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Le père Boulad célèbre "l'heureuse faute" de Benoît XVI sur l'islam
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Le Caire, le 02 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Le père Boulad célèbre "l'heureuse faute" de Benoît
XVI sur l'islam. Recteur des collèges jésuites du Caire, le père
Henri Boulad, estime le temps venu de "la clarté, de la sortie de l'ambiguité"
avec l'islam "face à la poussée de l'intégrisme musulman".
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Le père Henri Boulad, Recteur des collèges jésuites du Caire
Le père Boulad
célèbre "l'heureuse faute" de Benoît XVI sur l'islam
Recteur des collèges jésuites du Caire, le père Henri
Boulad, estime le temps venu de "la clarté, de la
sortie de l'ambiguité" avec l'islam "face à la poussée de
l'intégrisme musulman".
Ce catholique égyptien, né à Alexandrie en
1931, considère que le propos de Benoît XVI sur l'islam pour "malheureux et
regrettable" qu'il soit, n'était pas "pur hasard" et pourrait inaugurer "un
dialogue plus vrai et franc".
"Si faute il y a eu de la part du Pape
Benoît XVI, elle pourrait être heureuse: c'est une felix culpa", dit le père
Boulad à l'AFP, en reprenant l'expression de Saint Augustin sur le caractère
salvateur du péché originel.
Dans son modeste bureau du collège de la
Sainte Famille, dans le quartier de Fagallah, creuset de l'élite cairote
depuis plus d'un siècle, il estime aujourd'hui que "nous ne sommes qu'au
commencement de l'épreuve".
Pour lui, l'islamisme "reflète
l'essence même d'un islam figé, comme un poussin dans un oeuf. C'est un type
de totalitarisme de la pensée".
Le souverain pontife,
citant un empereur byzantin du XIVème siècle, avait dans un discours le 12
septembre évoqué un lien entre islam et violence, et soulevé le problème du
rapport entre foi musulmane et raison. (►Tous
les articles concernant la "controverse" de Ratisbonne)
"Il n'avait pas besoin de cette référence, mais elle reflète bien sa
volonté de clarifier ce qui sépare l'islam et le christianisme sur ces
questions fondamentales", a-t-il dit le père Boulad.
Benoît XVI,
enchaîne-t-il, "connaît assez bien" la théologie musulmane "pour dire que
l'islam est indissociable de la politique et d'un projet global de société".
Quant aux réactions virulentes dans les pays musulmans, le père Boulad
les estime "compréhensibles bien que souvent irraisonnées et parfois
violentes". "le propos du Pape obligera chacun à sortir ce qu'il a sur le
coeur, sans faux-semblants", dit-il.
Et ainsi, affirme-t-il, "quand
on dit que l'islam est une religion de tolérance, j'en attends les preuves,
et constate surtout que dans les 57 pays à majorité musulmane, il n'y a pas
de liberté religieuse".
Un musulman ne peut pas devenir
librement chrétien en Egypte, pays de 72 millions d'habitants, où la
minorité chrétienne est de 10 %, (6 millions de coptes orthodoxes, 200.000
catholiques et 200.000 protestants).
"Si c'est le cas, l'alternative
est la clandestinité totale ou l'exil, alors qu'un chrétien qui épouse une
musulmane est forcée de se convertir à l'islam", souligne-t-il.
"Cela
le pape Benoît XVI le sait : il est très lucide, et sans illusions sur la
réciprocité religieuse, ou plutôt son absence", affirme ce catholique
égyptien, ancien vice-président de l'organisation Caritas dans le monde
arabe.
Pour le père Boulad, le "courant massif est celui de
l'islamisation de la société". "On voile les filles de plus en plus jeunes,
et la poussée de l'intégrisme se poursuit, avec une radicalisation des
esprits", dit-il, notant que la chariah, la loi islamique, est considérée
source de la loi dans la constitution.
Il y a, dit-il, une
"schizophrénie musulmane", à l'égard de la femme, "objet de convoitise et
d'interdit". "La sexualité est un problème central", pense ce prêtre qui a
étudié au Liban, en France et aux Etats-Unis.
En Egypte, estime ce
spécialiste de Teilhard de Chardin, "on retrouve chez les musulmans, comme
chez les chrétiens (coptes orthodoxes) une absence de pensée de critique, et
l'attirance pour le fondamentalisme".
Le père Boulad ne se dit pas
sans espoir. "L'Islam est-il réformable ? c'est toute la question, et je
souhaite de tout coeur qu'il s'adapte à une époque pluraliste dans des Etats
où le temporel et le spirituel sont séparés".
"Aujourd'hui", d'après
lui, "le monde arabe s'est emparé du modernisme, c'est-à-dire l'écorce de la
modernité, avec ses techniques et produits, mais il ne pourra indéfiniment
résister à la modernité, qui passe par la pensée
critique".
REPERES:
Ce n’est point un défi politique qu’a lancé Benoît XVI,
et pas davantage une provocation gratuite. C’est une réflexion sérieuse et
fraternelle, qui, accueillie avec calme et sérénité, peut nous aider à voir
plus clair dans les causes de notre enlisement: ►
Le projet proposé par Benoît XVI
Sources: La Croix
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 02.10.2006 - BENOÎT XVI |