Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

 Le proximité du pape Benoît XVI avec les orthodoxes

 

Rome, le 04 juillet 2008 - (E.S.M.) - Nous le savons le pape Benoît XVI a fait du rapprochement avec les orthodoxes une priorité de son pontificat. Nous avons pu constater lors des célébrations d'inauguration de l'année Paulinienne, la proximité du Saint-Père avec les orthodoxes et en particulier avec le Patriarche Bartholomée Ier.

Le patriarche de Moscou Alexis II avec le cardinal Walter Kasper -  Pour agrandir l'image: Cliquez

Le proximité du pape Benoît XVI avec les orthodoxes

Dans l'interview qui suit, il s'agit plus particulièrement du rapport entre l’Église de Rome et l’Église orthodoxe russe
«La patience est la petite fille de l’espérance»

Interview du cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens: « Pour nous chrétiens, l’espérance est le grand don pascal; c’est pour cela que pour les chrétiens, l’espérance n’est pas quelque chose d’utopique, mais la conséquence de la réalité de la Résurrection. Dans la Bible, l’espérance est toujours liée à la patience. La patience est la petite fille de l’espérance »

Interview du cardinal Walter Kasper par Giovanni Cubeddu

Éminence, où en sommes-nous, sur la route qui unit Moscou et Rome ?

WALTER KASPER: On ne peut parler du rapport actuel entre le Patriarcat de Moscou et l’Église catholique sans rappeler notre longue histoire commune, parce qu’au fond, même si on ne peut pas parler de pleine communion, nous sommes une unique Église. Nous partageons les mêmes sacrements, le même épiscopat et nous reconnaissons aussi tous les sacrements des orthodoxes. À Mogilev, en Russie, il y avait déjà un archevêché avant la révolution; et on ne peut oublier que l’impératrice Catherine a reçu les jésuites mis à l’écart par l’Église catholique. La révolution de 1917 a été une grande tragédie pour l’Église, qu’elle soit orthodoxe ou catholique, mais elle nous a fait le don du courageux témoignage de nombreux martyrs. On avait espéré qu’après la chute du communisme, une nouvelle histoire aurait commencé, mais de nouveaux malentendus ont malheureusement surgi lorsque l’Église gréco-catholique en Ukraine, qui avait tant souffert, est sortie des catacombes. Le document de la Commission pontificale “Pro Russia” de 1992 a cependant éclairci que l’Église catholique ne veut pas faire de prosélytisme en Russie mais simplement continuer à exercer son assistance pastorale aux fidèles locaux en collaborant pleinement avec le Patriarcat de Moscou. Ceci en vertu du document de Balamand, émis en 1993, qui juge sans ambiguïté l’uniatisme dépassé en tant que méthode, inutile aujourd’hui et demain pour le rapprochement des Églises. Chose très importante.

Jusqu’ici, nous avons dépassé au niveau des principes une grande partie des problèmes qui se sont présentés; nous avons institué par ailleurs à Moscou une commission mixte pour discuter des différents obstacles concrets qui se présentent au fur et à mesure, et nous avons obtenu de bons résultats. Nous avons ainsi réussi a rétablir entre-temps un dialogue avec les Églises orthodoxes dans leur ensemble et nous sommes très heureux que l’Église orthodoxe russe y participe, parce qu’elle est un partenaire important à nos yeux. Il existe actuellement des problèmes intra orthodoxes entre Constantinople et Moscou en ce qui concerne la reconnaissance de l’Église en Estonie; mais ce sont des questions dans lesquelles nous préférons ne pas intervenir, tout en insistant pour que soient trouvés des compromis qui permettent de poursuivre ce dialogue si important pour l’avenir de l’Église orthodoxe et pour la nôtre. Dans ce monde globalisé, il n’est plus tolérable de devoir assister à des polémiques entre les Églises. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’entreprendre – et nous avons commencé à le faire – un chemin de rapprochement là où le schisme entre Orient et Occident avait déclenché un long processus d’éloignement. Il est fondamental qu’il y ait un dialogue théologique entre les deux Églises et j’ai l’impression que nous sommes sur la bonne voie. Je ne m’attends pas à ce que l’on arrive demain ou après-demain à la pleine unité entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes. Ce ne sera pas un processus rapide, parce qu’il ne suffit pas d’un échange au sommet: il est fondamental que le peuple soit impliqué, lui aussi, or ceci demande du temps.

Dans une interview du patriarche Alexis II par Giovanni Cubeddu et Fabio Polito, Sa Sainteté le patriarche Alexis II a aussi mentionné un dialogue "par le bas" qui fait bien augurer et qui doit être développé. L'interview s'intitule : quelques pensées d'Alexis II sur Benoît XVI (lire ici)
KASPER: Bien sûr! Il s’agit de la collaboration pratique dans le domaine des valeurs éthiques, de la justice sociale, des droits de l’homme, de la confrontation avec les laïcs et avec le processus de sécularisation qui investit l’Europe. Sur ces questions, les deux Églises ont des conceptions presque identiques, elles peuvent et elles veulent donc collaborer. Les premiers pas ont été faits, l’on pourra se rapprocher encore et se connaître mieux afin de surmonter quelques-uns des obstacles majeurs qui existent des deux côtés: les préjugés, qui ne peuvent être dépassés que par des rencontres personnelles. C’est pour cela que le Patriarcat de Moscou a commencé - et c’est à son honneur - à nouer des rapports avec les Églises catholiques locales de Milan, de Paris, de Vienne et d’autres encore. Tout ceci aide à se connaître mieux et à mieux s’apprécier. Le 18 mai 2006, le pape Benoît XVI a reçu le Métropolite Kirill de Smolensk et Kaliningrad, Président du Département des relations extérieures du Patriarcat orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies. (lire ici)

Un autre élément de cette stratégie est notre Comité pour la collaboration avec les Églises orthodoxes, à travers lequel nous distribuons des bourses d’études à de jeunes prêtres – ces derniers nous sont signalés par le patriarche ou par l’évêque local – pour leur permettre de faire des études à Rome ou dans d’autres universités catholiques pendant quelques années, ce qui leur permet de connaître notre Église. Là, les jeunes apprennent une langue occidentale et, une fois retournés dans leur pays, ils arrivent en général à occuper une position importante, dans la mesure où ils ont bénéficié d’une meilleure formation. Cet échange d’étudiants doit certainement être poursuivi. Ensuite, nous nous occupons de la traduction de nombreux textes théologiques en cyrillique, et cela aide aussi à mieux se comprendre.

Je voudrais aussi rappeler les belles amitiés qui s’étaient déjà développées par le passé! Par exemple, entre le patriarche de Moscou et le cardinal Etchegaray, une amitié qui est née bien avant la chute de l’Union soviétique. (En août de l'année dernière, le Card. Etchegaray avait remis au Patriarche un message cordial du pape Benoît XVI, accompagné d'un présent personnel (ici). Ajoutons que les relations entre la KEK [Conférence des Églises européennes, ndr] et le CCEE [Conseil des Conférences épiscopales d’Europe, ndr] ne cessent de se consolider, et qu’aujourd’hui, nous sommes aussi en bons rapports avec le Département pour les Relations extérieures du Patriarcat russe, dirigé par le métropolite Kirill. Il s’agit là de petits ruisseaux qui pourront un jour, nous l’espérons, déboucher dans la grande rivière du rétablissement d’une pleine communion entre les Églises.
 
Et vous, comment imaginez-vous ce moment ?
KASPER: Une pleine union ne signifie pas une unité uniformisante. La tradition orthodoxe et la tradition latine ont au fond la même foi, mais avec des expressions différentes, et cette diversité est aussi une richesse. C’est pour cela que personne ne pense imposer le système latin aux Églises orthodoxes ou vice versa. L’Esprit de Dieu nous fera don de cette unité quand il le voudra, mais ce sera une unité dans la diversité, une diversité dans l’unité. C’est lorsqu’on en sera là que se posera la question de la primauté de l’évêque de Rome, un problème qui ne peut être dépassé du jour au lendemain. Il faudra de longues discussions, déjà entamées au cours de nos rencontres à Belgrade et à Ravenne, et nous verrons comment cela se terminera…

Je ne suis pas un optimiste superficiel. C’est l’espérance qui me soutient, parce que l’unité est pour nous un commandement de Notre Seigneur, qui a promis que chaque prière en Son nom sera exaucée. C’est pour cela que nous espérons dans l’aide de Dieu, dans l’aide de l’Esprit Saint.

En ce qui concerne le dialogue avec l’orthodoxie, quels sont les résultats les plus manifestes du chemin parcouru ?
KASPER: À mon avis, si l’on observe les deux Églises, on constate des deux côtés un renouvellement patristique au cours du siècle dernier. Nous connaissons mieux les Pères latins, tandis que les orthodoxes insistent plus sur les Pères grecs, où leur tradition, dont la richesse n’a rien à envier à la nôtre, trouve sa source. C’est pour cela que nous aurions beaucoup à apprendre de la patrologie grecque, comme eux de notre patrologie latine. La patrologie orientale est très sensible au Mystère de Dieu, tandis que la sensibilité occidentale est plus conceptuelle. De même, leur richesse liturgique représente un grand patrimoine, et c’est toujours pour moi une expérience touchante que de participer aux liturgies orthodoxes, en Russie ou ailleurs.

Voilà: nous pouvons apprendre les uns des autres. Par exemple, la conception orientale, si enracinée, de la koinonìa, de la communio comme structure de l’Église – en Russie Sobornost – pourrait nous être utile, à nous aussi. Certes, nous aussi, nous connaissons le concept de communio, mais nous nous sommes parfois limités, autrefois, à en souligner unilatéralement l’aspect de la primauté, qui est fondamental pour nous. D’autre part, primauté et koinonìa, primauté et collégialité, ne sont pas contradictoires mais complémentaires dans une sorte de dialectique interne. L’Église n’est pas un système fermé sur lui-même, mais ouvert, c’est pour cela qu’est importante la présence en son sein de ces deux “pôles”. Je pense que nous avons déjà beaucoup appris de leur conception de koinonìa, mais il y a encore beaucoup à apprendre. Un autre aspect, lié à ce que je viens de dire, est l’idée, très belle et très vivante, de l’ecclésiologie eucharistique. On trouve déjà, dans les débats préparatoires du Concile Vatican II, le nom d’Afanasiev, qu’on estime être le père de cette ecclésiologie. Son influence s’est donc beaucoup fait sentir au cours du Concile, et cette théologie, qui s’est renforcée surtout après le Concile, est désormais un point de référence et de rencontre entre notre Église et l’Église orthodoxe russe. L’ecclésiologie eucharistique affirme que là où est célébrée l’Eucharistie, là se trouve l’Église. Non pas une partie de l’Église, mais l’Église de Jésus Christ. Ceci est un point très important, qu’il faut approfondir des deux côtés.

Le canon 34 des Canons apostoliques reste central dans le débat fraternel avec l’Orthodoxie.
KASPER: Le canon 34 est très important parce qu’il affirme qu’un protos, un primat, doit toujours agir et décider en communion avec les autres évêques, et vice versa. Je crois que le fait d’appliquer ce canon, y compris au niveau universel, est l’une des voies possibles pour arriver à une solution de la question de la primauté de l’évêque de Rome. En effet, il est clair pour toutes les Églises orthodoxes que l’évêque de Rome est le premier des évêques, mais il faut se mettre d’accord sur ce que veut dire concrètement être le premier au niveau universel. Nous ne sommes qu’au début de cette discussion. Nous avons posé certaines bases au cours de la dernière rencontre de Ravenne, en octobre 2007, mais la question est encore ouverte. Comme je l’ai dit, personne ne pense imposer le système latin aux Églises orthodoxes, mais espérons qu’un jour peut-être, dans le sillage de ce canon et avec l’aide de l’Esprit Saint, on pourra trouver une solution qui respecte les éléments essentiels des deux Églises.

Vous avez parlé, une fois, de «réalisme de l’espérance».
KASPER: Pour nous chrétiens, l’espérance est un grand don pascal; c’est pour cela que l’espérance n’est pas pour les chrétiens quelque chose d’utopique, mais la conséquence de la réalité de la Résurrection. L’espérance, dans la Bible, est toujours liée à la patience. La patience est la petite fille de l’espérance. Mais il faut du temps, les choses doivent mûrir. Nous devons accomplir avec courage les pas qu’il est possible de faire dès aujourd’hui, tout en continuant à respecter ceux qui, surtout dans l’Église orthodoxe russe, n’ont pas abandonné leurs soupçons envers l’“œcuménisme”, une expression qui est considérée comme négative. Il nous suffit d’avancer avec prudence et en même temps avec courage, parce que la situation mondiale est telle que le désir d’une voix commune de l’Église se fait insistant, comme celui de permettre à tous les chrétiens de participer au même calice.

Comment poursuivre le dialogue théologique ?
KASPER: Il faut partir d’une idée correcte de dialogue, qui ne suppose ni indifférence et relativisme, ni imposition de ses propres idées, mais au contraire, respect mutuel pour l’altérité de l’autre. Sur ces bases, le dialogue n’est pas seulement un échange d’idées, mais de dons; une occasion pour s’enrichir mutuellement et pour grandir dans sa propre foi. Les dogmes, qui sont contraignants pour nos Églises, laissent de l’espace à cette conception du dialogue parce qu’au fond, ils représentent une doxologie vers Dieu. D’abord, pour les Églises orthodoxes, le dogme n’est pas seulement une conceptualisation de l’Évangile. L’Évangile est aussi un mystère qui ne peut pas totalement être conceptualisé. Saint Thomas d’Aquin définit le dogme comme une perceptio de la vérité divine qui montre Dieu au-delà d’elle-même, et qui est tournée vers Dieu. Le dogme reconnaît que Dieu est toujours plus grand que nos concepts, et c’est pour cela que nous chantons le Credo pendant la messe. On ne peut chanter un système conceptuel. En revanche, nous chantons le Credo. Ceci signifie qu’il ne s’agit pas d’un système conceptuel, mais d’une prière, d’une louange adressée à Dieu. Une louange qui s’ouvre au Mystère.
 

Sources :  www.vatican.va - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 04.07.08 - T/Œcuménisme

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante