Jean-Paul II "débiteur de Marie" |
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Rome, le 01 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Une offrande à Marie qui avait
traversé la biographie personnelle de Wojtyla, à commencer par les jours
lointains à Cracovie, et qui aurait atteint son paroxysme en ce terrible
13 mai 1981, au moment de l'attentat survenu au jour et à l'heure
auxquels Notre Dame était apparue à Fatima, 64 ans auparavant.
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Jean-Paul II à Jasna
Gora en Pologne -
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Jean-Paul II "débiteur de Marie"
Le jeune séminariste clandestin qui travaillait à la Solvay de Cracovie
portait toujours avec lui un livret. Il s'agissait du "Traité
de la vraie dévotion" à Marie que le saint français Louis-Marie
Grignion de Montfort avait écrit aux environs de 1712 et qui avait été
publié seulement plus d'un siècle après, en 1843. Voilà comment ce jeune
ouvrier, Karol Wojtyta, évoquait ce souvenir en dialoguant avec l'écrivain
et journaliste français André Frossard: « La lecture de ce livre a marqué
dans ma vie un tournant décisif... Je me rappelle l'avoir porté longtemps
sur moi, même à l'usine de soude, si bien que sa belle couverture était
tachée de chaux. Je revenais sans cesse et tour à tour sur certains
passages. Je me suis aperçu bien vite qu'au-delà de la forme baroque du
livre, il s'agissait de quelque chose de fondamental ».
C'est sur ce « fondement » que s'élèvera dans la vie du futur Pape la figure
de Marie. Cette devise qui - dérogeant aux normes de l'héraldique elle-même
— sera reprise dans ses armes épiscopales. Totus Tuus avait en effet son
origine dans le livret qu'à cette époque ce jeune homme serrait sur son
coeur, lisait et relisait. Là, en effet, au paragraphe 216, se rencontre la
formule Tuus Totus que ce même Souverain Pontife, parlant en 1987 aux
Chartreux, rappellera avoir été repris par Montfort d'un texte, oeuvre du
chartreux médiéval Giovanni Lan-spergio. Jean-Paul II reconnaîtra par la
suite dans son livre "Passer le seuil de l'espérance": « Grâce à saint
Louis-Marie Grignion de Montfort, je compris que la véritable dévotion à la
Mère de Dieu est christocentrique et se trouve profondément enracinée dans
le mystère trinitaire de Dieu et dans les mystères de l'Incarnation et de la
Rédemption ».
Le Pape poursuivait, retrouvant le fil rouge qui aurait parcouru également
son magistère: « Je redécouvris avec une conscience nouvelle la piété
maria-le et cette forme mûre de dévotion à la Mère de Dieu m'a accompagné au
cours des années: ses fruits sont "Redemptoris
Mater" et "Mulieris
Dignitatem" ». Ainsi apparaissaient deux documents capitaux de son
ministère pastoral. Et si le second document, qui exaltait cette féminité
brillant de manière lumineuse dans la figure de Marie, était presque un
corollaire, l'archétype par excellence, l'encyclique "Redemptoris
Mater", publiée le jour de l'Annonciation
(25 mars) en 1987, constituait justement un texte destiné à
illustrer l'authentique spiritualité mariale, et même, comme il le déclarait
au n° 45, « la dimension mariale de la vie des disciples du Christ ».
Ce n'est pas sans raison que le sous-titre en était: « La Bienheureuse
Vierge Marie dans la vie de l'Eglise pèlerine », recueillant de cette
manière la réflexion ecclésiale contenue dans le chapitre VIII de la
constitution
Lumen Gentium du Concile Vatican II. Toute la trame de cette encyclique,
en effet, était marquée par un cheminement parallèle. D'une part,
l'itinéraire de Marie qui, par étapes, avançait dans la mystérieuse
expérience de la foi, à partir de la contemplation de cet enfant qu'elle
tenait dans ses bras, en passant par le détachement vécu au cours du
ministère public du Christ jusqu'au moment suprême du Calvaire, avec une
nouvelle génération qui aurait fait de Marie, la Mère de l'Église. Un
itinéraire scandé par la suggestive béatitude - la première des Évangiles -
prononcée par Elisabeth vis-à-vis de la Mère du Christ: « Bienheureuse celle
qui a cru ».
D'autre part, l'encyclique dessinait le parcours de l'Église qui avançait
dans l'histoire et dans le monde, suivant sa Mère dans un même amour pour le
Christ et de détachement fécond, inhérent à la foi, au travers d'une
expérience de dévouement y compris dans les temps de silence et de la
souffrance. Telles sont bien sûr les suggestions offertes par ces pages, y
compris à propos des aspects oecuméniques et interreligieux, bien conscient
du fait que Marie « la croyante » a été un emblème cher à Luther lui-même et
exalté par la tradition musulmane
(à partir de la sourate XIX du
Coran). Nous voudrions évoquer maintenant un aspect qui, par
ailleurs, marquera intimement la vie de Jean-Paul II. Il s'agit du thème de
la consécration à Marie, déjà exprimé de manière synthétique dans la devise
Totus Tuus.
En effet, au cours du long pontificat de Karol Wojtyla, il existe une
constante. Le 7 juin et le 8 décembre 1981, dans la Basilique romaine de Ste
Marie Majeure, il avait confié l'Église et le monde entier à la Vierge. Ce
geste avait été répété le 13 mai 1982 à Fatima et le 25 mars 1984 dans le
cadre solennel de la Basilique St-Pierre. Mais, encore plus solennel avait
été l'événement du 8 octobre 2000 au cours duquel le Pape, entouré de
centaines d'évêques, à l'occasion du Jubilé, avait remis le monde dans les
mains de la Reine de la Paix parce que « l'humanité
possède aujourd'hui des instruments d'une puissance inouïe: elle peut faire
de ce monde un jardin ou le réduire à un champ de ruines ».
Enfin, presque au seuil de la mort, quand la souffrance marquait déjà son
corps, le 4 mars 2004, au cours d'une audience générale, il avait une
dernière fois, confié à la Mère du Seigneur « l'histoire du monde » pour
qu'« elle révèle, encore une fois, la puissance de l'Amour miséricordieux
de la Rédemption. Qu'elle arrête le mal. Qu'elle transforme les consciences
! Dans ton coeur immaculé se dévoile pour tous la lumière de l'espérance
».
Une offrande à Marie qui avait traversé également la biographie personnelle
de Wojtyla, à commencer par les jours lointains à Cracovie, et qui aurait
atteint son paroxysme en ce terrible 13 mai 1981, au moment de l'attentat
survenu au jour et à l'heure auxquels Notre Dame était apparue à Fatima, 64
ans auparavant. Le 7 octobre suivant, le Pape reconnaissait être « devenu
débiteur de la Sainte Vierge. J'ai senti cette attention et cette protection
maternelle extraordinaire qui s'est démontrée plus forte du projectile
meurtrier ». Le 13 mai 1982, exactement un an après l'attentat, il se
rendait en pèlerinage à Fatima non seulement en signe de remerciement mais
surtout pour un acte renouvelé de totale consécration à Marie.
Les lignes directrices de la dévotion mariale de Jean-Paul II sont
nombreuses mais celle de la confiance sereine et joyeuse en est peut-être le
symbole. Un symbole qui renvoie une fois encore à la foi dans le Fils de
Marie. Parce que la dévotion mariale - ainsi qu'il en avait déjà eu
l'intuition dans sa jeunesse en lisant le « Traité » de Montfort - est
ancrée radicalement dans le Christ. Dans la même encyclique "Redemptoris
Mater", citant le livre en question, le Pape rappelait «
la consécration au Christ par les mains de Marie comme
moyen efficace de vivre fidèlement les promesses du baptême »
(n° 48). Et, avec tous les
chrétiens, il progressait dans le pèlerinage de la foi en chantant à la Mère
du Seigneur une invocation liturgique qui lui était chère, qu'il citait et
commentait dans l'encyclique:
«Sainte Mère du
Rédempteur, porte du ciel,
toujours ouverte, étoile de la mer,
viens au secours du peuple qui tombe et qui
cherche à se relever.
Tu as enfanté, à l'émerveillement de la nature,
celui qui t'a créée !».
Mgr. Gianf'ranco Ravasi
Préfet de la Bibliothèque
ambroisienne
Béatification de Jean-Paul II - Texte de la prière pour demander des grâces
Cause de béatification de Jean-Paul II
Sources:
www.vatican.va
- Totus Tuus -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.07.2007 -
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