Benoît XVI ouvre solennellement
l'année 2009 |
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Le 02 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- En cette matinée du 1er janvier 2008, solennité de la Mère de
Dieu et 42e Journée mondiale de la Paix, le Pape Benoît XVI a présidé la
sainte Messe dans la Basilique Saint-Pierre. Nous publions ci-dessous
l'homélie prononcée par le Saint-Père au cours de la célébration:
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Le pape Benoît XVI en
la basilique du Vatican
Le pape Benoît XVI préside la messe en la solennité de Sainte Marie la Mère
de Dieu
Le 02 janvier 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- En cette matinée du 1er janvier 2008, solennité de la Mère de Dieu et 42e
Journée mondiale de la Paix, le Pape Benoît XVI a présidé la sainte Messe
dans la Basilique Saint-Pierre. Nous publions ci-dessous l'homélie prononcée
par le Saint-Père au cours de la célébration:
Texte intégral de l'homélie du Pape Benoît XVI
Vénérés frères,
Messieurs les ambassadeurs,
chers frères et sœurs!
En ce premier jour de l'année, la divine Providence nous réunit pour une
célébration qui nous émeut à chaque fois, en raison de la richesse et de la
beauté de ses correspondances: la Nouvelle année civile rencontre le sommet
de l'octave de Noël, au cours duquel on célèbre la Divine maternité de
Marie, et cette rencontre trouve une heureuse synthèse dans la Journée
mondiale de la paix. Dans la lumière du Noël du Christ, je suis heureux de
vous adresser à tous mes meilleurs vœux pour l'année qui vient de commencer.
Je les présente, en particulier au cardinal Renato Raffaele Martino, et à
ses collaborateurs du Conseil pontifical " justice et paix ", avec une
reconnaissance particulière pour leur précieux service. Je les présente,
dans le même temps, au secrétaire d'État, le Cardinal Tarcisio Bertone, et à
toute la secrétairerie d'État; ainsi que, avec une profonde cordialité, à
Messieurs les ambassadeurs présents aujourd'hui en grand nombre. Mes vœux
font écho au souhait que le Seigneur lui-même vient de nous adresser, dans
la liturgie de la Parole. Une Parole qui, à partir de l'événement de
Bethléem, évoqué dans sa réalité historique par
l'Évangile de Luc
(2, 16-21) et relu
dans toute sa portée salvifique par l'Apôtre Paul
(Ga 4, 47) devient une bénédiction pour le peuple
de Dieu et pour l'humanité tout entière.
C'est ainsi qu'est accomplie l'antique tradition juive de la bénédiction
(Nm 6, 22-27) : les
prêtres d'Israël bénissaient le peuple en "mettant sur lui le nom" du
Seigneur. A travers une formule ternaire - présente dans la première lecture
- le Nom sacré était invoqué trois fois sur les fidèles, comme vœu de grâce
et de paix. Cet antique usage nous ramène à une réalité essentielle : pour
pouvoir marcher sur la voie de la paix, les hommes et les peuples ont besoin
d'être illuminés par le "visage" de Dieu et d'être bénis par son "nom".
C'est précisément ce qui a eu lieu de façon définitive dans l'Incarnation :
la venue du Fils de Dieu dans notre chair et dans l'histoire a apporté une
bénédiction irrévocable, une lumière qui ne s'éteint plus et qui offre aux
croyants et aux hommes de bonne volonté la possibilité d'édifier la
civilisation de l'amour et de la paix.
A cet égard, le Concile Vatican II a dit, que "par son Incarnation,
le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme"
(Gaudium
et Spes, n. 22). Cette union a confirmé le
dessein originel d'une humanité créée à l'"image et ressemblance" de Dieu.
En réalité, le Verbe incarné est l'unique image parfaite et consubstantielle
du Dieu invisible. Jésus Christ est l'homme parfait. "En lui -
observe encore le Concile - la nature humaine a été assumée (...)
par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans
égale"
(Ibid.). C'est pourquoi
l'histoire terrestre de Jésus, qui culmine dans le mystère pascal, est le
début d'un monde nouveau, parce qu'elle a réellement inauguré une nouvelle
humanité, capable, toujours et seulement par la grâce de Dieu, d'accomplir
une "révolution" pacifique. Une révolution non pas idéologique mais
spirituelle, non pas utopique, mais réelle, et nécessitant donc une infinie
patience, des temps parfois très longs, en évitant tout raccourci et en
parcourant la voie la plus difficile: la voie de la maturation de la
responsabilité dans les consciences.
Chers amis, telle est la voie évangélique vers la paix, la voie que
l'Évêque de Rome également est appelé à reproposer avec constance chaque
fois qu'il rédige le
Message pour la Journée mondiale de la paix annuel. En parcourant
cette voie, il faut parfois revenir sur des aspects et des problématiques
déjà affrontés, mais si importants qu'ils méritent toujours une attention
nouvelle. C'est le cas du thème que j'ai choisi pour le Message de cette
année: "Combattre la pauvreté, construire la paix". Un thème qui se prête à
un double type de considérations, que je ne peux qu'évoquer brièvement ici.
D'une part, la pauvreté choisie et proposée par Jésus, de l'autre, la
pauvreté qu'il faut combattre pour rendre le monde plus juste et solidaire.
Le premier aspect trouve son cadre idéal ces jours-ci, en ce temps de
Noël. La naissance de Jésus à Bethléem nous révèle que Dieu a choisi la
pauvreté pour lui-même à travers sa venue parmi nous. La scène que les
pasteurs virent les premiers, et qui confirma l'annonce qui leur était faite
par l'ange, est celle d'une étable où Marie et Joseph avaient trouvé refuge,
et d'une crèche où la Vierge avait déposé le nouveau-né enveloppé de langes
(cf. Lc 2, 7.12.16). Cette pauvreté, Dieu l'a
choisie. Il a voulu naître ainsi - mais nous pourrions aussitôt ajouter : il
a voulu vivre, et également mourir ainsi. Pourquoi ? Saint Alphonse Marie de
Liguori l'explique en termes populaires dans un chant de Noël que tous
connaissent en Italie: "A Toi, qui es le Créateur du monde, manquent les
vêtements et le feu, ô mon Seigneur. Cher petit enfant, combien cette
pauvreté accroît mon amour pour toi, car elle te fit également amour pauvre".
Voilà la réponse : l'amour pour nous a poussé Jésus non seulement à se faire
homme, mais à se faire pauvre. Dans ce même ordre d'idées, nous pouvons
citer l'expression de saint Paul dans la deuxième Lettre aux Corinthiens: "Vous
connaissez en effet - écrit-il - la libération de notre Seigneur Jésus
Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous
enrichir par sa pauvreté"
(8, 9). Le témoin exemplaire
de cette pauvreté choisie par amour est saint François d'Assise. Le
mouvement franciscain, dans l'histoire de l'Église et de la civilisation
chrétienne, constitue un courant diffus de pauvreté évangélique, qui a
produit tant de bien et qui continue d'en faire à l'Église et à la famille
humaine. En revenant à la merveilleuse synthèse de saint Paul sur Jésus, il
est significatif, - également pour notre réflexion d'aujourd'hui - qu'elle
ait été inspirée à l'Apôtre précisément tandis qu'il exhortait les chrétiens
de Corinthe à être généreux dans la collecte en faveur des pauvres. Il
explique: "Il ne s'agit point, pour soulager les pauvres, de vous réduire
à la gêne; ce qu'il faut, c'est l'égalité" (8,
13).
Il s'agit d'un point décisif, qui nous conduit aux deuxième aspect : il
existe une pauvreté, une indigence, que Dieu ne désire pas et qui doit être
"combattue" - comme le dit le thème de la Journée mondiale de la paix
d'aujourd'hui; une pauvreté qui empêche les personnes et les familles de
vivre selon leur dignité; une pauvreté qui offense la justice et l'égalité
et, comme telle, menace la coexistence pacifique. Dans cette acception
négative s'inscrivent également les formes de pauvreté non matérielle que
l'on rencontre également dans les sociétés riches et avancées: exclusion,
misère relationnelle, morale et spirituelle (cf.
Message pour la journée mondiale de la paix 2008, n.2).
Dans mon Message, j'ai voulu encore une fois, dans le sillage de mes
prédécesseurs, analyser attentivement le phénomène complexe de la
mondialisation, pour en évaluer les rapports avec la pauvreté sur une large
échelle. Face à des plaies diffuses comme les maladies pandémiques
(ibid., n.4), la
pauvreté des enfants (ibid., n.5)
et la crise alimentaire (ibid., n.7),
j'ai malheureusement dû recommencer à dénoncer l'inacceptable course aux
armements. D'une part, on célèbre la Déclaration universelle des droits de
l'homme et, de l'autre, on augmente les dépenses militaires, en violant la
Charte des Nations unies elle-même, qui engage à les réduire au minimum
(cf. art. 26). En outre, la mondialisation élimine
certaines barrières, mais elle peut en construire de nouvelles
(Message cit., n.8), il est donc nécessaire que la
communauté internationale et chaque État restent toujours vigilants; il est
nécessaire qu'ils ne baissent jamais la garde face aux dangers de conflit,
et qu'ils s'engagent même à garder un haut niveau de solidarité. La crise
économique mondiale actuelle doit être vue dans ce sens également comme un
banc d'essai: sommes-nous prêts à la lire, dans sa complexité, comme un défi
pour l'avenir et pas seulement comme une urgence à laquelle donner des
réponses manquant de souffle ? Sommes-nous disposés à effectuer ensemble une
révision profonde du modèle de développement dominant, pour la corriger de
manière concertée et clairvoyante ? En réalité, c'est ce qu'exigent, plus
encore que les difficultés financières immédiates, l'état de santé
écologique de la planète et en particulier la crise culturelle et morale,
dont les symptômes sont depuis longtemps évidents dans chaque partie du
monde.
Il est alors nécessaire de chercher à établir un "cercle vertueux" entre
la pauvreté "à choisir" et la pauvreté "à combattre". Ici s'ouvre une voie
féconde de fruits pour le présent et pour l'avenir de l'humanité, que l'on
pourrait résumer ainsi: pour combattre la pauvreté injuste, qui opprime tant
d'hommes et de femmes et qui menace la paix de tous, il y a besoin de
redécouvrir la sobriété et la solidarité, comme valeurs évangéliques et en
même temps universelles. Plus concrètement, on ne peut pas combattre
efficacement la misère si l'on ne fait pas ce qu'écrit saint Paul aux
Corinthiens, c'est-à-dire si l'on ne cherche pas à "établir l'égalité", en
réduisant l'écart entre ceux qui gâchent le superflu et ceux qui manquent
même du nécessaire. Cela comporte des choix de justice et de sobriété, des
choix qui sont d'ailleurs exigés par l'exigence d'administrer sagement les
ressources de la terre qui sont limitées. Quand il affirme que Jésus Christ
nous a enrichi "de sa pauvreté", saint Paul offre une orientation importante
non seulement sous l'aspect théologique, mais également au niveau
sociologique. Non pas dans le sens ou la pauvreté est une valeur en soi,
mais parce qu'elle est la condition pour que se réalise la solidarité. Quand
François d'Assise se dépouille de ses biens, il accomplit un choix de
témoignage directement inspiré de Dieu, mais dans le même temps il montre à
tous la voie de la confiance dans la Providence. Ainsi, dans l'Église, le
vœu de pauvreté est l'engagement de certains, mais il rappelle à tous
l'exigence du détachement des biens matériels et la primauté des richesses
de l'esprit. Voilà donc le message à recueillir aujourd'hui: la pauvreté de
la naissance du Christ à Bethléem, outre à être un objet d'adoration pour
les chrétiens, est également une école de vie pour chaque homme. Elle nous
enseigne que pour combattre la misère, aussi bien matérielle que
spirituelle, la voie à parcourir est celle de la solidarité, qui a poussé
Jésus à partager notre condition humaine.
Chers frères et sœurs, je pense que la Vierge Marie s'est posée plus
d'une fois cette question: pourquoi Jésus a-t-il voulu naître d'une jeune
fille simple et humble comme moi ? Et ensuite, pourquoi a-t-il voulu venir
au monde dans une étable et avoir comme première visite celle des bergers de
Bethléem ? Marie eut pleinement la réponse à la fin, après avoir déposé dans
le sépulcre le corps de Jésus, mort et enveloppé de bandes
(cf. Lc 23, 53). Elle comprit alors totalement le
mystère de la pauvreté de Dieu. Elle comprit que Dieu s'était fait pauvre
pour nous, pour nous enrichir de sa pauvreté pleine d'amour, pour nous
exhorter à freiner l'avidité insatiable qui suscite des luttes et des
divisions, pour nous inviter à modérer l'envie de posséder et être ainsi
disponibles au partage et à l'accueil réciproque. A Marie, Mère du Fils de
Dieu qui s'est fait notre frère, nous adressons avec confiance notre prière,
pour qu'elle nous aide à en suivre les traces, à combattre et vaincre la
pauvreté, à construire la paix véritable, qui est opus iustitiae.
Nous lui confions le profond désir de vivre en paix qui s'élève du cœur de
la grande majorité des populations israélienne et palestinienne, encore une
fois mise en péril par la violence massive qui a explosé dans la bande de
Gaza en réponse à une autre violence. La violence, la haine et le manque de
confiance sont également des formes de pauvreté - peut-être les plus
terribles - "à combattre". Que celle-ci ne l'emportent pas! En ces tristes
jours, les pasteurs de ces Églises ont fait entendre leurs voix dans ce
sens. Avec eux et avec leurs très chers fidèles, en particulier ceux de la
petite mais fervente paroisse de Gaza, nous déposons aux pieds de Marie nos
préoccupations pour le présent et nos craintes pour l'avenir, mais également
l'espérance fondée que, avec la contribution sage et clairvoyante de tous,
il ne sera pas impossible de s'écouter, d'aller à la rencontre l'un de
l'autre et de donner des réponses concrètes à l'aspiration diffuse de vivre
en paix, en sécurité et dans la dignité. Nous disons à Marie:
accompagne-nous, Mère céleste du Rédempteur, au cours de toute l'année qui
commence aujourd'hui, et obtiens de Dieu le don de la paix pour la Terre
Sainte et pour toute l'humanité. Sainte Mère de Dieu prie pour nous. Amen.
(Trad :
benoit-et-moi)
Texte original du
discours du Saint Père
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SOUS LE REGARD DE MARIE (Méditation
des lectures de ce jour)
LE PREMIER JOUR de l'année est placé sous le regard de Marie, Mère de Dieu.
L'évangéliste Luc attire notre attention sur l'attitude de Marie : alors que
tous s'étonnaient « de ce qui leur avait été annoncé au sujet de
l'enfant, Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur
» (évangile). La Mère de Dieu ne participe pas à l'étonnement ; elle a un tout
autre regard sur l'événement, elle perçoit avec plus de profondeur ce qui se
passe et sa compréhension ira grandissant. Dans la tradition spirituelle qui
s'exprime par la récitation du Rosaire, nous sommes invités à contempler les
mystères de Jésus à travers le regard de Marie. En nous mettant à son école,
nous voulons aller toujours plus loin dans l'écoute des paroles qui nous
viennent du Seigneur et nous laisser conduire en Église vers la vérité tout
entière, celle de Jésus « le même hier, aujourd'hui et demain »
(He 1 3, 8). En ce début d'année où nous
échangeons des vœux de bonheur, la liturgie nous invite à recevoir la
bénédiction du Seigneur (première
lecture). Si nous voulons que cette année
soit une année de paix, accueillons cette bénédiction du Seigneur qui selon
la tradition biblique confère à celui qui la reçoit force et lumière pour
rester fidèle à sa vocation :
« Que Dieu nous prenne en grâce et qu'il nous bénisse ! »
Marie Mère de Dieu
Si Marie est réellement celle qui engendre Dieu, si elle engendre celui qui
est la mort de la mort et la vie absolue, alors son être de Mère de Dieu est
vraiment une « nouvelle naissance » (nova nativitas)
: une nouvelle façon d'engendrer est insérée dans l'ancienne, de même que
Marie est la nouvelle Alliance au sein de l'ancienne, tout en restant membre
de l'ancienne. Cette naissance n'est pas un « Meurs ! », souligne Benoît
XVI, mais seulement un « Deviens ! », une percée de la vie qui se dépouille
du « Meurs ! » et le laisse définitivement derrière elle. L'appellation «
celle qui engendre Dieu » renvoie aussi d'un certain côté à ce que nous
avons dit de la vierge : cette vie n'est pas accueillie dans la mort et le
devenir quotidiens mais elle est un pur commencement ; elle préfigure l'Assumpta,
de cette naissance ne vient aucune mort, mais seulement la vie. Non
seulement cette nouvelle « génération » n'a pas pour condition la
suppression de l'ancienne, mais elle confère au tout son caractère
définitif.
(La Fille de Sion, p. 84-85)
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 02.01.2009 -
T/Benoît XVI |