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19 Avril 2005
 


Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal


édition numérique

Cahier I
 

     Cahier 1
1. Ô Amour Eternel, Vous me faites peindre votre sainte image,
Et Vous nous découvrez la source de miséricorde inconcevable
Vous bénissez ceux qui approchent Vos rayons,
Et l’âme noire deviendra blanche comme neige.

Ô Doux Jésus, c’est ici que Vous avez établi
Le trône de Votre Miséricorde,
Pour réjouir et aider l’homme pécheur.
De Votre Cœur ouvert, comme d’une source limpide,
Coule la consolation pour l’homme repentant.

Que l’honneur et la gloire pour cette image
Ne cessent jamais de jaillir de l’âme humaine !
Que la gloire de la miséricorde divine découle
De chaque cœur,
Maintenant et à chaque heure,
Et dans les siècles des siècles.

2. Oh mon Dieu,
Lorsque je regarde les lendemains, la peur me prend.
Mais pourquoi sonder le futur ?
Pour moi, ce n’est que le moment présent qui est cher,
Car l’avenir peut ne pas s’établir dans mon âme.

Le temps passé n’est plus en mon pouvoir,
Pour changer quelque chose, corriger ou ajouter.
Car ni le sage, ni les prophètes ne seront parvenus à le faire.
Donc, il faut remettre à Dieu ce que l’avenir contient.

Ô moment présent, tu m’appartiens tout entier.
Je désire tirer profit de toi selon mes possibilités,
Et bien que je sois petite et faible,
Vous me donnez la grâce de Votre Toute-Puissance.

C’est donc par la confiance en Votre miséricorde
Que j’avance dans la vie comme un petit enfant,
Et je vous offre chaque jour mon cœur
Brûlant d’amour pour Votre plus grande gloire.

3. Jésus Marie Joseph
Dieu et les âmes.
Roi de Miséricorde, dirigez mon âme !
Sœur Marie Faustine
Du Très Saint Sacrement.

4. Ô mon Jésus, c’est en ayant confiance en Vous,
Que je tresse des milliers de guirlandes,
Et je sais qu’elles vont toutes fleurir,
Lorsque le divin soleil les illuminera.
Ô mon Dieu caché
Dans ce grand et Divin Sacrement !
Jésus, soyez avec moi à chaque moment !
Et mon cœur sera tranquillisé.

5. Dieu et les âmes.
Soyez adorée, ô Très Sainte Trinité, maintenant et toujours. Soyez adorée dans toutes Vos œuvres et toutes Vos créatures. Ô Dieu ! que la grandeur de Votre Miséricorde soit admirée et louée !

6. Je dois noter les rencontres de mon âme avec Vous, mon Dieu, dans les moments de Vos visites particulières. Je dois parler par écrit de Vous. Oh ! inconcevable Miséricorde envers moi, pauvre créature. Votre sainte volonté est la vie de mon âme. Celui qui Vous remplace auprès de moi sur cette terre et m’explique Votre sainte Volonté, m’a donné cet ordre. Jésus, voyez comme il m’est difficile d’écrire, de noter clairement ce que mon âme éprouve .O! mon Dieu, la plume peut-elle matérialiser ce qui parfois n’a pas de mot ? Mais Vous m’ordonnez d’écrire, O ! mon Dieu, et cela me suffit.

7. L’entrée au couvent.
Dès l’âge de sept ans, je perçus l’appel définitif du Seigneur, la grâce de la vocation à la vie religieuse. Pour la première fois, j’entendis en moi la voix de Dieu, c’est-à-dire l’invitation à une vie plus parfaite ; mais je n’ai pas toujours été obéissante à cette invitation de la grâce. Je n’ai rencontré personne qui aurait pu m’expliquer ces choses.

8. A dix-huit ans, j’ai prié très instamment mes parents de me permettre d’entrer au couvent ; ils repoussèrent catégoriquement ma demande. Après quoi je me suis adonnée aux vanités de la vie, ne faisant aucune attention aux signes de la grâce, bien que mon âme ne trouvât contentement en rien.
Cet appel constant était un grand tourment pour moi ; je tâchais pourtant de l’assourdir par des divertissements. J’évitais intérieurement Dieu et me tournais résolument vers les créatures. Cependant la grâce de Dieu fut victorieuse.

9. Un soir, j’étais au bal avec une de mes sœurs. Pendant que tout le monde s’amusait, j’éprouvais des tourments intérieurs. Soudain, au moment où je commençais à danser, j’aperçus près de moi Jésus supplicié, dépouillé de ses vêtements, tout couvert de blessures, qui me dit ces mots : « jusqu’à quand vais-Je te supporter, et jusqu’à quand vas-tu Me décevoir ? »
A ce moment la charmante musique cessa pour moi, la société où je me trouvais disparut à mes yeux, il ne restait que Jésus et moi.
Je m’assis auprès de ma sœur, simulant un mal de tête, pour cacher ce qui venait de se passer.
Quelques instants plus tard, je quittai discrètement la société de ma sœur, et je me rendis à la cathédrale Saint Stanislas Kosta , l’heure commençait à prendre une teinte grise, il y avait peu de personnes dans la cathédrale ; ne faisant attention à rien de ce qui se passait autour de moi je me prosternai devant le Très Saint Sacrement et demandai au Seigneur qu’il daigne me faire connaître ce que je devais faire.

10. Tout à coup j’entendis ces paroles « pars tout de suite pour Varsovie; là tu entreras au couvent. » Me redressant après cette prière, je rentrai à la maison où je rangeai mes affaires. De mon mieux j’appris à ma sœur ce qui s’était passé. Je l’invitais à dire adieu de ma part à mes parents et ainsi, avec une seule robe, sans bagages, j’arrivai à Varsovie.

11. En quittant le train et en voyant que chacun des passagers prenait sa route, je fus saisie de frayeur : que faire ? A qui m’adresser ? Je dis à la Sainte Vierge « Marie, conduisez moi, guidez-moi ! » Aussitôt je perçus que je devais quitter la ville pour un village où je pourrais passer la nuit en sûreté. Je trouvais tout comme la Sainte Vierge me l’avait dit.

12. Le lendemain de très bonne heure, j’arrivai en ville. J’entrai dans la première église rencontrée, et me mis à prier pour connaître la volonté divine. Les messes se succédaient. Pendant l’une d’elles j’entendis ces mots: Va trouver ce prêtre ! et dis-lui tout. Il t’expliquera ce que tu dois faire. »
La messe finie, je suis allée à la sacristie. J’ai raconté au prêtre tout ce qui s’était passé et je lui ai demandé de m’indiquer dans quel couvent je devais entrer.

13. Le prêtre s’étonna d’abord mais il me dit avoir grande confiance, que Dieu disposerait de mon avenir. « En attendant je t’enverrai chez une pieuse dame qui t’hébergera jusqu’au moment où tu entreras au couvent. »
Pendant mon séjour chez cette dame qui me reçut avec beaucoup de bienveillance, je cherchais le couvent, mais à chaque porte où je frappai, on me refusait. La douleur serrait mon cœur et je dis au Seigneur Jésus: « Aidez moi, ne me laissez pas seule »

14. Enfin, je frappais à notre porte. La Mère Supérieure, l’actuelle Mère Générale Michèle, m’accueillit. Après une brève conversation, elle m’invita à aller chez le Maître de la maison demander s’Il me recevrait. Je compris tout de suite que je devais prier le Seigneur Jésus. Avec grande joie, je suis allée à la chapelle et lui dit : « Maître de cette maison, est ce que vous me recevrez ? c’est ce qu’une sœur m’a ordonné de demander. » Et tout de suite j’entendis : « J’accepte tu es dans mon cœur . » Quand je sortis de la chapelle, la Mère Supérieure me demanda : »Eh bien, est ce que le Seigneur t’a reçue ? » « Oui », lui répondis-je. « Si le Seigneur t’a reçue, je te reçois aussi. »

15. Telle fut ma réception. Mais pour plusieurs raisons, je dus rester dans le monde chez cette dame pendant plus d’une année, mais je ne suis plus retournée à la maison.
Entre temps, je dus affronter de nombreuses difficultés, mais Dieu ne m’épargnera pas ses grâces. Une nostalgie de Dieu, toujours grandissante, s’empara de moi.
Mon hôtesse, bien que très pieuse, ne comprenait pas le bonheur de la vie religieuse et, très honnêtement, elle commença à élaborer d’autres projets pour ma vie ; malgré tout, je ressentais que mon cœur était si grand que rien ici bas ne pouvait le combler.

16. Alors je me tournai vers Dieu de toute mon âme languissante. C’était pendant l’octave de la Fête-Dieu. Dieu me remplit d’une lumière intérieure, d’une connaissance approfondie de Celui qui est le plus Grand Bien et la plus Grande Beauté. Je reconnus combien j’étais aimée de Dieu de toute éternité.
Pendant les vêpres, par des mots tout simples, je fis vœu de chasteté perpétuelle. Depuis ce moment je sentis une grande intimité avec Dieu, mon Epoux, et fis une petite cellule dans mon cœur, où je demeurai toujours avec Jésus.

17. Enfin, vint le moment, où la porte du couvent s’ouvrit pour moi. C’était le premier août au soir, la veille de la fête de Notre-Dame des Anges. Je me sentais extrêmement heureuse, il me semblait que j’étais entrée au Paradis. Mon cœur n’était qu’action de grâce.

18. Mais après trois semaines, je m’aperçus que l’on consacrait peu de temps à l’oraison et, pour bien d’autres désirs de mon âme, je pensais que je devais entrer dans un couvent plus strict. Cette idée, ou plutôt cette tentation s’affermissait dans mon âme et devenait de plus en plus forte, bien qu’elle soit opposée à la volonté divine.
Un jour je me décidai à m’en expliquer avec la Mère Supérieure et à quitter immédiatement cette maison. Mais, Dieu dirigea les évènements de telle façon que je ne pus voir la Mère Supérieure. Avant d’aller me coucher, j’entrai en passant dans la petite chapelle et je demandai à Jésus de m’éclairer sur ce point, mais je ne fus pas, semble-t-il, exaucée : seule une inquiétude surprenante m’envahit. Malgré tout, je pris la résolution d’en parler à la Mère Supérieure et de lui faire part de ma décision, le lendemain après la messe.

19. C’est dans ces dispositions que j’entrai dans ma cellule, tourmentée et mécontente ; les sœurs étaient déjà couchées et la lumière éteinte. Je ne savais que faire de ma personne. Je me jetai à terre et commençai à prier intensément pour connaître la volonté de Dieu. Le silence régnait partout comme dans un tabernacle. Toutes les sœurs, telles de blanches hosties, reposaient, enfermées dans le calice de Jésus ; et c’est de ma cellule seulement que montaient vers Dieu les gémissements d’une âme. J’ignorais qu’il n’était pas permis de prier dans sa cellule, sans autorisation, après neuf heures. Après un moment, « Qui m'a fait une telle douleur ma cellule s’éclaira et sur le rideau j’aperçus le Visage très douloureux de Jésus. Il était couvert de plaies ouvertes, et de grosses larmes tombaient sur mon couvre-lit. J’ignorais tout ce que cela signifiait. Je demandai à Jésus : « Qui Vous a fait une telle douleur ? » Jésus me dit : « C’est toi qui Me fera souffrir, si tu quittes ce couvent. C’est ici et non ailleurs que je t’ai appelée et je t’y ai préparée de nombreuses grâces.» Je demandai pardon à Notre Seigneur et tout de suite j’oubliai la résolution que j’avais prise.
Le lendemain était jour de confession. Je racontai les faits de la nuit. Mon confesseur déclara que la volonté divine était évidente : je devais rester dans ce couvent, et il m’était même défendu de penser à un autre. Depuis ce moment je me suis toujours sentie heureuse et satisfaite.

20. Peu après je tombai malade. La chère Mère Supérieure m’envoya avec deux autres Sœurs en vacances à Scolimow non loin de Varsovie. C’est alors que j’ai demandé au Seigneur pour qui je devais encore prier. Je compris qu’Il me le ferait connaître la nuit suivante.
Je vis mon ange gardien qui m’ordonna de le suivre. En un instant je me trouvai dans un endroit enfumé, rempli de flammes, où se trouvaient une multitude d’âmes souffrantes qui prient avec ferveur, mais sans efficacité pour elles-mêmes ; nous seuls pouvons les aider. Les flammes qui les brûlaient ne me touchaient pas. Mon ange gardien ne me quittait pas un seul instant. Et je demandais à ces âmes quelle était leur plus grande souffrance. Elle me répondirent d’un commun accord que c’était la nostalgie de Dieu. J’ai vu la Sainte Vierge, visitant les âmes au Purgatoire. Elles l’appellent « Etoile de la mer ». Elle leur apporte du soulagement. Je voulais encore leur parler, mais mon ange gardien m’avait déjà donné le signal du départ. Nous sortions de cette prison de douleurs quand Dieu a dit : « Ma Miséricorde ne veut pas cela, mais la justice l’exige. » Depuis ce moment je suis en relations plus étroites avec les âmes souffrantes.

21. Fin du postulat. 29 .IV.1926.
Mes Supérieures m’envoyèrent à Cracovie, au noviciat. Une joie inconcevable inondait mon âme. Lorsque nous arrivâmes au noviciat, Sœur … .. était mourante. Quelques jours plus tard elle vint vers moi et me pria d’aller chez la Mère Maîtresse pour lui dire qu’elle demande à son confesseur l’Abbé Rospond de célébrer une messe et de prier trois ferventes oraisons à son intention. Tout d’abord j’acceptai ; mais le lendemain après réflexion, je résolus de ne pas me rendre chez la Mère Maîtresse, car je me demandais si je n’avais pas rêvé. Je me rendis donc immédiatement chez elle.
Je n’y suis pas allée. La même chose se répéta plus distinctement la nuit suivante. Je n’avais plus aucun doute. Cependant, au matin, je résolus de n’en parler à la Maîtresse que lorsque je la verrais dans le courant de la journée. L’ayant rencontrée tout de suite dans un couloir, elle me reprocha de n’être pas allée immédiatement la voir et une grande inquiétude remplit mon âme. Je me rendis donc chez elle et lui racontai tout ce qui m’était arrivé. La Mère promit de régler cette affaire. Trois jours après, celle-ci vint me dire : « Que Dieu vous le rende ! »

22. Au moment de ma prise d’habit, Dieu me fit connaître combien je devrais souffrir. Je voyais clairement ce à quoi je m’engageais. Ce fut un moment de douleur. Mais, de nouveau, le Seigneur inonda mon âme de grandes consolations.

23. Vers la fin de la première année de noviciat, mon âme commençait à s’assombrir. Je ne ressentais aucune consolation dans l’oraison et devait faire beaucoup d’efforts pour méditer.
La peur commençait à s’emparer de moi. Rentrant profondément en moi-même, je ne voyais qu’une grande misère. Je découvrais aussi clairement l’immense sainteté de Dieu. N’osant lever les yeux vers Lui, je me jetais à ses pieds, dans la poussière, pour implorer Sa Miséricorde.
Près d’une demi-année s’écoula ainsi sans grand changement. Notre chère Mère Maîtresse m’encourageait dans ces moments difficiles, mais ma souffrance ne cessait de s’accroître. La seconde année de noviciat approchait et je me souviens qu’à l’idée de prononcer mes vœux un frisson me traversait l’âme. Je ne comprenais rien de ce que je lisais, je ne pouvais méditer. Il me semblait que mon oraison était désagréable à Dieu et que je l’offensais plus encore en m’approchant des Saints Sacrements. Cependant mon confesseur ne me permit jamais d’omettre une seule Communion. Dieu agissait étrangement en moi. Je ne comprenais absolument rien des enseignements de mon confesseur. Les simples vérités de la foi devenaient incompréhensibles pour moi. Mon âme était tourmentée et ne trouvait de satisfaction nulle part.
A un certain moment, l’idée que j’étais rejetée de Dieu s’empara de moi. Cette pensée affreuse me poursuivit au point que je crus agoniser de douleur. Je voulais mourir et je ne le pouvais pas. La tentation me vint aussi : « A quoi bon acquérir des vertus ? A quoi bon se mortifier lorsque tout déplait à Dieu ? » Quand j’ai parlé de cela à la chère Mère Maîtresse, elle me répondit : « Sachez ma Sœur, que Dieu vous prédestine à une grande sainteté. C’est un signe qu’Il veut vous avoir tout près de Lui au ciel. Ayez grande confiance en Notre Seigneur Jésus. »
Cette terrible idée d’être rejeté de Dieu, est le véritable supplice des damnés. Je recourus aux Plaies de Jésus. Je répétais des mots de confiance qui ne faisaient que s’ajouter à mon supplice. Je suis allée devant le Saint Sacrement et j’ai commencé à parler à Jésus : « Seigneur, Vous qui avez dit qu’une mère oublierait son nourrisson plutôt que Dieu sa créature et « même si elle l’oubliait, Moi, Dieu, Je n’oublierai pas Ma créature ». Jésus, entendez-vous mon âme ? Daignez entendre les cris de douleur et les plaintes de Votre enfant ! J’ai confiance en Vous mon Dieu, parce que le ciel et la terre passeront mais Votre parole durera éternellement ». Cependant je ne trouvais pas le moindre soulagement.

24. Un matin à mon réveil, en me mettant en présence de Dieu, le désespoir commença à me saisir. Dans une obscurité extrême je luttai de mon mieux jusqu'à midi. Dans l’après midi, des frayeurs vraiment mortelles m’envahirent, mes forces physiques commencèrent à m’abandonner. Vite j’entrai dans ma cellule, me jetai à genoux devant le Crucifix pour implorer Sa Miséricorde. Mais Jésus semblait sourd à mes appels. Complètement épuisée, je tombai à terre, en proie au désespoir, j’endurai de véritables douleurs infernales absolument semblables à celles que l’on éprouve en enfer. Au bout de trois quarts d’heures, je voulus aller chez la Maîtresse, mais je n’en avais pas la force. Je voulus appeler, mais je n’avais pas de voix. Heureusement une Sœur entra dans ma cellule, elle en informa la Mère Maîtresse qui vint aussitôt. Dès qu’elle entra dans ma cellule elle dit « Au nom de la sainte obéissance relevez-vous !» Aussitôt, une force me souleva de terre et me tint debout près de la chère Mère Maîtresse.
Elle me rassura affectueusement, me disant que cette épreuve venait de Dieu. : « Soyez très confiante. Dieu est toujours notre Père, même s’Il envoie des épreuves». Je revins à mes devoirs comme au sortir de la tombe, les sens pénétrés de ce que j’avais éprouvé.
Le soir au salut, mon âme commença à agoniser dans des ténèbres affreuses. J’avais la sensation d’être livrée au pouvoir du Dieu Juste et d’être l’objet de sa fureur. Dans ces moments redoutables, j’ai dit au Seigneur: « Jésus qui Vous comparez dans l’Evangile à la plus tendre des mères, j’ai confiance dans vos paroles, parce que Vous êtes la Vérité et la Vie. Jésus, malgré tout, j’ai confiance en Vous en dépit de ces sentiments intérieurs qui s’opposent à tout espoir. Faites ce que vous voudrez de moi. Je ne Vous quitterai jamais, car Vous êtes la source de ma vie. » Seul, celui qui a vécu de semblables moments, peut comprendre combien terrible est le tourment de l’âme.

25. Durant la nuit la Sainte Vierge me rendit visite, tenant Jésus dans ses bras. La joie remplit mon âme et j’ai dit : « Marie ma Mère, savez-vous quelles terribles souffrances j’endure ? » Et la Mère de Dieu me répondit : « Je sais combien tu souffres, mais n’aie pas peur, j’ai et j’aurai toujours compassion de toi. » Elle me sourit affectueusement et disparut. Aussitôt mon âme se trouva emplie de force et d’un grand courage. Mais cela n’a duré qu’un jour. C’était comme si l’enfer avait conspiré contre moi. Une haine terrible fit irruption dans mon âme, la haine de tout ce qui est saint et divin. Il me semblait que ces tourments de l’âme seraient le partage constant de mon existence. Je me suis tournée vers le Saint Sacrement et j’ai dit : « Jésus, Epoux de mon âme, ne voyez-Vous pas qu’elle agonise sans Vous? Pourquoi Vous dérober devant un cœur qui Vous aime si sincèrement? Pardonnez moi, Jésus, que Votre sainte Volonté se fasse en moi ! Je souffrirai tout en silence, comme une colombe, sans me plaindre. Je ne laisserai pas mon cœur pousser un seul gémissement, une seule plainte de douleur.»

26. Fin de noviciat. La douleur ne diminue pas. Affaiblie physiquement, je suis dispensée de tous les exercices spirituels, éventuellement remplacés par de courtes prières spontanées.
Vendredi Saint : Jésus plonge mon cœur en plein ravissement, dans le brasier même de l’amour. C’était pendant l’adoration du soir, la présence divine s’empara tout à coup de moi. J’oubliai tout. Jésus me fit connaître combien Il a souffert pour moi. Cela dura très peu de temps. J’en ressentis une nostalgie affreuse, la soif d’aimer Dieu.

27. Premiers vœux. Fervent désir de m’anéantir pour Dieu par un amour actif, mais imperceptible, même aux Sœurs les plus proches. Après les vœux, mon âme resta encore dans les ténèbres pendant près de six mois. Puis à la faveur d’une oraison, Jésus l’envahit.
Les ténèbres se retirèrent. Je perçus ces paroles : « Tu es Ma joie, tu es le délice de mon cœur ». Depuis ce moment, j’ai senti dans mon cœur – intérieurement – la présence de la Très Sainte Trinité. J’étais inondée de lumière divine et depuis lors, mon âme est en rapport intime avec Dieu, comme un enfant avec son Père bien aimé.

28. Un jour, Jésus me dit « Demande à la Mère Supérieure la permission de porter un cilice pendant 7 jours ; la nuit venue, tu te lèveras et tu viendras à la chapelle. » Je répondis : « Bien », mais j’eus une certaine difficulté à aller chez la Supérieure. Le soir Jésus me demanda : « Jusqu’à quand vas-tu différer ? » - Je résolus d’en parler à la Mère Supérieure dès la première rencontre. Le lendemain, avant midi, j’ai vu la Mère Supérieure se rendre au réfectoire. Et comme la cuisine, le réfectoire et la petite chambre de sœur Aloïse sont voisins, j’ai demandé à la Mère Supérieure d’entrer dans la petite chambre de Sœur Aloïse et là j’ai formulé la demande du Seigneur. La Supérieure répondit : « Je ne vous autorise absolument pas à porter un cilice ! Si Jésus vous donnait les forces d’un colosse, je vous permettrais cette mortification ». Après avoir demandé pardon à la mère de lui avoir pris du temps, je sortis de la chambre. Alors je vis le Seigneur Jésus qui se tenait debout dans l’embrasure de la porte de la cuisine et je dis : « Seigneur, Vous m’ordonnez d’aller demander cette mortification à la Mère Supérieure et elle me la refuse. » Jésus me dit : « J’étais ici pendant ta conversation avec la Supérieure. Je sais tout. Je n’exigeais pas tes mortifications mais l’obéissance. En te soumettant, tu me rends grande gloire et tu gagnes du mérite. »

29. Lorsqu’une des Mères apprit que je vivais dans une telle intimité avec Jésus, elle me dit : « vous êtes dans l’illusion. Le Seigneur Jésus, n’a de telles relations qu’avec les saints, pas avec les âmes pécheresses comme la vôtre, ma Sœur.»
A dater de ce moment, je me mis en quelque sorte à me défier de Jésus. Dans notre conversation matinale je dis à Jésus : « N’êtes-Vous pas une illusion ? » - Il me répondit « Mon amour ne trompe personne. »

30. Un jour je réfléchissais sur la Sainte Trinité, sur l’Essence divine. Je voulais absolument approfondir et connaître ce mystère de Dieu… Subitement mon esprit fut ravi dans l’autre monde. Je vis une clarté inaccessible où brillaient comme trois sources de lumière, que je ne pouvais comprendre. Il en sortait des paroles sous la forme de foudre, qui encerclaient le ciel et la terre. Ne comprenant rien, j’étais toute triste. Soudain de cette mer de lumière inaccessible je vis apparaître notre bien-aimé Sauveur, d’une beauté inconcevable. Ses plaies étaient brillantes. Et de cette clarté une voix se fit entendre: « Ce qu’est Dieu dans son être, personne ne peut le saisir, en profondeur, ni l’esprit angélique, ni l’esprit humain » Jésus me dit : « Fais la connaissance de Dieu par la contemplation de ses attributs. » Puis Jésus, de la main, traça le signe de la croix et disparut.

31. Une autre fois, j’ai vu une multitude de personnes qui se pressaient dans notre chapelle, devant notre chapelle et jusque dans la rue, car il n’y avait plus de place. La chapelle était solennellement parée. Près de l’autel se tenaient de nombreux Prêtres, nos Sœurs et beaucoup de Religieuses d’autres congrégations.
Tout le monde attendait quelqu’un qui devait prendre place sur l’autel. C’est alors que j’entendis une voix : c’était moi qui devait prendre place sur l’autel. Je me dirigeais vers la chapelle en suivant la voix qui m’appelait. Mais dès que je sortis du corridor pour passer dans la cour, tous ces gens commencèrent à jeter sur moi de la boue, des pierres, du sable, des balais, n’importe quoi ; si bien qu’au premier moment, j’hésitais à avancer mais la voix m’appelait encore plus fort. Malgré tout je me mis à avancer avec plus de hardiesse. Lorsque je passai le seuil de la chapelle les Supérieures, les Sœurs, les élèves et même les parents commencèrent à me frapper avec ce qu’ils avaient en main, si bien que, bon gré mal gré, je dus vite monter à la place qui m’étais destinée sur l’autel.
Dès que j’eus occupé cette place, cette même foule, les élèves, les Sœurs, les Supérieures et les parents, tous commencèrent à tendre leurs mains en demandant des grâces. Et moi, loin de leur tenir rigueur de m’avoir jeté toutes sortes de projectiles, c’est étonnant comme je me suis mise à aimer justement tous ces gens qui m’avaient forcés à monter plus vite à la place qui m’était destinée. Alors mon âme fut inondée d’un bonheur inconcevable, et j’entendis « : Fais ce que tu veux, distribue les grâces comme tu veux, à qui tu veux et quand tu veux ! » Et la vision disparut.

32. Une fois j’entendis ces mots ; « Vas chez la Supérieure et demande-lui la permission de faire une heure d’adoration chaque jour pendant 9 jours. Pendant cette adoration tâche d’unir ta prière à celle de Ma Mère. Prie de tout cœur en union avec Marie. Tâche aussi pendant ce temps de faire le chemin de la croix. » J’obtins la permission, mais pas pour une heure entière, seulement pour le temps qui me resterait une fois mes devoirs accomplis. Je devais faire cette neuvaine à l’intention de ma Patrie.

33. Le. Septième jour de la neuvaine, je vis la Très Sainte Vierge vêtue d’une robe claire, entre ciel et terre. Elle priait les mains jointes sur la poitrine, les yeux levés au ciel. De son cœur sortaient des rayons de feu dont les uns se dirigeaient vers le ciel, les autres recouvraient notre terre. Je mis mon confesseur au courant de certaines de ces manifestations. Il me dit que cela pouvait vraiment venir de Dieu, mais que cela pouvait n’être également qu’une illusion. Et comme je changeais souvent de confesseur, je n’en avais donc pas un de permanent.

34. Et de plus, j’avais d’incroyables difficultés à parler de ce que je vivais. Je priais ardemment que Dieu me fasse la grande grâce de me donner un directeur spirituel. Mais, cette grâce, je ne l’obtins qu’après mes vœux perpétuels, lorsque je vins à Vilnius. Il s’agit de l’abbé Sopocko . Dieu me donna d’en avoir d’abord une vision intérieure, avant même d’arriver à Vilnius.

35. Si j’avais eu un directeur de conscience depuis le début, je n’aurais pas gaspillé tant de grâces divines. Un confesseur peut beaucoup aider les âmes, comme il peut aussi leur causer beaucoup de difficultés. Oh ! Comme les confesseurs devraient être attentifs à l’action de la grâce divine dans l’âme de leurs pénitents, c’est tellement important. D’après les grâces reçues par l’âme, on peut savoir son degré d’intimité avec Dieu.

36. Une fois je fus appelée au jugement de Dieu. Je comparus, devant le Seigneur seule à seul. Je vis Jésus tel qu’il était durant sa passion. Après un moment Ses Plaies disparurent . Il n’en resta que cinq, celles des Mains, des Pieds et du Côté. Aussitôt je vis exactement l’état de mon âme avec le regard de Dieu. Je vis clairement tout ce qui déplaît. J’ignorais qu’on doive rendre compte même de ses menues souillures. Qui décrira un tel moment où l’on se tient devant le Dieu trois fois Saint ? Jésus me demanda : « Qui es-tu ? » Je répondis « Votre servante, Seigneur. » Tu es redevable d’un jour au feu du Purgatoire. » Je voulus tout de suite me jeter dans les flammes, mais Jésus me retint, disant : » Préfères-tu souffrir maintenant un jour au Purgatoire ou pendant un court espace de temps sur la terre ? » Je répondis : « Jésus, je veux souffrir au Purgatoire et je veux aussi souffrir sur terre les plus grands tourments, fût-ce jusqu’à la fin du monde. » Jésus reprit : « Un jour suffira, tu descendras sur la terre où tu vas souffrir intensément mais pour peu de temps. Tu accompliras ainsi Ma volonté et Mon souhait. Mon fidèle serviteur te viendra en aide. Maintenant pose la tête sur Ma poitrine, sur Mon Cœur et puise en lui des forces et de la vigueur pour supporter toutes les souffrances ; car ailleurs tu ne trouveras ni soulagement, ni aide, ni consolation. Sache que tu devras beaucoup, beaucoup souffrir, mais que cela ne t’effraye pas ! Je suis avec toi.

37. Peu après je tombai malade. Les malaises physiques étaient pour moi une école de patience. Seul Jésus sait combien d’efforts j’ai pu m’imposer pour accomplir mon devoir.

38. Voulant purifier l’âme, Jésus emploie les outils qu’Il veut. Mon âme éprouvait un délaissement complet de la part des créatures. Parfois la plus pure intention était mal interprétée par les Sœurs .Cette souffrance était très douloureuse, mais permise par Dieu, elle doit être acceptée, car de cette manière nous devenons semblables à Jésus. Pendant longtemps, je ne pouvais comprendre une chose : c’est que Jésus m’avait ordonné de tout dire à mes Supérieures qui ne me croyaient pas ; elles me témoignaient de la pitié, comme si j’étais dans l’illusion ou bien sous l’influence de mon imagination. Aussi, je pris la résolution d’éviter intérieurement Dieu par crainte des illusions.
Mais la grâce divine me poursuivait à chaque pas et lorsque je m’y attendais le moins, Dieu me parlait.

39. Un jour Jésus me dit qu’Il enverrait un châtiment sur la plus belle ville de notre patrie. Cette punition devait être celle subie par Sodome et Gomorrhe. J’ai vu la grande colère de Dieu et un frisson d’angoisse me traversa le cœur. Je priai en silence et bientôt Jésus me dit : « Mon enfant, unis-toi étroitement à Moi pendant le Saint Sacrifice et offre à mon Père Mon Sang et Mes Plaies, pour obtenir le pardon des péchés de cette ville. Renouvelle ceci sans interruption pendant toute la Sainte Messe. Fais cela pendant sept jours. » Le septième jour, Jésus m’apparut dans une nuée lumineuse et je lui demandai de jeter un regard sur cette ville et sur notre pays tout entier Il le fit de bonne grâce. Sa bienveillance m’encouragea à le supplier de le bénir. Alors Jésus dit : « Pour toi, Je bénis le pays tout entier. » Et il fit de la main un grand signe de croix sur notre Patrie. Cette bonté de Dieu inonda mon âme d’une grande joie.

40. L’année 1929. Pendant la Sainte Messe, je sentis une fois d’une manière plus particulière la proximité de Dieu, malgré mon opposition intérieure et ma fuite. Je fuyais Dieu souvent, car je craignais d’être la victime du démon comme on m’avait dit plus d’une fois que je l’étais. Cette incertitude se prolongea un certain temps.
Un jour de renouvellement des vœux pendant la Sainte Messe, alors que nous venions de quitter nos prie-Dieu et commencions à réciter la formule des vœux, soudain Jésus parut à côté de moi, portant une tunique blanche et une ceinture d’or. Il me dit : « Je t’accorde un amour perpétuel pour que ta pureté soit sans tache et tu n’éprouvera plus de tentations contre la pureté. En voici le gage ». Jésus ôta alors Sa ceinture d’or et m’en ceignit. A partir de cet instant je ne ressentis plus aucune tentation contre cette vertu ni dans mon cœur ni dans mon esprit. Je compris plus tard que c’est l’une des plus grandes grâces que m’avait obtenue la Très Sainte Vierge Marie, car je la lui avais demandée pendant de nombreuses années. Depuis lors, j’ai une plus grande dévotion envers la Sainte Vierge. C’est elle qui m’a appris à aimer Dieu intérieurement et m’a montré comment accomplir en tout Sa Sainte Volonté. « Marie, vous êtes la joie, car, par Vous Dieu descendit sur la terre et dans mon cœur.

41. Une certaine fois, je vis un serviteur de Dieu en danger de péché mortel. J’ai prié Dieu qu’il fasse descendre sur moi tous les tourments de l’enfer, toutes les douleurs qu’Il voudrait pour libérer ce prêtre et l’arracher à cette grande tentation. Je fus exaucée et au même moment je sentis sur ma tête la couronne d’épines dont les piquants pénétraient jusqu’à mon cerveau. Cela dura trois heures. Le serviteur de Dieu fut libéré et son âme fortifiée par une grâce particulière.

42. Une fois, le jour de Noël, je sentis la présence et la Toute Puissance de Dieu m’envelopper. Et de nouveau j’évitai la rencontre intérieure avec le Seigneur. Je demandai à la Mère Supérieure la permission d’aller à « Jozefinek » rendre visite aux Sœurs. Elle nous l’accorda et, tout de suite après dîner, nous commençâmes à nous préparer. Les Sœurs m’attendaient déjà à la porte. Je courus à ma cellule pour prendre ma pèlerine ; en revenant, alors que je passais près de la petite chapelle, je vis Jésus sur le seuil, qui me dit : « Vas-y, mais Moi je prends ton cœur ». A l’instant, je sentis que je n’avais plus de cœur dans ma poitrine.
Mais les Sœurs m’appelaient, se demandant pourquoi je n’arrivais pas plus vite, car il se faisait tard. Si bien que je les rejoignis aussitôt. Mais j’étais tourmentée par le mécontentement. Une sorte de langueur envahit mon âme. Personne, hormis Dieu ne savait ce qui s’était passé dans mon âme. Après quelques moments passés à « Josefinek », je dis aux Sœurs : « Rentrons à la maison. » Elles souhaitaient se reposer encore un peu, mais mon esprit ne pouvait s’apaiser. J’expliquais que nous devions revenir, avant qu’il ne fasse nuit, car nous avions un bon bout de chemin à faire. Nous sommes donc revenues tout de suite à la maison. Lorsque la Mère Supérieure nous rencontra dans le corridor, elle me demanda : « Est-ce que les Sœurs ne sont pas encore parties ou sont-elles déjà de retour ? J’ai répondu que nous étions déjà revenues, car je ne voulais pas rentrer le soir. J’ai ôté ma pèlerine et aussitôt, je suis allée à la petite chapelle. A peine étais-je rentrée que Jésus me dit : « Vas chez la Mère Supérieure et dis lui que tu es rentrée, non pas pour être à la maison avant le soir, mais parce que j’ai pris ton cœur. »
Bien que cela m’en coûtât beaucoup, je suis allée chez la Supérieure et je lui ai dit avec sincérité la raison pour laquelle j’étais revenue si tôt. Et j’ai demandé pardon au Seigneur pour tout ce qui avait pu Lui déplaire. A cet instant Jésus inonda mon âme d’une grande joie. Je compris qu’il n’y a de contentement nulle part en dehors de Dieu.

43. Une certaine fois, je vis deux Sœurs qui entraient en enfer. Une douleur indicible étreignit mon âme, j’intercédais pour elles auprès de Dieu et Jésus me dit ; « Va chez la supérieure et dis-lui que ces deux Sœurs ont l’occasion de commettre un péché grave ». Ce que je fis le lendemain. Aujourd’hui une de ces Sœurs vit dans une grande ferveur, l’autre mène un grand combat.

44. Un jour, Jésus me dit : « Je quitterai cette maison… car il y a ici des choses qui ne me plaisent pas. » Et l’Hostie sortit du tabernacle et se posa sur mes mains. Et moi, avec joie, je la remis dans le tabernacle. Ceci se répéta une seconde et même une troisième fois. Alors l’Hostie se transfigura, laissant apparaître Jésus vivant qui me dit : « Je ne resterai plus ici. » Aussitôt dans mon âme se réveilla un grand amour pour Jésus. Je répondis:« Et moi, je ne vous laisserai pas quitter cette maison. » Et Jésus disparut, et l’Hostie revint sur mes mains. Après l’avoir remise dans le Ciboire, j’ai fermé le tabernacle. Et Jésus est resté avec nous. Pendant trois jours, je tachai de faire une adoration expiatoire.

45. Une fois Jésus me dit : « Dis à la Mère Générale que dans cette maison …se commet telle chose …qui ne Me plaît pas et M’offense beaucoup. ». Je ne l’ai pas dit tout de suite à la Mère, mais le trouble que le Seigneur me fit sentir ne me permit point de différer plus longtemps. J’écrivis à la Mère Générale et la paix rentra dans mon âme.

46. J’éprouvai souvent, mais d’une manière invisible, la Passion du Seigneur Jésus dans mon corps. Je m’en réjouissais puisque Jésus le voulait. Cela durait peu de temps. Les douleurs enflammaient mon âme du feu de l’amour de Dieu et des âmes immortelles. L’amour endure tout, l’amour n’a peur de rien, l’amour survivra à la mort.

47. Un soir, dans ma cellule, je vis Jésus vêtu d’une tunique blanche, une main levée pour bénir, la seconde touchait son vêtement sur la poitrine. De la tunique entr’ouverte sortaient deux grands rayons, l’un rouge, l’autre pâle. Je fixais le Seigneur en silence, l’âme saisie de crainte, mais aussi d’une grande joie. Après un moment, Jésus me dit ; « Peins un tableau de ce que tu vois, de ce qu tu vois avec l’inscription « Jésus, j’ai confiance en vous ! »Je désire qu’on honore cette image, d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier.

48. Je promets que l’âme qui honorera cette image, ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis dès ici bas, et, spécialement à l’heure de la mort. Moi-même je la défendrai comme Ma propre gloire. »

49. Lorsque j’en informai mon confesseur, il me répondit : « Oui, cela te concerne, peins l’image de Dieu dans ton âme. » Lorsque je sortis du confessionnal, j’entendis de nouveau ces paroles : « Mon image est en toi .Je désire qu’il y ait une fête de la Miséricorde. Je veux que cette image que tu peindras avec un pinceau, soit solennellement bénie le premier dimanche après Pâques : ce dimanche doit être la Fête de la Miséricorde.

50. Je désire que les prêtres proclament Ma grande miséricorde envers les âmes pécheresses. Quelles n’aient pas peur de s’approcher de Moi ! Les flammes de la miséricorde Me brûlent. Je veux les répandre sur les âmes. »
Jésus se plaignit ainsi: « La méfiance des âmes Me déchire le Cœur, mais la méfiance d’une âme choisie Me fait encore plus mal. Malgré la Miséricorde dont Je l’inonde, elle se méfie de Moi. Même Ma Mort ne lui suffit pas. Malheur à qui en abuse !».

51. Lorsque je dis à la Mère Supérieure ce que Dieu exigeait de moi, elle me répondit qu’il fallait que Jésus se fasse connaître plus clairement par un signe. Je demandai donc au Seigneur un signe qui me prouvât qu’Il était vraiment mon Dieu et Seigneur et que c’était bien de Lui que venait cette demande. J’entendis une voix intérieure qui disait : « Je le donnerai aux Supérieures par les grâces que J’accorderai par l’intermédiaire de cette image. »

52. Comme je voulais fuir ces inspirations intérieures, Dieu me dit qu’au Jour du Jugement, Il me demanderait compte d’un grand nombre d’âmes.
Une fois, lassée par toutes les difficultés soulevées par le fait que Jésus me parlait et me demandait de peindre cette image, je résolus de demander au père Andrasz, avant mes vœux perpétuels, de me délivrer de ces inspirations intérieures et de me dispenser de peindre cette image. Après avoir écouté ma confession, le père Andrasz me répondit: « Je ne vous dispense de rien et il ne vous est pas permis de vous soustraire à ces inspirations intérieures. Mais vous devez absolument en parler à votre confesseur, autrement vous tomberez dans l’erreur malgré ces grandes grâces de Dieu. Pour le moment c’est à moi que vous confessez, mais sachez que vous devez avoir un confesseur permanent, c’est-à-dire un directeur de conscience ».

53. J’étais bien affligée de cette situation. Je pensais que j’allais me délivrer de tout et voilà que c’était le contraire: un ordre formel de satisfaire les exigences de Jésus. A ceci s’ajoutait le tourment de ne pas avoir de confesseur permanent. Et si, pendant quelques temps, je me confessais au même prêtre, je n’arrivais pas à lui ouvrir entièrement mon âme en raison des grâces indicibles que je n’osais lui révéler, et cela me faisait souffrir. Je priai Jésus de donner ces grâces à quelqu’un d’autre, car je ne savais pas en profiter et je ne faisais que les gaspiller.
« Jésus, ayez pitié de moi, ne me commandez pas de si grandes choses. Vous voyez que je suis inexistante et incapable». Mais la bonté de Jésus est infinie. Il me promit une aide 53a . visible sur terre, et peu de temps après, je l’obtins à Vilnius .
Je reconnus cette aide divine en la personne de l’abbé Sopocko. Avant d’arriver à Vilnius je le connaissais déjà par une vision intérieure. Un jour, je l’avais vu dans notre chapelle entre l’autel et le confessionnal. J’avais alors entendu une voix qui me disait: « Voilà l’aide visible pour toi, ici bas, il t’aidera à accomplir Ma volonté. »

54. Lorsqu’une fois, fatiguée par ces incertitudes, je demandais à Jésus : « Etes-Vous Jésus ou quelque fantôme ? car mes Supérieures me disaient qu’il y avait des illusions et des fantômes de toutes sortes. Si Vous êtes mon Seigneur, je Vous en prie, bénissez-moi ! » Alors Jésus fit un grand signe de croix, au-dessus de moi .. Je me signai. Lorsque je lui demandai pardon pour cette question, Il me répondit que je ne Lui faisais aucune peine par cette question et que ma confiance lui plaisait beaucoup.

55. 1933. Le conseil spirituel que le Père Andrasz S.J. me donna : « Il vous est défendu de vous soustraire à ces inspirations intérieures mais informez-en toujours votre confesseur. Si vous reconnaissez que ces inspirations intérieures vous concernent, c'est-à-dire sont de quelque profit pour votre âme ou pour d’autres âmes ,je vous prie de les suivre car il n’est pas permis de les négliger, mais faites-le toujours en vous entendant avec votre confesseur.
Si ces inspirations ne sont pas en accord avec la foi ni avec l’esprit de l’ Eglise , il faut les rejeter tout de suite car cela vient du Malin.
Si ces inspirations ne concernent pas le bien des âmes, ni en général, ni en particulier, ne les prenez pas trop à cœur et n’y faites aucune attention. Mais ne vous guidez pas seule en cela. D’une manière ou d’une autre, vous pouvez tomber dans l’erreur malgré ces grandes grâces de Dieu. Humilité, humilité et toujours humilité car nous ne pouvons rien de nous-mêmes. Tout n’est que grâce de Dieu. Vous me dites que Dieu exige des âmes une grande confiance. Eh bien, montrez cette confiance, vous la première. Encore un mot : acceptez tout cela dans la paix. »
La réflexion d’un des confesseurs : « Ma Sœur, Dieu vous prépare de nombreuses grâces particulières mais tâchez que votre vie soit pure comme une larme devant le Seigneur. Laissez le monde vous juger sans en être troublée. Que Dieu vous suffise, Lui seul !».
Vers la fin du noviciat, mon confesseur me dit : « avancez dans la vie en faisant le bien pour que je puisse inscrire sur le livre de votre vie : elle a passé sa vie à faire le bien. Dieu le veuille !»
Une autre fois mon confesseur me dit : « Agissez envers Dieu comme la veuve de l’Evangile. Elle n’avait mis qu’une menue monnaie dans le trésor, mais cette obole, devant Dieu, avait plus de poids que les offrandes de prix des autres. »
Une autre fois, je reçus cette instruction : « Que tous ceux qui sont en contact avec vous, en retirent de la joie ! Semez le bonheur autour de vous puisque vous avez beaucoup reçu de Dieu, donnez donc beaucoup aux autres ! Qu’ils vous quittent heureux, même s’ils n’ont touché que la frange de votre vêtement ! Rappelez-vous bien ce que je vous dis maintenant. »
Une autre fois, il me dit : « Permettez à Dieu d’éloigner la barque de votre vie vers les profondeurs insondables de la vie intérieure.
Quelques mots d’un entretien avec la Mère Maîtresse vers la fin de mon noviciat : « que la simplicité et l’humilité soient les signes caractéristiques de votre âme ! Marchez dans la vie comme une enfant, toujours confiante, toujours pleine de simplicité et d’humilité, contente de tout, toujours heureuse ! Là où les autres âmes s’effrayent, passez tranquillement par la simplicité et l’humilité. Souvenez-vous de ceci, ma Sœur, durant toute votre vie : comme les eaux se déversent des montagnes dans les vallées, ainsi les grâces de Dieu se déversent seulement sur les âmes humbles.

56. Ô mon Dieu ! Je comprends bien que Vous exigez de moi cette enfance spirituelle, car par la voix de Vos remplaçants, Vous l’exigez continuellement de moi.
Les douleurs et les contrariétés au début de ma vie religieuse m’effrayaient et me décourageaient. Je priais sans cesse Jésus de m’aguerrir et de me donner la force de Son Esprit-Saint, pour accomplir en tout Sa Sainte Volonté, car dès le départ je connaissais ma faiblesse. Je sais bien que ce que je suis de moi-même, car Jésus m’a fait voir intérieurement tout l’abîme de misère que je suis. Et à cause de cela, je comprends bien que tout ce qu’il y a de bon en mon âme est uniquement dû à Sa Sainte Grâce. En prenant conscience de ma misère, je prends en même temps conscience de la profondeur infinie de Votre Miséricorde. Dans ma vie intérieure, je garde constamment sous les yeux l’abîme de misère et d’abjection que je suis, d’une part, et d’autre part l’abîme de Votre Miséricorde, ô mon Dieu.

57. Ô mon Jésus, Vous êtes la vie de ma vie ! Vous savez bien que je ne désire rien d’autre que la gloire de Votre Nom, et que les âmes aient la connaissance de Votre bonté. Pourquoi les âmes Vous évitent-elles, Jésus ? Je ne comprends pas cela. Oh ! si je pouvais découper mon cœur en menues parcelles et de cette manière, Vous offrir, Jésus, chaque parcelle comme un cœur entier, pour Vous dédommager ainsi pour les cœurs qui ne Vous aiment pas. Je Vous aime Jésus avec chaque goutte de mon sang. Je les verserais volontiers pour Vous, afin de Vous donner la preuve de la sincérité de mon amour. O Dieu, plus je Vous connais, et moins je puis vous concevoir, mais cette « incapacité » me fait comprendre combien Vous êtes grand, Ô Dieu. Et cette « incompréhension » de Vous, allume une nouvelle flamme en mon cœur pour Vous, Seigneur. Depuis le moment où Vous m’avez permis de fixer le regard de mon âme sur Vous, Jésus, je goûte le repos et je ne désire plus rien. J’ai trouvé ma destinée au moment où mon âme s’est noyée en Vous, l’unique objet de mon amour. Tout est néant en comparaison de Vous. Les douleurs, les contrariétés, les humiliations, les insuccès, les soupçons qui surviennent sont des échardes, qui enflamment mon amour pour Vous, Jésus. Mes désirs sont fous et inaccessibles. Je veux Vous cacher ma souffrance. Je désire ne jamais être récompensée pour mes efforts et mes bonnes actions.Ô Jésus, Vous seul êtes ma récompense. Trésor de mon cœur, Vous me suffisez. Je désire compatir à la souffrance de mon prochain et enfouir les miennes dans mon cœur, afin de les cacher non seulement aux yeux des autres, mais aussi aux Vôtres, Jésus.
La souffrance est une grande grâce. Par elle, l’âme devient semblable au Sauveur. L’amour se décante dans la souffrance ; plus la souffrance est grande, plus l’amour devient pur.

58. Une nuit, je reçus la visite d’une Sœur, morte depuis deux mois. C’était une Soeur du premier chœur. Je la vis dans une condition effrayante: toute en flammes, le visage tordu par la douleur. Cela dura quelques instants puis elle disparut. Un frisson me saisit l’âme, car j’ignorais si elle souffrait au Purgatoire ou en Enfer. Malgré cela, j’intensifiais mes prières à son intention. Elle revint la nuit suivante, dans un état encore plus effrayant, assaillie de flammes plus intenses, le désespoir peint sur ses traits. Je m’étonnai, après les prières que j’avais offertes pour elle, de voir que son état avait empiré, et je lui demandai : « Est-ce que mes prières ne vous ont pas aidée ? » Et elle me répondit que ma prière n’avait été et ne lui serait d’aucun secours. Je lui demandai : « Et les prières que toute la communauté a offertes pour vous ne vous ont-elles apporté aucune aide ? » Elle me répondit de même « Ces prières avaient profité à d’autres âmes ». Je lui répliquai : « Si mes prières ne vous sont d’aucun secours, veuillez cesser de venir me voir. » Elle disparut aussitôt. Malgré cela, je ne cessais de prier pour elle. Au bout d’un certain temps, elle m’apparut à nouveau, de nuit mais déjà dans un autre état. Elle n’était plus environnée de flammes comme auparavant, le visage rayonnant et les yeux brillants de joie, elle me dit que j’avais un véritable amour du prochain, que beaucoup d’autres âmes avaient profité de mes prières ; elle m’encouragea à persévérer dans mes prières pour les âmes du Purgatoire, et me dit qu’elle n’y resterait plus longtemps. Les jugements de Dieu sont surprenants !

59. 1933. Un autre jour j’entendis ces mots dans mon âme : « Fais une neuvaine pour ta Patrie. Elle se composera des litanies des Saints. Demandes-en la permission à ton confesseur ». En ayant obtenu la permission lors de la confession suivante, je commençai cette neuvaine le soir même.

60. Vers la fin des litanies, je vis une grande clarté et, dans cette clarté, Dieu le Père. Entre cette clarté et la terre, je vis Jésus cloué en Croix, placé de telle façon que lorsque Dieu voulait voir la terre, Il devait la regarder à travers les Plaies de son fils. Et je compris que c’est à cause de Jésus que Dieu bénit la terre.

61. « Jésus, je Vous remercie pour cette grand grâce, ce confesseur que Vous avez Vous-même daigné me choisir, et que vous m’avez fait connaître par une vision avant de l’avoir jamais rencontré. » Lorsque je me confessais au Père Andrasz, je lui confiais mon désir d’être libéré de ces inspirations intérieures. Le Père me répondit que ce n’était pas en son pouvoir et m’encouragea à prier pour avoir un directeur de conscience.
Après une courte et fervente prière, je vis une deuxième fois l’abbé Sopocko. Je le vis dans notre chapelle, entre le confessionnal et l’autel. J’étais alors à Cracovie. Ces deux visions fortifièrent mon esprit d’autant plus que je le trouvais tel que je l’avais vu dans mes visions, tant celle de Varsovie lors de ma troisième probation, que celle de Cracovie. Jésus, je Vous remercie pour cette grande grâce.
Maintenant, je suis maintes fois saisie de crainte lorsque j’entends des personnes dire qu’elles n’ont pas de confesseur attitré, c'est-à-dire de directeur de conscience. Car je sais quels grands dommages j’ai moi-même subi alors que je n’avais pas cette aide. Sans directeur, on s’égare facilement.

62. Ô vie grise et monotone, que de trésors tu recèles ! Aucune heure ne ressemble à une autre, car la grisaille et la monotonie disparaît quand je regarde tout avec l’œil de la foi. La grâce qui m’est donnée à cette heure-ci ne se représentera pas à l’heure suivante. La grâce me sera encore donnée, mais ce ne sera plus la même. Le temps passe et ne reviens jamais. Ce qu’il contient ne changera plus. Il est scellé du sceau éternel.

63. L’abbé Sopocko doit être très aimé de Dieu. Je le dis, parce que j’ai éprouvé avec quelle force Dieu le réclame à certains moments ; voyant ceci, je me réjouis infiniment que Dieu ait de tels élus.

64. 1928. – Excursion à Kalwaria.
J’avais été désignée pour remplacer pendant deux mois une Sœur de Vilnius, partie pour sa troisième probation. J’y restai un peu plus longtemps.
Un jour, voulant me faire plaisir, la Mère Supérieure, m’autorisa à me rendre à Kalwaria en compagnie d’une Sœur pour faire ce qu’on appelle le tour des petits sentiers du Chemin de la Croix. J’en étais très heureuse. Nous devions faire le voyage en bateau bien que cela fût tout près. La veille au soir, Jésus me dit : « Je désire que tu restes à la maison. » Je répondis « Jésus tout est prêt pour partir demain matin ; que dois-je faire ? » Le Seigneur ajouta « Cette excursion serait préjudiciable à ton âme. » Je répondis : « Dirigez les circonstances pour que Votre Volonté soit faite ». A ce moment la cloche sonna le coucher. D’un regard je dis adieu à Jésus et je me rendis à ma cellule.
Le lendemain matin, la journée s’annonçait belle. Ma compagne se réjouissait à l’idée de tout visiter. Quant à moi, j’étais sûre que nous ne partirions pas. Cependant aucun obstacle ne semblait s’opposer au départ. Nous allions communier plus tôt et nous mettre en route immédiatement après l’action de grâce. Pendant la Sainte Communion, le temps changea. Des nuages assombrirent le ciel et une averse se mit à tomber. Tout le monde s’étonna d’un changement aussi soudain.
La Mère Supérieure nous dit : « Mes Sœurs, cela me peine que vous puissiez partir. » Je répondis : Petite Mère, cela ne fait rien ; c’était la volonté de Dieu que nous restions à la maison ». Cependant personne ne savait que c’était le désir exprès de Jésus pour moi. Je passai toute la journée dans le recueillement et la méditation : je remerciais le Seigneur de m’avoir retenue à la maison. Ce jour là, Dieu m’accorda beaucoup de consolations célestes.

65. Au noviciat, lorsque la Mère Maîtresse me destina à la cuisine des enfants, je m’en affligeais grandement, car j’étais incapable de maîtriser les énormes marmites. Le plus difficile pour moi était de vider l’eau des pommes de terre cuites dont la moitié parfois s’échappait avec l’eau de cuisson. La Mère Maîtresse à qui j’avais exposé mes craintes, me répondit que je m’accoutumerais et que j’allais acquérir de l’expérience. Cependant la difficulté demeurait. Et je sentais mes forces diminuer de jour en jour. Pour cette raison je m’écartais lorsque venait le moment de vider l’eau des pommes de terre. Les Sœurs s’aperçurent que j’évitais ce travail et s’en étonnèrent beaucoup car elles ignoraient que malgré tous mes efforts et sans me ménager, je ne pouvais arriver à les aider. A midi pendant l’examen de conscience je me plaignis à Dieu de ma faiblesse. Soudain j’entendis ces paroles. « A partir d’aujourd’hui tu n’auras plus aucune peine à faire ce travail. Je vais accroître tes forces. »
Le soir, lorsque vint le moment de ce service, je me hâtai la première, confiante dans la promesse du Seigneur. Je pris le récipient avec facilité et versai l’eau parfaitement. J’ôtai le couvercle pour faire évaporer les pommes de terre et que vis-je ? Des bottes de roses rouges d’une beauté indescriptible. Je n’en ai jamais vues de pareilles. Cela m’étonna beaucoup, je n’en comprenais pas la signification.
A ce moment, j’entendis une voix en mon âme : « Je change ton travail si pénible en bouquet des plus belles fleurs et leur parfum monte jusqu’à Mon trône.
Dès lors, je tâchais de vider l’eau des pommes de terre non seulement pendant la semaine qui m’était assignée, mais aussi durant celle des autres Sœurs. J’essayais de m’offrir la première pour tous les travaux pénibles, car j’avais expérimenté combien cela plaît à Dieu.

66. Ô trésor inépuisable de la pureté d’intention, qui rend toutes nos actions parfaites et si agréables à Dieu !
Ô Jésus, Vous savez combien je suis faible, soyez donc toujours avec moi ! Dirigez mes actes et tout mon être. Vous, mon Maître incomparable ! En vérité, Ô Jésus je suis saisie d’angoisse quand je vois ma misère. Mais je retrouve la paix dès que je vois Votre insondable miséricorde, qui de toute éternité, est plus grande que ma misère. Cette disposition intérieure me fait revêtir Votre puissance, et quelle joie de connaître ce que je suis. Ô Vous ,Vérité Inaltérable, Votre durée est éternelle.

67. Je suis tombée malade après mes premiers vœux. Malgré les soins affectueux et attentifs de mes Supérieures et les efforts du médecin je ne me sentais ni mieux, ni moins bien. J’appris que l’on croyait que je simulais. Cela me causa une grande souffrance morale et dura assez longtemps. Un jour que je me plaignais à Jésus d’être à charge de mes Sœurs, Il me répondit : « Tu ne vis pas pour toi, mais pour les âmes qui vont profiter de tes souffrances. Tes souffrances prolongées leur donneront lumière et force pour accepter Ma Volonté. »

68. La souffrance qui me pesait le plus était la pensée que ni mes prières ni mes bonnes actions ne plaisaient à Dieu. Je n’osais regarder le Ciel. Cela m’occasionnait une peine si profonde, durant les exercices spirituels communs, qu’un jour la Mère Supérieure me fit venir après les exercices et me dit : « Demandez à Dieu, ma Sœur la grâce de la consolation, car je vois bien moi-même ce que me disent les Sœurs. On a pitié rien qu’à vous voir. Je ne sais vraiment que faire de vous. Je vous ordonne de ne vous affliger de rien ». Mais ces entretiens avec la Mère Supérieure ne m’apportaient aucun soulagement, et ne m’éclairaient en rien. Des ténèbres encore plus épaisses me voilaient Dieu.
Je cherchais de l’aide au confessionnal, mais là non plus je n’en trouvais pas. Un saint prêtre voulut m’aider, mais j’étais si malheureuse que je ne savais même pas définir mes souffrances et cela ajoutait encore à mes tourments. Une tristesse mortelle saisissait mon âme à tel point que je ne pouvais pas la cacher et que cela transparaissait au dehors. Je perdis espoir. La nuit devint de plus en plus sombre. Le prêtre à qui je me confessais me dit : « Je vois en vous des grâces particulières, et je suis tout à fait tranquille en ce qui vous concerne. Pourquoi vous tourmentez-vous autant ? Cependant je ne comprenais pas alors, et j’étais très étonnée lorsque, pour pénitence, il me disait de réciter un Te Deum ou un Magnificat, parfois de faire un tour dans le jardin au pas de course le soir, ou encore de rire tout haut dix fois par jour. Ces pénitences me surprenaient beaucoup. Et pourtant ce prêtre ne me fut pas d’un grand secours. Manifestement Dieu voulait que je lui rende gloire par ma souffrance. Le prêtre cherchait à me consoler en me disant que j’étais plus agréable à Dieu dans cet état que si je jouissais en abondance des plus grandes consolations.
« Quelle grande grâce l’état de tourment où vous vous trouvez, ma Sœur ! Non seulement vous n’offensez pas Dieu, mais vous vous exercez à la vertu. En considérant votre âme, je découvre en vous de grands desseins de Dieu, des faveurs spéciales, et je Lui en rends grâce ».
Malgré cela, mon âme était à la torture, en proie à des tourments indicibles. Comme un aveugle qui se confie à son guide et lui tient fermement la main, je m’attachais à l’obéissance qui devint, pour moi, la main secourable durant cette épreuve.

69. « Jésus, Vérité éternelle, affermissez mes faibles forces. Vous pouvez tout, Seigneur. Je sais que sans Vous mes efforts sont inutiles. Ô Jésus, ne me cachez pas Votre Visage, car je ne puis vivre sans Vous ! Soyez attentif à l’appel de mon âme, ayez pitié de ma misère, parce que Votre miséricorde est inépuisable ! Votre amour infini dépasse l’intelligence des Anges et celle de l’humanité toute entière, et bien qu’il me semble que Vous ne m’entendiez pas, j’ai déposé ma confiance dans l’océan de Votre miséricorde et je sais que mon espoir ne sera pas déçu.

70. Jésus seul sait combien il est difficile et pénible de s’acquitter de ses devoirs, lorsque l’âme est tourmentée intérieurement, les forces physiques amoindries, et l’esprit assombri. Dans le calme de mon cœur, je répétais : « Ô Christ à Vous les délices, l’honneur et la gloire, à moi la souffrance. Je ne ralentirai pas d’un seul pas à Votre suite bien que les épines me blessent les pieds ».

71. Lorsque je fus envoyée pour une cure à la maison de Plock, j’eus le bonheur d’avoir à orner la chapelle de fleurs. C’était à Biala , Sœur Tekla n’en avait pas toujours le temps. Je fleurissais donc souvent, seule, la petite chapelle. Un jour j’avais cueilli de très belles roses pour fleurir la chambre d’une certaine personne. Comme j’arrivais près de la galerie, j’y aperçus Jésus qui me demanda gracieusement : « Ma fille, à qui portes-tu ces fleurs ? » Mon silence fut ma réponse, car au même moment, je reconnus que j’éprouvais pour cette personne un très subtil attachement dont je ne m’étais pas encore aperçue. Et Jésus disparut. A l’instant même, j’ai jeté les fleurs et me suis rendue devant le Saint Sacrement, le cœur comblé de gratitude pour la grâce de la connaissance de moi-même.
Ô Soleil divin ! A la lumière de vos rayons, l’âme voit les plus petits grains de poussière qui peuvent vous déplaire.

72. Jésus, Vérité éternelle, notre vie, j’implore et je mendie Votre miséricorde pour les pauvres pécheurs. Très doux cœur de mon Seigneur, empli de pitié et d’indicible bonté, je vous supplie pour les pauvres pécheurs. Ô Cœur Sacré, Source de Miséricorde dont les rayons de grâces inconcevables se répandent sur tout le genre humain, je vous en supplie, donnez la lumière aux pauvres pécheurs. Ô Jésus, souvenez-Vous de Votre Passion amère et ne permettez pas que périssent les âmes rachetées au prix de Votre précieux Sang. Ô Jésus, lorsque je considère le don de Votre Sang, je me réjouis de son inestimable valeur car une goutte aurait suffi pour tous les pécheurs. Bien que le péché soit un gouffre de méchanceté et d’ingratitude, le prix donné pour nous est sans commune mesure – c’est pourquoi chaque âme doit avoir confiance en la passion du Seigneur, confiance dans Sa miséricorde. Dieu ne refuse Son Pardon à personne. Le ciel et la terre peuvent changer, mais la Miséricorde de Dieu ne s’épuisera jamais. Oh ! Quelle joie brûle dans mon cœur quand je vois Votre inconcevable bonté ! Ô mon Jésus, je désire amener tous les pécheurs à Vos pieds pour qu’ils louent Votre Amour infini, pendant des siècles sans fin.

73. Mon Jésus, bien que la nuit soit obscure autour de moi et que de sombres nuages me voilent l’horizon, je sais que le soleil ne s’éteint pas. Ô Seigneur, bien que je ne puisse concevoir ni comprendre Votre action, j’ai confiance en Votre Miséricorde ! Si Votre Volonté, Seigneur, est que je vive toujours dans de telles ténèbres, soyez béni ! Je vous demande une chose, mon Jésus, ne permettez pas que je vous offense jamais, en quoi que ce soit. Ô mon Jésus, vous seul connaissez les langueurs et les douleurs de mon cœur ! Je me réjouis de pouvoir souffrir, si peu que ce soit, pour vous.
Lorsque je sens que la souffrance dépasse mes forces, j’ai recours au Seigneur dans le Saint Sacrement et un profond silence est ma façon de parler au Seigneur.

74 La confession d’une de nos élèves
Un jour, je fus poussée à faire des démarches pour obtenir la Fête de la Miséricorde et je ne pouvais goûter de repos avant que ne fût peinte l’image de Jésus Miséricordieux. Ce sentiment me pénétra entièrement, mais une certaine peur me prit : Est-ce que je n’étais pas dans l’illusion ? A vrai dire, ces incertitudes venaient toujours du dehors, car au fond de moi, je sentais que mon âme était toute pénétrée du Seigneur. Le confesseur, auquel je me confessais alors me dit que parfois on peut s’illusionner et je sentais que ce prêtre semblait avoir peur de me confesser. C’était pour moi un supplice. Voyant que je ne pouvais attendre beaucoup d’aide de la part des hommes, je recourus d’autant plus à Jésus, ce Maître incomparable. Une fois, dans l’incertitude où j’étais de savoir si la voix qui me parlait était ou non celle du Seigneur, je me suis adressée à Jésus intérieurement sans prononcer de paroles. Tout de suite une force me pénétra et je dis : « Si Vous êtes vraiment mon Dieu, si c’est Vous qui m’êtes présent et qui me parlez, je Vous en prie, Seigneur, que cette élève aille aujourd’hui encore se confesser. Ce signe me rassurera. » Au même moment, cette enfant demanda à se confesser. La Maîtresse de classe s’étonna de cette décision soudaine mais elle tâcha, tout de suite de trouver un prêtre et l’enfant se confessa avec grande contrition. Alors, j’entendis en mon âme cette voix : « Est-ce que tu Me crois maintenant ». Et de nouveau, une force étonnante me pénétra et m’affermit de telle sorte, que j’étais stupéfaite moi-même d’avoir pu me laisser envahir par le doute. Ces doutes viennent toujours de l’extérieur, ce qui me dispose à m’enfermer en moi-même.

75. Lorsque je perçois l’incertitude du prêtre pendant la confession, alors je ne dévoile pas mon âme plus profondément, je m’accuse seulement de mes péchés. Un tel prêtre ne me donnera pas la paix puisque lui-même ne la possède pas. Ô prêtres, vous, les cierges lumineux qui éclairent les âmes, que votre clarté ne s’obscurcisse jamais. J’ai compris alors que ce n’était pas la volonté de Dieu que je dévoile le fond de mon âme. Plus tard, Dieu me donna cette grâce.

76. « Mon Jésus, dirigez mon âme, prenez complète possession de tout mon être, enfermez-moi au fond de votre cœur et défendez moi contre les attaques de l’ennemi. En vous est ma seule espérance ! Parlez par ma bouche quand je serai avec les puissants et les savants, moi, la plus misérable des créatures, pour qu’ils reconnaissent que cette affaire est la Vôtre et qu’elle vient de vous ».

77. Ténèbres et tentations
Mon esprit était assombri d’une manière singulière ; aucune vérité ne me semblait claire. Quand on me parlait de Dieu, mon cœur était comme un roc. Je ne pouvais en tirer un seul sentiment d’amour pour lui.
Lorsque je m’efforçais de rester auprès de Dieu par un acte de volonté, j’éprouvais de grands tourments et il me semblait que je poussais Dieu à une plus grande colère. Je ne pouvais plus méditer comme auparavant. J’ai senti dans mon âme un grand vide que je ne pouvais remplir. J’ai commencé à souffrir la soif et la nostalgie de Dieu, mais je voyais toute mon impuissance. J’essayais de lire lentement, phrase par phrase, et de méditer de cette façon, mais cela aussi était vain. Je ne comprenais rien de ce que j’avais lu. Mon gouffre de misère m’était sans cesse présent. Chaque fois que j’entrais pour quelque exercice à la chapelle, j’éprouvais les pires tourments et tentations. Plus d’une fois j’ai dû combattre des pensées de blasphèmes qui, pendant toute la Sainte Messe, se pressaient sur mes lèvres. Je ressentais un désir de m’éloigner des Saints Sacrements. Il me semblait que je n’en profitais aucunement. Je ne les fréquentais que par obéissance à mon confesseur, et cette obéissance aveugle était pour moi le seul chemin sur lequel je devais marcher, la Voie du salut. Le prêtre m’expliquait que c’étaient des épreuves permises par Dieu et que dans l’état où j’étais, non seulement je n’offensais pas Dieu, mais que je lui étais très agréable.
C’est un signe, me disait-t-il que Dieu vous aime énormément, qu’Il a confiance en vous lorsqu’Il vous afflige par de pareilles épreuves. Mais ces mots ne me consolaient pas, il me semblait qu’ils ne s’appliquaient nullement à moi. Une chose m’étonnait : il m’arriva plus d’une fois, lorsque je souffrais terriblement ces terribles tourments, qu’au moment où je m’approchais du confessionnal, mais dès que je m’éloignais, ils revenaient à la charge avec encore plus d’acharnement. Alors je tombais face contre terre, devant le Saint Sacrement et je répétais ces paroles : « Même si vous me tuez, j’aurai confiance en Vous ! » Il me semblait que j’agonisais dans ces douleurs. Une pensée terrible pour moi était de croire que j’étais rejetée par Dieu. Puis d’autres pensées me venaient : - Pourquoi tâcher d’acquérir des vertus et de faire des bonnes actions ? Pourquoi se mortifier et s’anéantir ? A quoi bon faire des vœux ? A quoi bon prier ? A quoi bon se sacrifier et s’anéantir ? A quoi bon faire, à chaque pas, le sacrifice de soi-même ? A quoi bon ? Si j’étais déjà rejetée par Dieu, à quoi bon ces efforts ? Ici Dieu seul sait ce qui se passait dans mon cœur.

78. Un jour où ces souffrances terribles m’étreignaient, j’entrai à la chapelle et je dis ces mots du fond de mon âme : « Faites de moi ce qui Vous plaît, ô Jésus, je veux Vous adorer en tout. Que Votre volonté soit faite en moi, ô mon Seigneur et mon Dieu, et moi je vais louer votre infinie miséricorde !». Cet acte de soumission dissipa mes terribles tourments. Tout à coup, j’aperçus Jésus, qui me dit : « Je suis toujours dans ton cœur. » Une joie inconcevable pénétra mon âme et la remplit d’un grand amour de Dieu, ce qui enflamma mon pauvre cœur. Je vois que Dieu ne permet jamais plus que ce que nous pouvons supporter. Oh ! je n’ai peur de rien. Si Dieu envoie à l’âme un si grand tourment, il la soutient par une grâce plus grande encore, bien que nous ne nous en rendions pas compte. Dans de tels moments, un acte de confiance rend à Dieu plus de gloire que des heures entières passées en prières, remplies de consolation. Maintenant je vois que si Dieu veut maintenir une âme dans les ténèbres, aucun livre, ni aucun confesseur ne pourra l’éclairer.

79. Marie, notre Mère et notre Reine, je vous confie mon âme, mon corps, ma vie, ma mort et tout ce qui la suivra. Je dépose tout entre vos mains. Ô ma Mère, couvrez mon âme de votre manteau virginal et donnez-moi la grâce de la pureté du cœur, de l’âme et du corps ; défendez-moi par votre puissance de tous les ennemis et spécialement de ceux qui cachent leur méchanceté sous le masque de la vertu. Ô Lis ravissant, vous êtes pour moi un miroir, ô ma Mère !

80. Jésus, divin prisonnier de l’amour, lorsque je considère Votre amour et Votre anéantissement pour moi, mes sens m’abandonnent. Vous cachez Votre inconcevable majesté et Vous Vous abaissez vers mon néant. Ô Roi de gloire, bien que Vous cachiez Votre beauté, le regard de mon âme déchire le voile. Je vois les chœurs angéliques qui ne cessent de Vous rendre honneur et toutes les Puissances célestes, qui vous louent sans fin, chantant : « Saint, Saint, Saint. »

81. Oh ! qui comprendra Votre amour et Votre insondable miséricorde envers nous ! Ô prisonnier de l’amour, j’enferme mon pauvre cœur dans ce tabernacle pour qu’il vous adore sans cesse nuit et jour; je ne connais aucun obstacle à cette adoration et même quand je serai éloignée physiquement, mon cœur sera toujours avec Vous. Rien ne peut mettre des barrières à mon amour pour Vous. Les obstacles n’existent pas pour moi. Ô mon Jésus, je vais Vous consoler de toutes les ingratitudes, blasphèmes froideurs, haines et sacrilèges des impies ! Ô Jésus, je désire brûler comme une offrande pure, immolée devant le trône de Votre abaissement, Vous priant sans cesse pour les pécheurs agonisants…
Ô Sainte Trinité, Dieu Unique, Indivisible, soyez béni pour cet immense don et ce testament de Miséricorde ! Mon Jésus, en expiation pour les blasphémateurs, je garderai le silence quand on me réprimandera injustement, pour réparer au moins un peu. Je vous chante un hymne incessant dans mon âme, et personne ne s’en doutera, ni ne comprendra. Le chant de mon âme n’est connu que de Vous, ô mon Créateur et mon Seigneur.

82. Je ne permettrai pas que le tourbillon du travail m’absorbe au point d’oublier Dieu. Je passerai tous mes moments libres aux pieds du Maître, caché dans le Saint Sacrement. Là Il m’enseigne depuis mes plus tendres années.

83. « Ecris ceci : Avant de venir comme un Juge équitable, Je viens d’abord comme Roi de Miséricorde. Avant qu’advienne le jour de Justice, il sera donné aux hommes ce signe dans les cieux : toute lumière dans le ciel s’éteindra et il y aura de grandes ténèbres sur toute la terre. Alors le signe de la Croix se montrera dans le ciel ; des Plaies des Mains et des Pieds du Sauveur, sortiront de grandes lumières, qui, pendant quelques temps illumineront la terre. Ceci se passera peu de temps avant le dernier jour. »

84. Ô Sang et Eau, qui avez jailli du Coeur de Jésus, comme source de miséricorde pour nous, j’ai confiance en vous !
Vilnius 2.VIII. 1934

85. Vendredi, après la Sainte Communion, je fus transportée en esprit devant le Trône de Dieu entouré par les Puissances célestes qui L’adorent sans cesse. Derrière le trône, je vis une clarté inaccessible aux créatures, uniquement réservée au Verbe Incarné, Médiateur. Lorsque Jésus pénétra dans cette clarté, j’entendis ces paroles : « Ecris tout de suite, ce que tu entends : Je suis le Seigneur dans Sa réalité et Je ne connais ni ordres, ni besoins. Si J’appelle la créature à la vie, c’est en vertu de Ma Miséricorde infinie. »
Et à ce moment je revins à la réalité ; j’étais dans notre chapelle, sur mon prie-Dieu, la Sainte Messe finissait. Ces paroles étaient déjà écrites.

86. Vilnius - 26 octobre 1934
Quand je vis combien mon confesseur aurait à souffrir à cause de cette œuvre que Dieu veut mener à bien par son entremise, la peur me prit un instant et je dis au Seigneur : « Jésus, cette affaire est vôtre pourquoi agissez-Vous de la sorte envers lui ? Il me semble que Vous lui suscitez des difficultés, tout en lui ordonnant d’agir. »
« Ecris que nuit et jour Mon regard se pose sur lui et que Je permets ces contrariétés pour augmenter ces mérites. Ce n’est pas la réussite que Je récompense, mais la patience et la peine prises pour Moi. »

87. Vendredi, quand je revenais du jardin avec nos élèves à l’heure du souper (il était six heures moins dix), je vis Jésus au-dessus de notre chapelle, exactement comme Il était lorsque je Le vis pour la première fois, tel qu’Il est peint sur l’image. Les deux rayons qui sortaient de Son Cœur couvraient notre chapelle et l’infirmerie, puis toute la ville, et ils se répandirent sur le monde entier. Cela dura environ quatre minutes, puis tout s’évanouit.
Une des enfants, qui m’accompagnait, un peu en arrière des autres, voyant également ces rayons, mais pas Jésus, ne pouvait imaginer d’où sortaient ces rayons. Elle était saisie et le raconta à ses compagnes. Les élèves riaient d’elle disant qu’elle avait rêvé ; peut-être était-ce la lumière d’un avion ? Mais elle s’obstinait et disait que jamais elle n’avait vu de tels rayons. Des compagnes lui dirent alors que ce pouvait être un réflecteur ; elle répondit qu’elle savait ce qu’était la lumière d’un réflecteur, mais qu’elle n’avait jamais vu de tels rayons. Après le souper, cette enfant me dit que ces rayons l’avaient tellement émue qu’elle ne pouvait rester tranquille. « J’en parlerai toujours ! » Cependant elle n’avait pas vu Jésus. Revenant sans cesse sur ces rayons elle me mit dans une position difficile, car je ne pouvais lui dire que j’avais vu Jésus. Je priais pour elle, demandant au Seigneur qu’Il lui donne les grâces dont elle avait tant besoin. Mon cœur se réjouit que Jésus seul se fasse connaître dans Son œuvre. Cela m’a causé de grands ennuis, mais on peut tout supporter pour Jésus.

88. Pendant mon adoration, je sentis la proximité de Dieu. Après un moment, j’aperçus Jésus et Marie. Cette vision emplit mon âme de joie, et je demandai au Seigneur : « Quelle est Votre volonté, Jésus, dans cette affaire ? Mon confesseur m’a ordonné de Vous le demander. » Jésus répondit : « Ma volonté est qu’il soit ici et qu’il ne se dispense de rien lui-même. »J’ai demandé à Jésus : « Est-ce que l’inscription peut-être comme suit : « Christ, Roi de Miséricorde » ? Il me répondit : « Je suis le Roi de Miséricorde – et il n’a pas dit « Christ ». – Je désire que cette image soit publiquement exposée le premier dimanche après Pâques, jour de la fête de la Miséricorde. Par le Verbe Incarné, Je fais connaître l’infini de ma Miséricorde. »

89. Il est étonnant de voir que les choses s’arrangèrent comme le Seigneur l’exigeait. La première fois, que cette image reçut les honneurs publics, elle était placée à Ostra Brama, au faîte de la fenêtre, et l’on pouvait l’apercevoir de très loin. A Ostra Brama, l’on célébrait solennellement, durant ces trois jours, la Clôture du Jubilé de la Rédemption du monde, 1900 après la Passion du Sauveur. Je comprends maintenant que l’œuvre de la Rédemption est unie à cette œuvre de la Miséricorde que le Seigneur exige.

90. Un jour, je vis intérieurement combien mon confesseur allait souffrir. Tous vont vous contredire et vos forces physiques diminueront. Je vous ai vu telle une grappe de raisins, choisie par le Seigneur et jetée dans le pressoir des souffrances. Votre âme, mon Père, sera à certains moments remplie de doute et d’incertitude à propos de cette œuvre et de moi. Et j’ai vu, comment Dieu seul vous contredisait. J’ai demandé au Seigneur pourquoi Il agissait de la sorte envers vous, comme pour rendre difficile ce qu’Il ordonnait Lui-même. Et le Seigneur dit : « J’agis ainsi envers lui pour témoigner que cette œuvre est Mienne. Dis-lui qu’il n’ait peur de rien, Mon regard repose sur lui nuit et jour. Il y aura tant de fleurons dans sa couronne et tant d’âmes seront sauvées par cette œuvre ! Je ne récompense pas le succès du travail, mais la souffrance. »

91. Mon Jésus, Vous seul savez quelles persécutions je souffre, uniquement parce que je Vous suis fidèle et que j’accepte Vos exigences. Vous êtes ma force – soutenez-moi, pour que j’accomplisse toujours fidèlement ce que Vous exigez de moi. Seule, je ne puis rien, mais toutes les difficultés s’évanouissent si Vous me soutenez. Ô mon Seigneur, ma vie est devenue un combat continuel et de plus en plus acharné dès le moment où mon âme reçut la faculté de Vous connaître. Chaque matin pendant la méditation, je me prépare au combat pour toute la journée ; la Sainte Communion est une garantie que je remporterai la victoire, et il en est ainsi. Je crains le jour où je ne pourrais recevoir la Sainte Hostie. Ce pain des Forts me donne toute l’énergie nécessaire pour accomplir cette œuvre, et le courage de faire tout ce qu’exige le Seigneur. Le courage et la force qui sont en moi ne viennent pas de moi, mais de Celui qui demeure en moi par l’Eucharistie.
Mon Jésus que l’incompréhension est grande ! Parfois, sans l’Eucharistie, je n’aurais pas le courage d’aller plus loin sur la voie que Vous m’indiquez.

92. L’humiliation est ma nourriture de chaque jour. Je comprends que l’épouse participe à tout ce qui concerne son Epoux, donc son manteau d’injures doit me couvrir aussi. Aux moments où je souffre beaucoup, je tâche de me taire, car je me méfie de ma langue qui, en de tels moments, est encline à parler de soi, alors qu’elle doit me servir à louer Dieu pour tant de bienfaits et de dons accordés. Quand je reçois Jésus dans la Sainte Communion, je Le prie avec ferveur de guérir ma langue pour que par elle, je n’offense ni Dieu, ni le prochain. Je veux qu’elle ne cesse de rendre gloire à Dieu. Les fautes que commet la langue sont graves. L’âme ne parviendra pas à la sainteté si elle ne maîtrise pas sa langue.

93. Abrégé du catéchisme des vœux religieux
Question : Qu’est-ce qu’un vœu ?
Réponse : Le vœu est une promesse volontaire, faite à Dieu d’accomplir un acte plus parfait.
Question : Est-ce que le vœu oblige dans une matière ordonnée par un commandement ?
Réponse : Oui. La réalisation d’un acte dans la matière ordonnée par un Commandement est à double valeur et mérite ; et sa négligence est double transgression et perversité, car si on viole un vœu, on ajoute alors au péché contre le Commandement, celui du sacrilège.
Question : Pourquoi les vœux religieux ont-ils une telle valeur ?
Réponse : Parce qu’il sont le fondement de la vie religieuse approuvée par l’Eglise, dans laquelle les membres réunis en une communauté religieuse, s’engagent à tendre toujours vers la perfection par trois vœux religieux : de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, observé selon les règles.
Question : Que veut dire : tendre à la perfection ?
Réponse : Tendre à la perfection veut dire que l’état religieux n’exige pas de perfection déjà acquise, mais oblige, sous peine de péché à un travail quotidien pour l’atteindre. Donc, le religieux qui ne veut pas se perfectionner, néglige son principal devoir d’état.
Question : Que sont les vœux religieux solennels ?
Réponse : Les vœux religieux solennels sont tellement absolus que, dans les cas extraordinaires, seul le Saint Père peut en relever.
Question : Que sont les vœux simples ?
Réponse : Ce sont des vœux moins absolus – Le Saint Siège peut relever des vœux perpétuels et des vœux simples.
Question : Quelle est la différence entre le vœu et la vertu ?
Réponse : Le vœu renferme seulement ce qui est commandé sous peine de péché. La vertu s’élève plus haut et facilite l’exécution de vœu. Au contraire en violant le vœu, on manque à la vertu et on la blesse.
Question : A quoi engagent les vœux religieux ?
Réponse : Les vœux engagent à s’efforcer d’acquérir les vertus et à se soumettre complètement à ses Supérieurs et aux Règles en vigueur ; ainsi le religieux donne sa personne à la Communauté, renonce à tout droit sur elle et sur ses actions qu’il sacrifie au service de Dieu.

       Le vœu de pauvreté
Le vœu de pauvreté est un renoncement volontaire au droit de propriété ou à l’usage de cette propriété dans le but de plaire à Dieu.
Question : Quels objets concernent le vœu de pauvreté ?
Réponse : Tous les biens et objets appartenant à la Communauté, Tout ce que l’on a donné, choses ou argent : lorsque ces dons ont été acceptés, on y a plus droit. Tous les dons ou les présents à titre de remerciement ou autre, appartiennent de droit à la Communauté. On ne peut employer, sans violer le vœu, tout payement de travail y compris la rente viagère.
Question : Quand rompt-on ou viole-t-on le vœu selon le septième commandement ?
Réponse : On le rompt ou on le viole, lorsque sans permission :
- On prend pour soi ou pour quiconque une chose appartenant à la maison ;
- On garde une chose pour se l’approprier ;
- On vend ou on échange une chose appartenant à la Communauté ;
- On emploie un objet à un autre usage que celui auquel le Supérieur l’avait destiné ;
- On donne ou on accepte n’importe quoi ;
- On détruit ou abîme par négligence ;
- On emporte avec soi quelque chose en changeant de maison.
En cas de rupture de vœu, le religieux est obligé à la restitution envers la Communauté.

       La vertu de pauvreté
C’est une vertu évangélique qui contraint le cœur à se libérer de l’attachement aux choses temporelles ; en vertu de sa profession, le religieux y est strictement obligé.
Question : Quand pèche-t-on contre la vertu de pauvreté ?
Réponse : Lorsqu’on désire une chose contraire à cette vertu. Lorsqu’on s’attache à quelque chose et lorsqu’on emploie des choses superflues.
Question : Quels sont les degrés de pauvreté ?
Réponse : Il y a pratiquement quatre degrés de pauvreté selon la profession :
- Ne disposer de rien ; dépendre des Supérieurs : la stricte matière du vœu.
- Eviter le luxe, se contenter des choses indispensables, cela dépend de la vertu.
- Se contenter volontiers des choses les moins bonnes en ce qui concerne la cellule, le vêtement, la nourriture etc. et en éprouver du contentement intérieur.
- Se réjouir de la gène.

       Le vœu de chasteté
Question : A quoi oblige ce vœu ?
Réponse : A renoncer au mariage et à éviter tout ce qui est interdit par le sixième et le neuvième Commandements.
Question : Est-ce que une faute contre cette vertu est une violation de vœu ?
Réponse : Chaque faute contre cette vertu est en même tems une violation du vœu, car ici il n’y a pas de différence, comme dans la pauvreté ou l’obéissance, entre le vœu et la vertu.
Question : Est-ce que chaque mauvaise pensée est un péché ?
Réponse : Non, chaque mauvaise pensée n’est pas un péché, elle le devient seulement lorsque la complaisance de la volonté et le consentement se joignent à la considération de l’esprit.
Question : Qu’est-ce qui, outre les péchés contre la chasteté, nuit à cette vertu ?
Réponse : La liberté des sens, la liberté de l’imagination et la liberté des sentiments, la familiarité et les tendres amitiés, nuisent à cette vertu.
Question : Par quels moyens conserve-t-on cette vertu ?
Réponse : En repoussant les tentations intérieures par la pensée de la présence de Dieu et en les combattant sans peur. Et pour les tentations extérieures, en évitant les occasions de pécher.
Il y a en tout sept principaux moyens :
- Surveiller les sens ;
- Eviter les occasions ;
- Eviter l’oisiveté ;
- Eloigner promptement les tentations ;
- S’écarter de toute amitié, notamment des amitiés particulières ;
- Cultiver l’esprit de mortification ;
- Révéler toutes les tentations à son confesseur.
Outre cela il y a encore cinq moyens de préserver cette vertu :
- l’humilité ;
- l’esprit d’oraison ;
- la modestie ;
- la fidélité à la règle :
- une sincère dévotion à la Sainte Vierge Marie.

       Vœu d’obéissance
Le vœu d’obéissance est supérieur aux deux premiers, car il est, à vrai dire, un holocauste. Et il est le plus nécessaire, parce qu’il forme et anime le corps monastique.
Question : A quoi oblige le vœu d’obéissance ?
Réponse : Par le vœu d’obéissance, le religieux promet à Dieu d’être obéissant à ses Supérieurs légitimes en tout ce qu’ils ordonneront au nom de la règle. Le vœu d’obéissance rend le religieux dépendant de son supérieur, au nom de la règle, dans toute sa vie et toutes ses affaires. Le religieux commettra un péché grave contre ce vœu, chaque fois qu’il désobéira à un ordre donné.
La vertu d’obéissance
La vertu d’obéissance va plus loin que le vœu, elle embrasse les règles, les règlements et même les conseils des supérieurs.
Question : Est-ce que la vertu d’obéissance est indispensable au religieux ?
Réponse : La vertu d’obéissance lui est tellement indispensable que, même s’il faisait des bonnes actions en dehors de l’obéissance, elles deviendraient mauvaises ou sans mérite.
Question : Peut-on pécher gravement contre la vertu d’obéissance ?
Réponse : On pèche gravement quand on méprise l’autorité ou l’ordre du Supérieur. Quand un dommage spirituel ou temporel pour la Communauté résulte de la désobéissance.
Question : Quelles fautes mettent le vœu en danger ?
Réponse : Etre prévenu contre le Supérieur ou avoir de l’antipathie pour lui, les murmures ou critiques, la lenteur et la négligence.

       Les degrés de l’obéissance
1. L’exécution prompte et entière. 2. L’obéissance de la volonté, lorsque la volonté décide la raison à se soumettre à l’avis du Supérieur. Pour faciliter l’obéissance, Saint Ignace suggère trois moyens :
- Toujours voir Dieu dans son Supérieur, quel qu’il soit.
- Justifier en soi l’ordre ou l’avis du Supérieur.
- Accepter chaque ordre comme un ordre de Dieu, sans examiner ou réfléchir.
Moyen général : l’humilité par laquelle rien n’est difficile.

94. Ô mon Seigneur, enflammez mon cœur d’amour pour Vous, pour que mon esprit ne se lasse pas parmi les orages, les souffrances et les épreuves ! Vous voyez comme je suis faible. L’amour peut tout.

95. La connaissance plus profonde de Dieu peut effrayer l’âme. Au commencement, Dieu se révèle comme Sainteté, Justice, Bonté, c’est-à-dire Miséricorde. L’âme ne connaît pas tout à la fois, mais par étapes ou lueurs successives, qui la rapprochent, chaque fois de Dieu. Ces lueurs sont de courte durée, car l’âme ne pourrait supporter l’intensité de cette lumière. C’est pendant l’oraison que l’âme reçoit les éclairs de cette lumière, qui rendent impossible son ancienne manière de faire oraison. L’âme peut faire les efforts qu’elle voudra pour revenir à l’ancienne oraison, ce sera en vain ; il lui devient complètement impossible de continuer à prier de la même façon qu’avant d’avoir reçu cette lumière. La lumière qui a touché l’âme brille en elle, sans que rien puisse l’étouffer, ni l’obscurcir. Cette lueur de la connaissance de Dieu attire l’âme et allume son amour pour Lui. Mais cette vive clarté révèle en même temps à l’âme son état particulier ; elle se voit intérieurement toute entière dans la lumière d’en haut, et elle se lève effrayée et alarmée. Mais elle ne reste pas sous l’effet de cette frayeur et commence à se purifier, à s’humilier et à s’abaisser devant le Seigneur. Et ces lumières deviennent plus fortes et plus fréquentes. Plus l’âme s’épure et plus ces lumières sont pénétrantes. Dieu comble de Ses consolations et Se donne de manière sensible à l’âme qui répond fidèlement et courageusement à ces premières grâces. Elle entre par instants dans une sorte d’intimité avec Dieu et en éprouve une grande joie. Elle croit déjà avoir atteint le degré de perfection qui lui était destiné; ses imperfections et ses défauts sommeillent toujours en elle, mais elle croit les avoir perdus. Rien ne lui semble difficile, elle est prête à tout. Elle commence à se plonger en Dieu et à en goûter les délices. Portée par la grâce, elle ne se rend pas du tout compte que le temps de l’épreuve peut venir. Et en effet, cet état ne dure pas longtemps. Voici venir des moments d’une autre nature. Mais je dois souligner que l’âme répond plus fidèlement à la grâce divine, si elle a un confesseur éclairé à qui elle confie tout.

96. Les épreuves de Dieu dans une âme particulièrement aimée de Lui. Tentations et ténèbres, Satan.
L’amour de Dieu, en cette âme, n’est pas encore tel que Dieu l’exige. Elle perd tout à coup le sentiment de la présence de Dieu, toutes sortes de fautes et de défauts, qu’elle doit combattre avec acharnement, se lèvent en elle. Toutes ses propres imperfections réapparaissent, mais sa vigilance est grande. Au lieu de sentir la présence de Dieu, elle connaît la sécheresse spirituelle. Elle ne se sent plus aucun goût pour les exercices spirituels. Elle ne peut plus prier, ni comme autrefois, ni comme elle priait désormais. Elle s’élance de tous cotés et ne trouve nulle part de satisfaction.
Dieu s’est caché d’elle et elle ne trouvera de consolation en rien ni en personne. L’âme désire passionnément Dieu, mais elle voit sa propre misère et commence à ressentir la justice divine. Elle croit avoir perdu tous les dons de Dieu, sa raison en est comme affaiblie. Les ténèbres l’envahissent toute entière. C’est le commencement de tourments inconcevables. Elle tente d’exposer son état intérieur à son confesseur qui ne la comprend pas. Son trouble augmente encore. Satan commence son œuvre.

97. La foi de l’âme commence à chanceler, c’est une lutte acharnée. L’âme fait des efforts ; par un acte de volonté, elle reste auprès de Dieu.
Satan, avec la permission de Dieu, avance encore plus loin : l’espérance et l’amour sont mis à l’épreuve. Ces tentations sont terribles. Secrètement, sans qu’elle le sache, Dieu soutient l’âme ; autrement il lui serait impossible de se maintenir, et Dieu sait combien il peut permettre à l’âme de souffrir. L’âme est tentée par l’infidélité envers les vérités révélées, par le manque de franchise envers son confesseur. Satan lui dit : « Vois, personne ne te comprend, à quoi bon parler de tout cela ? »
Des paroles effrayantes sonnent à ses oreilles, et il lui semble qu’elle les prononce contre Dieu. Elle voit ce qu’elle ne voudrait ne pas voir. Elle entend ce qu’elle voudrait ne pas entendre ; et il est terrible en de tels moments, de ne pas avoir de confesseur expérimenté.
Elle porte seule tout le fardeau ; cependant, autant qu’il est en son pouvoir, elle doit s’efforcer de trouver un confesseur éclairé, car elle risque de succomber sous le poids, ce qui la mènerait au bord du précipice.
Toutes ces épreuves sont dures et pénibles ; et Dieu ne les envoie pas à une âme qui n’aurait pas d’abord été admise à une profonde intimité avec Lui, et qui n’aurait pas goûté aux délices divins. Il a aussi, dans tout cela, Ses desseins, qui nous sont impénétrables. Souvent, Dieu prépare de cette manière les âmes à de futurs desseins et à de grandes œuvres. Il veut les éprouver comme l’or pur, mais ce n’est pas encore la fin.
Il reste l’épreuve suprême : le complet délaissement de l’âme par Dieu.

98. L’épreuve suprême, le délaissement complet. Le désespoir.
L’âme sort victorieuse des batailles précédentes, même si elle a trébuché, elle se bat vaillamment ; elle appelle Dieu en toute humilité : « Sauvez-moi, je péris ! » Elle est encore capable de combattre.
Maintenant de terribles ténèbres enveloppent l’âme. Elle ne voit en elle que péché. Elle souffle cruellement. Elle se voit complètement abandonnée de Dieu, elle a le sentiment d’être pour Lui un objet de haine ; elle est au bord du désespoir. Elle se défend de son mieux, elle tâche d’éveiller la confiance. Mais l’oraison n’est pour elle qu’une plus grande peine ; il lui semble qu’elle attise la colère de Dieu. Elle se tient sur un sommet qui se perd dans les nuées, mais qui surplombe un gouffre.
L’âme brûle du désir d’être près de Dieu, mais elle se sent repoussée. Tous les supplices du monde ne sont rien, comparés au sentiment dont elle est la proie : l’abandon de Dieu.

Personne ne peut la soulager. Elle voit qu’elle est toute seule, qu’elle n’a personne pour la défendre. Elle lève les yeux au ciel, mais elle sait qu’elle n’a rien à en attendre ; pour elle, tout est perdu. Elle tombe dans des ténèbres de plus en plus épaisses ; Il lui semble qu’elle a perdu Dieu pour toujours, ce Dieu qu’elle a tant aimé. Cette pensée lui cause un tourment indescriptible. Mais elle n’y consent pas. Elle tente de regarder vers le ciel, en vain : et cela redouble son tourment.
Personne n’éclairera cette âme si Dieu veut la maintenir dans les ténèbres. Elle a le sentiment aigu et terrifiant d’être rejetée de Dieu. Des élans douloureux jaillissent de son cœur si douloureux, qu’aucun prêtre ne les comprendra, à moins qu’il ne soit lui-même passé par ces épreuves. Et en tout cela, Satan ajoute encore aux souffrances de l’âme par ses moqueries : « Tu vois bien ! Resteras-tu encore fidèle ? Voilà ton sort, tu es en notre pouvoir ! » Mais Satan n’a pas plus d’influence sur cette âme que Dieu ne le permet, et Dieu sait combien nous pouvons supporter. –« A quoi cela t’a-t-il servi de te mortifier ? D’être fidèle à la règle ? A quoi bon tous ces efforts ? Tu es rejetée de Dieu ! » dit Satan.
-Ce mot « rejetée » devient un feu qui brûle chaque nerf ; il transperce tout l’être jusqu’à la moelle des os. Le moment le plus important de cette épreuve arrive. L’âme ne cherche plus d’aide nulle part : elle se plonge en elle-même, perd tout le reste de vue. C’est comme si elle acceptait ce supplice du délaissement. C’est un moment que je ne saurais décrire. C’est l’agonie de l’âme

99. La première fois que j’eus à vivre un tel moment, j’en fus arrachée en vertu de la Sainte Obéissance. La Mère Maîtresse, effrayée à ma vue, m’envoya me confesser ; mais le confesseur ne me comprit pas, je ne sentis pas l’ombre d’un soulagement. Ô Jésus, donnez-nous des prêtres expérimentés ! Quand je lui dis que mon âme traversait les tourments de l’enfer, il me répondit qu’il était tranquille quant à l’état de mon âme, car il y voyait une grande grâce de Dieu. Mais je ne comprenais rien à tout cela, et pas un rayon de lumière ne pénétra dans mon âme.

100. Puis les forces physiques commencèrent à me manquer ; je n’étais plus en état de remplir mes devoirs. Je ne pouvais plus dissimuler mes souffrances, bien que n’en disant rien à personne, car la douleur que reflétait mon visage, me trahissait. La Supérieure me dit que les Sœurs venaient lui dire qu’elles étaient prises de pitié lorsqu’elles me voyaient à la chapelle, tant ma mine était effrayante. Malgré ses efforts, l’âme n’est plus en état de dissimuler cette souffrance.

Paragraphes N°101-200
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