Le cardinal Antonio Cañizares
Llovera, ami fidèle de Benoît XVI |
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Le 04 avril 2009 -
(E.S.M.)
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Interview par Gianni Cardinale du nouveau préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la
Discipline des sacrements: les études de liturgie, son expérience d’évêque,
le rapport avec le gouvernement espagnol, le Concile Vatican II et la
révocation de l’excommunication des lefèbvristes.
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Le pape Benoît XVI et
le cardinal Antonio Cañizares Llovera
Le cardinal Antonio Cañizares
Llovera, ami fidèle de Benoît XVI
VATICAN. Le cardinal Antonio Cañizares Llovera nous parle :
« Parce que je cherche toujours la rencontre et le dialogue »
Le 04 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Le cardinal Antonio Cañizares Llovera, Espagnol originaire de la région de
Valence, 64 ans en octobre prochain, est le nouveau préfet de la
Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements. Avec lui,
l’Espagne a de nouveau un chef de dicastère dans la Curie romaine. De
caractère jovial, même s’il a la réputation d’être un “dur”, le prélat nous
reçoit dans les bureaux qui donnent sur la place Saint Pierre. Avant
d’arriver à Rome, le cardinal a été évêque d’Avila, puis de Grenade et enfin
de Tolède. Il a aussi été le vice-président de la Conférence épiscopale
espagnole. Le fait que sa résidence se trouve aujourd’hui dans la Ville
éternelle ne l’empêche pas de garder un lien très fort avec son pays. C’est
aussi pour cela qu’il a accepté d’écrire chaque semaine dans le quotidien
madrilène La Razón.
Éminence, vous avez été nommé par le Pape préfet de la
Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements le 9
décembre dernier. On parlait de cette venue à Rome depuis longtemps…
ANTONIO CAÑIZARES LLOVERA: En effet, c’est vrai. C’était presque devenu une
persécution, je ne pouvais plus paraître en public sans que les journalistes
– mais pas seulement eux – me demandent: quand partez-vous pour Rome? Mais
c’étaient des “bruits”, et ce sont restés des bruits jusqu’au jour où le
Pape m’a communiqué sa décision au cours d’une audience qu’il m’a accordée
le 20 novembre 2008.
Votre nomination a été publiée le jour où l’Église
fête aussi sainte Léocadie de Tolède. Ce n’est pas un hasard…
CAÑIZARES LLOVERA: Évidemment non, il s’est agi d’un hommage à cette jeune
fille, martyre du IVème siècle, tombée sous la terrible persécution de
Dioclétien, qui est aussi la protectrice de la jeunesse de Tolède. Pour
Tolède, c’était beau de voir annoncer la nomination ce jour-là, parce que
Léocadie était une jeune qui a témoigné de la prière et de la charité. Mais
le 9 décembre est aussi la fête de saint Juan Diego, auquel la Vierge de
Guadalupe est apparue. C’est un jour important pour toute l’Amérique latine
et donc aussi pour l’Espagne!
Comment abordez-vous cette nouvelle charge? Avez-vous
fait des études de liturgie?
CAÑIZARES LLOVERA: Dès le début de ma formation sacerdotale, je me suis
passionné pour la liturgie. Avant ma thèse de doctorat en théologie
pastorale et en catéchèse, j’ai étudié les Saintes Écritures dans le triduum
pascal de la liturgie hispanique. Quand j’étais prêtre, j’ai enseigné
Liturgie et Catéchèse. Et lorsque j’étais évêque, d’abord à Avila, puis à
Grenade et enfin à Tolède, une de mes principales préoccupations a été que
dans les diocèses que le Seigneur m’avait confiés, la liturgie eucharistique
soit partout célébrée avec sobriété et beauté, et toujours dans le respect
des normes établies par l’Église. En effet, la messe est vraiment la source
et le sommet de la vie chrétienne – comme nous l’a rappelé le Concile
Vatican II –, et c’est pour cela qu’elle ne peut être célébrée de manière
indigne. L’Eucharistie est vraiment le cœur de l’Église, et donc l’adoration
eucharistique, à l’intérieur de la célébration liturgique mais aussi en
dehors, est une action décisive pour la vie de nos communautés.
Votre formation sacerdotale a mûri pendant la
transition entre la période qui a précédé et celle qui a suivi le Concile…
CAÑIZARES LLOVERA: En effet, je suis entré au séminaire diocésain de Valence
en 1961, à 16 ans, et ensuite de 1964 à 1968 j’ai fait mes études à
l’Université pontificale de Salamanque où j’ai obtenu ma licence en
Théologie. En 1970, j’ai été ordonné prêtre et l’année suivante, dans la
même université, j’ai passé mon doctorat avec une spécialisation en
catéchèse.
Donc vous êtes le premier préfet de la Congrégation
pour le Culte divin qui ait tout de suite célébré selon le Novus ordo
postconciliaire…
CAÑIZARES LLOVERA: Évidemment. Je n’ai célébré avec le missel de 1962 que
récemment, en 2007, lorsque j’ai ordonné deux prêtres de l’Institut Cristo
Re à Gricigliano, près de Florence.
Quel souvenir avez-vous de cette phase de la réforme
liturgique?
CAÑIZARES LLOVERA: Je crois qu’un approfondissement et un renouvellement de
la liturgie étaient nécessaires. Mais, d’après ce que j’ai vécu, l’opération
n’a pas parfaitement réussi. La première partie de la constitution
Sacrosanctum Concilium n’est pas entrée dans le cœur du peuple chrétien. Il
y a eu un changement dans les formes, une réforme, mais pas un vrai
renouvellement comme le demande cette constitution. Il est parfois arrivé
que l’on ait changé par pur goût du changement par rapport à un passé perçu
comme totalement négatif et dépassé. On a parfois conçu la réforme comme une
rupture et non pas comme un développement organique de la Tradition. De là
tous les problèmes suscités par les traditionalistes attachés au rite de
1962.
Il s’est donc agi d’une réforme qui, dans les faits,
n’a pas pleinement respecté les prescriptions conciliaires?
CAÑIZARES LLOVERA: Je dirais surtout que cela a été une réforme qui a été
appliquée et surtout qui a été vécue comme un changement absolu, comme s’il
devait se créer un abîme entre l’avant et l’après Concile, dans un contexte
dans lequel “préconciliaire” était prononcé comme une insulte.
À vrai dire, c’est souvent comme cela, encore
aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, lorsque votre nomination a été connue,
certains ont décrit votre évolution théologique comme une parabole entre des
positions plutôt progressistes au départ et un point d’arrivée conservateur,
un itinéraire qui est pratiquement celui que l’on “reproche” à Benoît XVI.
Vous y reconnaissez-vous?
CAÑIZARES LLOVERA: En 1967, quand je me préparais au sacerdoce, j’ai lu un
article de celui qui était alors le professeur Ratzinger sur le
renouvellement de l’Église après le Concile. Cet article était une mise en
garde contre certaines dérives qui étaient déjà en acte. Je l’ai pleinement
partagé. Le concile a été une bénédiction pour l’Église. Je l’ai toujours
vécu non pas comme une rupture avec la Tradition mais comme une confirmation
de la Tradition, mise à jour pour pouvoir être offerte à l’homme
d’aujourd’hui. Je ne crois pas avoir changé à cet égard. Ceux qui me
connaissant bien savent qu’il n’y a pas eu dans ma vie de “demi tour”. Il
suffit de lire ce qu’a écrit Juan Martin Velasco dans le País après ma
nomination.
Vous êtes connu dans les media comme “le petit
Ratzinger”. Quel effet est-ce que cela vous fait-il?
CAÑIZARES LLOVERA: Eh bien [il sourit, ndr], c’est peut-être parce que nous
avons tous les deux les cheveux blancs… Peut-être ce surnom est-il né quand,
entre 1985 et 1992, j’ai été secrétaire de la Commission épiscopale pour la
Doctrine de la Foi. Pour moi, évidemment, cela a toujours été un grand
honneur d’être comparé au cardinal Ratzinger, à plus forte raison
aujourd’hui. Mais soyons clairs, je ne m’en juge pas digne. Non sum dignus.
Sincèrement.
Quand l’avez-vous connu personnellement?
CAÑIZARES LLOVERA: En 1987, pendant une réunion des présidents des
Commissions épiscopales européennes pour la Doctrine de la foi. Ensuite,
cette connaissance a pu s’approfondir grâce à ma collaboration à la
rédaction du Catéchisme de l’Église catholique publié en 1992, et à sa
traduction en langue espagnole. Et enfin, avec ma nomination comme membre de
la Congrégation pour la Doctrine de la foi.
Un autre aspect que la presse a mis en lumière est
celui de votre attitude envers l’actuel gouvernement espagnol. On vous a
défini comme un “anti-Zapatero de fer”…
CAÑIZARES LLOVERA: Mais pas du tout. Je ne suis “anti” personne. Par
définition. Cela ne fait pas partie de mes chromosomes. Et puis je pense que
peu d’évêques ont avec le gouvernement espagnol une relation comme la
mienne, comme le démontre, par exemple, mes rapports cordiaux avec la
vice-présidente socialiste, Maria Teresa Fernández de la Vega, et avec le
responsable du gouvernement socialiste de la Castille-La Manche, où se
trouve Tolède. Et encore, avec les gouvernements socialistes de
l’Andalousie, lorsque j’étais évêque de Grenade, les rapports ont toujours
été bons. De même, je suis très ami de beaucoup de membres du Parti
populaire depuis l’époque où j’étais évêque d’Avila – ville dont le maire,
Ángel Acebes, était membre de ce parti – ou depuis que j’étais prêtre à
Valence [place-forte du Pp, ndr]. Je ne suis pas un homme d’opposition a
priori, ni un homme qui aime faire la “guerre”. Je cherche toujours la
rencontre et le dialogue. Ceci ne m’empêche pas, je le répète, de dire
ouvertement ce que ma conscience de chrétien et mon devoir de pasteur de
l’Église m’obligent à dire.
En effet, votre voix s’est souvent faite entendre pour
critiquer les initiatives du gouvernement…
CAÑIZARES LLOVERA: En tant qu’évêque, j’ai un devoir particulier envers les
fidèles et envers tous les Espagnols. J’ai le devoir de défendre les droits
des plus faibles, comme le sont les non-nés, j’ai le devoir de défendre le
mariage tel qu’il est voulu par la loi naturelle; j’ai le devoir de défendre
la liberté religieuse, la liberté des parents d’éduquer leurs enfants sur la
base de leurs propres principes, la liberté de l’Église. Comme vous le
voyez, il s’agit de promouvoir les grands “oui” à la vie et à la famille
comme cela nous est demandé par l’Évangile de Jésus. Pour le bien de l’homme
et de toute la société. Nous ne voulons rien imposer. Nous voulons avoir la
liberté de proposer. Nous aimons la liberté. Sans la liberté, une société
n’a pas d’avenir. Le danger, aujourd’hui, c’est que cette liberté soit
annulée.
Dans quel sens?
CAÑIZARES LLOVERA: La liberté n’est pas possible sans la vérité et sans la
raison. Le danger d’aujourd’hui est que l’on veut séparer la liberté de la
vérité. En ce sens, il se peut que certaines de mes affirmations soient
perçues comme des critiques envers certaines mesures du gouvernement. Mais
sur ces questions, l’Église ne peut pas se taire. Elle trahirait Jésus. Nous
sommes son Église et nous ne pouvons pas aller contre ce qu’Il a dit et
contre les commandements de Dieu. Nous sommes respectueux du pouvoir
constitué. Nous devons l’être, les Lettres de saint Pierre et de saint Paul
nous le rappellent souvent, mais ce n’est pas pour cela que notre parole –
sur des questions centrales qui concernent la foi et la morale – peut être
enchaînée. J’espère avoir été clair.
Il n’est donc pas vrai – comme on l’a pourtant écrit –
que vous avez été transféré à Rome pour faire plaisir au gouvernement
espagnol, agacé par votre attitude critique…
CAÑIZARES LLOVERA: C’est de la politique-fiction. Cela n’a rien à voir avec
la réalité, d’autant plus que d’autres ont écrit le contraire. Ma venue à
Rome n’a rien à voir avec la question des rapports Église-État en Espagne.
Absolument rien.
Vous êtes aussi membre de la Commission pontificale «Ecclesia
Dei». Comment jugez-vous le
Motu Proprio Summorum Pontificum?
CAÑIZARES LLOVERA: Même si certains l’ont accueilli avec mauvaise humeur, ce
motu proprio de Benoît XVI a été un geste d’un extraordinaire bon sens ecclésial. Avec
lui, a été reconnu comme pleinement valable un rite qui a nourri
spirituellement l’Église latine pendant plus de quatre siècles. Je crois que
ce motu proprio est une grâce qui fortifiera la foi des groupes
traditionalistes qui sont déjà organiquement présents dans l’Église et qu’il
aidera la rentrée des soi-disant lefebvristes… Ce sera une aide pour tous.
Vous avez eu des contacts avec les lefebvristes: que
pensez-vous de la révocation de l’excommunication des évêques et des
polémiques qui s’en sont suivies?
CAÑIZARES LLOVERA: Je n’ai pas eu de contacts avec le monde appelé “lefebvriste”.
En ce qui concerne la révocation de l’excommunication, ma pensée est simple.
Cela a été un geste de miséricorde gratuite du Saint Père, pour aider leur
pleine insertion dans l’Église catholique. Il est évident que cela ne pourra
advenir qu’après qu’ils auront reconnu le Magistère de l’Église tout entier,
y compris celui qui est exprimé par le Concile Vatican II et par les
derniers pontifes. Mais nous devons reconnaître que l’unité est inséparable
de la croix.
Et en ce qui concerne les affirmations négationnistes
ou réductionnistes de la Shoah de l’évêque Williamson?
CAÑIZARES LLOVERA: Il s’agit d’affirmations délirantes que le Pape et le
Saint-Siège ont fermement repoussées, et de manière répétée. J’espère et je
prie qu’elles soient le plus vite possible reniées par l’intéressé,
officiellement et clairement. Mais j’ajoute que la manière dont le Pape a
été traité dans toute cette affaire, y compris par des personnes appartenant
à l’Église, n’a pas été un spectacle édifiant. Heureusement, l’Église
espagnole, elle au moins, a émis un beau communiqué de soutien filial à
notre grand Benoît XVI.
Revenons à la liturgie. En tant qu’archevêque de
Tolède, il vous est arrivé de célébrer selon le très ancien rite mozarabique…
CAÑIZARES LLOVERA: En effet, dans la cathédrale de Tolède, on célèbre
chaque jour la messe et aussi les laudes selon ce très ancien rite qui a
survécu à la réforme tridentine. Il faut en effet se souvenir – et peut-être
cela ne fait-il pas plaisir à tout le monde – que le soi-disant Missel de
saint Pie V n’a pas aboli tous les rites précédents. En effet, les rites qui
pouvaient prouver au moins deux siècles d’histoire ont été “sauvés”. Et le
rite mozarabique – comme d’ailleurs, par exemple le rite propre à l’ordre
dominicain – en faisait partie. Ainsi, après le Concile de Trente, il n’y a
pas eu une uniformité complète dans la liturgie de l’Église latine.
Quelles sont, outre celles dont nous avons déjà parlé,
les questions que vous devrez aborder au cours de votre nouvelle mission?
CAÑIZARES LLOVERA: Aider toute l’Église à suivre pleinement ce qu’a
indiqué le Concile Vatican II dans la constitution Sacrosanctum Concilium.
Aider à comprendre pleinement ce que le Catéchisme de l’Église catholique
dit en ce qui concerne la liturgie. Tirer le meilleur de ce que le Saint
Père – lorsqu’il était le cardinal Joseph Ratzinger – a écrit sur la
question, spécialement dans le très beau livre Introduction à l’esprit de la
liturgie. Prendre exemple de la manière dont le Saint Père – aidé par
l’Office des cérémonies liturgiques présidé par Monseigneur Guido Marini –
célèbre la liturgie. En effet, les liturgies pontificales ont toujours été,
et sont encore exemplaires pour le monde catholique tout entier.
Dans une interview accordée en Espagne, vous avez fait
l’éloge de la décision du Pape de distribuer l’Eucharistie, dans les
liturgies qu’il préside, uniquement à genoux et uniquement dans la bouche.
Prévoit-on des changements à ce propos dans la discipline universelle de
l’Église?
CAÑIZARES LLOVERA: Comme on le sait, la discipline universelle actuelle
prévoit que normalement, la communion soit distribuée dans la bouche des
fidèles. Il y a cependant un indult qui permet, sur la requête des
épiscopats, de distribuer la communion également sur la main. Il est bon de
le rappeler. Ensuite, le Pape, pour mettre l’accent sur la révérence avec
laquelle nous devons nous approcher du Corps de Jésus, a voulu que les
fidèles qui prennent la communion de ses mains le fassent à genoux. Cela m’a
semblé une initiative édifiante et belle de l’évêque de Rome. Les normes
actuelles n’obligent personne à en faire autant, mais ne l’empêchent pas non
plus.
Vous connaissez déjà l’Italie et la Curie romaine?
CAÑIZARES LLOVERA: Je connais moins ces deux réalités que je ne devrais.
J’espère récupérer rapidement.
Quelle impression avez-vous eue de l’Église italienne,
vue d’Espagne?
CAÑIZARES LLOVERA: Excellente. L’Église italienne a été un exemple pour
nous, et elle l’a été pour moi personnellement. C’est une Église de peuple
qui sait parler avec clarté et avec respect, et qui en même temps accomplit
une grande œuvre d’aide aux milieux les plus défavorisés de la société
italienne.
Vous avez pris possession de votre bureau quelques
jours après votre nomination. Mais avant de vous établir à Rome, vous êtes
revenu une ou deux fois en Espagne: vous avez eu des entretiens avec le roi
et avec le premier ministre Zapatero et vous avez accompagné le secrétaire
d’État, le cardinal Tarcisio Bertone, dans sa visite à Madrid au début de
février. Quelles sont vos craintes et vos espérances pour votre pays?
CAÑIZARES LLOVERA: Je crains que la vague laïciste et relativiste qui
investit la société ne se poursuive en attaquant des principes et des
valeurs fondamentaux sur lesquels s’est construite notre nation: la foi
catholique, la vie, la famille, l’éducation. J’espère et je prie pour que
l’Église soit capable de présenter aux Espagnols le visage authentique de
Jésus, pour que les Espagnols ouvrent ou rouvrent leur cœur à Jésus qui
offre à tous l’espérance d’une voie nouvelle, plus belle et digne d’être
vécue. J’espère et je prie pour que mes concitoyens ouvrent leur cœur et
leur esprit à Jésus et ne coupent pas les racines chrétiennes qui sont à la
base de notre histoire et de l’unité de notre pays.
En tant qu’archevêque de Grenade, vous avez eu
l’occasion de voir de près quelle a été l’influence et l’héritage
arabo-musulman dans l’histoire de l’Espagne. Quelles sont vos réflexions à
ce propos?
CAÑIZARES LLOVERA: La domination musulmane a duré des siècles, et cela
semblait une affaire classée. Je ne vous cache pas qu’il existe une certaine
inquiétude, parce que dans le monde islamique, certains voudraient
aujourd’hui ramener nos terres à l’islam. Étant entendu que nous, les
catholiques, nous voulons avoir de bons rapports avec tous, y compris les
musulmans, ces projets – qui ne semblent pas être seulement des théories –
ne peuvent pas ne pas nous troubler.
Avez-vous des craintes pour l’unité de l’Espagne?
CAÑIZARES LLOVERA: L’unité de l’Espagne est un bien moral, prépolitique,
constitutif de notre identité. Ce n’est pas seulement une question
politique. Cette unité remonte au Concile de Tolède, en 589, quand le roi
wisigoth Récarède s’est converti à la vraie foi et a abandonné l’arianisme,
en favorisant ainsi un amalgame complet entre les composantes latine et
germanique de la population. Le cardinal Ratzinger l’a rappelé dans une
conférence dans laquelle il a dit que le Concile de Tolède a été en quelque
sorte l’acte fondateur de l’Europe. C’est pour cela que j’estime que l’unité
de l’Espagne est un bien non négociable.
Et pourtant, dans le corps épiscopal espagnol, il
existe à ce propos des sensibilités différentes de la part de prélats des
régions les plus autonomistes…
CAÑIZARES LLOVERA: La Conférence épiscopale espagnole a approuvé un document
dans lequel l’unité du pays est considérée comme un bien moral. Et elle l’a
fait à travers un vote extrêmement clair.
Que pensez-vous de la cause de béatification
d’Isabelle de Castille?
CAÑIZARES LLOVERA: Isabelle était une femme d’une grande foi, une épouse
exemplaire, une reine d’un zèle apostolique unique, une grande chrétienne.
Elle a donné la permission à Christophe Colomb de se rendre Outre-mer à la
seule condition que son premier but soit d’évangéliser les terres qu’il
aurait découvertes. Je crois et j’espère qu’elle pourra être béatifiée le
plus tôt possible. J’avoue que souvent, lorsque j’étais archevêque de
Grenade, et spécialement lorsque j’avais quelques problèmes importants,
j’allais prier devant la tombe d’Isabelle qui se trouve dans la cathédrale,
et j’ai toujours senti son aide.
Dans une interview à La Razón, vous avez dit que le
dernier film que vous avez vu a été La vie est belle de Roberto Benigni.
CAÑIZARES LLOVERA: C’est un très beau film, ouvert à la vie et à
l’espérance. En fait, c’est la quatrième fois que je le vois. Et chaque fois
que je le fais, je suis plus ému. La vie est vraiment belle parce qu’elle
est un don de Dieu.
Sources : 30giorni
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.04.09 -
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