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19 Avril 2005
 

Synode des évêques d'Afrique : Interventions in scriptis des auditeurs et auditrices

 

Le 15 octobre  2009  - (E.S.M.) - Nous publions, ci-dessous, le résumé des interventions que les Auditeurs et Auditrices ont remis par écrit et qui n’ont pas été prononcés en Salle:

Synode des évêques d'Afrique : Interventions in scriptis des auditeurs et auditrices

Le 15 octobre 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Les Auditeurs et Auditrices suivants ont remis une intervention écrite:

Interventions in scriptis des pères synodaux

- M. Ngon-Ka-Ningueyo (François) MADJADOUM, Directeur du Secours Catholique et Développement [SE.CA.DEV.] (TCHAD)
- Mme Marie-Madeleine KALALA NGOY MONGI, Avocate, Ministre Honoraire des Droits Humains (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- Soeur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, Secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (C.E.N.C.O.), et de l'Association des Conférences Épiscopales de l'Afrique Centrale (A.C.E.A.C.), Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- M. Victor M. SCHEFFERS, Secrétaire Général de la Commission Justice et Paix des Pays-Bas, La Haye (PAYS-BAS)
- Soeur Bernadette MASEKAMELA, C.S., Supérieure Générale des Soeurs du Calvarire (BOTSWANA)
- Prof. Gustave LUNJIWIRE-NTAKO-NNANVUME, Secrétaire international du Mouvement d’Action Catholique Xavéri (M.A.C. Xavéri), Responsable chargé du laïcat dans la Région de Kivu, (République Démocratique du Congo) (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- M. Kpakile FÉLÉMOU, Directeur du Centre DREAM, Conakry (GUINÉE)
- Mme Rose BUSINGYE, Fondatrice et Présidente du Meeting Point International, Kampala (OUGANDA)
- Mme Axelle FISCHER, Secrétaire Générale de la Commission “Justice et Paix”, Bruxelles (BELGIQUE)
- M. Christophe HABIYAMBERE, Président de "Fidesco", Kigali (RWANDA)
- Soeur Mary Anne Felicitas KATITI, L.M.S.I., Mère Provinciale de la Congregation des Petites Servantes de Marie Immaculée (ZAMBIE)
- Soeur Bédour Antoun (Irini) SHENOUDA, N.D.A., Mère Provinciale des Soeurs de Notre Dame des Apôtres, Le Caire (ÉGYPTE)
- Soeur Cecilia MKHONTO, S.S.B., Supérieure Général des Soeurs de Sainte Brigitte (AFRIQUE DU SUD)
- M. Maged MOUSSA YANNY, Directeur Exécutif de l'Association de Haute Égypte pour l'Education et le Dévelopment (ÉGYPTE)
- M. Orochi Samuel ORACH, Secrétaire Executif adjoint du "Uganda Catholic Medical Bureau", Kampala (OUGANDA)
- M. Emmanuel Habuka BOMBANDE, Directeur Exécutif du "West Africa Network for Peacebulding" (W.A.N.E.P.) (GHANA)
- M. Jules Adachédé HOUNKPONOU, Secrétaire Général de la "Coordination Internationale des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes" [C.I.J.O.C.] (BÉNIN)
- M. l'Abbé Joaquín ALLIENDE, Président de l'Association internationale "Kirche in Not", Allemagne (CHILI)
- M. Munshya CHIBILO, Chef du project d'adoption à distance de l'Association Communauté Jean XXIII (ZAMBIE)
- M. Augustine OKAFOR, Spécialiste en administration publique (NIGÉRIA)


Nous publions, ci-dessous, le résumé des interventions que les Auditeurs et Auditrices ont remis par écrit et qui n’ont pas été prononcés en Salle:

- M. Ngon-Ka-Ningueyo (François) MADJADOUM, Directeur du Secours Catholique et Développement [SE.CA.DEV.] (TCHAD)

Suite au conflit du Darfour, les réfugiés soudanais ont afflué à l’Est du Tchad à partir de 2003. Aux réfugiés qui sont près de 250 000, s’ajoutent plus de 1 500 000 têtes de bétail. Cette arrivée massive a accentué la pression sur les ressources naturelles.
Le SECADEV (Secours Catholique et Développement) gère trois camps de réfugiés: Kounoungou, Milé et Farchana qui habritent actuellement 55 000 personnes. coordonne l’assistance humanitaire, s’occupe de la mise en place des abris et infrastructures, de la distribution des vivres et du matériel, de l’approvisionnement en eau potable, de l’hygiène, de l’assainissement et de l’environnement.
La cohabitation pacifique entre les réfugiés et les populations d’accueil est lié au fait que les réfugiés et les populations d’accueil sont du même groupe ethnique. La seule question qui trouble ces bonnes relations de cohabitation est la question foncière.
Le SECADEV est une Caritas qui a pour mission de secourir d’abord et de “mettre debout” ensuite. Assez rapidement, avec le financement du réseau, Caritas a relancé les activités agricoles et d’élevage au niveau de quelques villages.
S’agissant des conflits autour de la paille, du bois de chauffe ou des terres, et des agressions aux femmes qui vont chercher du bois; le refus de donner des terres à cultiver aux réfugiés, etc.
Les alternatives suivantes ont été mises en place: une formation spécifique est donnée aux animatrices du secteur socio-communautaire pour suivre, accompagner les femmes victimes des agressions.
Le SECADEV fait ce qu’il peut pour “la mission de servir la paix”, il fait le service de la société sans distinction d’ethnie, de religion ni de nationalité: tous les hommes sont créés à l’image de Dieu et son devoir est de secourir celui qui est dans la détresse.
Le SECADEV travaille dans un milieu où l’islam est dominant, plus de 90% de la population, et donc son action est une forme de dialogue avec l’islam. Il est reconnu comme une œuvre chrétienne, mais il est apprécié et respecté.

- Mme Marie-Madeleine KALALA NGOY MONGI, Avocate, Ministre Honoraire des Droits Humains (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

S’il est vrai que le nombre de chrétiens catholiques a augmenté depuis la première assemblée synodale, l’image de l’Afrique en a-t-elle pour autant été transformée? Les meilleurs de ses enfants ont participé ou participent à la gouvernance de leur pays, mais une fois en poste, ils changent de comportement, tout comme l’a évoqué dans cette salle l’un des pères synodaux qui a parlé de la coexistence de deux consciences! Ce sont les mêmes que l’on voit à la messe du dimanche, que l’on retrouve en même temps dans des groupes dits de réveil ou encore dans les loges!
Tant que régneront la pauvreté et la guerre, il sera difficile de trouver des familles unies, à l’image de celle de Nazareth, au sein desquelles, en plus de l’amour, l’éducation sera une priorité. L’éducation transforme l’être humain, pétrie de valeurs éthiques, elle peut combattre les faux dieux (fétiches, sorcellerie, enrichissement indu, égoïsme, mysticisme, etc.).
Il est urgent que notre Église:
- s’engage sans crainte sur le chemin, non seulement de la dénonciation, mais de la désapprobation, pourquoi pas de la condamnation du comportement déviant des leaders catholiques;
- les invite à restaurer la famille au sein de la société par une meilleure politique sociale qui permette également l’accès de tous à l’instruction;
- augmente les subventions allouées aux aumôniers des jeunes et des étudiants;
- intensifie la formation des laïcs et des familles chrétiennes notamment par une plus grande vulgarisation du compendium de la Doctrine sociale de l’Église, qui devrait être le livre de chevet de chaque homme de bonne volonté;
- augmente les moments et les espaces de collaboration entre elle et les différents acteurs;
- assure l’accompagnement des laïcs catholiques engagés en politique par des mécanismes bien compris de tous.

- Sœur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, Secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (C.E.N.C.O.), et de l'Association des Conférences Épiscopales de l'Afrique Centrale (A.C.E.A.C.), Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Dieu a doté la femme des dons spécifiques afin de prendre soin de la vie. En effet, l'accueil, la gratuité, le don de soi, la compassion, la tendresse, la patience, la prévoyance, la solidarité, l'attention, la bonté, la compréhension, etc. sont autant de valeurs reconnues chez la femme et qui sont indispensables pour donner la vie.
La conscience de ces dons devient alors une mission, une tâche qui engage la femme dans un témoignage spécifique que la société attend particulièrement d'elle. Dans tous les domaines où elle est appelée à œuvrer notamment, en famille, dans l'Église, dans la politique, dans la société, son combat, sa contribution est de placer la vie humaine au cœur de toutes les préoccupations. Les femmes sont appelées à enrichir tous ces domaines de ces valeurs d'humanité par leur présence, efficace et efficiente.
Malheureusement, on ne sent pas souvent les effets de cette présence surtout dans le domaine politique. Il devient légitime de s'interroger: où sont les femmes engagées dans la politique quand les dirigeants africains adoptent des lois qui détruisent l'Afrique? Le silence des femmes sur des questions vitales devrait nous inquiéter.
La mission de la femme est exigeante, car elle implique une capacité d'initiative, de créativité, d'inventivité et d’encouragement pour aller à contre-courant par rapport à la culture de la mort et de la violence que nous déplorons. Elle les oblige à changer, de l'intérieur, l'organisation sociale en y apportant une touche féminine.
Dans la réalisation de cette mission délicate, les femmes ont besoin de la collaboration des hommes pour qu'ensemble, homme et femme, chacun puisse apporter sa contribution à l'humanisation de la société.

- M. Victor M. SCHEFFERS, Secrétaire Général de la Commission Justice et Paix des Pays-Bas, La Haye (PAYS-BAS)

L’Église en Europe ne peut ignorer les problèmes politiques, sociaux et économiques des pays africains. Dans cette intervention, j’aimerais porter à votre attention la réponse hollandaise à l’appel de nos commissions sœurs étrangères, en particulier de celles d’Afrique.
Quand elle fut créée en 1968 par la Conférence épiscopale hollandaise, “Justitia et Pax Pays-Bas” se donnait pour objectif de faire naître, au sein de la communauté catholique et au-delà, la conscience de la responsabilité et de l’aptitude de tous les peuples à jouer un rôle dans l’émergence de la justice et de la paix, dans nos pays et à l’étranger. “Justitia et Pax Pays-Bas” en donne une interprétation contemporaine, en informant, inspirant, motivant et mobilisant les catholiques afin qu’ils contribuent à la promotion d’une société mondiale plus juste, et en influençant les processus sociaux et politiques, en liaison avec d’autres composantes de la société civile qui partagent cette vision.
Notre solidarité avec les commissions sœurs qui travaillent pour la justice, la paix et la réconciliation, peut prendre plusieurs formes. Nous les aidons à renforcer leurs capacités à défendre par eux-mêmes leurs droits, et à prendre une part active dans l’éveil des consciences, la défense et le lobbying dans leur pays et au niveau international, développant une stratégie qui transforme l’indignation morale (que de nombreux évêques ont évoquée lors de ce synode) en des solutions politiques pratiques qui sont présentées au moment opportun et sous la forme correcte à leur propre gouvernement, à l’Union européenne, ou aux Nations unies.
J’aimerais encourager tous les évêques à inviter les laïcs, hommes et femmes, à travailler avec eux dans les commissions justice et paix à tous les niveaux de l’Église.

- Sœur Bernadette MASEKAMELA, C.S., Supérieure Générale des Soeurs du Calvarire (BOTSWANA)

Je présente le thème: les Congrégations diocésaines et le renforcement de l’autosuffisance en vue de votre approbation. Je me réfère au chapitre 1 (20) de l’Instrumentum laboris, qui traite de l’autosuffisance en fonction du fait que l’aide à l’Afrique est en diminution. Je veux bien croire que nous avons parcouru un long chemin comme Africains, et qu’un grand nombre de nos pays soient passés d’une extrême pauvreté à une situation plus décente sur le plan économique. Dans le cas des congrégations diocésaines, ce n’est pas seulement l’aide extérieure qui a diminué, mais l’assistance diocésaine est également minime pour ne pas dire inexistante, sans parler de leurs structures et de leurs projets.
Les congrégations diocésaines font partie de la structure de l’Église. Si elles doivent participer à la mission de l’Église à tous les niveaux, y compris au niveau le plus haut de la politique et du droit dans tous les domaines, elles ont alors besoin d’être formées spirituellement, théologiquement et professionnellement, et comment peuvent-elles l’être si elles n’en ont pas les moyens. Tel est le défi que je veux présenter non seulement au leadership qui oeuvre avec les congrégations diocésaines, mais aux congrégations diocésaines elles-mêmes pour qu’elles se réveillent et fassent quelque chose.
Aussi, selon mon point de vue, très révérends pères et mères, je crois fermement que si nous, les congrégations diocésaines, devons devenir des agents de justice, de paix et de réconciliation (en commençant par nous-mêmes, à l’intérieur de nos communautés), nous devons prendre de plus importantes initiatives pour renforcer nos capacités. Cela pourrait aussi, selon moi, promouvoir une plus grande collaboration avec les chefs de l’Église.
L’appel que je lance donc aux congrégations diocésaines est le suivant: prenons sérieusement en considération la diversification de nos ressources économiques et soyons autosuffisantes. Diversifions notre apostolat et formons des soeurs afin qu’elles puissent prendre part aux divers forums au plus haut niveau. Enfin, préparons-nous à franchir les confins de nos diocèses pour offrir notre compétence aux niveaux national, régional et international.

- Prof. Gustave LUNJIWIRE-NTAKO-NNANVUME, Secrétaire international du Mouvement d’Action Catholique Xavéri (M.A.C. Xavéri), Responsable chargé du laïcat dans la Région de Kivu, (République Démocratique du Congo) (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Un bref aperçu objectif sur l’Afrique de ces temps nous révèle que 60% à 70% de la population africaine ont moins de 30 ans. Cette jeunesse vit dans des crises. Quoique Africains, les jeunes sont davantage tournés vers un style de vie, d’attitudes, de valeurs et de pensée inspirés du monde occidental.
Ils mènent généralement une vie sans idéal et sans espoir d’un lendemain sûr. Ceux qui ont la chance d’étudier le font sans espoir d’emploi à court ou à moyen terme.
Il s’en suit un chômage systématique et une dispersion de la jeunesse caractérisée par l’engagement dans les groupes armés, la fuite des cerveaux et les immigrations clandestines, la délinquance juvénile sous toutes ses formes, la toxicomanie, la prostitution, etc.
L’inadéquation entre les infrastructures d’éducation et l’évolution démographique a des effets néfastes sur la capacité de la jeunesse avec toutes les conséquences que cela implique à tous les niveaux.
Moralement vulnérables, c’est par eux que passent les nouvelles idéologies, les sectes, l’homosexualité, la toxicomanie, le trafic des êtres humains, le recrutement des mercenaires et des rebelles armés.
Futurs dirigeants des institutions gouvernementales et ecclésiales, les jeunes ne bénéficient pas d’une attention et d’un accompagnement proportionnels a leur importance démographique.
La durabilité de la réconciliation, de la justice et la paix en Afrique, pourrait avoir comme acteurs les jeunes et les Mouvements d’Action catholique à l’instar du Mouvement Xaveri.
Cette mission à leur confier requiert la formation permanente des cadres. En outre, il conviendrait de promouvoir l’inculturation, de favoriser et de soutenir les rencontres des jeunes et des membres des mouvements de divers pays et de diverses régions afin de leur offrir des occasions d’échanges d’expériences de paix de justice promoteurs de la cohabitation pacifique; et agents d’Évangélisation témoins de leur foi dans le contexte africain actuel, aimant leur culture et s’y référant pour la transmission du Message et le développement.

- M. Kpakile FÉLÉMOU, Directeur du Centre DREAM, Conakry (GUINÉE)

Dans l'Évangile de Matthieu, au chapitre 25, le Seigneur se reconnaît dans les pauvres. En Jean il dit aux disciples “Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire” (Jn 15).
Voilà les dimensions de la Communauté de Sant'Egidio: rester dans le Christ et aimer les pauvres et s'ouvrir à la ville, au monde. Dans près de trente pays africains, nos Communautés vivent au rythme de la prière, à celui des pauvres: Sant'Egidio est un ami certain, et un secours fidèle de tous: prisonniers, les enfants orphelins, enfant de la rue, étrangers, les malades, les patients du VIH/SIDA et famille, les réfugiés la liste est longue. Nous avons le service pour la paix, il est au bénéfice de tous, riche comme pauvre, aujourd'hui très connu après les accords de paix du Mozambique signés en 1992, grâce à la médiation de la Communauté et du Gouvernement italien. Les universités en Guinée, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, etc. sont les nouveaux aréopages où nous avons souvent proposé l'Évangile. Notre expérience de mouvement nous fait comprendre combien sont nombreuses les questions adressées à l'Église en Afrique, mais aussi combien l'Esprit y souffle. Que c'est beau de voir des laïcs africains s'engager dans la prière et pour les pauvres. Dans les mouvements, les africains se libérènt de l'esprit de victimisation, de la résignation et de la peur inutile des pratiques occultes, si répandues sur notre continent.
Les mouvements sont souvent un pont entre Afrique et Nord du monde, ils suscitent des laïcs capables de rompre les distances. En conclusion:
- Le Synode, il nous semble, est l'occasion opportune d'encourager les mouvements de laïcs, ils sont mieux adapter à récupérer les jeunes sans foi et de répondre aux besoins de foi, de spiritualité de leur état d'âme et d'amitié efficace qui répond aux problèmes qu'ils vivent.
- Les jeunes, souvent dépaysés, désirent une vie digne. Ils cherchent un avenir meilleur et tâchent d'aimer leurs pays. Servir les pauvres, pour eux, c'est aussi une libération de la dictature du matérialisme pratique qui menace leurs vies. Ici la rencontre avec les musulmans est concrète et moins crispée. Les Évêques du nord et ceux d'Afrique doivent se faire plus amis, plus confiance, ils doivent avancer leur regard de l'histoire.
- Les Évêques d'Afrique devraient saisir ce synode pour mettre fin en Afrique aux prorogations des mandats présidentiels expirés ou en voie de l'être. Et cela sous toutes les formes possible de présentation. De même restreindre totalement les “legs” du pouvoir central à la progéniture. Vous serez applaudis et soutenus par l'Afrique qui souffre et le monde entier indigné. Nous courrons un fort risque dans les 10 prochaines années que la société africaine aura de nouveaux rebelles qui seront les conséquences des mandats présidentiels déjà prorogés.

- Mme Rose BUSINGYE, Fondatrice et Présidente du Meeting Point International, Kampala (OUGANDA)

La foi doit pénétrer jusqu’aux couches les plus profondes de l’être humain, elle doit arriver là où se forment les critères de perception des choses, elle doit imprégner aussi ce qui est considéré profane et le transformer en un bien pour tous.
C’est un point de départ. Le début se trouve dans le geste de Dieu. Si l’homme y croit, c’est le chemin à suivre pour qu’il puisse se reconnaître et vivre cette appartenance, cet attachement à Dieu, en obéissant à sa compagnie, l’Église, et parvenant ainsi à la joie, à la justice et à la paix pour lui et pour tous. Un homme qui sait d’où il vient et où il va. À partir de la foi prend naissance un critère nouveau pour se rapporter avec les choses, avec ses enfants, avec l’école, la politique, l’environnement.
Pour construire la justice, la réconciliation et la paix nous ne pouvons que partir de la construction de l’être humain, aider l’homme à être lui-même, à être homme; nous ne pouvons que partir d’un particulier, mais depuis sa totalité.
L’homme “est” désir de justice, de paix, de réconciliation. Le Synode est, pour moi, une occasion pour découvrir quel est le sens de ce mot, c’est-à-dire quel est le sens de la vie et de tous les problèmes qui existent en Afrique et dans le monde entier. Le Synode est pour moi une provocation pour découvrir la pleine dignité de la vie humaine.
Sans la conscience de notre humanité, nous ne pouvons nous aider nous-mêmes et encore moins apporter une aide réelle aux autres. Au lieu d’aider les autres et nous-mêmes, nous continuerons à nous plaindre, à offrir seulement la compassion et, comme de toute façon nous voulons répondre quelque chose, nous les trompons.
Si quelqu’un parvient à saisir le sens pour lui et la valeur de la vie humaine, il se traitera bien et traitera bien les autres, il possède les raisons adéquates pour le changement de la vie et devient un point de changement pour tous, comme l’ont été les moines bénédictins qui ont construit la civilisation européenne. Mais quand, chez eux aussi, leur foi s’est affaiblie, le dualisme et la division ont fait leur apparition, apportant destruction et chaos.
Grâce à la foi, j’ai vu naître un peuple nouveau, un peuple changé. En Ouganda, un groupe de malades du Sida, d’une très grande pauvreté, vivent en cassant des cailloux et en les vendant aux constructeurs; ils mangent une fois par jour. Quand ils ont su des tsunami, et ensuite de l’ouragan Katrina en Amérique, lorsque nous leur avons demandé de prier pour les victimes, ils nous ont dit: “Nous savons ce que cela veut dire de vivre sans avoir une maison, sans manger. S’ils appartiennent à Dieu, ils nous appartiennent aussi”. Ils se sont organisés, formant des groupes pour casser les cailloux; à la fin, ils ont recueilli deux mille dollars et les ont envoyés à l’ambassade américaine. Et cette année, après le tremblement de terre à l’Aquila, ils ont dit: “Il s’agit d’italiens, le Pays du Pape; ce sont nos amis, ou plutôt notre tribu” et ils ont recueilli et envoyé deux mille euros. Les journalistes se sont scandalisés: ils sont venus pour voir si ces personnes étaient vraiment pauvres. Selon eux, ce n’est pas juste: quand quelqu’un fait la charité il donne ce qu’il a en plus, il ne donne pas ce dont il a besoin. Une femme malade lui a dit: “le coeur de l’homme est international, il n’a pas de race, il n’a pas de couleur, et il s’émeut”.

- Mme Axelle FISCHER, Secrétaire Générale de la Commission “Justice et Paix”, Bruxelles (BELGIQUE)

Le pardon est un DON. Il se donne et se reçoit au plus haut degré de la liberté.
Ce que nous pouvons et devons faire, c’est aider à créer les conditions qui favorisent ce pardon.
La paix est le désir de Dieu, elle a pour autre nom celui de Jésus. Aussi, posons-nous la question: comment relier la paix annoncée dans la foi, et la réalité déchirante de notre monde?
La Justice est complexe, elle a différents visages. Transitionnelle, la justice met en route des processus pour mettre fin au conflit et aboutir à la réconciliation, en suivant des mécanismes tantôt non judiciaires, tantôt judiciaires. Car punitive, la justice peut l’être aussi: sur le plan national d’abord et, si celui-ci fait défaut, sur le plan international, au moyen de la Cour Pénale Internationale ou des tribunaux pénaux internationaux. La Justice peut également être restauratrice, en vue de réparer les préjudices causés. Enfin, la justice peut être rendue en suivant des rites traditionnels.
Ces différents aspects de la justice sont complémentaires, et rien n’empêche un pays de tirer les leçons de ce qui été bien fait ailleurs dans le monde. Mais l’on ne prendra le chemin de la réconciliation que si chaque population reçoit une formation civique et une conscience politique, dont les acteurs politiques et économiques seront obligés de tenir compte. Si ceci est vrai pour l’Afrique, c’est vrai aussi pour les pays dits “développés”.
Les violences sexuelles, atroces en elles-mêmes, le sont plus encore en tant qu’arme de guerre: elles sèment sciemment la terreur dans des communautés, et déstructurent la société. D’innombrables femmes subissent ces violences. Encore vivantes, elles restent debout, pour leurs enfants et leurs familles. J’en connais qui cultivent leur champ la nuit au risque de leur vie, pour que la communauté puisse continuer à se nourrir.
Être victimes n’est pas un rôle dévolu aux femmes. Elles sont actrices de justice, de paix et de réconciliation. Le reconnaître engage notre dignité à chacune, à chacun, dans l’Église et dans la société. Pour œuvrer ensemble à ce que la paix soit le fruit de la justice.

- M. Christophe HABIYAMBERE, Président de "Fidesco", Kigali (RWANDA)

La communauté de l’Emmanuel, fondée par Pierre Goursat, a été commencée au Rwanda par Cyprien et Daphrose Rugamba en 1990. Dès le départ, elle a regroupé des rwandais sans distinction d’ethnie. Cyprien, disait toujours: “Il n’y a pas de Hutus ni de Tutsis, nous sommes tous des enfants de Dieu”. Notre communauté a payé un lourd tribut pendant le génocide: une vingtaine de frères - dont Cyprien et Daphrose - sont morts en 1994, en laissant de très beaux témoignages. En 1997, d’autres frères sont morts dans les camps de Bukavu après avoir évangélisé jusqu’au don total de leur vie.
Elle a participé à l’élaboration du chemin de réconciliation que l’Église du Rwanda a mis au point avant le Grand Jubilé.
L’Emmanuel est aussi engagé dans le soutien des catholiques qui sont engagés en politique et dans les hautes sphères de l’appareil dirigeant de notre pays à travers le Cercle St Thomas More. Ce groupe d’appui prie et jeûne pour les politiciens quand ils sont confrontés à des situations critiques ou des décisions difficiles, et leur fournit retraites, formations, documentations en rapport avec la foi catholique.

- Sœur Mary Anne Felicitas KATITI, L.M.S.I., Mère Provinciale de la Congregation des Petites Servantes de Marie Immaculée (ZAMBIE)

Parlant en qualité de femme africaine et de femme zambienne en particulier, je demande au Synode de prêter une attention particulière à la dignité des femmes qui a encore besoin d’être promue tant dans l’Église que dans la société. Je pense que les femmes n’ont pas réellement de voix lorsqu’il s’agit de leurs espaces, de leurs droits et de leur contribution à la mission d’évangélisation.
La question importante des femmes doit être traitée par notre Église si notre considération de la Réconciliation, Justice et Paix doit être basée sur la réalité de notre continent africain. Nous savons bien que les femmes sont chargées de lourdes responsabilités dans les actuelles situations économiques difficiles, en particulier à la base, et qu’elles doivent faire face à de nombreux abus et violences tant chez elles que dans la société.
Que pouvons-nous apprendre de l’exemple de Notre Seigneur Jésus Christ en répondant aujourd’hui au défi de la justice pour les femmes en Afrique? Souvenons-nous que Jésus a grandi et a proclamé le message du Royaume dans une culture et dans une société dominée par les hommes. Comment les femmes ont-elles fait en compagnie de Jésus? Rappelons-nous des paroles de saint Luc (8, 1-3).
En considérant le statut de la femme à cette époque, ce que Notre Seigneur Jésus fit était absolument révolutionnaire. Contrairement aux solides normes religieuses et culturelles de son temps, Jésus voulut que le cercle restreint et privilégié qui vivait avec lui quand il passait de village en village comprenne des femmes. Notre Église d’aujourd’hui en Afrique et dans le reste du monde ne peut-elle pas suivre l’exemple révolutionnaire de Jésus?
L’Église en tant que famille doit assurément vivre cette Justice en son sein et la Justice réclame que nous considérions sérieusement la place et le traitement des femmes dans l’Église et comment les femmes pourraient être plus fortement associées au processus de prise de décision, spécialement en tant qu’agents pastoraux féminins.

- Sœur Bédour Antoun (Irini) SHENOUDA, N.D.A., Mère Provinciale des Soeurs de Notre Dame des Apôtres, Le Caire (ÉGYPTE)

Rôle d’éclaireurs spirituels et d’animatrices: nos communautés interculturelles et la vie communautaire, font de nous des témoins de communion et d’amour, dans un monde brisé.
Rôle dans l’éducation et le développement social: un témoignage à la vérité du message évangélique et à la sincérité des chrétiens dans leur foi. Une attention particulière pour les pauvres, les émigrés, qui sont des terrains favorables à la conversion à l’islam.
Rôle d’aide aux Chrétiens à approfondir l’esprit d’appartenance à la patrie.
Le dialogue Interreligieux sous toutes ses formes: le dialogue de vie, le dialogue dans la vie, un dialogue populaire et quotidien.
Le dialogue d’action, par lequel les chrétiens collaborent avec leur frères et sœurs au développement intégral et à la libération des gens.
Le dialogue d’expériences religieuses, oser dire ma foi et oser reconnaître les valeurs religieuses de l’autre différent dans sa croyance.
Quel que soit le chemin déjà parcouru, et les “acquis” de nos activités apostoliques, nous sommes invitées à toujours progresser et à faire face à quelques défis:
Dans la perspective de la foi et de la réconciliation, il est urgent d’accroître la formation religieuse des jeunes Sœurs pour vivre intensément ces formes de dialogue, l’écoute, la collaboration, les contacts et le défi de la différence et du développement qui permettent un regard bienveillant et une ouverture d’esprit et approcher l’islam comme une religion, une foi, une croyance et non comme des ennemis, des agresseurs ou des terroristes. Si nous voulons que le fanatisme diminue, faisons travailler ensemble musulmans et chrétiens.
Le vrai défi à relever pour l’avenir est celui de l’ignorance, de la misère et de l’injustice. Terrain fertile pour la violence et l’extrémisme. Trouver une réponse compatissante et créative, jaillit de notre être profond de femmes aux nouvelles situations de souffrances, d’exclusion, de pauvreté et de marginalisation, spécialement dans les grandes villes. Accueillir mais aussi prendre le temps “d’aller vers eux”.

- Sœur Cecilia MKHONTO, S.S.B., Supérieure Général des Soeurs de Sainte Brigitte (AFRIQUE DU SUD)

Pour comprendre réellement l’idée de l’Église en tant que famille, nous devons considérer les valeurs de la famille dans le contexte africain. Les membres de la famille prennent soin les uns des autres, leurs vies et leurs actions reflètent l’image d’un corps uni. C’est aussi un aspect résumé en un seul mot, celui de Ubuntu. Nous, responsables d’Église, évêques, prêtres et religieux sommes appelés à être des exemples pour la famille de Dieu, spécialement dans des situations qui nous appelle à le faire, et nous devons réfléchir continuellement sur la manière dont nous témoignons de cette réalité.
Quels sont les problèmes auxquels font face les religieuses diocésaines?
1. Le manque d’éducation qui, dans la plupart des cas, pénalise les sœurs diocésaines dans leur participation à un niveau plus élevé d’apostolat dans l’Église qui peut faire d’elles des personnes meilleures et améliorer leurs conditions de vie.
2. Les grandes attentes de la part des sœurs d’un soutien financier provenant des membres de leur famille, qui causent un conflit interne et font beaucoup de mal à la communauté. Cela conduit aussi certaines sœurs à être trop attachées à leurs familles biologiques.
3. Le traumatisme d’expérimenter la perte de nombreux membres de nos familles due au VIH/Sida. Les enfants de parents qui sont morts du VIH/Sida deviennent des orphelins dont personne ne s’occupe.
4. Les mauvaises conditions de travail pour les sœurs, spécialement en raison du manque de contrats ou de contrats inadaptés avec leurs responsables d’Église.
À la lumière de ces problèmes, les sœurs sont déchirées entre la famille et la vie religieuse, elles vivent des vies incomplètes qui sont contraires à ce que le Christ attend d’elles quand il dit: “Si tu veux me suivre, va, vends tout et suis-moi”.Si nous voulons être une famille chrétienne alors nous devrions prendre soin les uns des autres et prendre en considération:
- un traitement égal pour les prêtres diocésains et pour les sœurs.
- un bon ministère de la famille qui éduquera notre peuple concernant l’Église et la vie religieuse de manière à réduire les attentes de ces hommes et femmes consacrés.
- Nous ne pouvons pas parler de justice à l’extérieur sans revoir nos structures et sans améliorer les conditions de travail de nos travailleurs, y compris les sœurs diocésaines.

- M. Maged MOUSSA YANNY, Directeur Exécutif de l'Association de Haute Égypte pour l'Education et le Dévelopment (ÉGYPTE)

Les questions qui sont toujours posées par les chrétiens vivant dans des pays à majorité musulmane sont les suivantes:
1. Devons nous, nous chrétiens, dialoguer avec les musulmans dont les groupes extrémistes islamistes se montrent parfois hostiles, violents, intolérants et expriment leur refus à notre égard?
2. Comment les membres de l’Église peuvent-ils travailler afin de parvenir à une paix durable?
Permettez-moi de vous parler de l’expérience de la Commission Justice et Paix en Égypte qui a été l’une des premières initiatives dans ce pays.
Dans les années 80 et 90, l’Égypte a vécu une période difficile de violences de la part de groupes islamistes extrémistes... des hauts fonctionnaires, des écrivains, des agents de police et de nombreux chrétiens ont été victimes de cette violence. En 1992, la commission justice et paix a invité les musulmans et les chrétiens à une table-ronde (écrivains, journalistes experts des médias, militants des droits de l’homme, membres du mouvement des Frères musulmans et de différents partis) fournissant une plate-forme de libre expression des points de vue des uns et des autres.
L’idée présente derrière ce dialogue était de diagnostiquer le problème, de suggérer des solutions possibles et de renforcer les valeurs de citoyenneté, de tolérance et d’acceptation. Ce dialogue a été publié dans un livre intitulé: “Dialogue national”. Jusqu’à maintenant, nous pouvons voir les résultats de ce dialogue lorsque les participants défendent les valeurs et les idées de réconciliation et de citoyenneté. Quelques-uns des points importants qui sont ressortis de cette réunion auxquels nous devrions faire attention sont les suivants:
- L’importance du travail avec les enfants dans les écoles afin d’inculquer indirectement en eux les valeurs de la réconciliation, de l’acceptation, etc.
- La suppression des programmes scolaires de tous les textes qui conduisent à une augmentation de l’intolérance et de la haine.
- L’importance des médias qui, parfois, travaillent contre la construction de la paix.
- La nécessité de prêter attention au message véhiculé par les religieux, qu’ils soient musulmans ou chrétiens.
- Enfin, je pense que le dialogue ne devrait pas demeurer distant comme s’il était réservé aux élites et se déroulant à huit-clos, mais devrait être mis en pratique. Il devrait atteindre le public pour avoir un effet.
Continuons donc à dialoguer avec nos frères musulmans afin de construire un monde meilleur, réconcilié, pacifique et juste.

- M. Orochi Samuel ORACH, Secrétaire Executif adjoint du "Uganda Catholic Medical Bureau", Kampala (OUGANDA)

Des contributions importantes ont déjà été apportées à la santé par les institutions religieuses dans tous les pays africains, en grande partie grâce au soutien de nos frères et nos sœurs se trouvant hors du continent. Les infrastructures sanitaires de l’Église ont apporté leur soutien aux pauvres dans la plupart des conflits. Elles sont devenues le phare de l’espoir là où la corruption a rongé le système sanitaire national. Mais ce ne sont pas seulement les guerres qui ont détruit les infrastructures sanitaires et les écoles. La viabilité de ces énormes contributions est maintenant économiquement menacée.
La majorité si ce n’est la totalité des gouvernements d’Afrique demeure incapable de fournir à elle seule l’assistance sanitaire. Il y a actuellement un important mouvement visant à déplacer le soutien étranger allant aux Ong vers le budget général de soutien aux gouvernements. La Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et le Plan d’action d’Accra (2008) vise à convoyer l’aide à travers les gouvernements et à avoir les gouvernements aux commandes. En principe, cela est bon. Mais le changement de modalités dans les aides rend l’accès des Églises aux ressources plutôt dépendant de l’humeur de chacun des gouvernements africains. En Ouganda, l’aide au budget provenant du gouvernement diminue et l’année dernière elle a financé 19% seulement des coûts fixes des établissements sanitaires religieux. Pourtant, la demande de soin et le coût unitaire des services continuent à augmenter fortement, ce qui rend difficile de réduire les frais d’accès pour les pauvres. Dans le même temps, le gouvernement demande que les infrastructures sanitaires religieuses fournissent une assistance sanitaire gratuite.
Dans des pays où les institutions religieuses sont considérées comme critiques face aux politiques gouvernementales, la Déclaration de Paris pouvait fournir la possibilité aux gouvernements de restreindre l’accès à l’aide financière pour les organismes appartenant à ces institutions religieuses. Pourtant nous savons que ces dons, dans ces pays aussi, proviennent de catholiques qui espèrent que les établissements sanitaires catholiques en seront également bénéficiaires.

- M. Emmanuel Habuka BOMBANDE, Directeur Exécutif du "West Africa Network for Peacebulding" (W.A.N.E.P.) (GHANA)

Une question critique, sous-jacente aux violents conflits dans de nombreuses communautés africaines est la suivante: comment se confronter au fardeau de l’histoire? Les précédents historiques, du commerce des esclaves à la colonisation, ont semé la méfiance et la division parmi les groupes qui sont maintenant devenus la ligne de fracture autour de laquelle certains hommes politiques et responsables civiques mobilisent leurs peuples contre d’autres pour vaincre les élections et se garantir le pouvoir. De nombreuses communautés s’accrochent à l’image de victimes qu’ils gardent du passé pour justifier leur haine envers d’autres. D’autres s’accrochent à leur image de vainqueur pour continuer à prétendre la domination sur les autres. Dans les deux cas, un cercle vicieux de violence et d’atroce destruction nous rend tous esclaves en tant que victimes des injustices du passé. Cela ne peut plus continuer. Il est temps de concevoir et de mettre en place des structures de fonctionnement qui doivent introduire la vraie signification de la Justice et de la Paix. C’est la Justice et la Paix que l’Instrumentum laboris encourage dans ses n. 44, 45, 46 et 47.
Au Ghana, la Conférence épiscopale des Évêques catholiques a invité les organisations de la société civile telle que le WANEP (Réseau Ouest Africain pour l’Édification de la Paix) à soutenir les efforts des Évêques dans la promotion du dialogue intercommunale et intracommunal. Cet engagement implique les hommes politiques et les responsables civils. Les communautés qui ont été déchirées pendant plus de 80 ans telles que Nkonya ou Alavanyo ont surmonté la violence. Elles apprennent à coexister pacifiquement et à traiter les différends sans violence et dans le respect mutuel.
En 2008, le Ghana a dû relever des défis semblables à ceux de nombreux autres pays d’Afrique, ce qui a conduit à des élections générales en décembre (2008). En exprimant concrètement la mission prophétique de l’Église, les Évêques s’engagèrent de manière proactive au moment où cela était le plus nécessaire, en fournissant un espace habilitant avec le soutien de la société civile dans lequel les responsables des principaux partis politiques se rencontrèrent et partagèrent franchement leur méfiance et leurs doutes réciproques, y compris sur le résultat perçu des élections. Cet espace conduisit les responsables conscients de leurs responsabilités à assurer des élections sans violence. Ce processus d’engagement par le dialogue a aussi mitigé la potentielle violence post-électorale.

- M. Jules Adachédé HOUNKPONOU, Secrétaire Général de la "Coordination Internationale des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes" [C.I.J.O.C.] (BÉNIN)

Tels est résumé en deux points le but de la JOC depuis qu’elle a été créé en 1925 par le Père Joseph Cardijn pour aider les jeunes de la masse populaire à mettre leur vie en lien avec la foi et à réduire l’écart de la contradiction qui existe entre la Vérité de la Réalité et la Vérité de Foi. La mission d’annoncer l’Évangile aux nations est toujours d’actualité et celle d’apporter, la lumière de l’Évangile aux couches les plus vulnérables victimes de toutes sortes d’injustices est plus que jamais urgente.
Au niveau national, les mouvements organisent des formations à l’engagement et à la responsabilité, des recollections et des campagnes d’action au cours desquelles les jeunes ont été de véritables “apôtres des jeunes auprès des jeunes”.
Au niveau sous-régional et international, et, après “Ecclesia in Africa” le Secrétariat International de la JOC a organisé 12 rencontres d’échange et formation des responsables nationaux, aumôniers et accompagnateurs.
Le bénéfice de ces rencontres est qu’elles favorisent la solidarité entre les jeunes, le brassage culturel, l’échange de différentes réalités socioculturelle et politique, l’ouverture d’esprit et la prise de conscience par les jeunes de la dimension régionale ou internationale des situations qu’ils vivent.
Le tableau de la situation de la jeunesse en Afrique n’est pas très reluisant.
Le poids des difficultés éloigne les jeunes de leur foi. Ils dissocient la vie professionnelle de leur foi. Ils sont spirituellement fragiles et n’ont pas conscience que l’engament dans l’Église peuvent les aider à être plus forts. Ils ont besoin d’être rejoints par des jeunes de leur âge et de leur profession pour être transformés.
Je voudrais suggérer que :
- la connaissance sur l’Action catholique soit renforcée dans les séminaires pour préparer les futurs prêtres à ce type d’accompagnement;
- les mouvements d’Action Catholique soient aussi utilisés comme moyens stratégiques dans le plan d’Action Pastoral, pour opérer la réconciliation dans la justice et dans la paix.

- M. l'Abbé Joaquín ALLIENDE, Président de l'Association internationale "Kirche in Not", Allemagne (CHILI)

L’incarnation du Verbe n’est pas seulement le contenu de notre message, mais aussi la méthode de notre action. Nous savons que l’étymologie grecque du mot “méthode” signifie chemin pour aller au but. D’autre part, la capacité incarnationale de la culture africaine est connue. Moi je viens aussi d’une culture non purement européenne. Je viens d’Amérique latine et j’appartiens au Mouvement marial de Schœnstatt fondé par un prêtre prophétique qui a apporté à l’Église une pédagogie de la liberté pour la maturité chrétienne. J’étais le recteur du Sanctuaire National du Chili, ma patrie, dédiée à Notre Dame. Tout ça m’a permis d’expérimenter d’une façon concrète cette méthode de l’incarnation. J’ose vous présenter respectueusement, trois réflexions.
La tradition mariale de l’Église est un trésor précieux qu’on doit soigner et faire grandir. Elle n’est pas une réalité qui est là comme une chose, qui existe comme un fait naturel.
La présence féminine de Marie est nécessaire pour trouver la bonne synthèse entre la foi révélée et la richesse affective de l’homme et de la femme. Elle a un charisme pédagogique pour établir la relation entre la foie révélée et la vie existentielle, entre personnes et communautés, entre la construction de l’Église et la fraternité solidaire dans le monde et dans la culture.
L’Esprit Saint a conduit à la sainteté plusieurs baptisés de l’Afrique. Ce sont d’émouvantes histoires d’amour qui devraient devenir signes et forces missionnaires. Beaucoup d’entre eux pourraient être béatifiés et canonisés.
Il y a des cas d’une exemplarité exceptionnelle sur lesquels on pourrait concentrer ensemble nos efforts. Pensons à l’histoire merveilleuse du témoignage de réconciliation des martyres du Séminaire de Buta au Burundi. Dans une vision plus générale, peut être il serait utile de préparer un manuel pour les béatifications en Afrique.
Dans la tradition vivante de l’Église, les sanctuaires sont un espace privilégié d’évangélisation et de sainteté. Aussi les religions naturelles et l’islam ont des lieux saints. Pour nous, le Verbe incarné a sanctifié les temps et la terre. D’autre part, l’Église a le temps liturgique et a la localité du temple.
L’histoire de la pastorale nous dit que pendant des siècles les méthodes de l’incarnation ont eu dans les sanctuaires des centres de créativité audacieuse pour évangéliser et sanctifier le peuple.

- M. Munshya CHIBILO, Chef du project d'adoption à distance de l'Association Communauté Jean XXIII (ZAMBIE)

Je voudrais souligner l’importance de pouvoir travailler pour la réconciliation avec les jeunes, à travers une approche non violente qui promeuve l’éducation pour les plus pauvres. Je voudrais illustrer cette réflexion à travers l’expérience particulière de notre “Communauté Pape Jean XXIII” dans un de nos projets à Ndola, en Zambie, avec les enfants des rues, en majorité des garçons.
Notre communauté a remarqué que lorsque nous allions jeter nos ordures dans une décharge, nous trouvions des garçons qui s’emparaient de nos déchets et commençaient immédiatement à les trier. Les garçons s’étaient organisés de façon à ce que le plus âgé soit le chef de la bande et donne ses instructions aux plus jeunes.
Notre communauté Pape Jean XXIII s’est intéressée à la situation et a commencé à se rendre chaque jour à la décharge pendant près d’une heure. Nous leur avons parlé et, de temps en temps, nous leur avons apporté à manger. Bientôt, nous avons fait amitié avec ces garçons, en les écoutant nous raconter pourquoi ils se trouvaient dans un endroit si dangereux. Et voici quelques-unes de ces raisons:
- La plupart d’entre eux étaient orphelins, ayant perdu un parent voire les deux, suite aux maladies les plus variées telles que la malaria ou le Sida.
- Ils n’allaient pas à l’école car personne n’était en mesure de payer les frais de scolarité.
- Ils n’avaient pas d’emploi car ils ne possédaient aucun document attestant leur scolarité.
- La pauvreté représentait une expérience familiale commune à tous.
- Dans certains cas, leurs biens, y compris leur maison, avait été saisis par la famille à la mort de leur père, et les enfants avaient été menacés de mort à travers la sorcellerie en cas de résistance ou s’ils avaient tenté de se rendre à la police ou au tribunal.
Chichetekelo est un centre d’attrait aussi bien pour le gouvernement que pour la population locale. Certains garçons ont complété leurs études secondaires et fréquentent à présent l’université, et ceux qui ont des capacités techniques ont obtenu un emploi régulier dans de bonnes sociétés.
Je crois que l’expérience de notre communauté est un témoignage clair d’un acte non violent de la Justice et de la Paix dans la Vérité, grâce auquel les personnes sont réconciliées entre elles et avec leur Dieu. De plus, il est possible de prendre des résolutions durables de façon à ce que nos enfants soient mieux protégés et qu’ils aient la chance de grandir parmi de bonnes personnes du monde et de Dieu.

- M. Augustine OKAFOR, Spécialiste en administration publique (NIGÉRIA)

L’édition 2007-2008 du Rapport sur le développement humain publié par le Programme des Nations unies pour le développement montre que tous les pays sub-sahariens, sauf trois, appartiennent à la catégorie des pays les moins développés du monde. Et les statistiques sur la pauvreté s’aggravent dans la plupart des pays africains.
Je crois fortement que les gouvernements de tous les pays, et surtout ceux de l’Afrique, sont les premiers à pouvoir sortir leur peuple de la pauvreté et que la gouvernance n’a d’autre objectif que le développement durable de l’homme. Dans l’Encyclique “Populorum Progressio”, le Pape Paul VI donna sa vision du développement comme développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s’efforcent d’échapper à la faim, a la misère, aux maladies endémiques, à l'ignorance. Il y est suggéré que l’État dirige ses énergies et ses ressources afin d’améliorer de façon nette l’éducation, la sécurité alimentaire, le développement de ses infrastructures sociales et matérielles, l’égalité des sexes, en améliorant les possibilités intérieures des communautés désavantagées. Nous devons à cet égard améliorer la promotion de la participation active de la société civile, non seulement au niveau du gouvernement, mais aussi dans tous les aspects du développement du capital humain et social.
La question suscitée par ces réflexions est: “Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour faire face aux défis du développement qui se posent aux pays africains?”. Le Saint-Père, le Pape Benoît XVI, a largement traité cette question dans l’Encyclique “Caritas in Veritate”. Tout d’abord, il reconnaît le besoin “de nouvelles modalités d’exercice, de faire face aux défis du monde contemporain”. L’Église est une partie intégrante de la société et devrait montrer un plus grand engagement dans l’agenda de développement humain et social des États.
Elle peut jouer ce rôle grâce à un mécanisme institutionnalisé pour contribuer à la formulation et à la mise en place des politiques et des programmes publiques. Elle devrait aussi développer ses structures pour faciliter et promouvoir le dialogue , les partenariats et un contact régulier avec le gouvernement et ses agences. L’Église en Afrique devrait augmenter sa visibilité comme la voix des sans-voix et des membres désavantagés de la société. Les fidèles laïcs devraient être sensibilisés et intégrés dans cette entreprise Église–État. Permettez-mois, comme remarque finale, de citer cet avis du Saint-Père dans la “Caritas in Veritate”: “c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale”

- CONCERT EN L’HONNEUR DU SAINT-PÈRE CONFÉRENCES DE PRESSE
  Concert en l’honneur de Sa Sainteté Benoît XVI - 15.10.09
 

 

Sources : www.vatican.va -  E.S.M.
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 15.10.2009 - T/Synode Afrique

 

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