir Khalil Samir, jésuite, professeur à l'Institut Pontifical de
Rome et à l'Université de Beyrouth, répond à partir d'un exemple : "Si
j'entends un musulman me dire : 'Je crois que Jésus est un grand prophète,
mais je ne peux pas affirmer qu'il est le Fils de Dieu', je l'aimerai dans
la sincérité. De même, si la foi me dit : 'La personne de Mohammed est une
grande figure de l'humanité. Mais, en cohrence avec ma foi, je ne peux pas
le concevoir comme venant compléter la Révélation apportée par le Christ, et
être le sceau de la Prophétie", ce n'est pas une agression, c'est seulement
l'expression de la cohérence de ma foi. Nous pouvons nous estimer d'autant
plus que chacun est sincère".
Tenir pour vraie sa propre foi ne conduit pas inéluctablement à agresser le
croyant de l'autre religion. En mettant en évidence l'exigence de la
cohérence, on accorde à la raison la place qui lui revient. A Ratisbonne,
Benoît XVI avait dit : "Ne pas agir selon la raison
contredit la nature de Dieu".
C'est bien dans cet esprit que le Pape a pris le "risque" du Baptême de
Magdi Allam. Celui qui perçoit avec son intelligence
la cohérence de la religion à laquelle il adhère, est appelé à être respecté
dans sa conscience. Affirmer la liberté de choix en matière de
religion est la conséquence de la dignité de la personne.
Monseigneur Guy Bagnard,
Diocèse de Belley-Ars (France)
Liens:
►
Les critiques pleuvent sur le pape Benoît XVI,
le roi Abdallah n'en tient pas compte
►
Histoire d'un musulman converti. Baptisé par
Benoît XVI à Saint-Pierre
Sources : d'après EPA n°6 du 4 avril 2008 -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.04.08 -
T/Œcuménisme |