L'Afrique : Les aides qui n'aident
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Le 31 août 2009 -
(E.S.M.)
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Cet article, reproduit sur le très intéressant site italien "Rassegna
Stampa" apporte des arguments difficiles à contester, car ce sont des intellectuels
africains qui en sont à l'origine.
Et des arguments franchement inédits, au moins pour le béotien que je suis.
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L'Afrique : Les aides qui n'aident
pas
Il s'agit des.. et ce sont les intellectuels africains eux-mêmes qui le
dénoncent
Le 31 août 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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La seule chose qu'il ne mentionne pas, c'est que tout cet argent gaspillé
par le contribuable ne se retrouve probablement uniquement dans les poches
des dictateurs corrompus, sans parler des frais de fonctionnement énormes
des ONG, déjà dénoncés par le Saint-Siège. Le scandale pourrait bien se
retrouver, si l'on peut dire, aux deux bouts de la chaîne.
L'article a été publié dans le journal italien Tempi au lendemain du sommet
du G8, qui s'est déroulé à l'Aquila en juin dernier, et juste après la
tournée d'Obama en Afrique, et un discours ferme qu'il a prononcé au Ghana.
Lui seul pouvait prononcer un tel discours... et être encensé par les medias
encore sous le coup de l'extase obamaniaque (qui commence à
s'essouffler...).
Lors de son voyage en Afrique, en mars 2009, Benoît XVI avait eu envers les
africains des propos de bonté paternelle, mais sans faire d'escompte sur la
franchise et la fermeté. Ils avaient été reçus dans le silence assourdissant
des medias, trop occupés à gloser sur le rôle du préservatif dans la
protection contre le sida. A se demander, avec le recul, si leur but unique,
sous couvert de vertueuse défense du latex, n'était pas de couvrir sa voix.
Les aides qui n'aident pas
L'humanitarisme ne réduit pas la pauvreté. Au contraire. Il engraisse les
corrompus, enrichit les dictateurs, habitue les gens à mendier. Lorsqu'il
n'allonge pas les guerres. Ce sont les économistes africains qui le
dénoncent.
Anna de Bono
Au milieu du siècle dernier, à partir de l'indépendance, l'Afrique a profité
à divers titre d'aides financières pour plus de mille milliards de dollars
sans que cela ait amené à une réduction de la pauvreté. Au contraire, entre
1970 et 1998, période où ont afflué vers le continent les plus grandes
contributions de l'étranger, la pauvreté est montée de 11 à 66%.
Dans son essai intitulé "Dead aid. Why aid is not working and how there
is better way for Africa", l'économiste zambien Dambisa Moyo rapporte
ces faits, et d'autres données en démonstration du fait que la coopération
au développement en Afrique a été jusqu'à présent un échec. Réfuter sa thèse
est difficile. En effet, il y a trente ans, des pays comme le Burundi et le
Burkina Faso, actuellement deux des États les plus pauvres du monde, avaient
un PIB par habitant supérieur à celui de la Chine et, comme l'a rappelé le
11 Juillet dans son discours d'Accra (au Ghana)
le président américain Barack Obama, en 1961 ,le Kenya alors Colonie
britannique, vantait un PIB par habitant supérieur à celui de la Corée du
Sud, mais depuis lors s'est laissé amplement dépassé.
Où a fini tout cet argent ?
Ce sont des faits sur lesquels il convient de réfléchir, et d'autant plus au
lendemain d'un G8, celui qui vient de se terminer à l'Aquila, qui a vu
lancer un nouveau programme triennal d'aides à l'Afrique pour un total de 20
milliards de dollars, qui vont s'ajouter aux fonds déjà considérables
destinés au développement, aux urgences humanitaires et à l'effacement de la
dette etrangère contractée par les pays africains compris dans la catégorie
des 27 États les plus pauvres et les plus endettés au monde, comme il en
avait été décidé par le G8 de 2005.
Le soutien public international, explique Moyo, « détruit tout élan vers
les réformes, le développement, la capacité de créer la richesse nationale
et de l'exporter. Il alimente la corruption et les conflits internes et
favorise le maintien de régimes pluriannuels ».
Un autre économiste africain est du même avis, le kenyan James Shikwati :
les aides financent d'énormes bureaucraties, contribuent à rendre
envahissante la corruption, étouffent la libre initiative, permettent aux
leaders politiques d'ignorer les besoins de leurs compatriotes. Partout il
ont créé une mentalité paresseuse et ont habitué les africains à être des
assistés et des mendiants. Parmi les exemples les plus sensationnels,
Shikwati cite le Nigeria et la République Démocratique du Congo qui, malgré
leurs immenses richesses, n'ont rien fait pour réduire la pauvreté et font
pression pour être classés parmi les nations les plus nécessiteuses afin de
pouvoir recevoir des aides ultérieures.
C'est là le paradoxe africain : plus les ressources augmentent, plus la
pauvreté croît. Au Nigeria, pendant des décennies premier producteur de
pétrole de l'Afrique subsaharienne (dépassé en 2008 par
l'Angola), 70% de la population vit toujours avec moins d'un
dollar par jour et 92% avec moins de deux. Une réponse à la question
inévitable (mais comment est-ce possible?) a
été donnée par Barack Obama, déjà cité, parlant à Accra où il s'est rendu en
visite tout de suite après la fin du G8. Dans un mémorable discours le
président américain a adressé aux africains des reproches qu'avant lui, seul
le pape Benoît XVI, pendant son
voyage en Afrique d'avril, avait osé formuler lors d'occasions
officielles et avec autant de fermeté.
Tant de gâchis de ressources doit être imputé au tribalisme, à la
mal-gouvernance, à la corruption dont sont responsables les gouvernements
africains. L'Occident n'est pas coupable de la banqueroute du Zimbabwe, des
guerres où on fait combattre les enfants et des autres plaies qui affligent
le continent : « Aucun pays - a dit Obama - ne peut créer de
richesse si ses leaders exploitent l'économie pour s'enrichir. Aucun
entrepreneur ne veut investir dans un pays dont le gouvernement prélève 20%
sur tout. Personne n'a envie de vivre dans un pays où règnent férocité et
corruption. Ceci n'est pas démocratie, mais tyrannie, même si quelquefois on
va voter. Et cela doit finir ».
Le cimetière des éléphants blancs
Le problème est comment faire pour induire les gouvernements africains à
changer de route.
Sur ce point il manque une résolution. Mais au moins, disent Moyo et
Shikwati, les donateurs peuvent commencer à inverser la tendance, en
réduisant les programmes de coopération sans craindre les inévitables
critiques initiales de ceux qui, comme Bob Geldof (ndt:
chanteur irlandais, milliardaire spécialisé dans le "caritatif"...,
plusieurs fois nommé pour recevoir le Prix Nobel de la paix ),
sont convaincus que le défaut fondamental des aides internationales est
qu'elles sont insuffisantes. En réalité, même Bob Geldof pourrait se
convaincre qu'il est temps d'en finir avec les « éléphants blancs » -
ainsi sont appelés dans le monde de la coopération internationale les
innombrables projets trop coûteux et réalisés sans en évaluer l'opportunité.
Au sommet de la liste, il y des centaines de kilomètres de routes qui
relient rien à rien et traversent des régions dans lesquelles presque
personne ne dispose d'une automobile.
Mais ce sont aussi des « éléphants blancs » les structures
hospitalières sur-équipées mais inutilisables parce que construites dans des
pays dépourvus de médecins, ou les édifices scolaire inaugurés avec fierté
et ensuite restés vides par manque d'enseignants, qui sont si peu nombreux
en Afrique que les classes de 40-50 élèves sont la règle est et pas rares
celles qui dépassent la centaine : en 2005 au Burundi, avec l'introduction
de l'instruction primaire gratuite, les proviseurs se sont vus contraints de
former des classes de 250 enfants.
Par contre on appelle des « cathédrales dans le désert » les usines
dont n'est jamais sorti aucun produit fini ou qui ont tourné à un rythme
tellement bas qu'elles ont échoué en très peu de temps, comme celle pour la
production du beurre de karité construite dans les années Quatre-vingt-dix
par la coopération italienne au Burkina Faso, dans une région où personne ne
cultivait le karité et où il manquait l'eau, nécessaire en grande quantité
pour l'indispensable travail à froid des graines.
Le génocide assisté
Mais, tout en voulant donner raison à Dambisa Moyo, il y a un secteur de la
coopération internationale dont l'utilité semble très évidente, et qui
exclut sans discussion l'éventualité de le suspendre ou même seulement de le
reformuler : il s'agit des aides humanitaires. Pourtant même là quelque
chose ne fonctionne pas. Et il ne s'agit pas seulement de gaspillages, de
rapports lacunaires sur les frais et les résultats atteints et de chiffres
gonflés sur l'existence d'une urgence pour obtenir plus de fonds.
Dans un livre récemment publié par les éditions Mondadori, L’industria
della solidarietà, la journaliste hollandaise Linda Polman soulève de
sérieuses questions sur les résultats des activités humanitaires. Le
principe de la Croix rouge Internationale de secourir tous ceux qui en ont
besoin, qu'ils soient victimes ou aggresseurs, fait par exemple, que ceux
qu'on nomme refugee warriors, les combattants, qui se mélangent aux
civils dans les camps de réfugiés, bénéficient de l'assistance fournie par
les Organisations non gouvernementales : « Selon plusieurs estimations
- écrit Polman - entre 15 et 20% des habitants des camps de réfugiés
sont des refugee warriors qui, entre un repas et un traitement médical
repartent en guerre ».
Le pire s'est passé en 1994 dans les camps préparés à Goma, République
Démocratique du Congo, pour accueillir les réfugiés du Rwanda voisin,
transformé en un abattoir à ciel ouvert par les extrémistes hutu décidés à
exterminer les tutsi et les hutu qui n'étaient pas d'accord avec eux.
Poursuivis par le Front patriotique rwandais à dominante tutsi, les hutu ont
fui au-delà de la frontière, parmi eux, beaucoup d'auteurs de la tentative
de génocide, y compris les militaires et l'entière classe politique, qui
continuèrent pendant quelque temps le massacre des tutsi
(et des hutu qui voulaient rentrer dans leur patrie patrie),
retournant chaque soir dans les camps transformés en quartiers militaires
sous les yeux des opérateurs. « Quand les principes humanitaires
cessent-ils d'être éthiques ? », questionne Polman.
Quand les Ong traitent avec les criminels
Mais il y a plus grave encore, c'est la quantité astronomique d'argent et de
biens destinés aux populations qui, sous forme de droits pour le transit des
convois, d'exactions, de pourcentages délivrés aux autorités politiques et
militaires en échange de la permission d'intervenir dans un territoire
donné, et ainsi de suite, passent des Ong dans les mains des adversaires qui
disposent ainsi de ressources toujours renouvelées pour continuer à
combattre et à s'acharner sur les civils. « Grâce aux gains des négociations
avec les organisations internationales - soutient Polman - les groupes en
lutte mangent et s'arment, en plus de payer leurs troupes » et ceci influe
de manière décisive sur l'intensité et sur la durée des guerres. Dans le
jargon des spécialistes, ces négociations s'appellent « shaking hands
with the devil ». Pactes avec le diable
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.08.09 -
T/Afrique |