L’honneur de l’Église est sauf |
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Rome, le 10 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Commentaire de
l'Abbé Philippe Laguérie. C'est un grand cri de reconnaissance et
d'affection filiale pour le Pape Benoît XVI. Il ne fait que tenir ici
les propos de la raison et du coeur, puisse t'il être entendu par les
irréductibles des deux bords.
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L'Abbé Philippe Laguérie
Motu Proprio "Summorum pontificum cura"
mardi 10 juillet 2007, par l'Abbé Philippe Laguérie
Ma première réaction au document historique du Pape Benoît XVI sera cette
citation du prophète Isaïe où Jérusalem est évidemment notre Eglise
catholique et romaine : "Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause
d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle soyez dans l’allégresse, vous tous
qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés du lait de ses
consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire.
Voici ce que dit le Seigneur : Je dirigerai vers elle la paix comme un
fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez
comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses
genoux. De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai,
dans Jérusalem vous serez consolés. Vous le verrez, et votre cœur se
réjouira ; vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. Et le
Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs."
(Isaïe 66, 10-14c).
L’Eglise Catholique vient de retrouver sa fierté et chacun de ses fils peut
se réjouir avec Elle ! J’éprouve un sentiment de joie profonde, mêlé de
reconnaissance et d’émotion, devant ce spectacle aussi inattendu qu’inespéré
d’un pape, que certains disaient lent à l’ouvrage, et qui, après deux ans de
pontificat seulement, ramène au grand jour la Tradition la plus vénérable de
l’Église, avec fierté et hardiesse, le trésor de la messe de Saint Grégoire
le Grand (avec lui des Apôtres), de Saint Pie V, du Bienheureux Jean XXIII
(quel conciliaire irréductible pourra bien le contester ) !
Je suis obligé de procéder par points successifs pour ne rien omettre de ce
texte aussi dense que précis, au risque d’en altérer l’unité profonde et le
jet direct d’une écriture passionnée et longuement réfléchie.
Disons simplement qu’il n’y a là aucun triomphalisme primaire et de mauvais
aloi : ce n’est aujourd’hui la victoire de personne, encore moins d’un camp
contre un autre. C’est la victoire de tous. C’est la victoire de l’Église
Catholique, de son Pape, de ses évêques, de ses prêtres et de ses fidèles
tous humiliés longtemps sous un joug étranger : l’autodestruction de l’Église
s’arrête, les fumées de Satan se dissipent, la barque de saint Pierre, qui «
prenait l’eau de toute part » reprend la mer avec audace et déverse sa
fierté éternelle d’épouse de Jésus-Christ sur chacun de ses fils.
1/ Un document très bref.
Trois petites pages qui disent tout, sans omission ni laïus : il y a
longtemps qu’on ne nous avait pas parlé sur ce ton ! Nous voilà retournés au
temps des vieux papes qui dictaient, avec force et simplicité, leur volonté
claire et immédiate (« Motu Proprio ») du bien de l’Eglise. C’est la bonne
vieille méthode de l’Évangile, tout simplement : « que votre oui soit oui,
que votre non soit non : le reste vient du Malin ». On notera également la
puissante volonté de ne pas seulement dire ce qu’il faut faire mais aussi
celle de parvenir à ses fins : le curé qui ne veut rien entendre sera
déférer à l’évêque et l’évêque à la commission. Le pape Benoît XVI note très
justement que le Motu proprio de 1988 est resté lettre morte et Il prend les
moyens que le sien soit vraiment une actualisation au sens concret du
passage à l’acte. Le Saint-Siège y veillera et on fera le bilan dans trois
ans. C’est du grand saint Pie X.
2/ Des attendus précis.
Deux objections sont d’abord pulvérisées par le Pape : le pouvoir des
évêques n’est pas contourné mais vraiment renforcé et la question doctrinale
sous-jacente en rien tranchée. C’est une double évidence dont il faut
prendre la mesure et l’urgence. Quand les évêques auront donné de vraies
paroisses personnelles aux fidèles et aux prêtres, leur autorité en sera
évidemment renforcée ; tandis qu’à continuer une guerre fratricide, le
catholicisme tout entier fait naufrage et avec lui ses chefs. D’autre part
le principe célèbre « lex orandi, lex credendi » du Pape Zéphirin, si
justement rappelé par son successeur nous indique qu’à force de prier «
pareil » nous penserons semblablement. J’ai déjà exprimé souvent sur ce blog
ce que je pense des discussions doctrinales préalables : un alibi de
pacotille qui déguise bien mal une obstination non avouable. Mgr Lefebvre
voulait qu’on nous laissât faire l’expérience de la Tradition : vous en avez
l’occasion rêvée, sanctionnée et garantie par le Pape.
D’autant qu’après réfutation de ces deux fausses objections, le Pape Benoît
XVI dit simplement la raison pratique de sa décision :
l’unité de l’Église. Et en particulier le retour de la FSSPX. Avec
les mots les plus touchants, le Pape citant saint Paul aux Corinthiens,
invite Mgr Fellay à élargir son cœur (…) et à considérer le geste magnanime
et l’offre somptueuse qui lui est faite. J’avoue qu’à sa place je sauterais
dans l’avion pour Castel Gandolfo. Parce que le pape reconnaît les erreurs
de la hiérarchie d’alors et ne fait aucun reproche à Mgr Lefebvre ni à son
successeur d’aujourd’hui. La levée de l’excommunication serait très rapide,
sans nul doute, et la part belle faite à l’œuvre de Mgr Lefebvre. Dans la
lettre aux quatre évêques que Mgr Lefebvre leurs adressait, juste avant de
les élever à l’épiscopat, il leurs donnait cet ordre d’avoir à remettre un
jour leur épiscopat entre les mains du successeur de Pierre. Ce jour est-il
venu ? Se représentera-t-il une occasion aussi providentielle ? Question de
cœur, tout simplement. Jamais Pape n’aura fait une telle avance et dans des
termes aussi pathétiques. Parce qu’au niveau doctrinal, celui qui avance le
plus vite est évidemment le Pape.
3/ Des remarques plus que judicieuses.
On apprend, au cours de ces deux documents, mille et une choses des plus
frappantes. La messe traditionnelle n’a jamais été abrogée, jamais. Le flou
qui a pu prévaloir sous le règne de Paul VI est terminé (Consistoire du 24
mai 1976). La commission théologique réunie par le Pape Jean-Paul II en 1986
et révélée par le Cardinal Castrillon-Hoyos ce printemps dernier avait bien
raison : la messe traditionnelle n’a jamais été abrogée et il est nécessaire
de la rendre à l’Église. Tel, du moins, était l’avis de huit cardinaux sur
neuf. On sait maintenant que le pape Jean-Paul II n’a pas mis à exécution
cette recommandation sur la pression avouée de quelques évêques ; peu
importe à présent : les choses sont claires définitivement. Rome a parlé,
l’affaire est entendue. Oublions, je vous prie, les injustices et les
censures.
On apprend également que la messe traditionnelle n’est pas une question de
nostalgiques et de vieux : la plupart de ceux qui la réclament sont jeunes
et n’ont pu la connaître dans sa célébration ante-conciliaire.
C’est le sacré qu’elle véhicule qui attire et fascine.
Depuis 30 ans qu’on nous dit le contraire (question de sensibilité pour
rétrogrades inadaptés et obsolètes…) cette simple justice fait chaud au
cœur. Et d’où viendraient, d’ailleurs, ces très nombreuses vocations pour la
Tradition de la part de gens qui ne l’ont pas connue ?
La continuité de la Tradition liturgique est le principe directeur du Pape
actuel comme il l’était du cardinal Ratzinger. La liturgie étant le lieu
privilégié de la Tradition, toute rupture est létale. Comme en une chaîne,
le maillon manquant ou brisé détruit l’ensemble ; seuls les évolutionnistes
en disconviennent. Comment l’Église serait-Elle crédible en condamnant
aujourd’hui ce qu’Elle prônait hier ? Ne va-t-Elle pas interdire demain ce
qu’Elle recommande aujourd’hui ? Franchement, nombre d’apprentis-sorciers
dans ce domaine, auraient bien mérité que leur production d’un jour fût
proscrite aujourd’hui.
Car le Pape n’y va pas de mainmorte avec les abus que nous avons connus :
cette improvisation essentielle qui était à la nouvelle liturgie ce que
l’esprit du concile était à sa lettre est par lui qualifiée comme étant «
à la limite du supportable » (sic). Il
fallait que ces choses-là fussent dites et qu’elles le fussent par un pape
de l’Église catholique ! Ces choses étant dites n’engagent plus la
responsabilité de l’Église mais uniquement leurs misérables auteurs :
l’honneur de l’Église est sauf. Ces hosties
qu’on a si longtemps remises après la messe dans le magasin parce que la
présence de Jésus-Christ n’était, lors, que spirituelle (si deux ou trois
sont réunis en mon nom (article 7 de l’Institutio generalis), cet évêque
sud-américain qui allumait sa cigarette, crosse à la main et mitre en tête,
au cours de sa « synaxe » en expliquant que la messe n’étant qu’un repas il
avait l’habitude de fumer cependant Il ne fallait qu’un seul mot d’un seul
pape pour déconnecter l’Église de ces abominations : c’est chose faite.
4/ Les décisions qui s’imposent.
Tout prêtre catholique peut désormais célébrer, sans quelque autorisation
que ce soit que celle présente du Pape, sa messe basse selon le rite de
Grégoire le Grand- Pie V- Jean XXIII, qui est le même. Si quelque
journaliste s’étrangle à l’idée que c’est celle de Grégoire ou de Pie, qu’il
se console, ou finisse de s’enrager, en pensant que c’est celle du « Bon
Pape Jean » qui n’en a jamais célébré d’autre ! C’est ça aussi la Tradition.
Que si vous voulez la liste des papes l’ayant ainsi célébrée, elle est d’au
moins deux cents, et encore.
Ce prêtre peut s’adjoindre les fidèles qui le désirent sans autre formalité,
tant que ce n’est pas une messe statutaire (paroissiale, conventuelle…)
Les communautés tant séculières que régulières peuvent revenir à la messe
traditionnelle sur simple décision de leurs supérieurs majeurs. Toutes les
communautés de moines, de religieux, de religieuses, de vie apostolique le
peuvent donc.
Les simples curés peuvent accéder aux demandes des fidèles pour toute messe
traditionnelle, sans besoin de recourir à l’ordinaire (ou se retrancher
derrière lui). Les groupes stables de fidèles pourront obtenir la messe du
Bienheureux Jean XXIII de leur curés, lesquels, s’ils refusent seront
déférés à l’ordinaire qui devra tout faire pour les satisfaire. Si
l’ordinaire était dans l’incapacité, c’est la commission romaine qui
trancherait.
Tout prêtre peut reprendre le bréviaire du pape Jean XXIII pour sa
récitation personnelle.
Tous les autres sacrements devront être donnés dans les rubriques de 1962
sur demande des fidèles. Ainsi du baptême, du mariage, du sacrement des
malades (extrême-onction). Ainsi des mariages et des pèlerinages. Il n’est
pas jusqu’aux évêques qui ne puissent utiliser l’ancien pontifical pour
donner ainsi le sacrement de Confirmation.
Enfin les évêques peuvent ériger des paroisses personnelles de rite propre
(prototype unique bien connu !) selon le canon 518, pour satisfaire la juste
demande des fidèles. C’est évidemment la solution de l’avenir et celle qui
rendra définitivement la paix à tous. Une paroisse comme celle-là dans
chaque ville de France et on n’entendrait plus parler de division et de
querelles. L’unité et le respect rétablis, l’ordre serait revenu et avec lui
la paix et la prospérité. L’Évangélisation repartirait, les conversions, les
baptêmes, la fierté chrétienne et la prospérité. Le Pape le veut… et vous ?
Oui, je vous dis que depuis Vatican II, il n’y a pas eu de document
pontifical plus déterminant pour le bien commun de l’Église. Merci Très
Saint-Père .
Abbé Philippe Laguérie
Table :
►
Motu Proprio
Texte intégral du Motu
Proprio: ►
Publication du "Motu Proprio Summorum Pontificum"
Motu Proprio Summorum Pontificum
(doc. word)
Lettre explicative: ►
Lettre du pape Benoît XVI aux évêques
Lettre du pape Benoît XVI accompagnant le motu proprio
(doc. word)
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.07.2007 - BENOÎT XVI - Table
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