|
"Benoît XVI, une vie" :
l’énorme figure de Joseph Ratzinger et le service inestimable qu’il
a rendu à l’Église
|
Le 02 avril 2022 -
(E.S.M.)
-
Le blogueur argentin a lu la monumentale biographie de Peter Seewald (rappel:
à paraître prochainement en français).
L’impression d’ensemble est élogieuse. Il ne cache pas son
admiration pour l’immensité de l’œuvre de Benoît XVI et sa
reconnaissance « pour le service inestimable qu’il a rendu à
l’Eglise ». Il commente également plutôt positivement la
renonciation au Pontificat (si Benoît XVI n’avait pas renoncé, qui
gouvernerait aujourd’hui l’Eglise? Et là, le souvenir des dernières
années de Jean-Paul II, que le cardinal Ratzinger a vécues de
l’intérieur, se fait cuisant).
|
|
"Benoît XVI, une vie" : l’énorme figure de Joseph Ratzinger et le service inestimable qu’il
a rendu à l’Église
Le 02 avril 2022 - E.
S. M. -
Je viens de terminer la lecture de la biographie de Benoît XVI par
Peter Seewald. Il s’agit de deux gros volumes dans l’édition
anglaise, qui est celle que j’ai lue, et je crois savoir que
l’édition espagnole est maintenant sortie. C’est un livre
qui vaut la peine d’être lu, car il nous présente un homme
exceptionnel dont le long rôle dans le gouvernement de l’Église,
d’abord comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi,
puis comme Souverain Pontife, a permis d’éviter de grands maux et a
apporté beaucoup de bonnes choses.
L’auteur prend soin de raconter l’enfance et l’adolescence de
Ratzinger ainsi que son milieu familial dans la Bavière
d’avant-guerre. Et le portrait qui s’en dégage n’est pas seulement
celui du futur pape, mais aussi celui de la vie chrétienne de ces
années que beaucoup d’entre nous regrettent aujourd’hui. La vie
simple des gens simples dans les villages catholiques, régie par la
piété et la liturgie, et où la foi était véritablement au centre de
leur vie. Des détails curieux apparaissent, comme le fait que leurs
parents se sont rencontrés dans la rubrique des rencontres du
journal local, ou que le petit Joseph est né alors qu’ils étaient
déjà d’âge mûr. Ou encore l’intelligence précoce du garçon qui,
malgré sa timidité et sa tendance à rester seul et isolé de son
groupe de camarades de classe, s’est développée jusqu’aux sommets
que nous connaissons tous.
Car Ratzinger était et reste l’un des esprits les plus
aiguisés de ces dernières décennies, accompagné d’une capacité de
travail et de production qui étonne quiconque se penche sur son
œuvre. Et c’est un fait remarquable, car j’ai connu des
personnes brillantes qui, pour une raison ou une autre, n’ont écrit
qu’une ou deux œuvres courtes. Ratzinger, en revanche, n’a pas
éteint sa plume, même pendant son pontificat romain, et a continué à
écrire non seulement ses encycliques, merveilleuses pièces
d’enseignement magistériel, mais aussi ses livres, comme Jésus de
Nazareth, qui a été terminé alors qu’il était déjà pape.
Ce n’est pas pour rien qu’à un peu plus de trente ans, il était
l’universitaire convoité par les plus prestigieuses universités
allemandes, ce qui lui valut non seulement des triomphes et des
flatteries, mais aussi de farouches ennemis. Et c’est un
autre des faits intéressants présentés dans le livre : la méchanceté
de nombreux collègues théologiens du futur Benoît XVI et la guerre
déclarée et cruelle qu’il a subie, et continue de subir, de la part
du progressisme. En particulier, le vrai visage de Hans Küng, son
grand ennemi, un personnage sombre, envieux et mondain, que
Ratzinger était toujours prêt à pardonner malgré la malice et la
basse trahison du Suisse, est révélé. Et non seulement les
théologiens mais aussi les évêques allemands ont toujours été ses
farouches opposants, le considérant comme un conservateur et un
« traître » au renouveau de Vatican II. Un détail révélateur : le
chapitre de la cathédrale de Munich a pratiquement refusé de le
recevoir lors de sa prise de fonction en 1977, en raison de ses
critiques de la messe de Paul VI et de l’interdiction de célébrer la
liturgie traditionnelle.
Le livre montre également le rôle réel que le théologien d’alors,
Ratzinger, a joué pendant le concile Vatican II en tant que
conseiller du cardinal Frings. Il était archevêque de Cologne et,
lorsque le pape Jean XXIII a annoncé la convocation du Concile,
Joseph Ratzinger venait de commencer à enseigner la théologie à
l’université de Bonn. Frings a été impressionné par une conférence
qu’il avait entendue et lui a demandé d’écrire la conférence qu’il
devait prononcer quelques semaines plus tard à Gênes, où le cardinal
Siri avait organisé une journée d’étude en préparation du Concile.
Le discours de Frings – un cardinal conservateur – a fait grand
bruit car il exposait les points centraux de la vie de l’Église que
le Concile devait aborder et réformer. Et ce n’est pas rien :
dans un milieu conservateur comme celui du cardinal Siri à
Gênes, il n’y a pas eu d’opposition mais, au contraire, des
applaudissements soutenus d’approbation.
Il ressort également du livre que tant le cardinal Frings que son
expert Ratzinger, au cours des deux premières sessions du Concile,
ont joué des rôles de premier plan au sein du groupe rhénan, avec
leurs réunions parallèles au sein du Collège germanique pour
élaborer les stratégies qui les conduiraient à prendre le contrôle
du Concile, et que tout s’est terminé comme nous le savons. Il faut
cependant dire qu’à la fin de la deuxième session, tant Frings que
Ratzinger ont compris qu’ils étaient utilisés par le progressisme et
que la direction que prenaient les choses était extrêmement
dangereuse pour l’Église. En fait, le cardinal de Cologne est mort
avec de grands remords pour ses actions durant ces deux premières
sessions conciliaires.
Parmi les nombreux aspects du livre que l’on pourrait relever,
j’aimerais en signaler un autre : le renoncement à la papauté. C’est
un sujet qui suscite encore la controverse, non seulement parce que
certains continuent à soutenir qu’il n’était pas valide pour une
raison ou une autre – ce qui, à mon avis, n’est pas fondé – mais
aussi en raison de son opportunité ou de sa nécessité.
Il est vrai que, si Benoît XVI n’avait pas démissionné,
Bergoglio ne serait pas aujourd’hui au siège romain, et nous aurions
été épargnés de toutes les calamités que ce piteux pontificat a
entraînées, mais qui peut nous assurer que nous serions mieux lotis
? Qui gouvernerait l’Église aujourd’hui : Gänswein, Bertone, Sodano
? Parce ce n’est certainement pas Benoît qui gouvernerait.
Nous reviendrions à l’état de « sede vacante », comme on appelait
les dernières années du pontificat de Jean-Paul II, lorsque personne
ne savait avec certitude qui gouvernait l’Église, ni dans quelle
mesure les décisions étaient prises par le pontife romain ou son
secrétaire. Combien d’évêques n’ont pas été reçus par le pape
invalide et malade et ont quitté l’entretien avec un bout de papier
signé contenant des nominations épiscopales ou d’autres mesures,
obtenues par des moyens sournois et occultes ? Le cardinal
Ratzinger a vu tout cela de près et n’a pas voulu répéter la même
histoire. Et puis il y avait ses faiblesses, qu’il
connaissait et savait ne pas pouvoir surmonter. Par exemple, son
hésitation à affronter les défauts de ses amis, même s’ils sont
évidents. C’est le cas de la gestion désastreuse du cardinal Bertone
en tant que secrétaire d’État et du fait que, bien que Benoît XVI en
ait eu connaissance et que beaucoup l’aient averti, il n’a pas été
capable de démettre son ami de longue date de ses fonctions, tout
comme il n’a pas été capable de soutenir Ettore Gotti Tedeschi dans
le grand ménage qu’il avait entrepris à l’IOR.
Le lecteur du livre peut également noter d’autres défauts, en tout
cas c’est le cas pour moi. L’une d’entre elles est l’obsession de
Ratzinger pour l’œcuménisme. Je suis conscient qu’il s’agit d’un
problème que les Hispaniques ont du mal à mesurer car il n’existe
pas chez nous. Je sais que dans certains diocèses argentins, lorsque
dans les années 1990 les événements œcuméniques sont devenus la
norme, des évêques zélés ont dû importer des protestants ou des
musulmans d’autres provinces parce que dans leur propre province ils
ne pouvaient guère obtenir sur des Témoins de Jéhovah ou quelques
mormons peu présentables qui n’étaient pas exactement intéressés par
ce genre d’échange affectueux. En Allemagne, la situation était
différente, et l’attitude de Ratzinger est plus compréhensible, mais
elle me semble encore un intérêt exagéré, si l’on considère, en
outre, que le protestantisme n’existe plus, et qu’il est désormais
réduit à une présence de témoignage, soutenue par les Land,
et représentant un nombre de plus en plus insignifiant de fidèles.
...
Et dans la même veine, il cherche toujours à respecter le
politiquement correct et à présenter Ratzinger en exagérant ses
gestes d’apaisement avec le mainstream. Il est à noter, par
exemple, qu’il consacre parfois trois pages à raconter la rencontre
du pape avec un survivant de l’Holocauste, et ne dit rien des
visites ou des discours aux carmélites ou d’autres interventions de
ce type. En d’autres termes, le politiquement correct non seulement
d’un moderne mais aussi d’un Allemand accompli.
Malgré ces défauts et d’autres qui pourraient être signalés,
il s’agit d’un livre hautement recommandable, qui nous apprend à
apprécier l’énorme figure de Joseph Ratzinger et le service
inestimable qu’il a rendu à l’Église.
►
A paraître prochainement en français
►
Wanderer - Traduction
Benoit et moi
Sources : E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.03.2022
|