Interview de Mgr Fellay : "Pressions sur
le Saint-Siège contre nous"
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Le 01 août 2009 -
(E.S.M.)
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Une interview sur tous les sujets que Mgr Bernard Fellay, supérieur des
lefebvristes, concède à Apcom, dans la maison-mère de la Fraternité
Saint-Pie X à Menzingen, dans la province de Zoug (près de Zurich), un des
26 cantons de la Suisse. (benoit-et-moi)
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Mgr Fellay -
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Interview de Mgr Fellay : "Pressions sur
le Saint-Siège contre nous"
Avant les entretiens avec le Vatican, prévus pour l'automne prochain, à Rome
Le 01 août 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Le début des entretiens avec le Vatican en automne, une forte critique
contre les juifs (« qu'ils nous laissent en paix »), et l'impression que la
communauté juive conditionne lourdement le Saint-Siège. Et aussi : le
concile sur le point d'être « surmonté » et l'espoir d'avoir bientôt
une « prélature » ; les divisions qui existent aussi au sein de
l'Église de Rome et l'annonce que Mgr Richard Williamson ne sera pas
expulsé. Sans oublier les attaques contre l'Osservatore Romano, qui ne doit
pas s'occuper de thèmes comme Michael Jackson, Calvin ou Harry Potter, à
côté d'une impression très positive du Pape Benoît XVI, « personne intègre
et attentive au bien de l'Église ».
Une interview sur tous les sujets que Mgr Bernard Fellay, supérieur des
lefebvristes, concède à Apcom, dans la maison-mère de la Fraternité
Saint-Pie X à Menzingen, dans la province de Zoug (près de Zurich), un des
26 cantons de la Suisse.
Entièrement plongée dans le vert de la campagne suisse, entre les vaches et
le son des cloches de l'église, le quartier général des lefebvristes se
présente avec le panneau : « Priester Bruderschaft St. Pius X -
Generalhaus ». Dans la pièce où reçoit Mgr Fellay, une photo de Marcel
Lefebvre et une du Pape. « Bien sûr, il y a aussi la photo du Pape, nous
sommes catholiques nous aussi », s'exclame le supérieur devant notre
surprise de voir une image du Pontife.
Question: Le Pape se trouve au Val d'Aoste pour passer
une période de repos. Vous vous trouvez à deux pas de chez lui. Avez-vous eu
quelque contact, ou y a t'il a eu une quelconque liaison entre son entourage
et vous ?
Réponse : Non, absolument non. Il n'y a pas eu de contact. Pendant les
vacances, nous devons laisser le Pape en paix. Les choses se poursuivent
avec le Vatican, avec les personnes responsables des entretiens. Mais nous
n'avons pas dérangé le Pape. Ce sont ses vacances.
Q : Mgr Fellay, est-il prévu que vous vous rendiez à
Rome prochainement ? Le début des entretiens a t'il été fixé ? Et avez-vous
déjà pensé à la composition de votre commission ? Combien de personnes ?
R : Aucune date n'a encore été fixée pour le dialogue, mais nous pouvons
présumer qu'il aura lieu en automne. Je viendrai à Rome à ce moment, mais il
n'y a encore rien de précis. La Commission est déjà formée de 3-4 personnes,
mais nous ne pouvons pas encore fournir les noms, également pour éviter
toute pression.
Q : Considérez-vous qu'au Vatican il y a une
sensibilité excessive vis-à-vis des attentes du monde juif, sur « l'affaire
Williamson » ainsi que sur la prière du vendredi saint ?
R : Oui, je le pense. Je suis moi-même embarrassé - sans parler de ce qui
s'est passé sur l'affaire de Mgr Williamson - lorsque je vois les juifs qui
s'occupent des affaires de l'église catholique. Ce n'est pas leur religion.
Qu'ils nous laissent en paix. Ce sont des questions qui concernent l'église
catholique. Si nous voulons prier pour les juifs, nous prierons pour les
juifs, de la manière que nous voulons. Je ne sais pas si ils prient pour
nous, mais je dirais que c'est leur problème.
Q : Donc, le Pape et le Vatican subissent des
pressions du monde juif ?
R : Certainement. C'est un thème extrêmement délicat, brûlant, et je pense
que nous devons sortir de ce climat qui n'est pas bon. Il y a eu un
malheureux concours d'évènements qui n'aurait jamais dû arriver. Dans ce
contexte, on peut comprendre la colère des juifs, je la comprends et je
déplore ce qui s'est passé.
Q : Dans le motu proprio «
Ecclesiae Unitatem » le Pape
considère que « les questions doctrinales, évidemment, demeurent et jusqu'à
ce qu'elles soient clarifiées, la Fraternité n'a pas de statut canonique
dans l'Église et ses ministres ne peuvent exercer de manière légitime aucun
ministère ». Qu'en pensez-vous ?
R : Je pense qu'il n'y a pas grand-chose de changé. Ce qui a changé, c'est
que cette nouvelle disposition concentrera nos relations sur les questions
doctrinales. Mais ce n'est pas un changement, c'est un processus en route,
que nous avions déjà demandé en 2000 ; nous avançons. Ce qu'écrit le Pape
est dans la ligne du discours habituel de Rome, depuis 76, ce n'est donc pas
nouveau. Nous avons une position claire que nous défendons depuis longtemps
et que nous maintenons, même si nous sommes en opposition avec cette loi, il
y a des raisons sérieuses qui justifient le fait d'exercer légitimement ce
ministère. Ce sont les circonstances dans lesquelles se trouve l'église que
nous appelons « état de nécessité ».
Par exemple lorsqu'une grande catastrophe frappe un pays, la structure
ordinaire est mise hors d'usage, le système se retrouve en crise, et alors
tous ceux qui le peuvent apportent leur aide. Et donc ce n'est pas notre
volonté personnelle, mais le besoin des fidèles qui nécessite l'aide de tous
ceux qui peuvent aider.
Et cet état de nécessité est suffisamment généralisé dans l'Eglise - il y a
certainement quelques exceptions - pour pouvoir assurer, consciemment,
l'exercice légitime de l'apostolat
Q : Quel statut juridique souhaitez-vous pour la
Fraternité Saint-Pie X ? Une prélature, une société de vie apostolique,
autre chose ?
R : Cela dépendra évidemment de Rome, qui est l'autorité qui décide de cette
structure. Leur perspective est la volonté de respecter au maximum la
réalité concrète que nous représentons. Mon espoir est que nous serons
suffisamment protégés dans l'exercice de l'apostolat pour pouvoir faire du
bien, sans être empêchés dans l'action par des raisons juridiques. Le
souhait est une prélature, même si je n'ai pas de préférence. Sur le timing
je ne peux pas m'exprimer, tout dépend de Rome.
Q : Pour Williamson, le Concile Vatican II est un
gâteau empoisonné qui doit être jetée à la poubelle, pour Tissier de
Mallerais, le Concile doit être annulé, et pour Alfonso de Gallareta il n'y
a pas grand chose à sauver du Concile; y a t'il une scission au sein de la
Fraternité Saint-Pie X ? Comment pensez-vous la résoudre ? Le Vatican
soutient qu'à l'intérieur de la Fraternité, il y a des divisions.
R : Je me permets de dire que je ne vois pas non plus d'union au Vatican. Le
problème dans l'Eglise d'aujourd'hui ne vient pas de nous. Nous devenons un
problème seulement parce que nous disons qu'il y a un problème. En outre,
même si nous pouvons avoir l'impression de déclarations opposées ou même
contradictoires, il n'y a pas de fracture interne chez nous. Par exemple sur
le Concile, nous pouvons dire que presque tout est à rejeter. Mais d'un
autre côté, nous pouvons dire qu'on peut essayer de sauver ce qui peut
l'être. Mais nous ne pourrons jamais dire tous la même chose. Le Concile est
un mélange: il y a du bon et du mauvais. Le Pape aussi lorsqu'il soutient
qu'il faut une herméneutique de la continuité, qu'il ne il faut pas une
rupture, refuse le Concile interprété comme rupture.
Q : Mgr Williamson est-il un problème ?
R : Il est un problème totalement marginal. Ce qu'il a dit n'a rien à voir
avec la crise de l'église, avec le problème de fond que nous traitons 30 ans
après le Concile, c'est une question historique. La question de savoir
combien et comment les juifs sont morts n'est une question de foi, même pas
une question religieuse, c'est une question historique. Évidemment je suis
convaincu qu'il n'a pas traité ce thème comme il aurait dû et je prends mes
distances. Mais sur les positions religieuses de la Fraternité par rapport
au Concile je ne vois pas pas de problèmes avec Williamson.
Q : Williamson dit que le Concile est un "gâteau
empoisonné à jeter à la poubelle". Cela ne vous semble t'il pas une
phrase un peu forte ? Etes-vous d'accord ?
R : C'est une phrase polémique, mais je ne la condamne pas. Beaucoup de
déclarations aujourd'hui sont faites sur le mode polémique, c'est une
provocation pour tenter de faire réfléchir les gens. J'exprimerais le
concept différemment, mais je ne sais pas si je ne suis pas d'accord. Si
j'exprimais le concept autrement, je dirais que nous devons dépasser le
Concile pour revenir à ce que l'Eglise a toujours enseigné et dont l'Eglise
ne peut pas se séparer et qu'à un moment donné nous devrons dépasser le
Concile qui s'est voulu pastoral et non doctrinal. Qui a voulu s'occuper de
la situation contingente de l'église. Mais les choses changent, et beaucoup
de points du Concile sont déjà dépassées...
Q : L'évêque Williamson avait promis de rester
silencieux et il continue de parler : sera-t-il sanctionné ? S'il continue à
soutenir qu'aucun compromis avec Rome sur le Concile n'est possible, sera
t'il expulsé ?
R : Il n'est pas vrai que Williamson parle souvent. C'est très rare… une
fois il a dit quelque chose… et ensuite nous ne lui avons pas demandé de se
taire sur tout. Le domaine sur lequel nous lui avons demandé le silence
était très limité. Il s'est agi de sa part d'une sortie momentanée. Je la
minimise au maximum… c'est peu de chose… sur le moment, je ne vois aucune
raison d'expulsion. Cela dépend de lui, de la situations dans laquelle il
s'est mis. Pour le moment, il y a un processus en cours, qui a sérieusement
endommagé sa réputation, je n'imagine à présent rien de plus que la
situation dans laquelle il est déjà. Cela dépendra de ce qu'il dira. Il est
déjà suffisamment puni, mis à l'écart, sans aucune charge.
Q : Et sur le Concile, accepterez-vous un compromis
avec Rome ?
R : Nous ne devons faire aucun compromis sur le Concile. Je n'ai nulle
intention de faire un compromis. La vérité ne supporte pas de compromis.
Nous ne voulons pas de compromis, nous demandons la clarté sur le Concile.
Q : Les récentes ordinations de prêtres ont été vus
comme une provocation: ne valait-il pas mieux les éviter, en cet instant
délicat ?
R : Cela n'a pas été une provocation. Plusieurs évêques ont profité de
l'occasion pour crier à la provocation. Mais ni pour Rome ni pour nous cela
n'a été une provocation. C'est comme enlever la respiration à une personne.
Nous sommes une société sacerdotale dont l'objectif est de former des
prêtres. Et donc empêcher l'acte ultime de formation qui est l'ordination
est comme empêcher à quelqu'un de respirer. D'autre part, il a été toujours
prévu et nous avons toujours su qu'en révoquant l'excommunication, on a créé
une situation nouvelle qui est meilleure que la précédent mais pas parfaite.
Il est donc normal de poursuivre nos activités, et donc aussi les
ordinations.
Q: L'Osservatore Romano a parlé de Calvin, Michael
Jackson, Harry Potter, Oscar Wilde. Qu'en pensez-vous?
R: Je me pose la question: est-ce vraiment le rôle de l'Osservatore Romano
de s'occuper de ces choses? C'est la première question. Et la seconde est:
ce qu'ils disent sur ces gens, est-ce vraiment la chose juste? J'ai un
regard plutôt critique sur ces présentations.
Q: Pensez-vous qu'avec ce Pape, on puisse finalement arriver à une
conclusion, dans cette vieille question des lefebvristes?
R: Je crois qu'il y a certainement un bon espoir. ... Il y a 40 ans que nous
sommes dans cette situation, et pas pour des questions personnelles, mais
vraiment pour des choses sérieuses qui touchent la foi et le futur de
l'Eglise. Nous voyons certainement chez le Pape une volonté authentique
d'aller au fond du problème, et cela, nous l'accueillons avec une grande
satisfaction. Nous prions, et nous espérons qu'avec la grâce du Bon Dieu,
nous arriverons à quelque chose de bon pour l'Eglise et pour nous..
Q: Que pensez-vous de Benoît XVI?
R: C'est une personne intègre, qui prend très au sérieux la situation et la
vie de l'Eglise.
Menzingen, 31 juillet
Texte en italien:
Raffaella.
© Copyright
Apcom
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Lettre ouverte à Mgr Fellay
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.08.09 -
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