Outreau ou quand le mensonge est roi. |
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Les accusations étaient donc infondées.
Thierry Delay, l’un des principaux condamnés dans l’affaire de pédophilie
d’Outreau, dans le nord de la France, a innocenté vendredi 6 accusés rejugés en
appel devant la cour d’assises de Paris.
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Radio Vatican
Outreau ou quand le mensonge est roi.
Les accusations étaient donc infondées. Thierry Delay, l’un
des principaux condamnés dans l’affaire de pédophilie d’Outreau, dans le nord de
la France, a innocenté vendredi 6 accusés rejugés en appel devant la cour
d’assises de Paris.
Aurélie Grenon, également condamnée, reconnaît elle aussi que ces accusations
étaient des mensonges. Elle a affirmé qu’elle avait menti sous la pression du
juge d’ìnstruction. Ecoutez la réaction de Roselyne Godard, accusée puis
innocentée lors du procès de Saint-Omer en juillet 2004. Elle est présidente du
« comité de soutien aux 6 innocents en appel pour que les 6 accusés ne soient
pas oubliés.
Forum :
Tugdual
DERVILLE
Totalement blanchi
après avoir été condamné en première instance à 7 ans de prison et effectué 30
mois d’incarcération, l’abbé Dominique Wiel, est devenu une figure emblématique
à son cœur défendant.
Le prêtre-ouvrier avait fait le choix de la pauvreté et de
la discrétion en préférant vivre dans un immeuble HLM plutôt que dans une
maison de maître d’Outreau qu’il jugeait trop bourgeoise. Il a fait part de son
intention de revivre comme avant. Toute la presse se montre frappée par la
sobriété grave et paisible affichée par l’ecclésiastique. Lui qui fut le
plus lourdement condamné de ceux des accusés qui clamaient leur innocence dans
l’affaire d’Outreau n’est pourtant pas resté inactif pendant sa détention
multipliant grèves de la faim et demandes de mise en liberté (112 au total !).
Mais, dans l’entretien remarquable qu’il a donné à Isabelle Francq pour La Vie,
on découvre combien sa spiritualité, que certains ont pu ranger aux oubliettes
de l’histoire de l’Eglise de France, l’avait aidé à traverser cette épreuve. "En
prison j’ai enrichi mon attachement au Christ. Je
lisais la Bible et puis je me suis efforcé de rester ouvert sur les autres."
témoigne l’ancien militant à la CFDT. En se retrouvant derrière les barreaux il
s’était d’abord dit "Ce n’était pas ta vocation mais te voilà moine", mais il
explique aujourd’hui combien s’y est intensifiée encore sa sensibilité de
combattant pour la justice. S’exprimant comme un homme ordinaire, il ne
s’affirme pas indemne de ce qu’il a enduré, même si la référence à la Passion ou
à la figure de Job dont il se sentait "le plus proche" ont pu donner un sens à
l’absurde.
A l’ouverture de son procès en Appel, il a expliqué à la Cour qu’après avoir
pensé "comme tout citoyen" qu’"on pouvait faire confiance à la justice", il
retenait de son expérience que "la justice est un combat quotidien qui dépend
des circonstances et de la volonté de chacun". Et il attend désormais que les
responsables de sa mise en cause fassent la démarche de lui demander pardon.
Pour les chrétiens, tétanisés par les affaires de pédophilie touchant des
ecclésiastiques, et qui découvrent en leur sein pareil innocent, le choc a
quelque chose de rude. Dans la lignée de la décision des évêques de France
s’engageant, lors de leur assemblée plénière de novembre 2000, à ne pas
intervenir dans les affaires de pédophilie en cours, l’évêque d’Arras a dû
éviter toute ingérence dans les procès d’Outreau. Mais il n’est pas resté
silencieux. Dans une lettre datée du 4 juillet 2004, à la suite du premier
verdict, il écrivait : "Dominique a été condamné : les uns sont révoltés et
stupéfaits, les autres sont sceptiques et critiques. Tous veulent comprendre. Il
fait appel. Dans cette période qui le sépare d’un futur procès, il nous
appartient de lui apporter un soutien fraternel et de lui offrir les moyens
d’une juste défense."
Pensant aux 25.000 prêtres de France dont 40 ont été inculpés de pédophilie (ce
qui est évidemment trop mais également très minoritaire), Mgr Jean-Paul Jaeger
ajoutait : "C’est aussi le moment de rendre hommage et de porter une attention
accrue au labeur des prêtres, diacres, religieux, religieuses et fidèles laïcs
qui ont fait choix et ont reçu pour mission, au nom de leur foi, de s’implanter
en ces lieux de nos cités où convergent souvent les peines et les détresses de
tant d’oubliés de notre société". Et de promettre : "L’Eglise catholique ne
renoncera pas à cette présence et à cette forme d’annonce de l’évangile". On ne
peut en effet manquer d’admirer le choix – ou le risque – pris par le père
Dominique Wiel de se faire petit parmi les petits.
Issu d’une famille à la fois aisée et simple de quatorze enfants dont trois sont
devenus prêtres, il n’a pas manqué du soutien des siens pendant ces mois de
cauchemar où, désigné par ses codétenus comme un "pointeur" (violeur), il a été
jusqu’à subir leur "caillassage" (lapidation) sans jamais entrer dans
l’engrenage de la haine, ni s’enfermer dans la désespérance.
Jusqu’au procès d’Outreau, on disait "La parole des enfants est sacrée". On
entendait aussi les humoristes ironiser en affirmant : "On ne dit plus un
pédophile mais : ‘bonjour mon Père’ " ! La gravité de certains faits demeure. La
violence insupportable que des enfants ont pu subir de la part d’adultes, et
parmi eux de quelques ecclésiastiques, reste un scandale qui doit mobiliser
toute l’Eglise. Mais cette dernière doit à l’un des siens, qui avait choisi de
se fondre dans les masses populaires, et qu’un drame a placé sous les feux des
projecteurs, de voir se rétablir un certain équilibre.
"Etre chrétien, affirme-t-il, c’est ressentir de la
tendresse pour l’humanité." Tendresse : un mot qu’on aimerait tant pouvoir
réhabiliter !
Tugdual
DERVILLE dans le
Forum Monde Catholique
01.12.2005
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