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Très chers frères et sœurs,
Je suis heureux de vous accueillir et j'adresse un salut cordial
à ceux qui sont ici présents, ainsi qu'à ceux qui nous suivent à la radio et à
la télévision. Comme je l'ai déjà dit lors de la première rencontre avec
Messieurs les Cardinaux, précisément mercredi de la semaine dernière dans la
Chapelle Sixtine, je fais l'expérience dans mon âme de sentiments contrastants
entre eux en ces jours de début de mon ministère pétrinien: émerveillement et
gratitude à l'égard de Dieu, qui m'a surpris le premier en m'appelant à
succéder à l'Apôtre Pierre; inquiétude intérieure face à l'immensité de la
tâche et des responsabilités qui m'ont été confiées. La certitude de l'aide de
Dieu, de sa Très Sainte Mère, la Vierge Marie et des saints Protecteurs, me
donne cependant sérénité et joie; je suis également soutenu par la proximité
spirituelle de tout le Peuple de Dieu auquel, comme j'ai eu l'occasion de le
répéter dimanche dernier, je continue à demander de m'accompagner par une prière
incessante.
Après la pieuse disparition de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul
II, je reprends aujourd'hui les traditionnelles Audiences générales du mercredi.
Nous revenons ainsi à la normalité. En cette première rencontre, je voudrais
tout d'abord m'arrêter sur le nom que j'ai choisi en devenant Evêque de Rome et
Pasteur universel de l'Eglise. J'ai voulu m'appeler Benoit XVI pour me
rattacher en esprit au vénéré Pontife Benoît XV, qui a guidé l'Eglise au cours
d'une période difficile en raison du premier conflit mondial. Il fut un
courageux et authentique prophète de paix et se prodigua avec un courage
inlassable, tout d'abord pour éviter le drame de la guerre, puis pour en limiter
les conséquences néfastes. C'est sur ses traces que je désire placer mon
ministère au service de la réconciliation et de l'harmonie entre les hommes et
les peuples, profondément convaincu que le grand bien de la paix est tout
d'abord un don de Dieu, un don malheureusement fragile et précieux qu'il faut
invoquer, protéger et édifier jour après jour avec la contribution de tous.
Le nom de Benoît évoque, en outre, la figure extraordinaire du
grand "Patriarche du monachisme occidental", saint Benoît de Nursie, co-patron
de l'Europe avec les saints Cyrille et Méthode et les saintes femmes Brigitte de
Suède, Catherine de Sienne et Edith Stein. L'expansion progressive de l'Ordre
bénédictin qu'il fonda a exercé une profonde influence dans la diffusion du
christianisme sur tout le continent. Saint Benoît est donc particulièrement
vénéré en Allemagne, également et spécialement en Bavière, ma terre d'origine;
il constitue un point de référence fondamental pour l'unité de l'Europe et un
rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa
civilisation.
De ce Père du monachisme occidental, nous connaissons la
recommandation laissée aux moines dans sa Règle: "Ne rien mettre absolument
au-dessus du Christ" (Règle 72, 11; cf. 4, 21). Au début de mon service
comme Successeur de Pierre, je demande à saint Benoît de nous aider à garder
fermement le Christ au centre de notre vie. Qu'il soit toujours à la première
place dans nos pensées et dans chacune de nos activités!
Ma pensée retourne avec affection à mon vénéré prédécesseur
Jean-Paul II, auquel nous devons un héritage spirituel extraordinaire. "Nos
communautés chrétiennes - a-t-il écrit dans la Lettre apostolique
Novo millennio ineunte - doivent devenir d'authentiques "écoles" de
prière, où la rencontre avec le Christ ne s'exprime pas seulement en demande
d'aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation,
écoute, affection ardente, jusqu'à une vraie "folie" du coeur" (n. 33), comme ce
fut le cas chez le Pape Jean-Paul II. Ce sont ces orientations qu'il a cherché à
mettre lui-même en oeuvre, en consacrant les catéchèses du mercredi des derniers
temps au commentaire des Psaumes des Laudes et des Vêpres. Comme il fit au début
de son Pontificat, lorsqu'il voulut poursuivre les réflexions commencées par son
prédécesseur sur les vertus chrétiennes (cf. Enseignements de Jean-Paul II, I
[1978], pp. 60-63), j'entends moi aussi reproposer, lors des prochains
rendez-vous hebdomadaires, le commentaire qu'il avait préparé sur la deuxième
partie des Psaumes et des Cantiques qui composent les Vêpres. Mercredi prochain,
je reprendrai donc ses catéchèses précisément là où elles s'étaient
interrompues, lors de l'Audience générale du 26 janvier dernier.
Chers amis, je vous remercie à nouveau de votre visite et de
l'affection dont vous m'entourez. En retour, je vous adresse cordialement ces
mêmes sentiments avec une Bénédiction spéciale, que je donne à vous qui êtes ici
présents, à vos familles et à toutes les personnes qui vous sont chères.
***
Je salue cordialement les pèlerins francophones, notamment du Gabon et les
jeunes de l’école de Courset, de l’aumônerie Notre-Dame de Vauvert, de Corse, de
Nantes. À tous, j’accorde la Bénédiction apostolique. |
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