à l'école du
Serviteur de Dieu
Père Farnèse LOUIS-CHARLES
Chapitre IX.
Chapitre
IX.
MOT DE REMERCIEMENT ET
MOT DE L’AVENT Rivière Froide, le 5 décembre 1973
Nazareth
des Petits Frères de Ste Thérèse
Mes biens chers enfants en Jésus-Christ,
Les jours heureux de mes
anniversaires viennent de s'écouler. J'y ai encore bénéficié de toute sorte de
marques d'attention de votre part. Je m'en humilie et en tremble. Que pense de
moi, Lui, le Bon Dieu ? Voilà assurément l'ombre considérable à tout le tableau.
… (Le beau tableau, tel que votre charité a voulu l'exprimer du moins.)
Pour vos suffrages:
messes, prières, communions, sacrifices, etc., je vous prie de demander
instamment au Bon Dieu la faveur spéciale de me faire correspondre à Ses grâces
et de savoir en profiter pour Lui plaire sans réserve et être utile après ma
mort. - Vos dons délicats ont eu aussi ma particulière appréciation et m'ont
profondément touché.
En tout cas, je vous en
remercie du plus profond de mon âme : que le Bon Dieu vous le remette au
centuple, pour le temps et pour l'éternité ! - Et puis excusez-moi : je ne puis
vraiment pas adresser un petit mot particulier de remerciement à chaque personne
: pensez que c’est la Cause Commune, l'Église (dans et de mon petit coin), qui
s'accapare de moi et contentez-vous du présent remerciement collectif.
Maintenant, voici mon mot
d'Avent, - l'Avent de l'Année Sainte, la première Année Sainte depuis le dernier
Concile Général qui nous demande à cor et à cri d'être des saints en réponse à
notre vocation de chrétiens, branches de Jésus-Christ, et même de simples
créatures du Dieu trois fois Saint…
Eh ! bien, parce que je
tiens à être bon papa, je vous donne ce que vous ne recevez pas assez par ces
temps d'erreurs généralisées…: Jésus-Christ parle de l'enfer, Jésus-Christ fait
trembler, et l'on dit : "Eh ! Pas de ça !" Alors, l'on contredit Jésus-Christ,
l'on est plus intelligent que Lui ! On est donc des antéchrists, une calamité,
et voilà tout !
Notre religion est une
religion d'amour. C'est l'amour qui doit faire marcher la machine du service de
Dieu. Mais, pour toute machine qui se déplace, surtout si elle va vite, il faut
sur la route, par ci, là, quand c'est nécessaire, l'écriteau : DANGER, en
lettres majuscules, énormes. Faute de cela, le pire peut arriver.
Ceci dit, mes chers
enfants, voici ce que je vous copie dans un livre destiné aux jeunes, par un
écrivain appartenant à un groupe d'hommes valeureux que nous ne connaissons pas
assez malheureusement - le groupe Austro-hongrois -Allemand :
"Toi…, mon fils, tu feras bien de penser souvent à la vie éternelle et à la
damnation.
Être damné à jamais ? Se
perdre pour toujours ?
Ce mot : ÉTERNELLEMENT nous vient si facilement aux lèvres que nous ne concevons
plus sa signification entière. Il te sera utile d’y réfléchir sérieusement cette
fois-ci. Mets-toi en pensée à côté d’un damné et demande-lui : Frère, que
dirais-tu si Dieu promettait de te délivrer quand même un jour ? Par exemple, si
tu verses une larme chaque mille ans et quand ces larmes formeront un flot assez
puissant pour inonder toute la terre ?
Sais-tu ce que cette âme
damnée te répondrait ? Elle tremblerait de joie à la vue de cette possibilité.
Pourtant quel temps immense lui faudrait-il attendre jusqu'à ce que les larmes
versées une à une chaque mille ans recouvrissent la terre ? Des millions
d'années passeraient avant qu'elles pussent faire un petit ruisseau seulement !
Des milliards d'années avant qu'elles formassent un fleuve ! Et des billions de
siècles avant qu'elles fussent devenues un océan de larmes, et ce ne serait pas
encore l'éternité. Pas même le commencement de l'éternité…"…".[1] Prière de traduire (sans recourir au mot à mot),
d'expliquer et de méditer ce passage pendant le temps d'Avent. Bonne besogne !
Renouvellement intérieur, réconciliation universelle (avec Dieu, soi-même, le
prochain, la création entière), comme le veut le St. Père, - le grand Pape Paul
VI, qui n'a jamais été aussi éloquent que ces jours-ci, dans ses appels réitérés
en faveur de l'Année Sainte.
Mais ne voilà-t-il pas
qu'en cet Avent et cette Année Sainte, nous avons aussi à fêter le 14 décembre,
les Noces d'Argent de notre Famille religieuse, coïncidant par-dessus le marché
avec les Années Centenaires des naissances de Ste Thérèse, notre Patronne, et de
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, notre Guide Spirituel.
Ah ! Ah ! Cette Famille
religieuse a été justement fondée pour donner à l'Église une pépinière de
saintes authentiques, en attendant des saints authentiques également.
Nous soutenions
fermement, en effet, qu'une congrégation religieuse qui ne donnerait pas de
saints à l'Église ne devrait pas exister devant la face du Seigneur. Certes,
l'Église a été établie pour faire des saints : "Soyez saints, car Je suis
Saint." (Lévitique, 19,2).
"Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait."
(Matthieu, 5,48), Elle a
tout ce qu'il faut et même plus que ce qu'il faut pour faire des saints : Un
Chef infiniment saint, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, une doctrine très sainte,
une morale très sainte, des sacrements très saints.
Elle a les trois
Personnes Divines chez Elle et leur amour infini. Parmi les sacrements, on a
l'Eucharistie nous donnant le Bon Dieu dans la Communion, la Pénitence qui nous
purifie de nos fautes possibles.
Or dans cette Église
Sainte, les membres de la Congrégation religieuse font profession de tendre à la
perfection sous le régime de Saintes Constitutions approuvées par l'Église.
La Congrégation est la
fleur de l'Église par excellence… grâce à l’observance des trois vœux de
religion, et en particulier par la pratique de la vertu angélique, grâce à
l'ardente et vertueuse jeunesse chrétienne qu'elle a coutume de réunir en son
sein… avant tout… Il s'ensuit qu’elle est spécialement la lumière du monde et le
sel de la terre.
Alors, si la Congrégation
religieuse ne doit pas donner de saints, où faudra-t-il encore aller chercher
ces saints que l'Église est destinée à former ?
Petites Sœurs et Petits
Frères de Ste Thérèse, le Bon Dieu avait certainement réservé cette accumulation
de Concile, de Centenaires, d'Année Sainte, d’Avent, de Noces d'Argent, de grand
Pape Paul VI réclamant avec force, ce que le Concile demande pour vous acculer
enfin à la courageuse décision qui s'impose : REVENIR À LA FERVEUR DE VOTRE
ORIGINE.
Réfléchissez un peu : vos
Constitutions veulent que vous imitiez la Petite (grande Sainte) Thérèse, que
vous soyez vraiment sa petite sœur, son petit frère.
Elles vous défendent, - il faut dire le mot, - d'agir par nature ! Puisque, sous
ce rapport, la petite Thérèse, elle, se mortifiait constamment
[2] et héroïquement.
Elle était ange de paix par ailleurs…-
Votre devise est : "Être sérieux" ; et "Ora et Labora".
- Votre Sainte Règle entend que
vous observiez avec soin et sans réserve le grand commandement : "les Père et
Mère honoreras et vivras, longuement."
- Elle entend de plus que vous
ne vous contentiez pas d'être
consommateurs,
[3]mais
que vous soyez aussi producteurs de nourriture.
- Il faut aussi en conscience
dénoncer à l'autorité le mal désastreux, contagieux.
Courage donc, chères filles et
chers fils en Jésus-Christ ! Si vous ne profitez pas de la grâce qui passe en si
grande abondance ces jours-ci, qu'en sera-t-il de vous éternellement ?
Pourrez-vous encore espérer pareille grâce ?
En face du monde entier,
habituez-vous à avoir devant les yeux la formule que vous connaissez par cœur :
"Avoir du caractère, c’est être doué d'une volonté énergique, posséder des
convictions fermes, raisonnables, les suivre fidèlement sans se laisser démonter
par les considérations étrangères.
C'est rester soi-même
dans toute sa conduite, empreindre celle-ci d'un cachet personnel, éviter de se
mettre à la remorque de l'opinion d’autrui et de se laisser balloter en tous
sens par les fluctuations du qu'en dira-t-on ? "
Votre père en Jésus-Christ,
[1] S.Exc. Mgr Tihamer Toth, La Religion et la
Jeunesse, 1947, pp. 140 et 141.
[2] Au commencement, même les ouvriers du dehors
(maçons, ébénistes) n’avaient le droit de parler fort chez nous pendant
nos moments de silence.
[3]
"Si les psst et les pfst deviennent des consommateurs, s’ils tendent
trop vite la main pour recevoir au lieu de donner, certainement il y a
une panne d’imagination et de pratique et un retard de quête d’héroïsme
dans la foi". Mgr. Patrick Aris - P. 297 de la revue philosophique Moun
– 2007.