Synode des évêques d'Afrique :
Interventions in scriptis des pères synodaux |
 |
Le 15 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- Les travaux des Carrefours se poursuivent en vue de la rédaction et de l’approbation de la part de
chaque Carrefour des projets de textes pour les Propositions (formules
d’approbation synodale relatives à certains sujets considérés importants par
les Pères synodaux, des suggestions offertes au Saint-Père Benoît XVI comme
fruit du travail synodal).
|
Synode des évêques d'Afrique :
Interventions in scriptis des pères synodaux
Le 15 octobre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Alors que se poursuivent les travaux des Carrefours (Sessions II, III et
IV), hier mercredi 14 octobre (Sessions II et III),
cet après-midi
jeudi 15 octobre (Session IV) et le lendemain, vendredi 16 octobre 2009
(Sessions V et VI), en vue de la rédaction et de l’approbation de la part de
chaque Carrefour des projets de textes pour les Propositions (les formules
d’approbation synodale relatives à certains sujets considérés importants par
les Pères synodaux, des suggestions offertes au Saint-Père Benoît XVI comme fruit du
travail synodal), nous publions les interventions “in scriptis” des Pères
synodaux et des Auditeurs et Auditrices, qui n’ont pas été prononcées en
Salle.
Au cours de la Quinzième Congrégation générale de demain matin, jeudi 15
octobre 2009, seront présentés les Rapports des Carrefours, dont les résumés
(préparés par les Rapporteurs des Carrefours) seront publiés dans le
prochain Bulletin n. 25.
INTERVENTIONS “IN SCRIPTIS” DES PÈRES SYNODAUX
Les Pères synodaux suivants ont remis une intervention écrite:
- S. Ém. le Card. Gabriel ZUBEIR WAKO, Archevêque de Khartoum
(SOUDAN)
- S. Exc. Mgr Désiré TSARAHAZANA, Évêque de Toamasina (MADAGASCAR)
- S. Exc. Mgr Lewis ZEIGLER, Archevêque Coadjuteur de Monrovia, Président de
la Conférence Épiscopale (LIBÉRIA)
- S. Exc. Mgr Arlindo GOMES FURTADO, Évêque de Santiago de Cabo Verde (CAP
VERT)
- S. Exc. Mgr Rudolf DENG MAJAK, Évêque de Wau, Président de la Conférence
Épiscopale (SOUDAN)
- S. Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.J., Évêque de Lira (OUGANDA)
- S. Exc. Mgr Ayo-Maria ATOYEBI, O.P., Évêque d'Ilorin (NIGÉRIA)
- S. Exc. Mgr António Francisco JACA, S.V.D., Évêque de Caxito (ANGOLA)
- S. Exc. Mgr Mathieu MADEGA, Évêque de Port-Gentil (GABON)
- S. Exc. Mgr Augustine SHAO, C.S.Sp., Évêque de Zanzibar (TANZANIE)
- S. Exc. Mgr Jean ZERBO, Archevêque de Bamako (MALI)
- S. Exc. Mgr Beatus KINYAIYA, O.F.M. Cap., Évêque de Mbulu (TANZANIE)
Nous publions,, ci-dessous, le résumé des interventions que les Pères
synodaux ont remis par écrit et qui n’ont pas été prononcées en Salle:
- S. Ém. le Card. Gabriel ZUBEIR WAKO, Archevêque
de Khartoum (SOUDAN)
Le plus important pour nous Africains n’est pas de nous permettre d’être
convaincus, dominés et conduits par ce que les siècles les plus récents de
notre histoire ont fait pour nous, du commerce des esclaves à la
mondialisation ultra-libérale. Néanmoins, derrière cette évidente vérité se
cache aujourd’hui un besoin radical pour tout Africain: le besoin de
combattre avec toute notre force contre notre insignifiance, notre
inconsistance et notre corruption ontologique, de façon à construire une
nouvelle société dénuée de dictatures et d’impuissance. Tout ce dont nous
avons besoin en tant qu’Africains est d’avoir le courage de croire en
nous-mêmes, de nous accepter et de nous emparer du respect des nations du
monde. Avant tout, c’est le courage de l’ “histoire complète” nous
concernant, la vision honnête de notre existence, de notre histoire et de
notre réalité avec ses hauts et ses bas, dans ses moments les plus tristes
et les plus heureux, qui garantit la stabilité.
Le problème entre le Sud-Soudan et le Nord-Soudan est aussi ancien que le
Soudan lui-même. Ce qui est connu comme le “Problème du sud” est un ensemble
de questions allant des inégalités dans le développement entre le Nord et le
Sud jusqu’aux inégalités des opportunités accordées par le gouvernement
central aux populations des deux portions du pays. Ces questions sont
composées de différences raciales et religieuses entre les deux populations.
L’isolement du Soudan représente l’une des réalités les plus douloureuses.
La communauté internationale, les Ong et les autres pays voisins ont
toujours pris position aux dépens du plus faible. L’Afrique a besoin d’un
respect total et l’Afrique doit en faire de même vis-à-vis d’elle-même. La
signature de l’Accord de paix en 2005 a signifié la fin du conflit au
Soudan. Il a fallu beaucoup de travail pour réussir à l’appliquer. Au cours
de cette période de profondes incertitudes concernant la paix si délicate au
Soudan, nous avons besoin de l’intervention réciproque de la part de toutes
les personnes qui aiment la paix.
La situation instable du Sud - et dans une mesure croissante celle du Nord
aussi - ne permet plus un développement efficace de l’aide ni une
application sûre de l’accord de paix. La communauté internationale ne peut
que réagir et fournir son soutien. Le mieux que l’on puisse faire est
d’essayer de gérer le conflit et d’éviter qu’il empire.
Ce synode peut réussir à tracer une authentique feuille de route pour le
salut de l’Afrique.
Le dernier synode était construit sur la philosophie de la communauté
africaine comme famille de Dieu. Ce deuxième synode devrait être construit
sur l’ontologie africaine de la vie! Il pourrait réhabiliter le passé
africain au sein du présent comme ingrédient pour la construction de la
nouvelle Afrique. Jésus Christ est venu pour nous donner la vie, la vie
surabondante (Jn 10,10).
- S. Exc. Mgr Désiré TSARAHAZANA, Évêque de Toamasina
(MADAGASCAR)
Ce qui se passe dans notre continent africain interpelle notre conscience
chrétienne. Beaucoup des pères synodaux ont déjà signalé que les causes de
la pauvreté, des conflits souvent meurtriers sont multiples et je ne vais
pas insister là-dessus, mais j’aimerais m’adresser surtout à nous disciples
du Christ appelés à être sel de la terre et lumière du monde: n’y a-t-il pas
un décalage entre la foi et la vie que nous menons? Cette question s’adresse
non seulement à nos dirigeants, à nos politiciens, mais à nous tous membres
de 1'Église.
Chaque année lors de notre assemblée plénière, nous les évêques de
Madagascar commençons notre réunion par le partage de ce qui se vit dans
chaque diocèse. Ceci nous a mené en 2007 à faire un synode national sur la
vie des prêtres. Nous avons remarqué que nos prêtres ont besoin d’être
soutenus, aidés pour que leur prédication se traduise en actes. La parole
aussi importante soit-elle est insuffisante sans le témoignage de vie, comme
on dit chez nous, la parole peut susciter de l’enthousiasme, mais c’est
surtout le témoignage qui attire.
Ainsi, parmi les différentes résolutions qui ont été prises figurent:
un plus grand discernement dans le choix et la formation des futures
prêtres,
la création d’un centre national pour la formation permanente des prêtres,
la participation de la famille dans la formation des prêtres,
sans oublier l’insistance sur l’accompagnement spirituel des prêtres.
De même, les efforts pour aider les laïcs à vivre leur foi en politique
doivent être une grande préoccupation de l’Église. Le changement de
mentalité, la conversion de cœur, voilà un grand défi pour l’Afrique pour
que le développement soit palpable, pour que la justice et la paix règnent.
- S. Exc. Mgr Lewis ZEIGLER, Archevêque Coadjuteur de
Monrovia, Président de la Conférence Épiscopale (LIBÉRIA)
L’un des secteurs dans lesquels nous pouvons servir est le ministère des
jeunes. Dans l’après-guerre au Liberia, les jeunes sont vulnérables. Ils ont
besoin de formation. Ils ont besoin d’une direction morale et de conseils.
Dans le secteur de l’Éducation, l’Église au Liberia a, en général, proposé
une éducation purement académique. Mais, durant la guerre civile, elle a dû
se déplacer sur un autre niveau de manière à servir les besoins des jeunes,
spécialement ceux qui n’ont pas eu accès à une éducation secondaire.
L’Église a introduit des programmes de développement de la jeunesse dans les
zones rurales dans lesquels sont enseignés l’agriculture, la charpenterie,
la maçonnerie et la mécanique automobile. Les programmes sont tous prévus
pour s’étendre sur une période de deux ans. Il s’agit de simples programmes
de formation, mais ils sont réalisés de manière professionnelle. Vingt
élèves à la fois participent dans chaque secteur.
Ces programmes ont été créés durant la guerre parce que les jeunes avaient
besoin d’être aidés. Un prêtre a pensé qu’il s’agissait d’une manière pour
les aider. Ces programmes ont été assemblés et fonctionnent très bien et les
jeunes démontrent tout leur intérêt.
Pour ceux qui ont du succès et ont de bons résultats, des postes ont été
pourvus au sein d’Ong ou de sociétés. Le Diocèse fait aussi appel à certains
d’entre eux. Le programme continue et a aidé beaucoup de jeunes à trouver un
emploi et à devenir autosuffisants. Il a aussi aidé à les distraire d’autres
activités qui leur auraient fait connaître des problèmes, spécialement s’ils
n’avaient rien à faire.
Au cours de cette période, ils ont suivi d’autres formes de formations. Ils
apprennent à lire et à écrire (pour ceux qui ne sont pas allés à l’école),
assistent à des prières quotidiennes en commun, reçoivent une formation
catéchistique ainsi que des informations sur le virus VIH/Sida.
- S. Exc. Mgr Arlindo GOMES FURTADO, Évêque de
Santiago de Cabo Verde (CAP VERT)
Quand la démocratie fonctionne et que la structure d’un État de droit
devient stable, les partis politiques se surveillent et se contrôlent
mutuellement, spécialement en ce qui concerne l’usage des biens publics,
l’application de projets sociaux et de développement. De nombreux problèmes
sociaux, de cette manière, sont résolus très facilement et la population
parvient plus rapidement à une qualité de vie meilleure.
Sous cet aspect, le Cap Vert a fait de grands progrès dans le domaine de
l’éducation, de la santé, des infrastructures et de l’espérance de vie.
Les défis augmentent cependant de plus en plus: l’instabilité de la
structure familiale, à cause de l’émigration, du divorce et de la méfiance
généralisée face à l’engagement familial que représente le mariage sans
faire auparavant d’expérience: le déficit d’éducation civique et de
citoyenneté, la situation de l’enfance à risque, et la délinquance juvénile;
le chômage qui a atteint un niveau élevé, surtout parmi les jeunes;
l’invasion des sectes plus agressives que jamais à l’encontre de l’Église
catholique et qui offrent de fausses promesses et obtiennent une emprise
importante dans la communication sociale, le danger de l’entrée forcée de
l’islam due à une forte immigration de frères venant du continent et la
perspective d’un grand investissement dans la promotion de l’islam dans le
seul pays catholique de la région.
Environ un tiers des habitants du pays, d’une manière ou d’une autre, est
scolarisé du fait du grand défi de l’éducation pour tous et de l’attitude de
promotion et de concurrence. Tout ceci exige de l’Église un autre niveau de
responsabilité, de pastorale et de formation de ses agents. Et dans toutes
ces sphères de notre société, nous chrétiens sommes appelés à être sel de la
terre et lumière du monde, avec la discrétion nécessaire, avec la visibilité
de qui est près à servir, avec la délicatesse propre à la gratuité, mais
aussi avec l’efficacité qui s’impose afin que l’Évangile, la foi,
l’espérance, l’hospitalité, l’honnêteté et le respect pour les droits de
tous et de chacun puissent aller de pair.
- S. Exc. Mgr Rudolf DENG MAJAK, Évêque de Wau, Président de la Conférence
Épiscopale (SOUDAN)
Accomplissant la mission qui nous vient de Dieu, nous, Évêques catholiques
du Soudan, avons dédié nos ministères pastoraux tout au long du désarroi
continu de notre nation à la recherche d’une réconciliation concrète et de
la paix au Soudan. Nous avons engagé des négociations directes avec les
responsables soudanais en écrivant, en approchant ou en demandant
l’intervention directe de la communauté internationale, des pays frères, de
nos frères dans la foi des pays de l’AMECEA, du SCEAM et des Évêques
sudafricains vis-à-vis desquels nous sommes très reconnaissants, en
demandant avec persévérance de démontrer la solidarité et la coopération
avec les initiatives de paix au Soudan.
Dans la structure de notre Conférence épiscopale, nous avons renforcé la
Commission Justice et Paix qui a des bureaux déconcentrés dans neuf diocèses
du Soudan. Cette Commission est très efficace dans la résolution de tout
genre de conflits et rend possible la réconciliation entre les différents
groupes ethniques du Soudan. Plus d’intérêt a été accordé au dialogue
interreligieux mais, bien sûr, sans grand succès.
Dans nos diocèses et à travers nos ministères pastoraux auprès des Soudanais
atteints par la guerre et déprimés, les Évêques aident également à guérir et
à sortir des traumatismes par le biais d’actions spirituelles et pastorales.
Plus particulièrement, dans la majeure partie du Soudan, les Églises ont
entamé des actions de développement social et économique. Ce dont les
personnes ont le plus besoin, comme la nourriture, la santé, les écoles et
le développement social, a été fourni par l’Église tout au long de la longue
période de conflit au Soudan.
Il y a des graines de violence potentielle en ce moment au Soudan.
Conjointement, ces disputes et ces incertitudes provoquent un environnement
instable dans lequel la violence Nord-Sud peut se produire. Ce qui nous est
demandé de manière urgente est de tenter maintenant de gérer le conflit et
d’éviter qu’il empire.
Afin de prévenir et de gérer les conflits à venir en se préparant à la
gestion de conflits et aux activités de résolution entre les différents
tribus et hommes politiques. Ceci requiert une réaction rapide face aux
alertes de violence dans le Sud, une attention particulière sur la sécurité
de la population et le contrôle des petites armes plutôt que des
désarmements forcés. Une approche régionale pour faire face à la menace de
l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) est instamment requise.
- S. Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.J., Évêque de
Lira (OUGANDA)
La Bonne Nouvelle de Jésus Christ, notre réconciliation, notre justice et
notre paix, qui a touché et transformé notre vie personnelle et la vie de
nos communautés chrétiennes, ne nous a pas été donnée pour notre usage ou
notre consommation personnelle. C’est une Parole qui est appelée à se
développer, et à communiquer la même vie – dans sa plénitude – au monde
entier. L’Église existe pour partager ce don. L’Évangélisation est notre
mission.
Ces quinze dernières années en Afrique ont vu se succéder autant de
réussites que d’échecs dans ce domaine. Le rêve d’une radio continentale n’a
pas vu le jour. D’un autre côté, nous avons désormais 163 radios diocésaines
qui diffusent la Bonne Nouvelle dans toute l’Afrique. Dans certains
endroits, plus rares, des télévisions diocésaines essaient de trouver leur
voie. Pour citer quelques exemples concernant la radio, nous avons entendu
des témoignages de l’influence positive des radios diocésaines sur la
formation des consciences et des esprits dans des pays où la paix prédomine,
comme la Zambie et Madagascar.
Pendant les longues années de la guerre dans le Nord de l’Ouganda, Radio-Wa,
une petite radio diocésaine, a joué un rôle important dans le retour chez
eux de centaines d’enfants-soldats enlevés et de rebelles de la LRA.
Dans la situation délicate et difficile qui suit la guerre au Sud Soudan,
l’engagement des Instituts missionnaires comboniens, en collaboration avec
les Évêques de tous les diocèses du Sud Soudan et avec l’aide d’autres
organisations internationales catholiques, a donné naissance au réseau des
radios catholiques du Soudan (SCRN). Commencé avec Radio Bakhita à Juba, ce
réseau des stations de radios catholiques, quand il sera terminé, doit
relier les huit diocèses de cette région, dépassant les divisions ethniques
et supportant le processus de paix et de réconciliation au Soudan.
Effectivement, parce que les médias et les nouvelles technologies de
l’information et de la communication sont de nouveaux aréopages (IL 144),
nos Églises locales doivent faire de la communication une priorité
pastorale. Mais cela implique que nous devons être prêts à y investir et à
en payer le coût. Car les moyens de communication sociale sont coûteux.
Parfois, les médias peuvent en effet peser trop fortement sur les finances
d’un diocèse seul. Dans de tels cas, les synergies et la coopération de
différents diocèses et congrégations missionnaires, avec l’aide des Églises
sœurs et des organisations internationales, peuvent sans aucun doute
permettre de faire ce qui autrement aurait été impossible.
- S. Exc. Mgr Ayo-Maria ATOYEBI, O.P., Évêque d'Ilorin
(NIGÉRIA)
Si l’Église de Dieu en Afrique veut approfondir son service de
réconciliation, de justice, et de paix, elle doit prier comme le fit Jésus
afin que le Saint-Esprit, par un nouveau rayonnement de sa puissance, puisse
nous renouveler et faire de nous des agents d’un nouvel ordre mondial dans
la sphère spirituelle, sociale, politique, économique, médicale et provoquer
une révolution africaine dans le domaine des sciences.
Sans l’aide de la Puissance qui vient d’en haut, qui, seule, peut nous faire
contribuer spirituellement, socialement, moralement et scientifiquement au
progrès de la société, nous ne pourrions véritablement être le sel de la
terre et la lumière emplie de gloire. Sans cela, nous pourrions bien ne pas
compter dans la communauté des Nations. Il est temps que nous, Africains
nous réveillions et vivions notre Renaissance. Nous devons prier et prier
encore pour cela.
Les Écritures nous disent comment Jésus priait un peu partout. Pour que nous
puissions sortir de l’impasse et devenir moins dépendants de la créativité
des autres, nous devons prier Dieu et le prier encore. Les choses ne se
résoudront pas sans une prière personnelle consciente, répétée, constante et
fervente. On ne répétera jamais assez la nécessité de persévérer dans la
prière, l’ascèse, la prédication, l’enseignement et l’action dans notre
quête de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Personne ne peut toucher le cœur des autres s’ils n’ont pas d’abord touché
le cœur du Dieu de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Notre peuple n’attend pas de nous que nous soyons des banquiers ou des
hommes politiques pour arranger les choses au mieux, mais que nous soyons
des formateurs des consciences, des hommes et des femmes spirituels, qui les
motiveront à assumer leurs responsabilités civiles en tant que sel de la
terre et lumière du monde.
- S. Exc. Mgr António Francisco JACA, S.V.D., Évêque
de Caxito (ANGOLA)
La guerre civile et fratricide qui a dévasté l’Angola au cours des trente
dernières années, avec tout son cortège de morts, a laissé des traumatismes
profonds dans nos populations: des milliers de familles détruites et
désunies, des milliers de veuves et d’orphelins, des milliers d’anciens
militaires insuffisamment aidés et, pour certains, totalement abandonnés, et
une grande partie de notre population qui vit au seuil de la pauvreté, etc.
Si d’un côté, il y a eu des investissements significatifs pour la
reconstruction des infrastructures détruites par la guerre - ce qui est
digne d’éloges - d’un autre côté, très peu voire presque rien n’a été fait
pour aider à reconstruire le tissu humain sérieusement blessé par les
longues années de guerre civile. Les conséquences se font déjà sentir,
surtout en ce qui concerne l’augmentation alarmante de la criminalité parmi
les jeunes et les adolescents.
La préoccupation de la société angolaise à ce sujet est aujourd’hui connue.
Le désespoir s’empare des familles les plus pauvres, privées du nécessaire
pour vivre, et de nombreux parents ne savent plus comment donner une
éducation à leurs enfants. Nos églises et nos Sanctuaires deviennent ainsi,
très souvent, des lieux où se réfugier, demander de l’aide, pleurer sur
leurs peines et rechercher une parole de consolation. Une parole de
consolation que les familles ne trouvent pas toujours parce que - et je le
dis avec beaucoup de tristesse - un grand nombre de nos prêtres, engagés
dans beaucoup d’autres occupations, ne sont pas disponibles pour s’occuper
d’elles et ne leur prêtent pas l’attention pastorale nécessaire surtout pour
le sacrement de la réconciliation et le ministère de l’écoute.
L’exode de la population des villages vers les villes a causé des
changements profonds dans le modus vivendi des populations. La famille a,
encore une fois, été frappée, surtout en ce qui concerne l’éducation des
enfants. À titre d’exemple: les enfants, dans les grandes villes en
particulier, restent seuls à la maison, parce que leurs parents, contraints
de partir à l’aube pour aller travailler, les laissent dormir et, en
revenant chez eux le soir très tard, les trouvent déjà endormis. Qui prend
soin de ces enfants pendant toute la journée? Abandonnés à leur sort, ils
ont pour compagnie les autres enfants, la rue, la télévision, etc. Nous
avons ainsi des enfants qui s’occupent d’autres enfants, éduqués dans la
rue, à la merci de tout et de tous.
On assiste également à l’invasion tacite de la télévision dans la vie de
famille. L’influence négative sur les enfants et sur les jeunes, de certains
programmes transmis par des chaînes nationales et internationales, est
indéniable: feuilletons télévisés, films de violence, vidéoclip, musiques au
langage impropre (également transmises amplement par les radios), qui
affichent un style de vie complètement étranger à notre réalité, qui
encouragent la violence et les autres comportements anti-sociaux. Il
convient aussi de signaler ici certains contenus diffusés à travers Internet
ou le téléphone portable, avec les sms et les vidéo messages, moyens
modernes de communication dont la nouvelle génération fait grand usage. Dans
ce dernier domaine, ce sont précisément les adolescents et les jeunes qui
sont les protagonistes de la transmission réciproque des messages
inconvenants.
Dans de nombreux quartiers périphériques, surtout dans les grandes villes,
il existe des “salles” cinématographiques improvisées, où les enfants et les
adolescents “consomment” ingénument des films de violence ou non recommandés
pour les mineurs.
- S. Exc. Mgr Mathieu MADEGA, Évêque de Port-Gentil
(GABON)
Nous parlons de la Famille “de” Dieu tant comme genre que comme espèce. Dire
Famille de Dieu, c’est spécifier que la famille est de Dieu, c’est-à-dire
“de Deo”, “ex Deo”, et même “cum, in, per, propter, secundum Deum”:
c’est-à-dire qu’elle a Dieu comme origine, Père et fin. L’Instrumentum
laboris (n. 88)déclare que la paternité divine est le fondement de l’image
Église-Famille de Dieu. La Paternité-Maternité de Dieu, filiation et
fraternité divines des hommes. “Divinisés”, nous sommes donc des “dieux”,
c’est-à-dire des consanguins divins de manière “sacramentelle”, et ayant
donc une fraternité “divine” qui, désormais, doit dépasser toutes les autres
fraternités parce qu’elle est scellée dans et avec le pacte de sang de
l’Agneau de Dieu. Appartenir à l’Église-Famille de Dieu signifie alors
porter partout en soi, maintenant et à jamais l’identité divine. La
réconciliation, ad intra, entre fils de Dieu, devient le synonyme de l’amour
divin, d’une “quasi-périchorèse” au sein de la Famille elle-même. Et une
fois que cette réconciliation a eu lieu et qu’elle est conservée ad intra,
elle se prolonge naturellement ad extra pour être “sel de la terre” et
“lumière du monde”. Vue que toute consanguinité de nature simplement humaine
demeurera toujours inférieure à la consanguinité divine, on comprend le
pourquoi de la “révolution synodale” souhaitée que, selon Col 3, 11, nous
formulons ainsi: “Dans la Famille de Dieu, il n’y a plus ni femme ni homme,
ni autochtone ni immigré, ni riche ni pauvre, ni exploiteur ni exploité, ni
fabriquant d’armes, ni acheteur ni utilisateur d’armes contre l’homme parce
que vrai fils de Dieu et vrai frère ou sœur!
- S. Exc. Mgr Augustine SHAO, C.S.Sp., Évêque de
Zanzibar (TANZANIE)
Je souhaite le répéter: le thème de ce synode touche ma région de travail
qui est à 99% musulmane. Mon défi est: comment apporter la réconciliation
dans une situation où une seule personne prétend connaître toute la vérité
et où tous les modes de vie – qu’il s’agisse de culture, d’économie – et les
hommes politiques sont dirigés et contrôlés par une seule religion? Le plus
gros problème que nous devons affronter est l’inégalité de la distribution
des rentrées du gouvernement, qui ne finance et ne supporte qu’une seule
religion, tandis que les autres sont des groupes tolérés sinon convertis!
Réconciliation-justice et paix ne peuvent être une réalité en Afrique que si
nous, les responsables religieux, modifions notre état d’esprit sur nos
propres cultures, traditions et interdits, ceux utilisés et pratiqués par
les religions traditionnelles africaines. La langue et les noms donnés à ces
groupes n’encourage pas du tout le dialogue et l’ouverture. Les noms tels
que “païens” et “animistes” font que personne n’ose révéler la vérité sur sa
foi. Résultat: on a des chrétiens le dimanche et des pratiquants de la
religion traditionnelle africaine les six autres jours de la semaine.
L’Église en Afrique devrait se battre sur tous les fronts pour harmoniser et
pacifier la consciences des fidèles africains qui cherchent à devenir de
véritables disciples du Christ, mais se trouvent à la croisée des chemins.
Aussi je suggère que cette Deuxième Assemblée Synodale prenne sérieusement
en main le problème du dialogue et de l’inculturation. Que cela soit clair:
le dialogue appelle une pensée positive sur le peuple. Le peuple devrait
être d’abord et avant tout considéré comme des être humains indépendamment
de leur croyance religieuse, et accepter les autres demande une espèce de
sacrifice de soi.
L’histoire de Tanzanie a fait preuve de tolérance religieuse, mais cette
valeur très appréciée est menacée par le fondamentalisme religieux. Alors
que l’île de Zanzibar demeure à 99% musulmane avec des tribunaux islamiques
(Tribunaux Kathi), ce n’est pas le cas de la Tanzanie. Tandis que la
Tanzanie se débat pour rester un État séculier, mais avec la liberté de
religion, elle subit désormais des pressions pour instaurer des tribunaux
islamiques et rejoindre l’Organisation de la conférence islamique à la
charge des contribuables. La stratégie de l’islam qui cherche à prouver
qu’il est majoritaire dans le pays, se base sur la prolifération des
constructions de mosquées sur les autoroutes ainsi que sur le contrôle du
commerce et des hommes politiques. En Tanzanie, 80à 90% des transports
long-courriers appartiennent aux musulmans et demandent en conséquence que
le vendredi soit un jour chômé.
- S. Exc. Mgr Jean ZERBO, Archevêque de Bamako (MALI)
Dans nos rapports avec les autorités politiques, nous ne devrons pas agir
autrement. Les relations interpersonnelles permettent de corriger les
injustices plus que les déclarations tapageuses. C’est ce qu’ont compris nos
aînés les Évêques du Mali et tout spécialement Mgr Luc Sangaré. À la manière
du prophète Nathan et surtout en s’inspirant des conseils et des exemples de
Jésus, il n’hésitait pas à demander des audiences en tête-à-tête aux
responsables politiques à tous les niveaux. Certains le recevaient, d’autres
préféraient venir chez lui. Grâce à ces rencontres faites dans le respect
mutuel et l’amour de la vérité, préparées dans la prière et la méditation,
il amenait des ennemis et des adversaires politiques à se parler, à se
tendre la main. C’est sur ses traces que nous nous efforçons de cheminer
pour que notre Église soit servante fidèle et vigilante de justice, de
réconciliation et de paix.
Il s’agit d’un appel à nous interroger spécialement en cette année
sacerdotale sur la manière dont sont traités les évêques, les prêtres, les
religieuses, les religieux et les catéchistes âgés, malades, admis à la
retraite. Sont-ils placés dans des conditions qui leur permettent
d’expérimenter en vérité la promesse de Jésus: celle d’avoir sur cette terre
pères, mères, frères, soeurs, enfants – c’est-à-dire d’être entourés de
l’affection reconnaissante de ceux et celles pour lesquels ils ont accepté
de tout quitter pour suivre Jésus? Je voudrais inviter ce Synode à attirer
l’attention des Instituts missionnaires sur la manière de traiter leurs
membres à l’âge de la retraite. Le retour au pays natal n’est pas accepté
par tous. En effet, si certains expriment clairement leur volonté de rentrer
au pays natal pour y prendre leur retraite, d’autres au contraire ressentent
ce retour comme un terrible déchirement. Obéissance oblige certes, mais que
de souffrances intérieures vécues dans le silence sont exprimées dans les
maisons de retraite en des termes très émouvants.
- S. Exc. Mgr Beatus KINYAIYA, O.F.M. Cap., Évêque de
Mbulu (TANZANIE)
L’Afrique a deux visages. Dans certains endroits, elle présente son meilleur
visage: des forêts riches de toutes sortes de faune et de flore et des
montagnes magnifiques. Mais dans d’autres, l’Afrique saigne de la
dégradation de ses terres.
La meilleure part de l’Afrique attire des milliers de touristes qui
contribuent pour une bonne part aux budgets de nos nations. Mais la mauvaise
nouvelle est que l’Église en Afrique ne rend pas justice aux touristes
catholiques qui ont besoin d’un accompagnement spirituel. Beaucoup des
destinations de ces touristes n’ont pas de aumôniers en propre. J’appelle
donc les Pères synodaux à inviter tous les diocèses qui accueillent des
touristes à prendre soin d’eux spirituellement.
Le deuxième visage de l’Afrique est celui de la destruction. La dégradation
de l’environnement causée par nos actions irresponsables ne cesse de
s’accroître. Résultat: l’Afrique doit désormais faire face à des sécheresses
sévères, à l’érosion des sols et même dans certains endroits à des
inondations. Étant donnée la situation, certaines personnes sont contraintes
de devenir des “réfugiés de l’environnement”. Ces réfugiés de
l’environnement ne souffrent pas moins que les autres réfugiés. Nous devons
leur rendre justice autant qu’aux autres. C’est pour cette raison que
j’appelle le Synode à faire pression sur nous tous et sur nos gouvernements,
en Afrique, en Europe ou en Amérique, afin d’utiliser les ressources de la
terre avec modération et de manière durable.
INTERVENTIONS “IN SCRIPTIS” DES DÉLÉGUÉS FRATERNELS
Le suivante Délégué Fraternelle a remis une intervention écrite:
- Sa Grace Owdenburg Moses MDEGELLA, Evêque du Diocèse Luthérien de Iringa
(TANZANIE)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de l’intervention que le Délégué
Fraternelle a remis par écrit et qui n’a pas été prononcés en Salle:
- Sa Grace Owdenburg Moses MDEGELLA, Evêque du Diocèse
Luthérien de Iringa (TANZANIE)
Mon intervention se réfère à la dernière phrase de la section 11 du premier
chapitre à la page 5 de l’Instrumentum laboris. Cependant cela a été en
grande partie dépassé par le résumé du Synode du 13 octobre. Je parlerai
brièvement de trois domaines à savoir la repentance, la résistance et la
collaboration.
Je cite: “Fondamentalement, ce qui souille (la) société africaine vient du
cœur (cf. Mt 15, 18-19; Mc 7, 15 et aussi Gn 4). Une attention spéciale est
accordée à Gn 4.
Les forces qui ont épuisé l’Afrique ont été tant intérieures qu’extérieures.
Beaucoup a été dit à propos des forces extérieures dans ce synode et au
cours des années. Je me concentrerai sur les forces intérieures.
Repentance: En vue d’une vraie réconciliation, d’une vraie justice et d’une
véritable paix en Afrique et pour réaliser une metanoia réalisable, les
responsables africains dans toutes les sphères d’influence et dans tous les
pas de la vie doivent être transformés et être des agents de transformation.
Si la foi est probablement possible, la repentance ne l’est pas. L’Église
universelle doit appeler les responsables africains nationaux à la
repentance en ce qui concerne les atrocités, la brutalité, les effusions de
sang, la violence, la malhonnêteté, le mauvais usage des ressources
naturelles, l’excès de pouvoir, l’abus, le viol, le truquage des votes, la
manipulation et la corruption et beaucoup d’autres chose encore.
Résistance: L’Église universelle doit résister et se détacher des
responsables qui ne craignent pas Dieu. En revanche, elle devrait les
conduire à craindre Dieu, à exercer l’honnêteté, le respect de la liberté,
la justice, les droits de l’homme et la dignité de toute personne et
rechercher la paix et la réconciliation.
Collaboration: Avec révérence et humilité, je suppose qu’aucune dénomination
ecclésiale ne peut se présenter seule pour inculquer la réconciliation, la
paix et la justice. Aucune Église particulière ne peut briller seule et
provoquer à elle seule une palatabilité acceptable. Étant la lumière du
monde et le sel de la terre, l’Église universelle doit encourager l’esprit
d’œcuménisme parmi les autres dénominations et être en dialogue avec
d’autres fois.
►Interventions in scriptis des auditeurs et auditrices
- CONCERT EN L’HONNEUR DU SAINT-PÈRE- CONFÉRENCES
DE PRESSE
►
Concert en l’honneur de Sa Sainteté Benoît XVI - 15.10.09

Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.10.2009 -
T/Synode Afrique |