Lettre ouverte à Mgr Fellay |
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Le 28 juillet 2009 -
(E.S.M.)
- Le père Scalese s'adresse à Mgr Fellay, parce que les
préparatifs des entretiens doctrinaux avec le Saint-Siège sont
en cours et finalement accordés par le Pape Benoît XVI, avec la
rémission de l'excommunication. (benoit-et-moi)
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Le pape Benoît XVI
bénit les prêtres de la FSSP
Lettre ouverte à Mgr Fellay
La lettre du Père Scalese
Excellence Révérendissime,
Je ne sais pas si cette « lettre ouverte » arrivera jamais entre Vos
mains. Je la confie aux anges, afin qu'ils vous la remettent
personnellement. Une autre fois déjà, j'avais écrit un article en ayant en
tête votre Fraternité ; je l'ai publié sur
ce blog
(ce fut mon premier post), et il arriva
miraculeusement à destination : il fut repris par vos sites et défini comme
« très intéressant » (ndt: il est traduit en
français ici:
L'interprétation du Concile).
Cette fois, je m'adresse à vous, parce que je sais que les préparatifs des
entretiens doctrinaux avec le Saint-Siège sont en cours, depuis longtemps
réclamés par vous, et finalement accordés par le Pape Benoît XVI, avec la
rémission de l'excommunication. À ce que je crois, Vous êtes déjà allé à
Rome pour prendre les premiers contacts avec la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi.
Personnellement, j'ai toujours été d'avis qui il n'y avait pas besoin d'«
entretiens » pour la réadmission dans la communion de l'Église catholique.
L'unique chose nécessaire, à mon avis, devrait être la profession de foi
prévue par le droit canon. Dès lors que nous partageons la même foi, nous
devrions être en pleine communion. Sur le reste, qui n'est pas compris dans
cette profession de foi, je considère qu'il est toujours possible de
discuter librement, mais en étant à l'intérieur, pas à l'extérieur de
l'Église. L'acceptation du Concile, qui s'est lui-même défini « pastoral »,
ne devrait pas, selon moi, être une condition pour la réadmission dans la
communion ecclésiastique. Je suis d'accord qu'une réflexion sur la valeur et
l'interprétation de Vatican II est plus que jamais urgente ; mais il ne me
semble pas qu'elle doive être objet d'une négociation entre le Saint Siège
et la Fraternité Saint-Pie X ; cela me semble plutôt être un problème qui
concerne l'Église tout entière. C'est pour cette raison que j'ai proposé à
plusieurs reprises dans ce blog que le prochain Synode des Évêques soit
consacré à l'interprétation du Concile.
Mais peu importe ce que je pense: à ce qui semble, tant de votre côté que de
celui du Siège Apostolique, une clarification sur Vatican II est considérée
comme une condition préalable à tout autre type d'accord. D'où la nécessité
d'« entretiens doctrinaux ». Eh bien, puisque ces entretiens doctrinaux
auront bien lieu, permettez que je vous donne quelques conseils. Non que je
prétende en savoir plus que Vous, mais seulement pour vous exprimer, dans un
esprit de charité fraternelle, ce que je ressens en cet instant délicat.
Avant tout, lorsque vous viendrez à Rome pour discuter avec la CDF, ne venez
pas dans les habits de celui qui conteste ou, pire, qui refuse le Concile.
Cela signifierait la faillite immédiate de tout dialogue. Venez plutôt comme
quelqu'un qui accepte Vatican II pour ce qu'il a voulu être, et a
effectivement été, c'est-à-dire un concile pastoral. Dites aussi au Cardinal
Levada que l'unique chose que vous refusez - et sur ce point nous sommes
tous d'accord - c'est l'absolutisation et l'idéologisation du Concile, et
pas le Concile en tant que tel. Dites-lui aussi que vous trouvez dans les
documents de Vatican II quelques textes ambigus. Là aussi, le Cardinal
Levada devrait en convenir avec Vous. Paul VI lui-même trouva ambigu le
traitement de la collégialité épiscopale selon Lumen gentium, au point qu'ii
éprouva le besoin d'annexer à cette constitution une « Nota praevia ».
Ajoutez que, puisqu'il y a des ambiguïtés dans les textes conciliaires, une
œuvre d'interprétation est rendue nécessaire. Mais, je vous en prie, ne vous
présentez pas avec la prétention d'être, Vous ou Votre Fraternité, parmi les
interprètes du Concile, ceux qui font autorité. Demandez plutôt que ce soit
le Siège Apostolique qui donne une interprétation authentique des passages
les plus obscurs. Cela a déjà été fait (la « Nota praevia » ; l'explication
de sens de l'expression « subsistit in »), mais beaucoup reste encore à
faire. Le critère général de cette interprétation a été déjà indiqué par
Benoît XVI dans le discours à la Curie Romaine du 22 décembre 2005 :
l'herméneutique de la réforme en opposition à l'herméneutique de la
discontinuité et de la rupture. Et dites-lui que, sur ce point, non
seulement vous êtes pleinement d'accord avec le Saint-Père, mais vous voulez
vous mettre à sa complète disposition pour l'aider dans cette œuvre de
relecture du Concile dans le sillage de la tradition ininterrompue de
l'Église.
Excellence Révérendissime, je suis sûr que sur ce que j'ai écrit jusque là,
nous sommes dans une large mesure d'accord. Il me semble le percevoir par le
ton de Vos dernières interventions, beaucoup plus conciliant et ouvert
qu'avant. Mais je sais aussi que vous devez tenir compte, à l'intérieur de
la Fraternité, de positions plus maximalistes, qui vous mettent en garde
d'être trop conciliant vis-à-vis du Saint-Siège. À mon modeste avis, vous
devriez faire comprendre à Vos confrères qu'ils n'ont rien à gagner, en ce
moment, à se raidir sur des positions intransigeantes. Le Saint-Père a déjà
fait beaucoup de pas vers vous ; maintenant c'est à vous de faire quelques
pas vers lui.
Cela ne signifie pas céder sur vos principes ; parce que, si vraiment vous
avez à cœur le sort de l'Église, il n'y a pas d'endroit meilleur, pour faire
valoir ces principes, que l'Église elle-même. En restant dehors, vous
laisserez l'Église à la merci de ces forces destructives qui l'amènent peu à
peu à la ruine. Tant que vous continuerez à refuser le Concile, ces forces
auront beau jeu de dire: « Vous voyez? Ils sont hors de l'Église, parce
qu'ils refusent le Concile ; nous sommes la vraie Église, parce que nous
acceptons, défendons et réalisons le Concile ». Si vous aussi acceptez le
Concile, ils en resteront déconcertés ; et là, on verra bien qui est
vraiment catholique et qui ne l'est pas ; celui qui interprète le Concile à
la lumière de la tradition et celui qui l'interprète idéologiquement, en
appelant à son prétendu « esprit ».
Cela ne signifie pas non plus trahir l'héritage de Mgr Lefebvre. Vous savez
mieux de moi que votre Fondateur participa au Concile, en donnant une
contribution considérable aux discussions et à l'élaboration de ses
documents, qu'il approuva et signa dans leur totalité. Comment cela peut-il
être? Ne se rendait-il pas compte des ambiguïtés qu'ils contenaient ?
Évidemment, il espérait qu'on pouvait en donner une interprétation
orthodoxe. Ce fut seulement lorsqu'il vit que l'interprétation et
l'application du Concile était devenues le monopole des modernistes qu'il
raidit ses positions. Je suis convaincu que, s'il avait vu qu'il y avait de
la place dans l'Église pour continuer ses luttes de l'intérieur, il ne
serait jamais arrivé à une rupture avec le Siège Apostolique. Maintenant que
cet espace existe, et que c'est le Souverain Pontife lui-même qui vous
l'offre, il me semblerait choquant de ne pas exploiter cette occasion
unique. Il s'agit de choisir de rester dans le sein de l'Église et de là, y
accomplir un rôle, certes difficile, mais précieux pour la sauvegarde de la
tradition et de la revitalisation de l'Église même; ou bien préférer rester
en marge, ou même hors de l'Église, avec le risque de se transformer en
sarment séparé de la vigne, destiné à se dessécher.
Excellence, pardonnez-moi si je me suis permis d'intervenir sur des
questions si délicates. Je peux vous assurer que, de mon côté, il n'y a ni
prétention ni intérêt d'aucune sorte, il y a seulement le désir de voir le
rétablissement de la pleine communion dans l'Église. L'Église a besoin de
vous et vous avez besoin de l'Église.
Je saisis l'occasion pour me réaffirmer, de Votre Excellence Révérendissime,
le très dévoué
Giovanni Scalese, CRSP (*)
(*) Clerc Régulier de Saint-Paul
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.07.09 -
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