L'Archevêque d'Alger évoque les relations entre
musulmans et chrétiens en Algérie |
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Rome, le 20 février 2008 - Dans un entretien accordé à "L'Osservatore
Romano", l'Archevêque d'Alger, Mgr Henri Teissier, explique un
épisode, assurément regrettable, qui ne peut toutefois pas faire oublier
les bonnes relations de collaboration, existant depuis de nombreuses
années, dans le domaine culturel et social.
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S.Exc.
Mgr Henri Teissier, Archevêque d'Alger -
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L'Archevêque d'Alger évoque les relations entre musulmans et chrétiens en
Algérie
Depuis le 28 février 2006, en Algérie, une loi fixe les règles d'exercice
des cultes non musulmans et protège les lieux de prière et leurs fidèles.
Mais en juin dernier est entrée en vigueur un décret d'application de la loi
qui interdit la pratique religieuse non musulmane en dehors des édifices
réservés à celle-ci. Il y a quelques semaines, il a suffi à un prêtre
catholique, Pierre Wallez, de réciter une prière avec d'autres chrétiens en
plein air, dans une localité à la frontière avec le Maroc, pour être
condamné à un an de prison avec sursis et au paiement d'une contravention de
deux cent mille dinars. Cet événement a créé une appréhension au sein de la
communauté chrétienne qui vit dans ce pays d'Afrique.
Dans un entretien accordé à "L'Osservatore Romano", l'Archevêque
d'Alger, S.Exc. Mgr Henri Teissier, explique que cet épisode, assurément
regrettable, ne peut toutefois pas faire oublier les bonnes relations de
collaboration, existant depuis de nombreuses années, dans le domaine
culturel et social.
Monseigneur Teissier, comment se sont réellement
déroulés les faits ?
C'était le 29 décembre. Le Père Wallez, comme cela est déjà arrivé par le
passé, a rendu visite à un groupe de chrétiens du Cameroun qui, depuis 1999,
avec des milliers d'autres africains sub-sahariens, vivent dans le
bidonville de Maghnia, à la frontière avec le Maroc, en attendant d'émigrer
vers l'Europe. Il a été tout naturel, quatre jours après Noël, de réciter
une prière en commun. Un simple moment de recueillement entre frères dans la
même foi. Mais une patrouille de police a remarqué la scène. Aucune messe
n'a été célébrée. C'est pour cette raison que la condamnation, infligée le
30 janvier par le tribunal semble exagérée: le prêtre n'a pas célébré de
cérémonie religieuse mais il a simplement dirigé une prière communautaire.
La réglementation très stricte introduite par l'Algérie contre le
prosélytisme est surtout née pour mettre un frein aux chrétiens évangéliques
accusés par les musulmans de mener une campagne systématique de conversions
clandestines, notamment en Kabylie, région où l'opposition politique à
l'État est la plus forte. Mais à présent, les catholiques semblent eux aussi
être pris pour cible par l'État.
La loi est la loi et elle vaut pour tous les chrétiens. Mais il ne fait
aucun doute que l'objectif du gouvernement est de bloquer une manière
agressive de faire du prosélytisme, au porte à porte, ou bien par la
distribution de bibles dans la rue ou par la conversion facile de musulmans
à travers des méthodes qui ne sont pas toujours irrépréhensibles du point de
vue pastoral. Ce n'est pas un hasard si la mesure punit quiconque incite,
oblige ou utilise des moyens de persuasion pour pousser un musulman à
embrasser une autre religion. Les catholiques, du point de vue de leur
comportement, ne peuvent pas être assimilés à ces nouveaux groupes
évangéliques, et les autorités algériennes le savent bien.
Combien y a-t-il de catholiques en Algérie et où
opèrent-ils ?
Comme pour les chrétiens évangéliques, il est difficile de fournir des
chiffres précis. Nous sommes une petite minorité, quelques milliers de
personnes. La communauté catholique est composée en grande partie
d'étrangers, dont beaucoup d'immigrants provenant d'autres pays africains,
notamment des étudiants. Nous ne faisons pas de catéchisme, nous travaillons
à l'intérieur de la société, dans le domaine social et culturel. Nous sommes
une Église diaconale, de la charité, au service des pauvres, des malades,
des laissés-pour-compte. Avec nos amis musulmans, grâce auxquels nous sommes
insérés, il existe un respect et une estime réciproques, et beaucoup d'entre
eux nous aident, y compris financièrement, dans l'accomplissement de nos
activités pastorales.
Certains parlent d'une nouvelle vague de radicalisme
islamique en Algérie, dont témoigneraient des affiliations de plus en plus
nombreuses aux groupes les plus extrémistes. Existe-t-il un risque pour la
communauté chrétienne de se retrouver victime des violences des
fondamentalistes ?
Tout d'abord, il ne faut pas confondre le terrorisme et le fondamentalisme
avec l'islam. La situation est tout à fait différente de celle des années
90, lorsque le pays fut bouleversé par une guerre civile. Ce furent des
années de répression, de censure de l'information, d'arrestations de nature
politique. Notamment entre 1994 et 1996, les extrémistes se rendirent
responsables d'attentats terroristes, en grande partie dirigés contre les
Algériens eux-mêmes, qui coûtèrent la vie à de nombreux prêtres et
religieuses catholiques. Aujourd'hui, grâce à une plus grande stabilité
politique, on peut parler d'un parcours difficile de paix qui se poursuit.
Quoi qu'il en soit, c'est une erreur d'affirmer que les catholiques seraient
une cible. L'introduction de mesures de contrôle concernant l'exercice des
pratiques de culte non musulman, ne signifie pas que l'on ait interdit aux
chrétiens de professer leur foi dans les lieux autorisés.
Existe-t-il en Algérie un véritable dialogue
interreligieux ?
cIl existe des exemples consolidés de rencontres, de collaboration,
d'amitié, tant dans la vie quotidienne qu'au niveau académique. Les
catholiques sont présents de manière stable dans la réalité sociale et
culturelle algérienne et il s'agit déjà d'une forme de dialogue entre
personnes de religions différentes. Mais les musulmans et les chrétiens
doivent travailler davantage ensemble: ce n'est qu'ainsi qu'ils gagneront
réciproquement la confiance de l'autre, ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront
être frères et affronter un parcours commun.
Giovanni ZAVATTA
Sources: www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 19 février 2008)
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.02.2008 -
T/International/Alger |