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19 Avril 2005
 

Carlo Martini, l'antépape de Benoît XVI !

 

Rome, le 03 novembre 2008  - (E.S.M.) - Dans son dernier livre-interview, publié d’abord en Allemagne et maintenant en Italie, le cardinal Carlo Maria Martini se définit non comme un antipape – c’est ainsi que les médias le dépeignent souvent – mais comme "un antépape, un précurseur et un préparateur pour le Saint-Père Benoît XVI".

Le cardinal Carlo Maria Martini

Carlo Martini, l'antépape de Benoît XVI ! 

Le Jésus du cardinal Martini n'aurait jamais écrit "Humanæ Vitæ"

Le 03 novembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - C'est un Jésus qui lutte contre l'injustice. Et donc aussi contre les "mensonges" et les "torts" de l'encyclique de Paul VI (Humanae Vitae) qui a interdit la contraception artificielle. C'est ce qu'écrit l'ancien archevêque de Milan dans son dernier livre. Mais au même moment, dans un autre livre, deux chercheuses présentent autrement l'esprit de ce document.

En tout cas, si l’on s’en tient au contenu du livre, le cardinal Martini apparaît très éloigné, sur bien des points, du pape actuel et de ses récents prédécesseurs.

Si l’on compare, par exemple, le "Jésus de Nazareth" de Benoît XVI au Jésus que décrit le cardinal Martini dans ce livre, la distance est impressionnante. C’est ce qu’explique très bien le jésuite allemand qui interviewe le cardinal, le père Georg Sporschill, qui ne cache pas à qui va sa préférence :

"Le livre du pape Benoît XVI est une profession de foi en Jésus. Le cardinal Martini nous présente Jésus dans une autre perspective. Jésus est l'ami du publicain et du pécheur. Il écoute les demandes de la jeunesse. Il apporte le désordre. Avec nous, il lutte contre l'injustice".

Il en est bien ainsi. Le cardinal présente le Sermon sur la Montagne comme une charte des droits des opprimés. La justice est "l'attribut fondamental de Dieu" et "le critère de distinction" selon lequel Il nous juge. L'enfer "existe et il est déjà sur terre": dans la prédication de Jésus, il était "un avertissement" incitant à ne pas produire trop d’enfer ici-bas. Le purgatoire est, lui aussi, "une image" développée par l’Église, "une représentation humaine qui montre comment on peut être préservé de l'enfer". L’espérance finale est "que Dieu nous accueille tous", quand la justice cèdera le pas à la miséricorde.

Comme toujours, le mode d’expression de Martini est le clair-obscur, le nuancé, et cela dès le titre du livre, "Conversations nocturnes à Jérusalem. Sur le risque de la foi". A propos du célibat du clergé, par exemple, il dit et ne dit pas. De même à propos des femmes prêtres. Ou de l'homosexualité. Ou du préservatif. Même quand il critique la hiérarchie de l’Église il ne nomme ni les gens ni les choses.

Mais, cette fois, il y a une exception. Un chapitre du livre prend pour cible explicite l'encyclique "Humanae Vitae" (1968) de Paul VI sur le mariage et la procréation. Martini l'accuse d'avoir créé "un tort grave" en interdisant la contraception artificielle : "beaucoup de gens se sont éloignés de l’Église et elle s’est éloignée des gens".

Martini reproche à Paul VI d'avoir caché délibérément la vérité, laissant aux théologiens et pasteurs le soin de réparer ensuite les dégâts en adaptant les règles à la pratique :

"J’ai bien connu Paul VI. Par l'encyclique il voulait exprimer son respect de la vie humaine. Il a expliqué son intention à des amis en utilisant une comparaison : il ne faut pas mentir, mais il est parfois impossible de faire autrement; soit il faut cacher la vérité, soit on ne peut éviter de dire un mensonge. C’est aux moralistes d’expliquer où commence le péché, surtout dans les cas où existe un devoir plus grand que la transmission de la vie".

En effet, poursuit le cardinal, "après l'encyclique Humanæ Vitæ, les évêques autrichiens, allemands, et beaucoup d’autres évêques ont pris, quand ils disaient leur préoccupation, une orientation que l’on pourrait poursuivre aujourd’hui ". Une orientation qui exprime "une nouvelle culture de la tendresse et une approche de la sexualité plus libre de préjugés".

Mais après Paul VI est venu Jean-Paul II, qui "a suivi la voie d’une application rigoureuse" des interdits de l'encyclique. "Il ne voulait pas que des doutes naissent à ce sujet. Il paraît qu’il avait même pensé à une déclaration qui aurait bénéficié du privilège de l'infaillibilité pontificale".

Et après Jean-Paul II est venu Benoît XVI. Martini ne le cite pas, ne semble pas lui faire confiance, mais il risque cette prévision:

"Le pape ne retirera probablement pas l'encyclique, mais il peut en écrire une autre qui en soit la continuation. Je suis fermement convaincu que la direction de l’Église peut indiquer une voie meilleure qu'Humanæ Vitæ. Savoir reconnaître ses erreurs et l’étroitesse de ses vues d’hier est un signe de grandeur d'âme et de sûreté de soi. L’Église regagnera de la crédibilité et de la compétence".

Voilà ce que dit Martini. Mais si l’on se limite à lire son dernier livre, on n’apprend rien sur la lettre et encore moins sur l’esprit de cette encyclique très contestée.

A cet égard, le discours du pape Benoît XVI sur "Humanæ Vitæ," le 10 mai 2008, est bien plus instructif. Évoquant son contenu, il a déclaré que "40 ans après sa publication, cet enseignement manifeste sa vérité intacte, mais aussi la prévoyance avec laquelle le problème a été traité".

Il est encore plus intéressant, pour comprendre dans quel contexte proche ou lointain "Humanae Vitae" a pris forme, de lire un livre publié en Italie peu avant celui du cardinal Martini.

Son titre est : "Deux en une seule chair. Église et sexualité dans l’histoire". Les auteurs sont des chercheuses, toutes deux militantes féministes dans les années 70 et historiennes, l'une laïque et l'autre catholique: Margherita Pelaja et Lucetta Scaraffia.

Cette dernière consacre un long chapitre à "Humanæ Vitæ", dont elle reconstruit la genèse, le contenu et les développements. En voici la partie finale :

Et la méthode des époux Billings arriva
par Lucetta Scaraffia

Si Paul VI n’a pas réussi à se faire comprendre, écouter, par les "hommes de notre temps", c’est que ses paroles n’ont pas réussi à franchir le mur de déception et de protestation dressé dès le début contre "Humanæ Vitæ", même parmi les catholiques. Le dialogue des innovateurs déçus et de l’Église ressemble, si on le relit aujourd’hui, à un dialogue de sourds, au point que cette encyclique reste, parmi celles du XXe siècle, celle que l’Église elle-même évoque le moins, presque comme un incident pénible, à oublier.

Malgré cela, le magistère de l’Église a repris, dans les années suivantes, les thèses de l’encyclique. Celle-ci condamne fermement l’intervention humaine dans la procréation, ce que, du reste, Jean XXIII avait déjà annoncé sans ambiguïté dans l’encyclique "Mater et magistra" de 1961. Ce sera un précédent important pour la morale catholique non seulement en matière de contrôle des naissances, mais aussi de techniques de fécondation artificielle et de manipulation d’embryons qui se développeront à la fin du XXe siècle. La conception de la loi naturelle qui y est exprimée – une conception plutôt personnaliste mais en tout cas liée à l’idée que la nature humaine doit être respectée parce qu’elle a été créée par Dieu à son image et à sa ressemblance – sera reprise et développée par Jean-Paul II.

En effet l’un des plus pertinents et courageux défenseurs de l’encyclique a été le cardinal Karol Wojtyla, qui avait déjà été l’un des consultants de Paul VI. Wojtyla était d’ailleurs l’un des rares cardinaux à s’être occupé de morale sexuelle, dans un livre intitulé "Amour et responsabilité", publié en polonais en 1960 puis traduit en d’autres langues européennes. Dans son livre, Wojtyla aborde des sujets comme "analyse du mot jouir", "libido et néo-malthusianisme", "analyse de la sensualité" et "chasteté et rancœur" avec une clarté et une liberté de langage à laquelle la tradition catholique n’était certes pas habituée.

Sa définition de la tendance sexuelle s’oppose à "un esprit hypnotisé par l’ordre biologique" et fait une large place à la personne humaine dans son ensemble: "La tendance sexuelle est la source de ce qui se produit en l’homme, des divers événements qui ont lieu dans sa vie sensorielle ou affective sans participation de sa volonté. Cela prouve qu’elle fait partie de l’être humain dans son ensemble et pas seulement de l’une de ses sphères ou facultés. Imprégnant tout l’homme, elle a le caractère d’une force, qui se manifeste non seulement à travers ce qui se produit dans le corps de l’homme, dans ses sens ou ses sentiments, sans participation de la volonté, mais aussi à travers ce qui s’y forme avec le concours de celle-ci".

Le futur pape critique le concept freudien de libido pour sa corrélation étroite "avec l’attitude utilitariste", qui confère à l’acte sexuel un sens purement égocentrique: "La sensualité à elle seule n’est donc pas l’amour et elle peut même devenir très facilement le contraire de l’amour".

Mais il ne condamne pas pour autant la sexualité ou le corps: "Il faut préciser qu’il existe une différence entre l’amour charnel et l’amour du corps, parce que le corps, en tant qu’élément de la personne, peut aussi être objet d’amour et pas seulement de concupiscence".

En conclusion, après avoir dénoncé l’erreur d’une culture qui "refuse de reconnaître la grande valeur de la chasteté pour l’amour" il s’attache à réfuter l’idée, de plus en plus répandue, que "le manque de rapports sexuels est mauvais pour la santé de l’être humain en général, et pour celle de l’homme en particulier. On ne connaît pas une seule maladie qui puisse confirmer la vérité de cette thèse", alors que "les névroses sexuelles sont surtout dues aux excès dans la vie sexuelle et se manifestent quand l’individu ne se conforme pas à la nature et à ses processus".

Ce livre montre que Wojtyla, avant même l’encyclique, avait vu le danger – contre lequel "Humanæ Vitæ" allait mettre en garde – de laisser le problème de l’acte conjugal et de la procréation hors de la sphère éthique et d’enlever ainsi à l’homme la responsabilité d’actions profondément enracinées dans sa structure personnelle. Dans l’article publié dans "L’Osservatore Romano" du 5 janvier 1969 pour défendre l’encyclique, il reprend l’interprétation personnaliste de l’acte conjugal et soutient qu’il n’y a pas identité entre l’amour conjugal et son expression privilégiée, l’acte sexuel : "Cet amour s’exprime aussi dans la continence – y compris périodique – parce que l’amour est capable de renoncer à l’acte conjugal, mais qu’il ne peut renoncer au don authentique de la personne".

Dix ans plus tard, peu avant d’être élu pape, Wojtyla écrit à nouveau sur l’encyclique. Il cherche à expliquer "la vision intégrale de l’homme" dont parle Paul VI et à montrer ce qui fait la "dignité de la personne": l’homme n’est pas un être divisé parce que "l’être et la valeur doivent constituer ensemble le principe herméneutique de l’homme". L’homme et la femme doivent donc vivre l’acte conjugal dans la vérité : cette vérité intérieure de l’acte qui est indiquée par le texte de l’encyclique.

Conscient du malaise qui a accompagné l’apparition d’"Humanæ Vitæ", malaise encore vivant dix ans plus tard, Wojtyla réalise, à peine devenu pape, le projet de Paul VI de convoquer un synode sur la famille, qui a lieu en septembre 1980. Il a l’occasion, au cours de l’assemblée synodale, de reprendre les thèses de l’encyclique contestée, qu’il présente comme prophétiques, et de présenter ce qui deviendra les propositions de l’exhortation apostolique "Familiaris Consortio" qu’il publiera en 1982. Il y développe de manière personnaliste les arguments de l’encyclique : l’amour implique l’homme tout entier; la sexualité "n’est pas quelque chose de purement biologique, mais concerne la personne humaine en ce qu’elle a de plus intime"; le mariage a un caractère sacré parce qu’il touche à l’essence la plus profonde de l’homme, le point où il est lié à Dieu. Le vocabulaire des fins du mariage est définitivement écarté, tandis que la conception de la sexualité présentée par le document est pleinement humaine, liée à la personne qui ne peut jamais être utilisée comme objet. Dans ce contexte, le corps acquiert une positivité complète, il est lié à l’esprit dans l’unité: le principe personnaliste implique que toutes les dimensions de l’être humain participent de la dignité personnelle et soient donc objet de respect et jamais considérées comme de purs instruments. Pour Jean-Paul II, la sexualité, intimement liée à la personne, est le signe corporel du don total de la personne dans sa mise en relation avec une autre personne.

L’attention que le pape porte à ce thème est aussi prouvée par ses catéchèses, à partir de mai 1984, sur "l’amour humain dans le plan de Dieu". Il cherche à y mettre en relation la vérité et l’éthique, en réexaminant les racines de la conception du corps dans la tradition des Écritures.

C’est aussi pendant le pontificat de Jean-Paul II qu’a eu lieu le virage de la recherche scientifique souhaité par Paul VI dans "Humanæ Vitæ" : la découverte d’une méthode de régulation des naissances fondée sur la période mensuelle d’infertilité, facile à appliquer et sûre. Mais, dans le monde développé, la nouvelle n’a pas dépassé les milieux catholiques et, même là, elle n’a pas été assez diffusée dans des pays occidentaux comme l’Italie, alors qu’elle a connu un vif succès dans le Tiers-Monde.

En effet, dans les pays occidentaux, les méthodes naturelles ont continué à être considérées comme non seulement tout à fait inefficaces mais aussi incommodes et difficiles à appliquer. Du reste, elles ont une autre caractéristique, dont on ne parle pas, qui a contribué à les faire dénigrer: leur gratuité. Aucune société pharmaceutique n’avait intérêt à financer des recherches sur cette forme de contrôle des naissances qu’il valait mieux couvrir de ridicule et discréditer.

Mais un couple de médecins australiens de Melbourne – Evelyn et John Billings, lui issu d’une longue lignée catholique irlandaise, elle convertie au catholicisme lors de son mariage – a consacré sa vie à cette recherche et obtenu dès 1964 des résultats importants. Contrairement à celle des températures ou à la méthode Ogino expérimentées jusqu’alors, la nouvelle méthode naturelle qui porte leur nom n’est pas compliquée et peu efficace mais simple et sûre. C’est même une méthode simplissime, sans coûts, fondée sur la connaissance de son corps que toute femme doit être préparée à avoir. Ceux qui se souviennent des campagnes féministes en faveur de la découverte de l’appareil génital féminin – dans les années 70 on conseillait aux femmes de prendre un miroir et d’explorer leur sexe – jugeront la méthode Billings parfaite: à travers la connaissance d’elle-même, la femme contrôle sa capacité à procréer, sans recours à des médecins ou à des médicaments, de manière tout à fait autonome. Or les féministes l’ont toujours traitée avec mépris.

Mais, entre-temps, la méthode Billings s’est répandue dans le monde : le couple australien a pu fonder des centres même en Chine, où le gouvernement a tout de suite compris l’utilité d’une méthode gratuite et sans effets collatéraux sur la santé des femmes, et en Inde, où la méthode a été enseignée par mère Teresa de Calcutta et ses sœurs. Le peu d’enthousiasme que la méthode semble susciter dans les riches et modernes pays occidentaux s’explique peut-être aussi quand on voit quel modèle de comportement sexuel ils jugent souhaitable: la méthode Billings présuppose en effet une fidélité de couple, une sexualité vécue ensemble et impliquant la responsabilité des deux partenaires, ce qui est très loin du mythe de la totale liberté sexuelle et de la séparation entre sexualité et procréation qui s’est enraciné dans les sociétés occidentales.

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

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Source : Sandro Magister 
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 03.11.2008 - T/Église

 

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