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La mission que l'Église confie avec
une grande espérance aux Universités catholiques, revêt une signification culturelle et religieuse d'une
importance vitale, car elle concerne l'avenir même de l'humanité.
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L'enseignement universitaire (gravure
de 1525) -
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C'est ici
Jean-Paul II, les universités catholiques et l'avenir de l'humanité (2)
Ex Corde Ecclesiae (15 août 1990)
La première partie :
Ex Corde Ecclesiae (1)
Ex Corde Ecclesiae (2)
(suite)
B. LA MISSION DE SERVICE DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE
30. La mission fondamentale d'une Université est la quête continuelle de la
vérité à travers la recherche, la préservation et la communication du savoir
pour le bien de la société. L'Université catholique participe à cette
mission par l'apport de ses caractéristiques et de ses finalités
spécifiques.
1. Service de l'Église et de la Société
31. Par le biais de l'enseignement et de la recherche, l'Université
catholique offre une indispensable contribution à l'Église. En effet, elle
prépare des hommes et des femmes qui, inspirés par les principes chrétiens
et préparés à vivre leur vocation chrétienne d'une manière mûre et
responsable, seront aussi capables d'occuper des postes de responsabilité
dans l'Église. En outre, grâce aux résultats des recherches scientifiques
mis à sa disposition, l'Université catholique pourra aider l'Église à
répondre aux problèmes et aux exigences du temps.
32. L'Université catholique, de même que tout autre Université, vit au
milieu de la société humaine. Pour le rayonnement du service qu'elle rend à
l'Église, celle-ci est appelée - toujours dans le cadre des compétences qui
lui sont propres - à être un instrument toujours plus efficace de progrès
culturel, aussi bien pour les individus que pour la société. Ses activités
de recherche incluront donc l'étude des graves problèmes contemporains
tels
que la dignité de la vie humaine, la promotion de la justice pour tous, la
qualité de la vie personnelle et familiale, la protection de la nature, la
recherche de la paix et de la stabilité politique, le partage plus équitable
des ressources du monde et un nouvel ordre économique et politique, qui
serve mieux la communauté humaine au niveau national et international. La
recherche universitaire sera orientée vers l'étude en profondeur des racines
et des causes des graves problèmes de notre temps, en accordant une
attention particulière à leurs dimensions éthiques et religieuses.
En l'occurrence, l'Université catholique devra avoir le courage de dire des
vérités qui dérangent, vérités qui ne flattent pas l'opinion publique, mais
qui sont nécessaires pour sauvegarder le bien authentique de la société.
33. Une priorité spécifique sera donnée à l'examen et à l'évaluation, d'un
point de vue chrétien, des valeurs et des normes dominantes dans la société
et dans la culture moderne, ainsi qu'à la responsabilité de communiquer à la
société d'aujourd'hui ces principes éthiques et religieux qui donnent tout
son sens à la vie humaine. Voilà une autre contribution que l'Université
peut apporter au développement d'une anthropologie chrétienne authentique,
dont l'origine réside en la personne du Christ et qui permet au dynamisme de
la création et de la rédemption d'influencer la réalité et la juste solution
des problèmes de la vie.
34. L'esprit chrétien de service des autres pour la promotion de la justice
sociale revêt une importance particulière pour chaque Université catholique;
il doit être partagé par les professeurs et développé parmi les étudiants.
L'Église s'engage fermement en faveur de la croissance intégrale de tout
homme et de toute femme (32
(Cf. JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique
Sollicitudo
rei socialis, nn. 27-34: AAS 80 (1988), pp. 547-560).
L'Évangile, interprété par la doctrine sociale
de l'Église, appelle de façon urgente à promouvoir "le développement des
peuples qui luttent pour se libérer du joug de la faim, de la misère, des
maladies endémiques, de l'ignorance; de ceux qui aspirent à une
participation plus large aux fruits de la civilisation et à une mise en
valeur plus active de leurs qualités humaines; qui avancent avec
détermination vers le but de leur pleine réalisation".(33) Chaque Université
catholique ressent la responsabilité de contribuer concrètement au progrès
de la société au sein de laquelle elle travaille: elle pourra chercher, par
exemple, les moyens de rendre l'éducation universitaire accessible à tous
ceux qui peuvent en tirer profit, spécialement les pauvres ou les membres
des groupes minoritaires qui en ont été traditionnellement privés. De plus,
elle a la responsabilité - dans les limites de ses possibilités - d'aider à
promouvoir le développement des Nations émergentes.
35. Dans l'effort accompli pour offrir une réponse à ces problèmes
complexes, qui touchent tant d'aspects de la vie humaine et de la société,
l'Université catholique insistera sur la coopération entre les diverses
disciplines académiques, qui offrent déjà leur propre contribution à la
recherche de solutions. En outre, étant donné que les ressources économiques
et personnelles de chaque institution sont limitées, la coopération est
essentielle pour des projets communs de recherche programmés entre
Universités catholiques, ainsi qu'avec d'autres institutions privées ou
gouvernementales. A cet égard, mais aussi pour ce qui a trait à d'autres
secteurs d'activités spécifiques d'une Université catholique, il faut
reconnaître le rôle des différentes associations nationales et
internationales des Universités catholiques. Parmi celles-ci, mentionnons
notamment la mission de la Fédération Internationale des Universités
Catholiques, constituée par le Saint-Siège,(34) qui attend d'elle une
collaboration fructueuse.
36. Grâce aux programmes d'éducation permanente des adultes, en rendant les
professeurs disponibles pour des services de consultation,
en ayant recours
aux moyens modernes de communication et de bien d'autres façons, l'Université catholique peut faire en sorte que l'ensemble croissant de la
connaissance humaine et une compréhension toujours meilleure de la foi
soient mises à la disposition d'un public plus vaste, étendant ainsi les
services de l'Université au-delà du cercle proprement académique.
37. Dans ce service rendu à la société, l'interlocuteur privilégié sera
naturellement le monde académique, culturel et scientifique de la région où
se trouve l'Université catholique. Il faut encourager les formes originales
de dialogue et de collaboration entre les Universités catholiques et les
autres Universités de la Nation, en faveur du développement, de la
compréhension entre les cultures, de la défense de la nature avec une
conscience écologique internationale.
Les Universités catholiques, ainsi que les autres institutions privées et
publiques, servent l'intérêt commun grâce à l'éducation supérieure et la
recherche; elles représentent l'une des diverses catégories d'institutions
nécessaires à la libre expression de la diversité culturelle et s'efforcent
de promouvoir le sens de la solidarité dans la société et dans le monde.
Ainsi, elles sont en droit d'attendre, de la part de la société civile et
des Autorités publiques, la reconnaissance et la défense de leur autonomie
institutionnelle, ainsi que de leur liberté académique. En outre, elles
possèdent ce même droit pour ce qui a trait au soutien économique,
nécessaire pour garantir leur existence et leur développement.
2. Pastorale universitaire
38. La pastorale universitaire est cette activité de l'Université qui offre
aux membres de la communauté elle-même l'occasion de coordonner l'étude
académique et les activités para-académiques avec les principes religieux et
moraux, intégrant ainsi la vie à la foi. Elle rend concrète la mission de l'Église
au sein de l'Université et fait partie intégrante de son activité et de sa
structure. Une communauté universitaire, soucieuse de promouvoir le
caractère catholique de l'institution, sera consciente de cette dimension
pastorale et sera sensible aux moyens grâce auxquels elle peut exercer une
influence sur ses activités.
39. En tant qu'expression naturelle de son identité catholique, la
communauté universitaire doit savoir incarner la foi dans ses activités
quotidiennes, avec d'importants moments de réflexion et de prière. Cela
fournira aux membres catholiques de cette communauté des opportunités
d'assimiler dans leur vie la doctrine et la pratique catholique. Ils seront
encouragés à participer à la célébration des sacrements,
spécialement au
sacrement de l'Eucharistie, acte le plus parfait du culte communautaire. Les
communautés académiques qui comportent un nombre important de personnes
appartenant à des Églises, à des Communautés ecclésiales ou à des religions
différentes, respecteront leurs initiatives par la réflexion et la prière
dans la sauvegarde de leur croyance.
40. Tous les responsables de la pastorale universitaire stimuleront les
professeurs et les étudiants à être plus conscients de leur responsabilité
envers ceux qui souffrent physiquement et spirituellement.
En suivant
l'exemple du Christ, ils seront particulièrement attentifs aux plus pauvres
et à ceux qui souffrent d'injustice dans le domaine économique, social,
culturel ou religieux. Cette responsabilité s'exerce, avant tout, à
l'intérieur de la communauté académique, mais s'applique également en dehors
d'elle.
41. La pastorale universitaire est une activité indispensable grâce à
laquelle les étudiants catholiques, en remplissant leurs devoirs de
baptisés, peuvent être préparés à participer activement à la vie de l'Église.
Elle peut contribuer à développer et à alimenter une estime authentique du
mariage et de la vie familiale, promouvoir des vocations au sacerdoce et à
la vie religieuse, stimuler l'engagement chrétien des laïcs et imprégner
toute sorte d'activités de l'esprit de l'Évangile. L'harmonie entre la
pastorale universitaire et les Institutions qui travaillent dans le cadre de
l'Église particulière, sous la conduite ou avec l'approbation de l'évêque,
ne pourra que profiter à tous.(35)
42. Diverses Associations ou Mouvements de vie spirituelle et apostolique,
surtout ceux qui ont été spécifiquement créés pour les étudiants, peuvent
offrir une grande contribution pour développer les aspects pastoraux de la
vie universitaire.
3. Dialogue culturel
43. De par sa nature même, l'Université promeut la culture par son activité
de recherche, aide à transmettre la culture locale aux générations
successives par son enseignement et favorise les initiatives culturelles par
ses propres services éducatifs. Elle est ouverte à toute l'expérience
humaine, prête au dialogue et à l'étude de toute culture que ce soit. L'Université
catholique participe à ce projet en offrant la riche expérience culturelle
de l'Église. En outre, consciente de ce que la culture humaine est ouverte à
la Révélation et à la transcendance, l'Université catholique, est le lieu
premier et privilégié d'un fructueux dialogue entre Évangile et culture.
44. Elle assiste l'Église grâce au dialogue précisément, en l'aidant à
parvenir à une meilleure connaissance des diverses cultures, à discerner
leurs aspects positifs et négatifs, à accueillir leurs apports
authentiquement humains et à développer les moyens par lesquels elle pourra
rendre la foi plus compréhensible pour les hommes d'une culture déterminée.(36)
S'il est vrai que l'Évangile ne peut être confondu avec la culture, mais
plutôt qu'il transcende toutes les cultures, il est également vrai que " le
Règne que l'Évangile annonce est vécu par des hommes profondément liés à une
culture, et la construction du Royaume ne peut pas ne pas emprunter des
éléments de la culture et des cultures humaines ".(37) "
Une foi qui se
situerait aux frontières de ce qui est humain, donc de ce qui est culture,
serait une foi qui ne refléterait pas la plénitude de ce que la Parole de
Dieu manifeste et révèle, une foi décapitée, pire encore, une foi en phase
d'auto-anéantissement " (38 JEAN-PAUL II, Discours aux intellectuels, aux étudiants et au personnel
universitaire à Medellin, en Colombie, 5 juillet 1986, n. 3: AAS 79 (1987),
p. 99. Cf. aussi
Gaudium et
Spes, n. 58: AAS 58 (1966), p. 1079).
45. L'Université catholique doit devenir toujours plus attentive aux
cultures du monde d'aujourd'hui, ainsi qu'aux diverses traditions
culturelles existant à l'intérieur de l'Église, de façon à promouvoir un
dialogue permanent et bénéfique entre l'Évangile et la société
contemporaine. Parmi les critères qui caractérisent la valeur d'une culture,
viennent en premier lieu le sens de la personne humaine, sa liberté, sa
dignité, son sens des responsabilités et son ouverture au transcendant. Le
respect de la personne est lié à la valeur éminente de la famille, cellule
primordiale de toute culture humaine.
Les Universités catholiques s'efforceront de discerner et de bien évaluer
les aspirations et les traditions de la culture moderne, afin de la rendre
plus apte au développement intégral des personnes et des peuples. En
particulier, il leur est recommandé d'approfondir, par des études
appropriées, l'impact de la technologie moderne et spécialement des moyens
de communication sociale sur les personnes, les familles, les institutions
et l'ensemble de la culture moderne. Il faut défendre l'identité des
cultures traditionnelles, en les aidant à accueillir les valeurs modernes
sans sacrifier leur patrimoine, qui constitue une richesse pour la famille
humaine tout entière. Les Universités, situées dans des milieux culturels
traditionnels, chercheront attentivement à harmoniser les cultures locales
avec la contribution positive des cultures modernes.
46. Un domaine qui intéresse d'une manière spéciale l'Université catholique
est le dialogue entre pensée chrétienne et sciences modernes. Cette tâche
requiert des personnes particulièrement versées dans les disciplines
particulières, dotées également d'une formation théologique adéquate et
capables d'affronter les questions épistémologiques au niveau des rapports
entre foi et raison. Ce dialogue concerne aussi bien les sciences naturelles
que les sciences humaines qui posent des problèmes philosophiques et
éthiques nouveaux et complexes. Le chercheur chrétien doit montrer comment
l'intelligence humaine s'enrichit de la vérité supérieure, qui dérive de l'Évangile:
" L'intelligence n'est jamais diminuée mais, au contraire, elle est stimulée
et renforcée par cette source intérieure de profonde compréhension qu'est la
Parole de Dieu, et par la hiérarchie des valeurs qui en résulte. D'une
façon unique, l'Université catholique contribue à manifester la supériorité
de l'esprit, qui ne peut jamais se permettre, sans le risque de se perdre,
de se mettre au service de quelque chose qui ne soit pas la recherche de la
vérité ".(39)
47. En plus du dialogue culturel, l'Université catholique, dans le respect
de ses finalités spécifiques, en tenant compte des différents contextes
religieux et culturels et en suivant les directives des Autorités
ecclésiastiques compétentes, peut offrir une contribution au dialogue
œcuménique, afin de promouvoir la recherche de l'unité de tous les
chrétiens, et au dialogue interreligieux, en aidant à discerner les valeurs
spirituelles présentes dans les diverses religions.
4. Évangélisation
48. La mission première de l'Église est de prêcher l'Évangile de façon à
garantir le rapport entre foi et vie, tant chez l'individu que dans le
contexte socio-culturel où les personnes vivent, agissent et communiquent
entre elles. L'évangélisation signifie " porter la Bonne Nouvelle dans tous
les milieux de l'humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre
neuve l'humanité elle-même. Il ne s'agit pas seulement de prêcher l'Évangile
dans des tranches géographiques toujours plus vastes ou à des populations
toujours plus massives, mais aussi d'atteindre et comme de bouleverser par
la force de l'Évangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes,
les points d'intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les
modèles de vie de l'humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu
et le dessein du salut ".(40)
49. Selon sa nature propre, chaque Université catholique offre une
importante contribution à l'Église dans son œuvre d'évangélisation. Il
s'agit d'un témoignage vital d'ordre institutionnel à rendre au Christ et à
Son message, si nécessaire et si important pour les cultures marquées par le
sécularisme, et là où le Christ et Son message ne sont pas encore connus. En
outre, toutes les activités fondamentales d'une Université catholique
doivent être en lien et en harmonie avec la mission évangélisatrice de
l'Église: la recherche menée à la lumière du message chrétien, qui met les nouvelles
découvertes humaines au service des individus et de la société; la formation
mise en œuvre dans un contexte de foi, qui prépare des personnes capables
d'un jugement rationnel et critique, et conscientes de la dignité
transcendante de la personne humaine; la formation professionnelle, qui
tienne compte des valeurs éthiques et du sens du service rendu aux personnes
et à la société; le dialogue avec la culture, qui favorise une meilleure
compréhension de la foi; la recherche théologique, qui aide la foi à
s'exprimer dans un langage moderne. " L'Église, précisément parce qu'elle
est toujours plus consciente de sa mission salvifique en ce monde, veut que
ces centres soient proches d'elle, présents et œuvrant à la diffusion du
message authentique du Christ ".(41)
DEUXIÈME PARTIE
NORMES GÉNÉRALES
Article 1. La nature de ces Normes générales
§ 1. Ces Normes générales sont basées sur le Code de Droit Canon,(42) dont
elles constituent un prolongement, et sur la législation complémentaire de
l'Église, sans rien retirer au droit d'intervention du Saint-Siège, lorsque
cela s'avère nécessaire. Elles s'appliquent à toutes les Universités
catholiques et aux Instituts catholiques d'Études supérieures du monde
entier.
§ 2. Les Normes générales doivent être concrètement appliquées au niveau
local et au niveau régional par les Conférences épiscopales et par les
autres Assemblées de la hiérarchie catholique,(43) conformément au Code de
Droit Canon et à la législation ecclésiastique complémentaire, en tenant
compte des Statuts de chaque Université ou Institut et aussi — lorsque c'est
possible et opportun — du droit civil. Après leur révision par le
Saint-Siège,(44) ces " Ordonnancements " locaux ou régionaux seront valables
pour toutes les Universités catholiques et pour tous les Instituts
catholiques d'Études supérieures de la région, à l'exception des Universités
et Facultés ecclésiastiques. Ces dernières Institutions, y compris les
Facultés ecclésiastiques appartenant à une Université catholique, sont
régies par les normes de la Constitution Apostolique Sapientia Christiana.(45)
§ 3. Une Université, constituée ou approuvée par le Saint-Siège, par une
conférence épiscopale ou par une autre Assemblée de la hiérarchie
catholique, ou par un évêque diocésain, doit incorporer ces Normes générales
et leur applications, locales et régionales, dans les documents relatifs à
son gouvernement, et conformer ses Statuts actuellement en vigueur tant aux
Normes générales qu'à leurs applications et les soumettre à l'approbation de
l'Autorité ecclésiastique compétente. Il reste entendu que les autres
Universités catholiques, à savoir celles qui ne sont pas instituées sous
l'une des formes citées, en accord avec l'Autorité ecclésiastique locale,
feront leurs ces Normes générales et leurs applications locales ou
régionales, les insérant dans les documents relatifs à leur gouvernement et
- dans la mesure du possible - conformeront leurs Statuts en vigueur tant à
ces Normes générales qu'à leurs applications.
Article 2. La nature d'une Université catholique
§ 1. Une Université catholique, comme toute Université, est une communauté
de professeurs représentant diverses branches du savoir humain. Elle se
consacre à la recherche, à l'enseignement et aux différentes formes de
services compatibles avec sa mission culturelle.
§ 2. Une Université catholique, en tant que catholique, s'inspire pour la
recherche qu'elle effectue, pour son enseignement et toutes les autres
activités, des idéaux, des principes et des attitudes catholiques. Elle est
unie à l'Église soit à travers un lien constitutif et statutaire formel,
soit en raison d'un engagement pris par ses responsables.
§ 3. Chaque Université catholique doit manifester sa propre identité
catholique par une déclaration de sa mission ou par un autre document public
approprié, à moins qu'elle n'ait été autorisée à agir différemment par
l'Autorité ecclésiastique compétente. Elle doit se doter, notamment à
travers sa structure et ses règlements, de moyens destinés à garantir
l'expression et le maintien d'une telle identité conformément au §2.
§ 4. L'enseignement catholique et la discipline catholique doivent
influencer toutes les activités de l'Université, tout en respectant
pleinement la liberté de la conscience de chaque personne.(46) Tout acte
officiel de l'Université doit être en accord avec son identité catholique.
§ 5. Une Université catholique possède l'autonomie nécessaire au
développement de son identité spécifique et à la poursuite de sa mission
spécifique. La liberté de recherche et d'enseignement est reconnue et
respectée selon les principes et les méthodes propres à chaque discipline,
en préservant toujours les droits des individus et de la communauté, dans
les limites de la vérité et du bien commun.(47)
Article 3. Érection d'une Université catholique
§ 1. Une Université catholique peut être érigée ou approuvée par le
Saint-Siège, par une conférence épiscopale ou par une autre Assemblée de la
hiérarchie catholique, par un évêque diocésain.
§ 2. Avec l'accord de l'évêque diocésain, une Université catholique peut
également être érigée par un Institut religieux ou par une autre personne
juridique publique.
§ 3. Une Université catholique peut être érigée par d'autres personnes
ecclésiastiques ou laïques. Cette Université ne pourra se considérer
Université catholique qu'avec l'accord de l'Autorite ecclésiastique
compétente, selon les conditions qui seront décidées par les parties.(48)
§ 4. Pour les cas mentionnés dans les §§ 1 et 2, les Statuts devront être
approuvés par l'Autorité compétente.
Article 4. La communauté universitaire
§ 1. La responsabilité de maintenir et de renforcer l'identité catholique de
l'Université échoit en premier lieu à l'Université même. Bien que cette
responsabilité soit principalement confiée aux Autorités de l'Université (y
compris, là où ils existent, le Grand Chancelier et/ou le Conseil
d'Administration, ou un Organisme équivalent), elle est aussi partagée dans
une mesure différente par tous les membres de la communauté; elle exige donc
le recrutement du personnel universitaire adéquat — en particulier des
professeurs et du personnel administratif — qui soit disposé à et capable de
promouvoir cette identité. L'identité de l'Université catholique est
essentiellement liée à la qualité des professeurs et au respect de la
doctrine catholique. L'Autorité compétente a la responsabilité de veiller
sur ces deux exigences fondamentales, selon les indications du Droit
Canon.(49)
§ 2. Au moment de leur nomination, tous les professeurs et l'ensemble du
personnel administratif doivent être informés de l'identité catholique de
l'Institution et de ses implications, ainsi que de leur responsabilité pour
promouvoir ou, du moins, respecter cette identité.
§ 3. Selon les voies les plus conformes aux diverses disciplines
académiques, tous les professeurs catholiques doivent accueillir fidèlement,
et tous les autres professeurs doivent respecter, la doctrine et la morale
catholiques dans leur recherche et leur enseignement. Que les théologiens
catholiques, en particulier, conscients d'exercer un mandat reçu de l'Église,
soient fidèles au Magistère de l'Église, comme interprète authentique de la
Sainte Écriture et de la Tradition Sacrée.(50)
§ 4. Les professeurs et le personnel administratif qui appartiennent à
d'autres Églises, Communautés ecclésiales ou religions, de même que ceux qui
ne professent aucun credo religieux, et tous les étudiants, sont tenus de
reconnaître et de respecter le caractère catholique de l'Université. Afin de
ne pas mettre en danger cette identité catholique de l'Université ou de
l'Institut Supérieur, il faut éviter que les professeurs non catholiques en
viennent à constituer une composante majoritaire à l'intérieur de
l'Institution, qui est et doit demeurer catholique.
§ 5. L'éducation des étudiants doit intégrer la maturation académique et
professionnelle à l'apprentissage des principes moraux et religieux et à
celui de la doctrine sociale de l'Église. Le programme d'études pour chacune
des différentes professions doit inclure une formation éthique appropriée à
la profession à laquelle il prépare. En outre, il conviendra d'offrir à tous
les étudiants la possibilité de suivre des cours de doctrine catholique.(51)
Article 5. L'Université catholique dans l'Église
§ 1. Chaque Université catholique doit entretenir la communion avec l'Église
universelle et avec le Saint-Siège; elle doit être en communion étroite avec
l'Église particulière et spécialement avec les évêques diocésains de la
région ou de la nation où elle est située. Conformément à sa nature
d'Université, l'Universisté catholique contribuera à l'œuvre d'évangélisation
de l'Église.
§ 2. Chaque évêque a la responsabilité de promouvoir le bon fonctionnement
des Universités catholiques dans son diocèse et a le droit et le devoir de
veiller à la préservation et au renforcement de leur caractère catholique.
Si des problèmes relatifs à cette exigence essentielle devaient surgir,
l'évêque local serait tenu de prendre les initiatives nécessaires pour les
résoudre, en accord avec les Autorités académiques compétentes et avec les
procédures établies (52) et - si besoin était - avec l'aide du Saint-Siège.
§ 3. Périodiquement chaque Université catholique, en vertu de l'art. 3, §§ 1
et 2, doit envoyer à l'Autorité ecclésiastique compétente un rapport
spécifique concernant l'Université et ses activités. Les autres Universités
catholiques doivent communiquer ces informations à l'évêque du diocèse où
est situé le siège central de l'Institution.
Article 6. Pastorale Universitaire
§ 1. L'Université catholique doit être attentive à la pastorale des membres
de la Communauté universitaire et, en particulier, à la croissance
spirituelle de ceux qui professent la foi catholique. La préférence doit
être accordée aux moyens qui facilitent l'intégration de la formation
humaine et professionnelle aux valeurs religieuses, à la lumière de la
doctrine catholique et dans le but d'allier l'apprentissage intellectuel à
la dimension religieuse de la vie.
§ 2. Un nombre suffisant de personnes qualifiées — prêtres, religieux,
religieuses et laïcs — devra être nommé afin de pourvoir à la pastorale
spécifique en faveur de la communauté universitaire. Celle-ci devra être
réalisée en harmonie et en collaboration avec la pastorale de l'Église
particulière et sous la conduite ou avec l'approbation de l'évêque
diocésain. Tous les membres de la communauté universitaire doivent être
invités à apporter leur contribution à cette pastorale et à collaborer à ses
initiatives.
Article 7. Collaboration
§ 1. Afin de mieux affronter les problèmes complexes de la société moderne
et de renforcer l'identité catholique des Institutions, il faut promouvoir
la collaboration au niveau régional, national ou international dans la
recherche, dans l'enseignement et dans les autres activités universitaires
entre toutes les Universités catholiques, y compris les Universités et les
Facultés ecclésiastiques .(53) Cette collaboration doit naturellement être
également encouragée entre les Universités catholiques et les autres
Universités et Institutions de recherche et d'instruction, tant privées que
publiques.
§ 2. Que les Universités catholiques, lorsque cela est possible et en accord
avec les principes et la doctrine catholiques, collaborent aux programmes
gouvernementaux et aux projets des Organisations nationales et
internationales en faveur de la justice, du développement et du progrès.
NORMES TRANSITOIRES
Art. 8. La présente Constitution entrera en Vigueur le 1er jour de l'année
académique 1991.
Art. 9. L'application de la Constitution est déférée à la Congrégation pour
l'Éducation Catholique, à laquelle il reviendra d'établir et d'adopter les
directives nécessaires à cette fin.
Art. 10. Il appartiendra à la Congrégation pour l'Éducation Catholique,
quand le temps aura passé et que les circonstances l'exigeront, de proposer
des changements à introduire dans la présente Constitution, afin que
celle-ci soit toujours adaptée aux nouvelles exigences des Universités
catholiques.
Art. 11. Les lois particulières ou ordinaires actuellement en vigueur qui
sont contraires à cette Constitution sont abrogées. Abrogés également les
privilèges concédés jusqu'à aujourd'hui par le Saint-Siège à des personnes,
tant physiques que morales, qui soient en désaccord avec cette même
Constitution.
CONCLUSION
La mission que l'Église confie avec une grande espérance aux Universités
catholiques revêt une signification culturelle et religieuse d'une
importance vitale, car elle concerne l'avenir même de l'humanité. Le
renouveau, requis des Universités catholiques, les rendra davantage capables
de répondre au devoir de porter le message du Christ à l'homme, à la
société, aux cultures:
" Toute réalité humaine, individuelle et sociale, a été libérée par le
Christ : les personnes comme les activités de l'homme, dont la culture est
l'expression la plus éminente et la plus incarnée. L'action salvifique de l'Église
auprès des cultures s'exerce d'abord par l'intermédiaire des personnes, des
familles et des éducateurs. Jésus-Christ, notre Sauveur, offre sa lumière
et son espérance à tous ceux qui cultivent les sciences, les arts, les
lettres et les innombrables domaines développés par la culture moderne. Tous
les fils et filles de l'Église doivent donc prendre conscience de leur
mission et découvrir comment la force de l'Evangile peut pénétrer et
régénérer les mentalités et les valeurs dominantes qui inspirent chacune des
cultures ainsi que les opinions et les attitudes qui en découlent " (JEAN-PAUL II, au Conseil Pontifical pour la Culture, 13 janvier 1989, n.
2: AAS 81 (1989), pp. 857-858).
C'est avec une très vive espérance que j'adresse ce Document à tous les
hommes et à toutes les femmes engagés, de différentes façons, dans la haute
mission de l'enseignement supérieur catholique.
Très chers frères et sœurs, que mon encouragement et ma confiance vous
accompagnent dans votre grave travail quotidien, toujours plus important,
urgent et nécessaire à la cause de l'évangélisation, pour l'avenir de la
culture et des cultures. L'Église et le monde ont grand besoin de votre
témoignage et de votre contribution compétente, libre et responsable.
Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, en la solennité de l'Assomption au
ciel de la Très Sainte Vierge Marie, le 15 août 1990, en la douzième année
de mon Pontificat.
Joannes Paulus PP II
Ex Corde Ecclesiae (15 août 1990)
Les versions suivantes sont disponible sur le site du
Vatican :
►
[Allemand,
Anglais,
Espagnol,
Italien,
Latin,
Portugais]
Notes de la deuxième partie
:
32 (Cf. JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique
Sollicitudo
rei socialis, nn. 27-34: AAS 80 (1988), pp. 547-560.
33 PAUL VI, Lettre Encyclique
Populorum Progressio n. 1: AAS 59 (1967), p. 257.
34 " Ces centres d'études supérieurs s'étant si heureusement propagés, il
est apparu extrêmement utile qu'enseignants et étudiants s'unissent en une
même association, qui, s'appuyant sur l'autorité du Souverain Pontife, comme
père et docteur universel et travaillant d'un commun accord en étroite
collaboration, pourrait répandre et étendre plus efficacement la lumière du
Christ ". Lettre Apostolique Catholicas studiorum universitates, qui
constitua la Fédération Internationale des Universités Catholiques: AAS 42
(1950), p. 386).
35 Le Code de Droit Canon indique la responsabilité générale de l'évêque
envers les étudiants universitaires: " L'Évêque diocésain aura une vive
sollicitude pastorale pour les étudiants, même en érigeant une paroisse ou du
moins en affectant des prêtres de façon stable pour cette tâche, et il
veillera à ce qu'auprès des universités même non catholiques, il y ait des
centres universitaires catholiques qui offrent à la jeunesse une aide
surtout spirituelle ". (CODE
DE DROIT CANONIQUE, can. 813).
36 " L'Église, qui a connu au cours des temps des conditions d'existence
variées, a utilisé les ressources des diverses cultures pour répandre et
exposer par sa prédication le message du Christ à toutes les nations, pour
mieux le découvrir et mieux l'approfondir, pour l'exprimer plus parfaitement
dans la célébration liturgique comme dans la vie multiforme de la communauté
des fidèles " (Gaudium et
Spes, n. 58: AAS 58 [1966], p. 1079).
37 PAUL VI, Exhortation Apostolique
Evangelii
Nuntiandi, n. 20: AAS 68 (1976), p. 18. Cf.
Gaudium et
Spes,
n. 58: AAS 58 (1966), p. 1079.
38 JEAN-PAUL II, Discours aux intellectuels, aux étudiants et au personnel
universitaire à Medellin, en Colombie, 5 juillet 1986, n. 3: AAS 79 (1987),
p. 99. Cf. aussi
Gaudium et
Spes, n. 58: AAS 58 (1966), p. 1079.
39 PAUL VI, aux Délégués de la Fédération Internationale des Universités
Catholiques, 27 novembre 1972: AAS 64 (1972), p. 770.
40 Evangelii
Nuntiandi, nn. 18 suiv.: AAS 68 (1976), pp. 17-18.
41 PAUL VI, Discours aux Présidents et aux Recteurs des Universités de la
Compagnie de Jésus, 6 août 1975, n. 2: AAS 67 (1975), p. 533. S'adressant
aux participants du Congrès International sur les Universités Catholiques,
le 25 avril 1989, j'ajoutais (n. 5): " Dans une Université catholique, la
mission évangélisatrice de l'Église et la mission de recherche et
d'enseignement finissent par être liées et coordonnées ". Cf. AAS 81 (1989),
p. 1220.
42 Cf. en particulier le chapitre du Code: " Les Universités catholiques et
les autres Instituts d'Études supérieures " (CIC, can. 807-814).
43 Les Conférences épiscopales ont été constituées dans le rite latin.
D'autres rites possèdent d'autres Assemblées de la Hiérarchie catholique.
44 Cf. CIC, can. 455, § 2.
45 Cf. Sapientia Christiana: AAS 71 (1979), pp. 469-521. Les Universités et
Facultés ecclésiastiques sont celles qui ont le droit de conférer
de".diplômes académiques par autorité du Saint-Siège.
46 Cf.
Dignitatis Humanae, n. 2: AAS 58 (1966), pp. 930-931.
47 Cf.
Gaudium et
Spes,
nn. 57 et 59: AAS 58 (1966), pp. 1077-1080;
Gravissimum educationis, n. 10: AAS 58 (1966), p. 737.
48 Aussi bien la constitution d'une telle Université que les conditions
auxquelles elle peut être considérée comme une Université catholique devront
être conformes aux indications précises fournies par le Saint-Siège, par la
conférence épiscopale ou par une autre Assemblée de la Hiérarchie
catholique.
49 Le canon 810 du
CIC spécifie la responsabilité de l'Autorité compétente
en la matière: " § 1. L'autorité compétente selon les statuts a le devoir de
veiller à ce que soient nommés dans les universités catholiques des
enseignants qui, outre leur capacité scientifique et pédagogique, se
distinguent par l'intégrité de la doctrine et la probité de leur vie, et à
ce qu'ils soient écartés de leur charge si ces conditions viennent à
manquer, en respectant la procédure définie par les statuts. § 2. Les
conférences des Évêques et les Évêques diocésains concernés ont le devoir et
le droit de veiller à ce que dans ces universités les principes de la
doctrine catholique soient fidèlement gardés". Cf. aussi infra l'article 5,2
.
50 Lumen
Gentium, n. 25: AAS 57 (1965), p. 29; Concile Vatican II, Constitution
dogmatique sur la Révélation divine
Dei Verbum, nn. 8-10: AAS 58 (1966), pp. 820-822; Cf. CIC, can. 812.
51 Cf. CIC, can. 811, § 2.
52 Pour les Universités, en vertu de l'article 3, §§ 1 et 2, ces procédures
doivent être établies dans les Statuts approuvés par l'Autorité
ecclésiastique. Pour les autres Universités catholiques, elles seront
déterminées par les conférences épiscopales ou par les autres Assemblées de
la Hiérarchie catholique.
53 Cf. CIC, can. 820. Cf. aussi Sapientia Christiana, Ordinationes, art. 49:
AAS 71 (1979), p. 512.
54 JEAN-PAUL II, au Conseil Pontifical pour la Culture, 13 janvier 1989, n.
2: AAS 81 (1989), pp. 857-858.
Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
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