Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
1243. 15 août 1937. Durant la méditation, la présence de Dieu pénétra
fortement en moi. Et je connus l’allégresse de la Très Sainte Vierge au
moment de Son Assomption…
Durant la cérémonie qui eut lieu à la gloire de Notre Dame, vers la fin,
j’aperçus la Très Sainte Vierge qui me dit : « Oh ! Combien l’hommage de
votre amour m’est agréable !» Et à ce moment, Elle couvrit de son manteau
toutes les Sœurs de notre Congrégation. De son bras droit, Elle serra contre
Elle, la Mère Générale Michaëla, du gauche, moi-même, et toutes les Sœurs
étaient à Ses pieds abritées sous Son manteau. Alors la Très Sainte Vierge
déclara : « Toutes celles qui demeureront avec zèle, jusqu’à la mort, dans
Ma Congrégation, éviteront le feu du Purgatoire. Je désire que chacune se
distingue par les vertus suivantes : humilité, douceur et pureté, amour de
Dieu et du prochain, compassion et miséricorde. » Après ces paroles, toute
la Congrégation disparut de ma vue, et je demeurai seule avec la Très Sainte
Mère qui m’instruisit de la volonté de Dieu, et comment l’appliquer dans la
vie en m’abandonnant totalement à Son Très Saint Jugement. Il est impossible
sans accomplir Sa Sainte Volonté - « Ma fille, Je te recommande vivement de
réaliser fidèlement les moindres souhaits de Dieu, car c’est ce qui Lui est
le plus agréable ! Je désire vivement que tu te distingues par ta fidélité à
accomplir la volonté de Dieu. Place la volonté de Dieu bien au-dessus de
tous les sacrifices et holocaustes ! » Tandis que la Mère du Ciel me
parlait, une profonde compréhension de la volonté de Dieu pénétrait mon âme.
1244. Mon Jésus, délices de mon cœur, lorsque mon âme est remplie de Votre
divinité, je reçois dans une égale mesure douceur et amertume ! L’une comme
l’autre passeront. La seule chose que je conserverai en mon âme, c’est
l’amour de Dieu. C’est Lui que je désire, et tout le reste compte peu.
1245. 16 Août 1937. Après la Sainte Communion, j’ai vu Notre Seigneur Jésus
dans toute Sa Majesté. Il m’a dit : « Ma fille, les semaines durant
lesquelles tu n’as pas vu ni senti Ma présence, J’étais plus profondément
uni à toi que durant les moments de transport. Et ta fidélité, ainsi que le
parfum de tes prières parvenaient jusqu’à Moi. » Après ces paroles, mon âme
fut envahie par la joie de Dieu. Je ne voyais pas Jésus, mais je ne pouvais
prononcer qu’un mot : « Jésus ». Et après avoir prononcé ce nom, mon âme fut
à nouveau envahie de lumière et d’un profond recueillement qui dura trois
jours sans interruption. Cependant j’ai pu, apparemment, remplir ma tâche
coutumière.
Tout mon être s’est trouvé bouleversé dans sa plus secrète profondeur. La
grandeur de Dieu ne m’effraie pas, mais au contraire elle me rend heureuse
car en la vénérant je m’élève moi-même.
Voyant Son bonheur, je suis moi-même heureuse puisque tout ce qui est en Lui
fait écho en moi.
1246. Lorsque j’ai connaissance de l’état d’une âme et de ce qui, en elle,
déplaît à Dieu, je l’apprends de la façon suivante : je ressens
immédiatement des douleurs aux mains, aux pieds et au côté, aux endroits où
furent percés les Mains, les Pieds et le côté du Sauveur. Et à ce moment là,
j’ai connaissance de l’état de cette âme et du genre de péché commis.
1247. Je désire faire réparation à Notre Seigneur Jésus. Aujourd’hui, j’ai
porté sept heures durant une ceinture de chaîne, afin d’obtenir pour une âme
la grâce du repentir. A la septième heure, j’ai éprouvé un soulagement,
alors que cette âme ressentait en elle-même la rémission de son péché, bien
qu’elle ne se fût pas encore confessée. Pour les péchés des sens, je
mortifie le corps et jeûne dans la mesure permise. Pour les péchés d’orgueil
je prie, le front contre terre. Pour les péchés de haine, je prie et fais
quelque bonne action envers une personne qui m’inspire peu de sympathie.
Ainsi, j’accomplis la réparation selon le genre de péché constaté.
1248. 19 août 1937. Aujourd’hui, pendant l’Adoration, le Seigneur m’a fait
connaître combien Il désire que l’âme se distingue par des actes d’amour. Et
je perçus combien sont nombreuses les âmes qui nous disent : « Donnez-nous
Dieu ! » Le sang des Apôtres a bouillonné en moi. Je n’en serai pas avare,
car, je le verserai jusqu'à la dernière goutte, pour les âmes immortelles,
bien que physiquement Dieu ne l’exige pas. Mais en mon âme cela m’est
possible et se trouve être, non moins méritoire.
1249. J’ai su aujourd’hui qu’il ne fallait pas demander une certaine
permission, mais répondre en cette affaire, comme la Mère de Dieu le désire.
Pour le moment aucun éclaircissement n’est nécessaire. Le calme m’est
revenu. J’ai reçu cette inspiration en me rendant à l’examen de conscience
et alors que je m’affligeais fort, car je ne savais que faire. La lumière de
Dieu peut plus en un moment que mes tourments de plusieurs jours.
1250. 22 août. Ce matin, la Vierge Sainte Barbara m’a visitée et m’a
recommandé de communier neuf jours durant, à l’intention de ma Patrie. « De
cette façon, tu apaiseras la colère de Dieu. Cette Vierge portait une
couronne d’étoiles et tenait une épée en main. L’éclat de sa couronne était
le même que celui de l’épée, sa robe était blanche, ses cheveux flottants.
Elle était si belle que, si je ne connaissais déjà la Très Sainte Vierge
pour L’avoir vue, j’aurais pensé que c’était Elle. Je comprends maintenant
que chaque Vierge se distingue par une beauté à part. Une beauté
particulière, rayonne de chacune d’elles.
1251. 25 août 1937. Aujourd’hui Monsieur l’Abbé Sopocko est arrivé et
demeurera chez nous jusqu’au 30. Je m’en suis fort réjouie. Dieu seul sait
combien je désirais le voir à cause de cette œuvre que Dieu accomplit par
son intermédiaire. Je m’en suis réjouie bien que cette visite ait été
accompagnée de quelques ennuis.
1252. Pendant qu’il célébrait la Sainte Messe, j’ai vu, juste avant
l’Elévation Notre Seigneur Jésus crucifié dégager Sa main droite de la
Croix, et la lumière qui sortait de Sa blessure se prolongeait jusqu’à Son
épaule. Ceci se répéta durant trois Messes et je compris que par là Dieu lui
donnait la force d’accomplir cette œuvre, malgré les difficultés et les
oppositions. Cette âme-là, qui est agréable à Dieu, est crucifiée par de
multiples souffrances. Mais je ne m’en étonne pas, car c’est ainsi que Dieu
agit avec eux qu’Il chérit particulièrement.
1253. Aujourd’hui, 29, j’ai été autorisée à converser longuement avec l’Abbé
Sopocko. J’ai donc appris que bien qu’il y ait des difficultés, l’œuvre
progresse pourtant et que la Fête de la grande Miséricorde est déjà fort
avancée. Il s’en faut de peu de sa réalisation, mais il convient encore de
beaucoup prier, afin que certains obstacles cèdent.
1254. « Maintenant en ce qui vous concerne, ma Sœur, il est bien que vous
soyez en cet état d’indifférence pour ce qui est de la volonté de Dieu et
que vous soyez plus équilibrée. Je vous demande d’essayer de conserver cet
équilibre. Maintenant en ce qui concerne toutes ces choses, ceci dépend
uniquement, ma Sœur, du Père Andrasz. Je suis entièrement d’accord avec lui.
Ne faites rien, ma Sœur, arbitrairement. Mais en tout, prenez conseil auprès
de votre directeur de conscience. Je vous demande en tout ceci, de conserver
l’équilibre et le plus grand calme.
Encore une chose. J’ai fait imprimer ce « chapelet » qui doit figurer au
verso de l’image, de même que ces oraisons, qui ressemblent à des litanies
et qui y figureront aussi. Une autre grande image a également été imprimée,
ainsi que quelques feuillets contenant la neuvaine à la Miséricorde. Priez,
ma Sœur, afin que ceci soit autorisé !»
1255. Monsieur l’Abbé Sopocko est parti ce matin. Tandis que je m’abîmai
dans une prière de gratitude pour cette grande grâce que j’ai reçue de Dieu,
c’est-à-dire d’avoir pu voir l’Abbé, je fus alors de façon particulière unie
au Seigneur qui m’a dit : « Voilà le prêtre selon Mon Cœur ! Ses efforts me
sont agréables. Tu vois, Ma fille, que Ma volonté doit être faite et que Je
tiens ce que je t’ai promis. Par ce prêtre, Je répands la consolation sur
les âmes souffrantes et torturées. Par lui, il M’a plu de faire divulguer la
vénération envers Ma Miséricorde
Et par cette œuvre de Miséricorde, tant d’âmes se rapprochent de Moi, bien
plus qu’il n’en pourrait absoudre, nuit et jour, jusqu’à la fin de sa vie.
Car il ne travaillerait alors que jusqu’à la fin de sa vie. Mais par cette
œuvre il travaillera jusqu’à la fin du monde. »
1256. J’avais entrepris une neuvaine afin de voir l’Abbé, mais je ne l’avais
pas terminée que Dieu m’avait accordé cette grâce.
1257. Ô mon Jésus, combien j’ai peu profité de cette grâce ! Mais cela ne
dépendait pas de moi, quoique d’un autre côté beaucoup en dépendît.
1258. Pendant cet entretien, j’ai eu connaissance des tourments de son âme,
de cette âme crucifiée, semblable à celle du Sauveur. Là où on s’attendait
avec raison à rencontrer la consolation, on trouve la Croix. Il vit parmi
nombre d’amis, mais il n’a personne à part Jésus. C’est ainsi que Dieu
dépouille l’âme qu’Il chérit particulièrement.
1259. Aujourd’hui j’ai entendu ces paroles : « Ma fille, sois toujours comme
une enfant envers ceux qui me représentent. Autrement tu ne profiteras pas
des grâces que par eux Je t’envoie.
1260. 1er septembre 1937. J’ai vu Notre Seigneur Jésus dans toute Sa royale
Majesté, qui regardait notre terre d’un regard sévère. Pourtant à la prière
de sa Mère, Il prolongea le temps de la Miséricorde.
1261. 3 septembre. Premier Vendredi du mois. Durant la Sainte Messe, je me
suis trouvée unie à Dieu. Jésus me fit connaître que même la moindre chose
ne saurait se passer au monde sans Sa volonté. Après avoir vu cela, mon âme
connut un étrange repos. Je me suis tout à fait tranquillisée, quant à
l’œuvre en question et à son étendue. Dieu peut agir envers moi comme Il lui
convient. Je le bénirai en tout.
1262. Jusqu’à maintenant, c’est avec une certaine crainte que je me
demandais jusqu’où ces inspirations me mèneraient. Une crainte plus grande
encore m’envahit lorsque le Seigneur me fit connaître que je devais quitter
cette Congrégation. Trois ans ont passé depuis lors et mon âme ressent tour
à tour soit de l’enthousiasme et de l’inclination à l’action (et j’ai alors
beaucoup d’audace et de force), soit lorsque approche le moment décisif de
commencer l’œuvre, l’abandon du Seigneur, et alors une étrange crainte
envahit mon âme, et je constate que ce n’est pas encore l’heure désignée par
le Seigneur pour commencer à agir. Ce sont là des souffrances que je ne peux
même pas décrire. Dieu seul sait ce que je supporte nuit et jour… Il me
semble que le plus grand des martyres me serait plus léger en comparaison de
ce à quoi je suis soumise bien que ce soit sans verser une goutte de sang.
Mais toute cette souffrance-là c’est pour les âmes, pour les âmes, Seigneur…
1263. Acte d’abandon total à la volonté de Dieu, volonté qui n’est pour moi
qu’amour et miséricorde.
Acte d’offrande
Jésus-Eucharistie, que je viens à l’instant de recevoir en mon cœur, par
cette union avec Vous, je m’offre au Père des Cieux, en hostie expiatoire,
m’abandonnant tout à fait et entièrement à la Très Miséricordieuse et Sainte
volonté de Dieu. A partir d’aujourd’hui, Votre volonté, Seigneur, est ma
nourriture. Voici tout mon être, disposez de moi à Votre gré. Peu importe ce
que me donne Votre main paternelle : je le reçois avec soumission, calme et
joie. Je n’ai aucune crainte de quelque façon que Vous me dirigiez.
J’accomplis à l’aide de Votre grâce tout ce que Vous exigez de moi.
Maintenant je ne crains aucune de vos inspirations, ni n’examine avec
inquiétude jusqu’où elles me mèneront. Guidez-moi, ô Dieu, par les chemins
qui Vous plaisent. J’ai une confiance totale en Votre volonté, qui n’est
pour moi qu’amour et miséricorde. Vous m’ordonnez de demeurer dans ce
couvent, j’y resterai. Vous m’ordonnez de me mettre à l’œuvre, je m’y mets.
Vous me laissez jusqu’à la mort, dans l’incertitude quant à cette œuvre,
soyez-en béni. Vous me donnez la mort, alors qu’humainement parlant, il
semblerait que ma vie soit particulièrement nécessaire, soyez-en béni ! Vous
m’emportez en pleine jeunesse, soyez-en béni ! Vous me ferez atteindre un
âge avancé, soyez béni ! Me donnerez-Vous santé et forces, soyez béni ! Vous
me clouez sur un lit de douleur, la vie durant, soyez-en béni ! Vous ne
m’accordez dans la vie que déceptions et insuccès, soyez-en béni ! Vous
permettez que mes plus innocentes intentions soient blâmées, soyez-en béni !
Vous donnez la lumière à mon esprit, soyez-en béni ! Vous me laissez dans
l’obscurité et au milieu de toutes de supplices, soyez-en béni !
Depuis ce moment, je vis dans la plus profonde tranquillité, car le Seigneur
lui-même me porte à bout de bras. Il sait bien, le Seigneur de l’infinie
miséricorde, que c’est Lui seul que je désire en tout, partout et toujours.
1264. Prière. Ô Jésus, écartelé sur la croix, je Vous en supplie,
accordez-moi la grâce d’accomplir fidèlement la Très Sainte volonté de Votre
Père, toujours, partout et en tout ! Et lorsque la volonté de Dieu me
semblera bien dure et difficile à accomplie, c’est alors que je Vous supplie
Jésus, de faire que de Vos Plaies coule en moi force et puissance. Quant à
ma bouche, faites qu’elle répète : « Que Votre volonté soit faite, Seigneur
! » - Ô Sauveur du monde, si désireux du salut des hommes, que durant une
torture si atrocement douloureuse, Vous Vous oubliâtes Vous-même, pour ne
penser qu’au salut des âmes ! Jésus très compatissant, accordez-moi la grâce
de l’oubli de moi-même afin que je ne vive que pour les âmes, en Vous aidant
à l’œuvre du salut, selon la Très Sainte volonté de Votre Père.
1265. 5 août 1937. Le Seigneur m’a appris combien notre chère Mère
Supérieure me défend contre…non seulement par des prières, mais par des
actes. Merci, Jésus, de cette grâce, ceci trouvera en mon cœur un écho de
gratitude. Lorsque je suis avec Jésus, je pense à elle.
1266. 6 septembre 1937. Aujourd’hui je change mes occupations au jardin pour
celles de Sœur tourière solitaire, à la grande porte. Je suis allée
converser un moment avec le Seigneur, je Lui ai demandé Sa bénédiction,
ainsi que la grâce de pouvoir remplir fidèlement les occupations qui me sont
confiées. J’entendis alors ces mots : « Ma fille, je suis toujours avec toi.
Je t’ai donné la possibilité de t’exercer aux actes de Miséricorde que tu
vas accomplir avec obéissance. Si tu parles avec Moi, chaque soir, tout
particulièrement de cette tâche, tu Me feras un grand plaisir ». Je sentis
que Jésus m’accordait une nouvelle grâce, quant à cette fonction, mais
malgré cela je me suis enfermée au fond de Son Cœur.
1267. Aujourd’hui je me suis sentie plus malade. Mais Jésus m’a donné, en ce
jour, bien plus d’occasions de m’exercer à la vertu. Il arriva que ma tâche,
ayant été plus chargée, la Sœur préposée à la cuisine a montré son
mécontentement de ce que je m’étais mise en retard pour le déjeuner
quoiqu’il m’ait été véritablement impossible de venir plus tôt. Pourtant me
sentant si malade, j’ai dû prier la Mère supérieure de me permettre d’aller
me mettre au lit. Je suis donc allée demander à Sœur N. de me remplacer dans
ma tâche. Je fus à nouveau rabrouée : « Comment cela, ma Sœur, vous vous
êtes tellement fatiguée que vous allez à nouveau vous mettre au lit ?...avec
ce lit !... » J’ai supporté tout cela, mais ce n’est pas tout, il me fallait
encore aller demander à la Sœur qui sert les malades de m’apporter le repas.
Après le lui avoir dit, elle est sortie précipitamment de la Chapelle
derrière moi, dans le corridor, afin de pouvoir dire ce qu’elle avait sur le
cœur : « Je ne comprends pas, ma Sœur, pourquoi vous allez vous aliter, etc…
» Je lui ai alors demandé de ne pas m’apporter de repas. J’écris ceci en
abrégé car je n’ai pas l’intention d’écrire ces choses-là. Mais je le fais
uniquement afin qu’on ne se conduise pas ainsi envers une autre personne,
car cela déplaît au Seigneur. Dans les âmes souffrantes, nous devons voir
Jésus Crucifié et non pas un parasite et un poids mort, pour la
Congrégation. L’âme souffrante qui s’abandonne à la volonté de Dieu, attire
bien plus de bénédictions sur le couvent, que toutes les Sœurs occupées à un
travail. Misérable est le couvent où il n’y a pas de Sœur malade. Bien
souvent, Dieu accorde de nombreuses et importantes grâces, à cause des âmes
souffrantes et éloigne bien des châtiments uniquement à cause d’elles.
1268. Ô mon Jésus, quand saurons-nous contempler les âmes en ayant des
mobiles plus élevés ? Quand saurons-nous porter des jugements véridiques ?
Vous nous donnez la possibilité de nous exercer à des actes de Miséricorde
et nous nous exerçons à porter des jugements. Pour savoir si dans un
monastère s’épanouit l’amour de Dieu, il convient de demander comment on se
comporte envers les malades, les infirmes, les impotents.
1269. 10 septembre 1937. Au cours de mes réflexions, j’ai eu conscience que
plus l’âme est pure, plus son commerce avec Dieu se situe uniquement au
niveau de l’esprit, et a peu d’égards pour les sens et leur révolte. Dieu
est esprit, je L’aime donc en esprit et en vérité.
1270. Lorsque j’ai su combien il est dangereux à notre époque de se trouver
près de la porte d’entrée, à cause des troubles révolutionnaires, et combien
de mauvaises gens ont de la haine pour les couvents, je me suis entretenue
avec le Seigneur et je lui ai demandé qu’Il s’arrange de façon à ce qu’aucun
méchant n’ose s’approcher de la porte. Alors j’entendis ces mots : « Ma
fille, dès le moment où tu as été préposée à ce service, j’y ai mis un
Chérubin afin qu’il la garde. Sois donc sans inquiétude ! » Après être
revenue de mon entretien, avec le Seigneur, je vis un léger nuage blanc et
dans ce nuage un chérubin, les mains jointes, dont le regard était semblable
à l’éclair. J’ai compris que le feu de l’amour divin brûlait dans ce regard.
1271. 14 septembre 1937. Exaltation de la Sainte Croix. J’ai connu
aujourd’hui, combien ce prêtre supporte de grandes contrariétés dans toute
cette affaire. Même les âmes pieuses et enthousiastes à glorifier Dieu
s’opposent à lui. Et il ne doit qu’à la grâce divine de ne pas encore être
découragé de tout cela.
1272. Jésus : « Ma fille, crois-tu avoir suffisamment écrit sur Ma
Miséricorde ? Ce que tu as écrit n’est qu’une goutte, comparée à l’océan. Je
ne suis qu’Amour et Miséricorde. Il n’y a pas de misère qui puisse se
mesurer à Ma Miséricorde, ni en venir à bout puisqu’au moment de se
communiquer, elle s’amplifie. L’âme qui fait confiance à Ma Miséricorde est
la plus heureuse car je prends Moi-même soin d’elle. »
1273. Je ressens en mon âme de grands tourments, lorsque je reconnais que
l’on insulte Dieu. Aujourd’hui j’ai su que l’on avait commis de graves
péchés, non loin de notre porte. C’était le soir, j’ai prié avec ferveur à
la chapelle puis je me suis flagellée. Quand je me suis agenouillée pour
prier, le Seigneur m’a fait comprendre combien souffre l’âme qui est rejetée
loin de Dieu…Il me semblait que mon cœur se brisait en morceaux et en même
temps j’ai compris combien cette âme blesse le Cœur Très Miséricordieux de
Jésus. Cette pauvre créature ne veut pas accepter la Compassion de Dieu.
Plus Dieu poursuit l’âme de Sa Miséricorde, plus Il sera juste envers elle.
1274. Ma secrétaire, écris bien que Je suis plus généreux envers les
pécheurs qu’envers les justes ! C’est pour eux que Je suis venu sur terre,
c’est pour eux que J’ai versé mon Sang. Qu’ils ne craignent pas de
s’approcher de Moi ! Ce sont eux qui ont le plus besoin de Ma Miséricorde. »
1275. 16 septembre 1937. Je désirais tant aujourd’hui, passer une heure en
prière auprès du Très Saint Sacrement, pourtant toute autre était la volonté
de Dieu. A huit heures, je ressentis de si violentes douleurs que je dus
m’aliter immédiatement. Je me suis tordue de douleur trois heures durant,
c’est-à-dire jusqu’à onze heures du soir. Aucun médicament ne me fit
d’effet. Ce que je prenais, je le rejetais. Par moment ces douleurs
m’enlevaient la conscience. Jésus me fit savoir que je venais de cette façon
de prendre part à Son agonie au Jardin des Oliviers, et que Lui-même permit
ces souffrances pour donner satisfaction à Dieu pour les avortements. Voici
trois fois déjà que je passe par ces souffrances. Elles commencent toujours
à huit heures du soir et durent jusqu’à onze heures. Aucun médicament n’est
capable de les réduire. Quand s’approchent onze heures, elles cessent
d’elles-mêmes, et je m’endors immédiatement. Le lendemain je me sens très
faible. Cela m’est arrivé pour la première fois au Sanatorium. Les médecins
ne purent en faire l’analyse. Ni piqûres, ni médicaments ne m’apportèrent de
soulagement et moi-même je ne comprenait pas de quelle sorte de souffrance
il s’agissait. J’ai dit au médecin que je n’avais eu de ma vie de telles
souffrances. Il déclara qu’il ne savait de quoi il s’agissait. Maintenant je
comprends ce que sont ces souffrances, car le Seigneur me l’a révélé…
Pourtant, lorsque je pense que je devrai peut-être un jour souffrir à
nouveau de cette façon, un frisson de terreur me saisit. Mais j’ignore si je
vais souffrir encore de cette façon. Je laisse cela à Dieu. Ce qu’Il Lui
plaît de m’envoyer, je le recevrai avec soumission et amour. Que je puisse
seulement par ces souffrances sauver ne serait-ce qu’un de ces enfants de
l’assassinat !
1276. Après ces souffrances, le lendemain, je pressens l’état des âmes et
leurs disposition envers Dieu. Je suis alors pénétrée d’une véritable
connaissance.
1277. Je reçois la Sainte Communion comme la reçoivent les Anges. Mon âme se
trouve envahie par la lumière de Dieu et se nourrit de Lui. Les sens sont
comme morts. C’est là s’unir au Seigneur par le biais de l’âme. C’est la
grande supériorité de l’âme sur la nature.
1278. Dieu m’a accordé la connaissance des grâces dont Il me comble sans
cesse. Cette lumière m’a pénétrée très profondément et j’ai alors compris
les inconcevables égards de Dieu envers moi. Je suis restée dans ma cellule,
pour une longue action de grâce, allongée, le visage contre terre, j’ai
versé des larmes de gratitude. Je ne pouvais me relever, car chaque fois que
je le voulais, la lumière de Dieu me donnait connaissance d’une nouvelle
grâce. A la troisième fois je pus me soulever de terre. En tant qu’enfant,
je sentis que tout ce que possède le Père des Cieux, est également mien.
Lui-même me souleva de terre jusqu’à Son Cœur. Je sentis que tout ce qui
existe, est en quelque sorte exclusivement mien. Mais je n’avais de cela
aucun désir, car Dieu seul me suffit.
1279. Aujourd’hui, j’ai connu avec quelle aversion le Seigneur s’approche de
certaines âmes pendant la Sainte Communion. Il va vers ces cœurs comme Il
irait au cachot pour être martyrisé et supplicié. J’ai imploré Son pardon et
je l’ai dédommagé de cet affront.
1280. Le Seigneur m’a fait connaître que je rencontrerai mon frère. Mais
pourtant je ne pouvais comprendre Mais pourtant je ne pouvais comprendre
comment je le verrais ni pourquoi il serait venu me voir. Je savais bien que
Dieu lui avait fait la grâce de lui donner la vocation religieuse, mais
pourquoi serait-il venu me voir ? Pourtant j’ai repoussé ce raisonnement et
je me suis mise à croire que si Dieu m’avait fait savoir qu’il viendrait,
cela devait me suffire. J’ai uni ma pensée à Dieu sans plus m’inquiéter de
la créature, remettant tout en Dieu.
1281. Lorsque les mêmes indigents viennent mendier à la porte, pour la
deuxième fois, je les reçois avec une douceur accrue, et je ne laisse pas
voir que je me souviens les avoir déjà vus, et je ne les laisse pas voir que
je me souviens les avoir déjà vus, afin de ne pas les gêner. Alors ils me
parlent sans crainte de leurs peines et de leurs besoins.
Sœur N. me dit qu’il ne faut pas se conduire ainsi envers les mendiants et
elle me ferme la porte au nez. Cependant lorsqu’elle est absente je me
conduis avec eux comme l’aurait fait mon Maître. On donne parfois plus en
donnant peu, qu’en donnant beaucoup, mais de façon trop rude.
1282. Souvent, le Seigneur me donne en mon for intérieur la possibilité de
connaître les personnes avec lesquelles je suis en contact à la porte. Un
jour une personne digne de pitié a commencé d’elle-même à me dire quelque
chose. Profitant de l’occasion, je lui ai fait comprendre dans quel
misérable état était son âme. Elle s’est éloignée dans de meilleures
dispositions.
1283. 17 septembre 1937. Ô Jésus, je vois tant de beauté éparses tout
alentour, beautés pour lesquelles je Vous rends continuellement grâce. Mais
je m’aperçois que certaines âmes sont comme la pierre, toujours froides et
insensibles. Les miracles même, ne les émeuvent guère. Leurs regards sont
fixés à leurs pieds, et de cette façon elles ne voient rien, si ce n’est
elles-mêmes.
1284. Vous m’avez entourée dans la vie de Votre tendre et réelle protection.
Bien plus que je ne peux le concevoir, car je ne comprendrai pleinement
Votre bonté que lorsque tout sera dévoilé. Je désire que toute ma vie ne
soit qu’une action de grâce pour Vous, mon Dieu.
1285. Sois remercié, mon Dieu, pour toutes les grâces,
Dont Tu me combles sans cesse,
Et qui m’éclairent comme la lumière du soleil.
Par elles Tu me montres le chemin sûr !
Je Te remercie, mon Dieu, de m’avoir créée,
De m’avoir du néant appelée à l’existence,
D’avoir imprimé Ta divine empreinte en mon âme,
Et de ne l’avoir fait que par amour.
Merci, mon Dieu pour le Saint Baptême,
Qui m’incorpora à Ta Divine famille.
C’est là un don inconcevable,
Qui transforma mon âme.
Je te remercie, Seigneur, pour la Sainte Confession,
Pour cette source de grande miséricorde, intarissable,
Pour cette source de grâces inconcevables,
Qui rend la blancheur aux âmes souillées par le péché.
Merci, Jésus, pour la sainte Communion,
Par laquelle Tu Te donnes à nous,
Je sens comme Ton Cœur bat en ma poitrine,
Comme Tu fais Toi-même, mon Dieu, s’épanouir la vie en moi.
Ô Saint Esprit, sois remercié pour le sacrement de la confirmation,
Qui m’a armé chevalier à Ton service,
Et donne force à l’âme à chaque instant,
Et protège du mal !
Merci, mon Dieu, pour la grâce de la vocation,
D’être à Ton service exclusif,
Me donnant la possibilité de T’aimer, Toi seul,
Honneur sans pareil pour mon âme !
Sois remercié, Seigneur, pour les vœux éternels,
Pour ce lien du pur amour,
D’avoir daigné joindre au mien Ton Cœur divin,
Et d’avoir uni Ton Cœur au mien par un lien de pureté !
Je te remercie, Seigneur, pour le sacrement de l’Extrême-Onction
Qui me fortifiera dans mes derniers moments de lutte,
M’aidera à parvenir au salut, donnera force à mon âme,
Afin que nous nous réjouissions éternellement.
Merci à Toi, mon Dieu, pour toutes les inspirations,
Dont Ta bonté me comble,
Pour ces illuminations intérieures de l’âme,
Qu’on ne peut exprimer, mais que le cœur ressent !
Merci à Toi, Sainte Trinité, pour cette foule de grâces,
Dont Tu me combles à chaque instant, ma vie durant.
Ma gratitude croîtra à mon entrée dans l’aube éternelle,
Lorsque j’entonnerai pour la première fois un chant à ta gloire.
1286. Malgré le calme de mon âme, je mène un incessant combat contre
l’ennemi de mon âme. Je découvre de plus en plus et de nouveau la lutte bat
son plein.
Je m’exerce durant les intervalles de calme et je veille afin que l’ennemi
ne me surprenne sans défense. Et lorsque je vois sa grande furie, alors je
demeure en la forteresse, c'est-à-dire dans le Très Saint Cœur de Jésus.
1287. 19 septembre 1937. Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : « Ma fille, écris
qu’il m’est très pénible de voir les âmes des religieux s’approcher du
Sacrement d’Amour uniquement par habitude, comme si elles ne distinguaient
pas particulièrement cette nourriture des autres. Je ne trouve en leur cœur
ni foi ni amour. Je vais vers ces âmes avec grand déplaisir, il vaudrait
mieux qu’elles ne Me reçoivent pas. »
1288. Très doux Jésus, allumez mon amour pour Vous et transformez moi en
Vous, divinisez-moi afin que mes actes Vous soient agréables ! Faites-le par
le pouvoir de la Sainte Communion que je reçois chaque jour ! Comme je
désire être complètement transformée en Vous, ô Seigneur !
1289. 19 septembre 1937. Mon frère par le sang, Stasio, m’a rendu visite
aujourd’hui. Cela m’a fait un immense plaisir de revoir cette belle âme, qui
a également l’intention de se consacrer au service de Dieu. C’est-à-dire que
Dieu Lui-même l’attire vers Son amour. Nous avons longuement parlé de Dieu,
de Sa bonté. Pendant cette conversation avec lui, je me suis rendu compte,
combien son âme est agréable à Dieu. J’ai obtenu de notre Mère Supérieure,
l’autorisation de le voir souvent. Lorsqu’il m’a demandé conseil pour entrer
en religion, je lui ai répondu : « Tu sais mieux que personne ce que le
Seigneur réclame de toi.» Je lui ai parlé de l’ordre des Jésuites, « mais
entre où il te plaît ! ». J’ai promis de prier pour lui et j’ai décidé de
faire une neuvaine au Sacré Cœur par l’intercession de l’Abbé Piotr Skarga,
avec promesse d’une annonce dans le Messager du Cœur de Jésus, car il a de
grandes difficultés dans cette affaire. J’ai appris qu’en cette affaire, la
prière est plus utile que le conseil.
1290. 21 septembre. M’étant éveillée plusieurs fois cette nuit, j’ai
remercié Dieu de tout mon cœur, bien que rapidement, de toutes les grâces
qui me furent accordées, ainsi qu’à notre congrégation. J’ai médité sur Sa
très grande bonté.
1291. Après avoir communié, je Lui ai dit : « Jésus, j’ai pensé tant de fois
à Vous cette nuit, » et Jésus me répondit : « Moi, J’ai pensé à toi avant de
t’appeler à l’existence. » - « Jésus, de quelle façon pensiez-Vous à moi ? »
- « De façon à te faire partager Mon bonheur éternel. » Après ces paroles
l’amour de Dieu a envahi mon âme et je ne pouvais me lasser d’admirer
combien Dieu nous aime.
1292. Malgré ma sincère résolution, il m’est arrivé de retomber dans une
même erreur. Ce n’était qu’une petite imperfection plutôt involontaire, j’en
ressentis pourtant, en mon âme une si vive douleur que je dus interrompre
mes occupations et me rendre un instant à la Chapelle. En tombant aux pieds
de Jésus, poussée par l’amour et une très grande douleur, je Lui ai demandé
pardon. J’étais d’autant plus honteuse que le matin même, après la Sainte
Communion, pendant ma conversation avec Lui, je Lui avais promis fidélité.
J’entendis alors ces mots : « Sans cette petite imperfection, tu ne serais
pas venue vers Moi. Tu sais que chaque fois que tu viens vers Moi, en
t’humiliant pour demander pardon, je déverse de nombreuses grâces sur ton
âme. Ton imperfection disparaît à Mes yeux, Je ne vois que ton amour et ton
humilité. Tu ne perds rien, bien au contraire, tu progresses beaucoup. »
1293. Le Seigneur m’a fait connaître que si l’âme n’accepte pas les grâces
qui lui sont destinées, elles sont immédiatement transmises à une autre âme.
Ô mon Jésus, faites que je sois digne de recevoir Vos grâces, car de
moi-même, je ne peux rien faire ! Je ne peux même pas sans Votre secours,
prononcer convenablement Votre Nom.
1294. 25 septembre 1937. Après avoir compris combien les difficultés sont
grandes dans cette affaire, je suis allée vers le Seigneur et Lui ai dit : «
Jésus, ne voyez-Vous pas comme on crée des obstacles à Votre œuvre ? » et
j’entendis une voix en mon âme : « Fais ce qui est en ton pouvoir et ne
t’inquiète pas du reste ! Ces obstacles montrent que cette œuvre est Mienne.
Sois sans inquiétude si tu fais tout ton possible ! »
1295. J’ai ouvert aujourd’hui la grande porte à la Mère Supérieure et j’ai
perçu en moi-même qu’elle se rendait en ville pour ce qui touche à la
Miséricorde Divine. C’est cette Supérieure qui a contribué le plus
grandement à toute cette œuvre de Miséricorde.
1296. J’ai demandé aujourd’hui imprudemment à deux enfants pauvres s’il
n’avaient vraiment rien à manger chez eux ? Les enfants ne me répondirent
pas, ils s’éloignèrent de la porte. Je compris alors combien il leur était
difficile de parler de leur misère. Je courus donc vers eux et je les
ramenai. Je leur ai donné ce que je pouvais et ce à quoi j’étais autorisée.
1297. Ô Dieu Tout-Puissant, toujours miséricordieux,
Ta pitié n’est jamais épuisée,
Bien que ma misère ait l’immensité de la mer,
J’ai absolue confiance en la Miséricorde du Seigneur.
Montre-moi, mon Dieu, Ta Miséricorde,
Selon la pitié du cœur de Jésus !
Prête l’oreille à mes soupirs et à mes prières
Ainsi qu’aux larmes d’un cœur contrit !
Ô Trinité éternelle, Dieu de bonté à jamais,
Ta pitié n’est jamais calculée !
J’ai confiance en Ta Miséricorde sans limites.
Et je Te sens, Seigneur, bien que m’isole un voile.
Que la Toute-Puissance de Ta Miséricorde, Seigneur,
Soit proclamée par le monde entier !
Que ta gloire ne cesse jamais !
Annonce, mon âme, avec ardeur la Miséricorde de Dieu !
1298. 27 septembre 1937. Nous nous sommes rendues, la Mère Supérieure et moi
chez l’imprimeur où l’on imprimait et peignait les petites images de la
Miséricorde divine, de même qu’on y imprimait les invocations et le «
Chapelet » qui venait d’obtenir l’imprimatur. Nous devions voir également la
grande image rectifiée. Elle est très ressemblante, j’en ai éprouvé une
grande joie.
1299. Lorsque j’ai contemplé cette image, j’ai ressenti pour Dieu un amour
si vif, que pendant un bon moment je ne savais où j’étais. Nous nous sommes
ensuite rendues à l’Eglise de la Très Sainte Vierge Marie. Nous y avons
entendu la Sainte Messe, au cours de laquelle le Seigneur m’a révélé qu’un
nombre important d’âmes pourront trouver le salut grâce à cette œuvre. J’ai
ensuite commencé une conversation intime avec le Seigneur. Je l’ai remercié
d’avoir condescendu à me donner la grâce de voir se répandre la gloire de
Son insondable Miséricorde. Je me suis profondément abîmée dans l’action de
grâce. Oh ! Que la générosité de Dieu est grande ! Que soit béni le Seigneur
qui est fidèle dans ses promesses !
1300. Il est étrange de constater à quel point Mère Irène, possède sur toute
cette affaire une grande et divine lumière. C’est elle qui la première
permit d’exécuter les désirs du Seigneur. Bien qu’elle ne devint ma
Supérieure que deux ans après l’apparition, c’est pourtant elle qui vint la
première avec moi, lorsqu’on commença à peindre le tableau. Voilà que
maintenant, à nouveau, alors qu’on imprime certaines choses sur la
Miséricorde divine et que sont reproduites les petites images, c’est elle
aussi qui m’accompagne pour cette affaire. Dieu a gouverné tout ceci de
façon déroutante. Car de Wilno où tout avait commencé, la volonté de Dieu a
dirigé les circonstances, de telle façon que cette entreprise s’est
poursuivie à Cracovie. Je sais combien notre Supérieure est agréable à Dieu.
Je vois que Dieu dirige tout et veut que durant ces moments graves, je sois
sous la protection de cette Mère Supérieure… Soyez remercié, mon Dieu, pour
de semblables Supérieures qui vivent dans l’amour et la crainte du Seigneur.
Aussi est-ce pour elle que je prie le plus, car c’est elle qui s’est donné
le plus de peine pour cette œuvre de la Miséricorde de Dieu !
1301. 29 septembre 1937. J’ai compris aujourd’hui bien des secrets de Dieu.
J’ai su que la sainte communion demeure en moi jusqu’à la Sainte Communion
suivante. La présence de Dieu que l’on peut ressentir et qui est vivante,
prolonge sa durée en mon âme et la conscience de ceci me plonge dans un
profond recueillement, sans aucun effort de ma part. Mon cœur est un vivant
Tabernacle dans lequel se conserve l’hostie vivante. Je n’ai jamais cherché
Dieu bien loin, mais dans mon for intérieur. C’est dans la profondeur de mon
propre être que je rencontre Celui qui est mon Dieu.
1302. Mon Dieu, malgré toutes les grâces, je languis sans cesse d’être
réunie à mon Dieu pour l’éternité, et mieux je Le connais, plus vivement je
le désire.
J. M. J.
1303. Avec nostalgie, je regarde le ciel étoilé,
Le bleu saphir des firmaments infinis.
Vers Toi, mon Dieu, est attiré le cœur pur
Qui désire se libérer des entraves charnelles !
Avec grande impatience, je te regarde, ô ma Patrie,
Quand donc prendra fin mon exil ?
Ainsi Te crie Jésus, Ton épousée,
Que la soif de Toi fait agoniser !
Je languis en regardant les saintes traces,
De ceux qui ont passé par ce désert jusqu’à la patrie.
Ils me laissent l’exemple de la vertu,
Ainsi que leurs conseils,
Et ils me disent : Patience, sœur, sous peu tomberont tes chaînes !
Mais l’âme impatiente n’entend point ces paroles.
Elle désire ardemment son Dieu et Seigneur,
Et ne comprend pas le langage humain,
Car c’est de Lui seul qu’elle est éprise.
Languissante est mon âme d’amour blessé,
Elle se fraie un passage à travers tout ce qui est créé
Et s’unit dans l’éternité infinie,
Avec le Seigneur que mon cœur a épousé.
A mon âme nostalgique, permet, ô Dieu,
De sombrer en ta divine Trinité,
Comble mes désirs pour lesquels je T’implore en toute humilité,
Le cœur empli du feu de l’amour !
1304. Aujourd’hui, s’est présentée à la grande porte une personne, qui a
demandé à être reçue parmi nos élèves. Cependant elle ne put être acceptée.
Cette personne avait grand besoin de notre maison. Pendant l’entretien que
j’ai eu avec elle, se renouvela en moi la Passion de Jésus. Lorsqu’elle fut
partie, j’entrepris une des plus grandes mortifications. Pourtant la
prochaine fois, je ne laisserai pas partir une telle âme. J’ai beaucoup
souffert trois jours durant pour cette âme. Combien je déplore que nos
établissements soient si petits, et ne puissent contenir un grand nombre de
personnes ! Mon Jésus, vous savez combien je pleure chaque brebis égarée !
1305. Ô humilité, fleur de beauté, je vois combien peu d’âmes te possèdent !
Est-ce parce que tu es si belle et en même temps si difficile à conquérir ?
Oh ! Oui, l’un et l’autre. Dieu Lui-même t’apprécie au plus haut point. Sur
l’âme pleine d’humilité sont entr’ouvertes les écluses du ciel : un océan de
grâces se déverse sur elle. Oh ! Qu’elle est belle, l’âme pleine d’humilité
! Du cœur plein d’humilité monte, comme d’un encensoir, un parfum
extrêmement agréable qui, à travers les nues, parvient jusqu’à Dieu
Lui-même, et emplit de joie son Très Saint Cœur. A cette âme, Dieu ne sait
rien refuser. Elle est toute puissante. Elle influence le sort du monde
entier. Dieu l’élève jusqu’à Son trône. Plus elle s’humilie, plus Dieu se
penche vers elle, la suit de Ses grâces et l’accompagne à chaque moment de
Sa Toute Puissance. Cette âme est très profondément unie à Dieu. Ô humilité,
implante-toi profondément dans tout mon être ! Ô Vierge, toute pureté, et
aussi toute humilité, aidez-moi à obtenir une profonde humilité !
Je comprends maintenant pourquoi il y a si peu de Saints. C’est que peu
d’âmes sont vraiment et profondément humbles.
1306. Amour éternel, tréfonds de la Miséricorde, ô triple Sainteté en un
seul Dieu, Père très bon dont le cœur déborde d’amour pour tous, Vous ne
méprisez personne ! Ô Amour de Dieu, source vive, déversez-Vous sur nous,
Vos indignes créatures ! Que notre misère ne retienne pas le torrent de
Votre Amour, puisqu’il n’y a point de limites à Votre Miséricorde !
1307. Ô Jésus, je me suis aperçue qu’en quelque sorte Vous Vous occupiez
moins de moi ! « Oui, mon enfant, je me fais remplacer par ton directeur de
conscience. Il s’occupe de toi selon Ma volonté. Respecte chacune de tes
paroles comme Mes propres paroles. Il est pour Moi ce voile sous lequel je
me cache. Ton Directeur de conscience et Moi ne faisons qu’un. Ses paroles
sont les Miennes. »
1308. Lorsque je fais le Chemin de la Croix, à la douzième station, je
ressens une profonde émotion. Là, je mesure la Toute-Puissance de la
Miséricorde de Dieu qui passa par le Cœur de Jésus. Dans cette blessure
ouverte du Cœur de Jésus, j’enferme toute la pauvre humanité… et
particulièrement certaines personnes que j’aime. Je fais cela chaque fois
que je fais le Chemin de la Croix. De cette source de Miséricorde, sont
sortis ces deux rayons, le sang et l’eau, et leur immense grâce submerge le
monde entier.
1309. Lorsque l’on se sent faible et malade, on fait des efforts incessants
pour être en mesure de faire ce que tous sont accoutumés à faire et
pourtant, on ne parvient pas toujours à venir à bout de ce « quotidien ».
Soyez remercié Jésus pour tout, car ce n’est pas la quantité d’efforts qui
sera récompensée. Ce qui est accompli avec amour n’est pas petit.
Votre œil voit bien tout cela. Je ne sais pas pourquoi je me sens
particulièrement mal le matin. Je dois rassembler toutes mes forces pour
sortir du lit, parfois même, c’est de l’héroïsme. A la pensée de la Sainte
Communion les forces me reviennent un peu. C’est donc par une lutte que
commence la journée et c’est par une lutte qu’elle se termine. Quand je vais
prendre du repos, je me sens comme le soldat au retour du champ de bataille.
Vous seul, mon Maître et Seigneur, savez ce que fut cette journée.
1310. Méditation. Pendant la méditation, la Sœur qui occupe le prie-Dieu à
côté du mien, se mouche et tousse longuement, parfois sans arrêt. Un moment
il m’est venu l’idée de changer de place pour la durée de la méditation,
puisque la Sainte Messe avait été dite. Mais j’ai pensé que si je changeais
de place, cette Sœur s’en apercevrait et cela pouvait lui être pénible de
voir que je m’éloignais d’elle. Je décidai donc de demeurer à ma place
durant la prière et d’offrir à Dieu cet acte de patience.
Vers la fin de la méditation, mon âme fut envahie par la consolation de
Dieu, et ceci, dans la mesure où mon cœur était capable de le supporter. Et
le Seigneur me fit comprendre que si je m’étais détournée de cette Sœur, je
me serais également détournée des grâces qui affluèrent en mon âme.
1311. Jésus s’est présenté aujourd’hui à la grande porte sous l’apparence
d’un pauvre jeune garçon. Ce pauvre jeune homme émacié, vêtu d’un costume
terriblement déchiré, pieds nus et tête nue, était gelé, car le temps était
pluvieux et froid. Il a demandé quelque chose de chaud à manger. Je suis
donc allée à la cuisine, mais n’y ai rien trouvé pour les pauvres. Pourtant
après un moment de recherche, j’ai trouvé un peu de soupe que j’ai fait
réchauffer et dans laquelle j’ai émietté un peu de pain. Et l’ai servi le
pauvre qui s’est mis à manger et au moment où je lui reprenais le bol, Il me
fit connaître qu’Il était le Maître du Ciel et de la terre. Lorsque je Le
vis tel qu’Il était, Il disparut à mes yeux.
Après être retournée au logis et alors que je réfléchissais sur ce qui
s’était passé à la grande porte, j’entendis ces paroles en mon âme : « Ma
fille, les bénédictions des pauvres qui Me bénissent en s’éloignant de la
grande porte sont parvenues à Mes oreilles. Et ta miséricorde, dans les
limites de l’obéissance, m’a plue. C’est pourquoi, je suis descendu de Mon
trône afin de goûter les fruits de ta miséricorde. »
1312. Ô mon Jésus, tout ce qui s’est passé il y a un moment, est maintenant
clair et compréhensible. Je me suis bien demandé qui était ce pauvre qui
montrait tant d’humilité. Dès cet instant s’est allumé en mon cœur un amour
encore plus pur envers les pauvres et ceux qui sont dans le besoin. Oh !
Comme je me réjouis que mes Supérieures m’aient donné cette sorte de
travail. Je comprends que la miséricorde est multiple et qu’on peut faire le
bien toujours, partout et en tout temps. Un fervent amour de Dieu voit tout
autour de soi, un incessant besoin de se communiquer par l’acte, la parole
et la prière.
Maintenant seulement je comprends les paroles que Vous m’avez dites, ô
Seigneur, il y a longtemps.
1313. Oh ! Quels efforts j’ai besoin de faire pour bien remplir mes devoirs,
alors que ma santé est si faible ! Vous seul savez, ô Christ !
1314. Dans les moments d’abandon intérieur, je ne perds pas ma tranquillité,
parce que je sais que Dieu n’abandonne pas l’âme, sauf si elle-même, par son
infidélité, brise ce lien d’amour. Pourtant, toutes les créatures sans
exception dépendent du Seigneur et sont soumises à Sa Toute-Puissance. Il
gouverne les unes avec amour et les autres avec Justice. De nous dépend le
régime sous lequel nous voulons vivre. Car le secours de la grâce suffisante
n’est refusé à personne. Un abandon présumé ne m’effraie pas. J’examine plus
profondément s’il n’y a pas de ma faute. Si cela n’est pas, soyez-en béni !
1315. 1er octobre 1937. « Ma fille, J’ai besoin d’offrandes faites par
amour, car ceci seul importe pour Moi. Les dettes dont le monde M’est
redevable sont bien grandes ! Les âmes pures peuvent les acquitter par leurs
sacrifices, accomplissant ainsi une œuvre de miséricorde spirituelle. »
1316. Je comprends Vos paroles, Seigneur, ainsi que l’étendue de la
Miséricorde qui doit briller en mon âme. Jésus : « Je sais, Ma fille, que tu
les comprends et fais tout ce qui est en ton pouvoir. Mais écris ceci pour
nombre d’âmes qui, plus d’une fois, se font souci de ne pas avoir les moyens
matériels de faire un acte de miséricorde. Cependant combien plus grand est
le mérite de la miséricorde spirituelle pour laquelle il ne faut avoir ni
autorisation ni trésor. Elle est accessible à toutes les âmes. Si l’âme ne
fait aucun acte de miséricorde, elle n’aura pas accès à Ma Miséricorde au
Jour du Jugement. Oh ! Si les âmes savaient amasser les trésors éternels,
elles ne seraient pas jugées. Elles devanceraient Mon jugement par la
miséricorde. »
1317. 10 octobre 1937. Ô mon Jésus, en signe de gratitude pour tant de
grâces, je vous offre mon âme et mon corps, ma raison et ma volonté ainsi
que tous les sentiments de mon cœur. Par mes vœux, je me suis donnée
entièrement à Vous, il n’y a donc plus rien que je puisse Vous offrir. Jésus
m’a dit : « Ma fille, tu ne m’as pas donné ce qui est essentiellement tien.
» Rentrant en moi-même je reconnus que j’aimais Dieu de toutes les forces de
mon âme et, ne pouvant découvrir ce que je n’avais pas livré à Dieu, je
demandai : « Jésus, dites le moi et je Vous le livrerai immédiatement, de
bon cœur ! Jésus me dit avec bienveillance : « Ma fille, livre-Moi ta
misère, car c’est ta propriété exclusive ! » A ce moment un rayon de lumière
illumina mon âme, je vis tout l’abîme de ma misère. Au même instant, je me
suis blottie dans le Très Saint Cœur de Jésus, avec une si grande confiance
que même si j’avais eu sur la conscience les péchés de tout les damnés, je
n’aurais pas douté de la Miséricorde de Dieu, mais le cœur brisé, je me
serais jetée dans l’abîme de Sa Miséricorde. Je crois, ô Jésus, que vous ne
m’auriez pas repoussé loin de Vous, mais que Vous m’auriez absoute par la
main de Votre représentant.
1318. Vous avez été à l’agonie, Jésus, et la source de vie a jailli pour les
âmes. Un océan de Miséricorde se découvrit pour le monde entier. Ô source de
vie, Insondable Miséricorde de Dieu, submergez le monde entier,
engloutissez-nous !
1319. « A trois heures, implore Ma Miséricorde, tout particulièrement pour
les pécheurs. Et ne fût-ce que pour un bref instant, plonge-toi dans Ma
Passion, en particulier au moment où j’ai été abandonné lors de Mon agonie !
C’est là une heure de grande Miséricorde pour le monde entier. Je te
laisserai partager ma mortelle tristesse ; en cette heure, Je ne saurais
rien refuser à l’âme qui me prie, par Ma Passion. »
J.M.J.
1320. Salut à Toi, Très Miséricordieux Cœur de Jésus,
Source vivante de toutes les grâces,
Notre unique abri, notre unique refuge,
En Toi repose mon espérance !
Salut à Toi, Très Compatissant Cœur de mon Dieu,
Insondable source d’amour,
D’où jaillit la vie pour l’homme pécheur,
Ainsi que la source de toute douceur !
Salut, blessure ouverte du Très Saint Cœur,
D’où sont sortis les rayons de Miséricorde,
C’est là qu’il nous est donné de puiser la vie,
Avec une confiance totale !
Salut, bonté de Dieu, inconcevable,
Ni mesurée, ni approfondie,
Pleine d’amour et de Miséricorde, mais toujours sainte,
Tu te penches sur nous comme une bonne mère !
Salut, trône de la Miséricorde, Agneau de Dieu,
Toi qui offris Ta vie pour moi,
Toi devant qui chaque jour s’humilie,
L’âme vivante en une profonde foi !
Fin du quatrième cahier.
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