Benoît XVI : se nourrir de
l'Eucharistie est un événement spirituel, qui touche toute la réalité
humaine |
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Le 03 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- Le cardinal Joseph Ratzinger/Benoît XVI
observe : « II n'est pas possible de refuser de plier les genoux
devant la présence du Dieu vivant (Introduction à l'esprit de la
liturgie). »
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Le pape
Benoît XVI lors des Vêpres du 31.12.07 -
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Benoît XVI : se nourrir de l'Eucharistie est un événement spirituel, qui
touche toute la réalité humaine
Quelques observations historico-liturgiques
sur la Sainte Communion
Avec crainte et amour
Le grand Pape Jean-Paul II, dans sa dernière encyclique, intitulée
Ecclesia De Eucharistia, a laissé à l'Église un avertissement
vibrant qui résonne comme un véritable testament :
« Nous devons veiller avec une grande attention à n'atténuer aucune
dimension ni aucune exigence de l'Eucharistie. Ce faisant, nous nous
montrons véritablement conscients de la grandeur de ce don... Il n'y a
aucun risque d'exagération dans l'attention que l'on porte à ce Mystère!
»
(n. 61).
La conscience de la grandeur du mystère eucharistique se manifeste de
façon particulièrement évidente dans la manière dont est distribué et
reçu le Corps du Seigneur. Cela apparaît évident dans le rite de la
Communion, dans la mesure où celle-ci constitue la consommation du
sacrifice eucharistique. Pour le fidèle, il est le
point culminant de la rencontre et de l'union personnelle avec le Christ,
réellement et substantiellement présent sous l'humble apparence de
l'espèce eucharistique. Ce moment de la liturgie eucharistique a une
importance vraiment majeure qui implique une exigence pastorale toute
spéciale même dans l'aspect gestuel du rite.
Consciente de la grandeur et de l'importance de l'instant de la Sainte
Communion, l'Église, dans sa tradition deux fois millénaire, s'est
préoccupée de trouver une expression rituelle qui pût témoigner, de la
manière la plus parfaite possible, sa foi, son amour et son respect.
Cela s'est vérifié lorsque, dans le sillage d'un développement
structurel, du moins à partir du sixième siècle, l'Église a
commencé à adopter la distribution des Saintes Espèces eucharistiques
dans la bouche. Nous en avons plusieurs témoignages : dans la biographie
du Pape Grégoire le Grand
(590-604) ainsi que dans une
note donnée par ce même Pape. Le synode de Cordoue, en 839, condamna la
secte des « casiens » qui refusaient de recevoir la Sainte Communion
directement dans la bouche. Il y eut ensuite le synode de Rouen, en 878,
qui confirma la norme en vigueur concernant la distribution du Corps du
Seigneur sur la langue, menaçant les ministres sacrés d'être suspendus
de leur fonction, si jamais ils distribuaient aux laïcs la Sainte
Communion sur la main.
En Occident, le fait de se prosterner et de s'agenouiller avant de
recevoir le Corps du Seigneur pouvait s'observer dans les milieux
monastiques dès le sixième siècle (par exemple, dans le monastère
de saint Colomban). Plus tard (aux Xe et XIe
siècles), cette gestuelle s'est développée
encore davantage.
À la fin de la période patristique, l'habitude de recevoir la Sainte
Communion directement dans la bouche est devenue une pratique désormais
répandue et quasi universelle. Ce développement structurel peut se
comprendre comme un fruit de la spiritualité et de la dévotion
eucharistique des Pères de l'Église. De fait, il y a un assez grand
nombre d'exhortations patristiques sur la très grande vénération et
attention envers le Corps eucharistique du Seigneur, en particulier au
sujet des fragments de pain consacré. Lorsque l'on commença à remarquer
que les conditions dans lesquelles pouvaient être garanties les
exigences de respect et le caractère éminemment sacré du pain
eucharistique n'existaient plus, l'Église d'Occident et d'Orient perçut,
dans un consensus admirable et quasi instinctif, l'urgence de distribuer
la Sainte Communion aux laïcs, seulement dans la bouche.
Un liturgiste de renom, J. A. Jungmann, expliquait que le fait de
distribuer la Communion directement dans la bouche, permit d'éliminer
plusieurs préoccupations : celle que les fidèles aient les mains propres
et celle plus grande encore concernant la nécessité de purifier les
paumes de la main après avoir reçu la sainte hostie afin qu'aucun
fragment de pain consacré ne se perde. Le drap de Communion et, plus
tard, le plateau de Communion seront aussi une expression de cette
attention toujours plus grande envers le Saint Sacrement.
À ce processus également a contribué l'approfondissement croissant de la
foi en la présence réelle qui s'est manifesté, par exemple en Occident,
dans la pratique de l'adoration du Très Saint Sacrement, exposé de
manière solennelle.
(Le pape Benoît XVI nous en a encore montré la pertinence
lors de l'adoration (prolongée) qui a suivi les
Vêpres du 31.12.07)
Le Corps et le Sang eucharistique sont le don par
excellence que le Christ a laissé à l'Église, Son épouse. Le Pape
Jean-Paul II, dans son encyclique
Ecclesia De Eucharistia, parle de «
l'adoration émerveillée devant le don incommensurable de l'Eucharistie
»
(n. 48), laquelle doit se
manifester aussi dans des gestes extérieurs :
« En se laissant porter par ce sens élevé du mystère, on comprend,
souligne Jean-Paul II, que la foi de l'Église dans le Mystère
eucharistique se soit exprimée dans l'histoire non seulement par la
requête d'une attitude intérieure de dévotion, mais aussi par une série
d'expressions extérieures »
(ibid., n. 49).
Par conséquent, l'attitude la plus conforme à ce don est une attitude de
réceptivité, l'attitude d'humilité du centurion, l'attitude de celui qui
se laisse nourrir, précisément l'attitude de l'enfant. C'est cela même
qui est exprimé dans ces paroles d'une hymne liturgique célèbre : «
Le pain des anges devient le pain des hommes (...). O merveille :
le pauvre, esclave et humble, se nourrit du Seigneur !
(Panis angelicus fit panis hominum. . . 0res
mirabilis manducat Dominum seruus pauper humilis : hymne Sacris
sollemniis de la Lecture des Heures, pour la solennité du Corps et
du Sang du Seigneur) ».
La parole du Christ, qui nous invite à accueillir le royaume de Dieu
comme un petit enfant
(cf. Lc 18, 17), peut trouver
son illustration, d'une manière assez suggestive et belle, également
dans le geste de recevoir le pain eucharistique directement dans la
bouche et à genoux. Cette coutume manifeste, de manière juste et
heureuse, l'attitude intérieure de l'enfant qui se laisse nourrir unie à
l'humilité du centurion et à l'adoration émerveillée.
Le Pape Jean-Paul II mettait en évidence la nécessité d'exprimer
extérieurement le respect envers le pain eucharistique :
« Si la logique du « banquet » suscite un esprit de famille, l'Église
n'a jamais cédé à la tentation de banaliser cette « familiarité » avec
son Époux en oubliant qu'il est aussi son Seigneur (...). Le
Banquet eucharistique est vraiment un banquet « sacré », dans lequel la
simplicité des signes cache la profondeur insondable de la sainteté de
Dieu. Le pain qui est rompu sur nos autels (...) est pain des
anges, dont on ne peut s'approcher qu'avec l'humilité du centurion de
l'Évangile
(Jean-Paul II, Encyclique Ecclesia de Eucharistia, n. 48)
».
L'attitude du petit enfant est l'attitude du chrétien la plus vraie et
la plus profonde devant son Sauveur qui le nourrit de son Corps et de
son Sang, comme l'expriment ces paroles si émouvantes de Clément
d'Alexandrie : « Le Logos est tout pour le petit enfant : à la fois
père, mère, pédagogue et nourricier. Il a dit : « Mangez Ma chair et
buvez Mon sang! » (...) O mystère incroyable! ».
Il est possible de supposer que le Christ, durant la dernière Cène, a
donné le pain à chacun des Apôtres et non seulement à Judas Iscariote
(Jn 13, 26-27) directement dans
la bouche. En effet, il existait une pratique traditionnelle au
Moyen-Orient, au temps de Jésus et qui perdure encore aujourd'hui : le
maître de maison nourrit ses invités de sa propre main, en mettant un
morceau symbolique de nourriture dans la bouche de ses invités.
La Bible nous fournit un autre élément dans le récit de la vocation du
prophète Ézéchiel. Celui-ci reçut la parole de Dieu symboliquement
directement dans la bouche : « Ouvre la bouche et mange ce que je
vais te donner. Je regardai : une main était tendue vers moi, tenant un
volume roulé (...). J'ouvris la bouche et il me fit manger le
volume. Je le mangeai et il me fut dans ma bouche doux comme du miel
»
(Ez 2, 8-9 ; 3,2-3).
Dans la Sainte Communion, nous recevons la Parole devenue chair, devenue
nourriture pour nous qui sommes enfants, qui sommes tout petits. C'est
pourquoi, quand nous nous approchons de la Sainte Communion, nous
pouvons nous souvenir de ce geste du prophète Ézéchiel ou encore des
paroles du Psaume 81, 11, que l'on retrouve dans la liturgie des Heures,
pour la solennité du Corps et du Sang du Christ : « Ouvre large ta
bouche, et je l'emplirai », (dilata os
tuum, et implebo illud).
Le Christ nous nourrit vraiment avec Son Corps et Son Sang durant la
Sainte Communion et cela est comparé, à l'âge patristique, à
l'allaitement maternel, comme nous le montrent ces paroles suggestives
de saint Jean Chrysostome :
« Par ce mystère eucharistique, le Christ s'unit à chacun des
fidèles, et ceux qu'il a engendré, II les nourrit lui-même et ne les
confie à personne d'autre. Ne voyez-vous pas avec quel élan les
nouveau-nés approchent leurs lèvres du sein de leur mère ? Eh bien, nous
aussi, approchons-nous avec une égale ardeur de ce banquet sacré et de
la source de cette boisson spirituelle; ou mieux, avec une ardeur plus
grande que celle des nouveau-nés !" ».
L'attitude d'un adulte, qui se met à genoux et ouvre la bouche pour se
laisser nourrir comme un enfant, correspond de façon très heureuse et
très impressionnante aux admonitions des Pères de l'Église sur le
comportement qu'il faut avoir durant la Sainte Communion, à savoir
cum amore ac timoré !
(Cf. CYPRIANUS, AdQmrinum, III, 94)
Le geste le plus typique de l'adoration est celui de l'agenouillement,
évoqué dans la Bible, et tel qu'il a été pratiqué par les premiers
chrétiens. Pour Tertullien, qui vécut entre le IIe et le IIIe siècle, la
plus grande forme de la prière est celle de l'adoration de Dieu qui se
manifeste aussi dans le geste de la génuflexion :
« Tous les anges prient, toutes les créatures prient, les animaux
domestiques comme les bêtes sauvages prient et tous plient le genou
(De oratione, 29) ».
Saint Augustin déclarait que nous nous rendions coupables de péché si
nous n'adorions pas le Corps eucharistique du Seigneur avant de Le
recevoir :
« Personne ne mange ce corps, s'il ne l'a adoré auparavant. Nous
péchons si nous ne l'adorons pas
(AUGUSTINUS, Enarr. in PS. 98, 9)
».
Dans un très ancien Ordo communiants de la tradition liturgique
de l'Église copte, il était établi que :
« Que tous se prosternent jusqu'à terre, petits et grands et que
commence alors la distribution de la Communion ».
D'après les Catéchèses mystagogiques, attribuées à saint Cyrille
de Jérusalem, le fidèle doit recevoir la Communion dans une attitude
d'adoration et de vénération : « N'étendez pas les mains, mais dans
une attitude d'adoration et de vénération approchez-vous du calice du
sang du Christ
(Catech.Myst.,5,22)».
Saint Jean Chrysostome exhorte ceux qui s'approchent du corps
eucharistique du Seigneur à imiter les Mages d'Orient, dans leur esprit
et leur attitude d'adoration :
« Approchons-nous donc de Lui avec ferveur et avec une charité
brûlante. Les Mages adorèrent ce corps, bien qu'il fût placé dans une
mangeoire. C'est alors que ces hommes, sans foi et d'origine barbare, se
mirent à adorer le Seigneur avec grande crainte et tremblement. Eh bien,
nous qui sommes citoyens des cieux, cherchons au moins à imiter ces
barbares ! Toi, contrairement aux Mages, ne regarde pas simplement ce
corps, mais prends conscience de toute sa force et de toute sa puissance
salvifique. Secouons-nous donc, tremblons et faisons montre d'une piété
encore plus grande que celle des Mages
(In1 Cor. hom. 24, 5) ».
Déjà, au VIe siècle, dans les églises grecques et syro-orientales, il
était prescrit une triple prosternation, avant de s'approcher de la
Sainte Communion
(Cf. JUNGMANN, op. cit., p. 458, n. 25).
Le cardinal J. Ratzinger parlait déjà, au sujet de ce
lien étroit entre l'adoration et la Sainte Communion, de manière
suggestive : « Se nourrir
[de l'Eucharistie]... est un
événement spirituel, qui touche toute la réalité humaine. "S'en
nourrir" signifie l'adorer. C'est
pour cela que l'adoration (...) ne se place pas non plus à côté
de la Communion : la Communion n'atteint sa plénitude que lorsqu'elle
est soutenue et comprise dans l'adoration
(Introduction à l'esprit de la liturgie)
». Par conséquent, devant l'humilité du Christ et de Son amour, qui nous
est communiqué à travers les espèces eucharistiques, nous ne pouvons
faire autrement que de nous agenouiller. Le cardinal Joseph Ratzinger observe encore : « II n'est pas possible de refuser de plier
les genoux devant la présence du Dieu vivant
(Introduction, o. c.) ». Dans le
livre de l'Apocalypse, le livre de la liturgie céleste,
l'attitude de prosternation des 24 anciens devant l'Agneau peut être le
modèle et le critère
(Cf. J. RATZINGER, Introduzione, o. c., p. 182)
de l'Église sur terre à l'égard de l'Agneau de Dieu, lorsque les fidèles
s'approchent de lui et le touchent dans les Espèces eucharistiques.
Les normes liturgiques de l'Église n'exigent pas une attitude
d'adoration pour ceux qui communient à genoux, puisque le fait de
s'agenouiller exprime par lui-même l'adoration. Au contraire, ceux qui
communient debout doivent d'abord faire un mouvement de révérence,
c'est-à-dire d'adoration
(Cf. Istruzione Eucharisticum mysterium, n. 34 ;
Istruzione Inaeslimabile donum, n. 11).
Marie, la Mère du Seigneur, est le modèle d'attitude, à la fois
intérieure et extérieure, dans la façon d'accueillir le Corps du
Seigneur. Au moment de l'Incarnation du Fils de Dieu, elle fit montre de
la plus grande réceptivité et de la plus grande humilité : « Me voici, à
votre service ». L'expression extérieure la plus conforme à cette
attitude est celle de rester à genoux
(comme cela se trouve fréquemment dans l'iconographie de
l'Annonciation). Le modèle de l'adoration
amoureuse de la Vierge Marie « doit inspirer chacune de nos
Communions eucharistiques », nous dit le Pape Jean Paul II (Encyclique
Ecclesia de Eucharistia, n. 55). Le moment de
recevoir le corps eucharistique du Seigneur est assurément l'occasion la
mieux adaptée pour le fidèle, durant cette vie terrestre, pour
extérioriser son attitude intérieure « en s'abîmant dans l'adoration
et dans un amour sans limites
(Encyclique Ecclesia de Eucharistia, n, 62)
».
C'est de manière semblable que parlait aussi le Bienheureux Pape Jean
XXIII : « Le bienheureux Eymard avait mis par écrit qu'en se mettant
à la suite de Jésus, il n'avait jamais abandonné Marie, et ce beau titre
de Notre-Dame du Saint Sacrement nous fait nous mettre tous à genoux,
comme de jeunes enfants à l'exemple de leur bonne mère, devant le grand
mystère d'amour de son Fils bien aimé et béni, Jésus
(La Madonna e Papa Giovanni, Catania, 1969, p. 60)
».
Mgr A. Schneider
Suite :
Se nourrir de l'Eucharistie est un événement spirituel, qui touche toute la réalité humaine
(1)
La façon de distribuer la Communion (2)
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Sources : Dominus est
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
02.01.2009 -
T/Liturgie
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