Jean-Paul II appelait les croyants à
la “conversion écologique” |
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Cité du Vatican, le 31 août 2007 -
(E.S.M.) - Dans “Centesimus
Anus”, le pape Jean Paul II parlait du manque d’engagement pour
conserver les conditions morales d’une authentique écologie humaine”.
Dix ans après cette Encyclique, Jean-Paul II appela les croyants à la
“conversion écologique” face à la menace d’une destruction imminente.
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Jean-Paul II appelait les croyants à
la “conversion écologique”
L'Eau, Source de vie pour le chrétien et pour l'humanité
“Conserver les conditions morales d’une
authentique écologie humaine”.
Dans son Message pour la Journée mondiale pour la paix de 1990,
Jean-Paul II invitait à redécouvrir le rapport entre la paix avec Dieu
créateur et celui avec la création, dans un engagement de responsabilité
pour les futures générations.
Dans “Centesimus
Anus”, la Lettre encyclique datée du 1er mai 1991, le pape
Jean Paul II parlait du manque d’engagement pour conserver les
conditions morales d’une authentique écologie humaine”.
Dix ans après cette Encyclique, en janvier 2001, Jean-Paul II appela
les croyants à la “conversion écologique” face à la menace d’une
destruction imminente.
L’Ecriture Sainte, dans de nombreux passages, parle de la création comme
premier grand don de Dieu:
« Le Seigneur Dieu prit l’homme et le mit dans le jardin de l’Eden, pour
qu’il le cultive et le conserve » (Genèse,
2,15).
L’homme doit donc effectuer la garde de la création en observant ces lois
morales, résumées par l’interdiction de « manger le fruit de l’arbre »
(Genèse 2,16), qui empêchent
l’usage et l’abus. Le pouvoir du mal et l’expérience du péché peuvent donc
détériorer le premier et merveilleux don de Dieu à l’homme, le « jardin
d’Eden », pour qu’il soit cultivé et conservé par l’homme.
“Le Seigneur Votre Dieu vous donne la pluie
dans une juste mesure, pour vous fait descendre l’eau”
(Gen 2,23).
Le premier septembre prochain, l’Eglise italienne célèbrera la « Seconde
journée pour la sauvegarde de la Création ». Le thème choisi sera l’eau.
A l’occasion du IVe Forum mondial de l’eau, qui a eu lieu à Mexico du 16 au
22 avril 2006, le Conseil pontifical de la justice et de la paix
distribua un document de travail intitulé : “L’eau, élément essentiel
pour la vie” www.vatican.va).
Le document affirmait que « le droit à l’eau de la part de tout être
humain est un facteur clé pour la paix et la sécurité ».
Le document disait clairement aussi que « l’eau est beaucoup plus qu’une
nécessité humaine fondamentale. Elle est un élément essentiel, irremplaçable
pour assurer la continuité de la vie. L’eau est indissolublement liée aux
droits fondamentaux de l’homme, comme le droit à la vie, à la nourriture, à
la santé ».
On se rappelle sans doute que dans un message aux évêques du Brésil en 2004, Jean-Paul II écrivit : « comme Don de Dieu, l’eau est un élément
vital essentiel pour la survie, par conséquent tous ont le droit de l’avoir
».
Objectif du millénaire : Diviser par
deux le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et aux
services d’hygiène
Du 6 au 8 septembre 2000, tous les chefs d’Etat et de gouvernement de tous
les états membres de l’ONU se réunirent à New York. Du « Sommet du
Millénaire », apparut la « Déclaration du Millénaire » : les
leaders mondiaux définirent une série de propositions, d’ambitions, à
atteindre d’ici 2015.
Dans la période qui a immédiatement suivi, à travers le travail de toutes
les agences spécialisées des Nations Unies, prirent corps les Objectifs
de développement du millénium (OSM):
1. Eliminer la faim et l’extrême pauvreté
(Action concrète : diviser par deux le nombre des personnes qui souffrent de
la faim et vivent avec moins d’un dollar par jour)
2. Instruction primaire pour tous
(Faire en sorte que tous les enfants achèvent le cycle scolaire primaire)
3. Parité d’opportunités entre les sexes
(Eliminer la disparité de genre dans l’école primaire et secondaire)
4. Réduire la mortalité infantile
(Réduire de 2/3 le taux de mortalité infantile par rapport au niveau de
1990)
5. Améliorer la santé maternelle
(Réduire de ¾ le taux de mortalité maternelle par rapport au niveau de 1990)
6. Combattre le VIH/SIDA et la malaria
(Arrêter et commencer à réduire la diffusion du VIH/SIDA, de la malaria et
d’autres graves maladies infectieuses)
7. Assurer la durabilité environnementale
(Diviser par deux le nombre de personnes qui n’ont accès ni à l’eau potable
ni aux services d’hygiène)
8. Développer une alliance globale pour le développement
(Favoriser la coopération au développement Nord-Sud, à la réduction de la
dette, à l’accès aux médicaments)
En ce qui concerne l’action prévue au point 7, le Secrétaire général des
Nations Unies d’alors, Kofi Annan, dans “We the people”, en 2000,
affirmait : “La consommation d’eau douce a sextuplé entre 1990 et 1995,
soit plus du double du niveau de croissance de la population. Environ déjà
un tiers de la population mondiale vit dans des pays considérés comme étant
en urgence hydrique – ce qui arrive quand la consommation dépasse de 10% le
total de l’offre. Si cette tendance devait continuer, 2/3 de la population
de la terre vivra dans ces conditions en 2025 ».
Un habitant de la planète sur cinq n’a pas
accès à l’eau potable.
Quatre personnes sur dix ne peuvent accéder aux services médicaux de base
Considérant les données du rapport “Eau, une responsabilité partagée”
présentée en mars 2006 par 24 Agences des Nations Unies à la vielle du IVe «
Forum mondial de l’eau », 1,1 million de personne sur la
planète n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que les services médicaux de
base manquent pour 2,6 milliards de personnes.
Il est bon de garder présent à l’esprit que ces chiffres dramatiques ne sont
pas le fruit d’une insuffisance des ressources hydriques.
En effet, toujours selon les données ONU, le total de l’eau douce disponible
pour les écosystèmes et pour les hommes est de 200.000 km3 d’eau, qui
correspond à 1% de toutes les ressources d’eau douce et à seulement 0,01% de
toute l’eau de la terre. Mais ce 0,01% serait suffisant pour les exigences
de toutes les populations de la terre. On lit en effet dans le document ONU
de 2006 : « Le problème auquel nous nous confrontons est surtout un
problème de gouvernabilité : comment partager l’eau de façon équitable en
assurant la durabilité des écosystèmes ».
Des sources ONU indiquent qu’en 2050 la moitié de l’humanité (9,3 milliards
de personnes n’aura plus l’eau potable. Les 49 pays les moins avancés (PMA)
– 1,86 milliards de personnes toujours en 2050, n’auront pas les 50 litres
par jour nécessaires à la couverture des besoins élémentaires.
L’urbanisation croissante représentera un facteur de raréfaction et de
pollution des eaux.
Un problème de gouvernabilité des ressources existantes, qui produit par
exemple le fait que plus d’un tiers de la population de l’Asie méridionale –
selon les données UNICEF – a accès aux services médicaux. Plus de la moitié
de la population privée de services d’hygiène vit en Chine et en Inde – au
total 1,5 milliards de personnes – déterminant un environnement pollué par
des déchets organiques. Une autre grande et croissante menace pour les
enfants de la région est constituée par la qualité de l’eau. De dangereuses
substances contaminant les nappes phréatiques, comme l’arsenic et le fluor,
mettent en sérieux danger la santé de 50 millions de personnes.
En Afrique sub-saharienne, des décennies de conflits, une mauvaise gestion
de la terre et les effets récents de la terrible sécheresse dans la partie
méridionale du continent, ont laissé de nombreux enfants dans une situation
désespérée de pénurie hydrique. Plus de 42% de la population n’a pas accès à
l’eau potable et seulement 36% dispose d’un cabinet de toilette. La
situation la plus alarmante concerne les campagnes. Aucun puits ni
installation hydrique ; aucune source hydrique ni citerne pour recueillir
l’eau de pluie. Plus de la moitié des campagnes (53%) n’a pas accès à l’eau
potable. Le traitement des eaux usagées manque totalement. L’Afrique
sub-saharienne est la seule région qui enregistre un retard dans l’atteinte
de l’Objectif de développement du millénaire pour l’accès à l’eau
potable et aux services d’hygiène et sanitaires.
En Europe centrale et orientale les réserves hydriques diminuent comme
conséquence des changements environnementaux, et les systèmes hydriques
nationaux rencontrent de grandes difficultés à faire face à la situation. En
outre, les graves déséquilibres dans l’accès à l’eau et le manque d’une
coopération régionale pour la gestion des ressources hydriques existantes
laissent les enfants les plus pauvres exclus des services les plus
élémentaires. Selon une source OMS, les régions les plus touchées sont
celles de l’Europe centrale et orientale, en particulier dans les nombreuses
régions rurales. Il s’agit des pays comme l’Azerbaïdjan, le Tadjikistan, la
Macédoine, la Turquie, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, la Pologne, dans
lesquels une grande partie de la population boit et utilise l’eau de puits
contaminée par les déchargements voisins. Il faut penser que la difficulté
d’accès à l’eau en Europe est cause, chaque année, de la mort d’environ
13.500 enfants au-dessous de 14 ans : parmi eux, cependant, 11.000 sont
concentrés en Europe centrale et orientale.
En Amérique Latine, subsistent d’énormes inégalités dans les services
hydriques et hygiéno-sanitaires, autant à l’intérieur que parmi les
différents pays. Les enfants des zones rurales vivent une situation pire que
ceux des villes, et dans toute la région, la pauvreté et l’exclusion sociale
font que des groupes indigènes et des minorités se voient largement refuser
le droit à ces services.
Dans de vastes régions du monde, la disponibilité en eau a été divisée par
deux ces deux dernières décennies, approchant de 1.100 mètres cubes par an
(selon l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, en dessous des 1.000
mètres cubes la pénurie de l’eau se répercute sur la santé humaine).
Si pour un citoyen du Nord de l’Amérique ou de l’Union européenne, il y a
plus de dix-mille mètres cubes annuels d’eau potable, pour un citoyen de
Madagascar (l’un des pays africains dans les conditions les meilleures) on
descend à 3.500, en Jordanie à 260, soit beaucoup moins d’un litre par jour.
A cela s’ajoute que le Moyen-Orient et en particulier en Turquie, Syrie,
Israël, Palestine et Iraq, la possession et le contrôle de l’eau prennent
malheureusement, désormais, une valeur stratégique fondamentale.
Un autre problème politique demanderait – pour atteindre l’Objectif 7 du «
Troisième Millénaire » - des interventions urgentissimes de la communauté
internationale, en termes d’investissements adéquats et de contrôles, s’il
est vrai, comme le soutiennent de nombreux documents, que la crise hydrique
dans le monde est due à des problèmes d’impunité, d’illégalité et à d’autres
problèmes liés aux systèmes économiques et politiques actuels ; s’il est
vrai qu’il y en a qui décident à qui revient un type déterminé d’eau, quand,
de quelle manière et qui a droit à l’eau et aux services qui en découlent.
Du reste, c’est le même Rapport de l’ONU de 2006 qui a affirmé que la
première cause d’insuffisance de l’eau était à imputer à “la mauvaise
gestion, la corruption, le manque d’instruction, l’inertie bureaucratique et
le manque d’investissements pour développer des compétences humaines et
construire des infrastructures ». Et le rapport cite un sondage réalisé en
Inde, où 41% des interviewés ont donné plus qu’une « petite liasse », au
cours des six mois de 2006, pour falsifier le contrôle des données, 30% ont
payé pour accéder plus rapidement à de nouvelles arrivées d’eau et à des
services de base.
Selon le dossier ONU de 2006, les ressources financières destinées à la
gestion et à la distribution de l’eau se sont enlisées et seule une toute
petite partie d’entre elles atteint les plus démunis. Ces dernières années,
la moyenne totale des aides publiques au développement destinées au secteur
de l’eau a été d’environ 3 milliards de dollars par an, auxquels on a ajouté
1,5 milliards sous forme de prêts.
De ces sommes, à peine 12% se sont traduits en assistance aux secteurs les
plus pauvres et seulement 10% ont été destinés à financer l’élaboration de
politiques, de plans et de programmes liés à l’eau, meilleurs que ceux qui
existent.
A cela s’ajoute la réduction des investissements privés. On estime que dans
les années 90, la dépense de ce secteur dans les domaines concernant l’eau
avait atteint 25 milliards de dollars dans les pays en voie de
développement, surtout en Amérique Latine et en Asie. Mais selon le
document, plusieurs multinationales qui avaient investi – dans les années
90, le secteur privé a dépensé environ 25 milliards de dollars dans les pays
en voie de développement, surtout en Amérique Latine et en Asie – ont
maintenant commencé à se retirer des pays en voie de développement ou à
réduire leurs activités, à cause des « risques politiques et financiers
élevés ».
Une classification “déterminée”.
Si l’en est ainsi, on comprend que la classification sur le “Développement
humain”, rédigée par les Nations Unies sur la base de l’indice du
développement humain (ISU) – qui prend en considération avant tout le
paramètre du développement de la vie, de l’alphabétisation de la population
adulte, et du taux de scolarité aux niveaux primaire, secondaire et
tertiaire, et du revenu – est une classification non casuelle, mais
déterminée par des facteurs politiques et économiques.
De la première à la dernière place il y a : Norvège, Islande,
Australie, Irlande, Suède, Canada, Japon, Etats-Unis, Suisse, Hollande.
De la 165ème à la 174ème place : Mozambique, Burundi, Ethiopie,
Tchad, République Centrafricaine, Guinée Bissau, Burkina Faso, Mali, Sierra
Leone, Niger.
Au Bangladesh il y a de l’arsenic dans l’eau.
A travers l’“Association Pape Jean XXIII”, nous avons joint
par téléphone le Père Rudy, qui vit à Chalna, au Bangladesh, depuis dix ans.
D.: « Mon Père, quelle est la situation par rapport à la ressource de l’eau
dans le pays où vous exercez vos activités ? »
R.: « Dans de nombreuses parties du Bangladesh, l’arsenic est fortement
présent dans l’eau. A ma connaissance beaucoup d’Organisations non
gouvernementales étrangères ont fait des études ces dernières années pour
tenter de donner une réponse à ce problème dramatique ».
D.: “Comment affronte-t-on la situation?”
R.: “A certains endroits on a réussi à construire des puits. Beaucoup
cherchent à trouver des solutions pour le village tout entier de cette façon
: en créant des petits lacs qui puissent contenir de l’eau de pluie
suffisante pour une année entière. En ce moment précisément au Bangladesh,
il y a beaucoup d’eau car il pleut sans interruption depuis une semaine
environ. Il tombe des cordes !!! On cherche à recueillir l’eau des toits en
tôle, en la dirigeant vers un grand récipient en terre cuite, de sorte
qu’elle puisse être utilisée pour cuisiner. Et ainsi fera-t-on pendant toute
la saison des pluies, c’est-à-dire de juin à septembre. Dans les périodes
sèches en revanche les femmes vont chercher l’eau qui doit couvrir la
demande journalière, avec une amphore en aluminium qu’elles portent sur le
côté gauche sous le bras. Parfois elles doivent se rendre jusqu’à 2-3 km de
distance. Il n’est pas rare de voir des petites filles avec des amphores
proportionnées au poids qu’elles peuvent porter. Ces informations sont
clairement liées à la vie du village, que nous connaissons bien, car nous
vivons ici depuis 10 ans ».
Les pauvres sont contraints de payer l’eau
potable beaucoup plus cher que leurs voisins.
Le rapport sur le développement 2006 intitulé “Au-delà de la pénurie : le
pouvoir, la pauvreté et la crise hydrique générale”, du programme ONU
pour le Développement (UNDP), affirme que « les pauvres sont contraints
de payer l’eau potable beaucoup plus cher que leurs voisins riches ».
L’étude affirme qu’à Nairobi, au Kenya, les pauvres paient un litre d’eau
dix fois ce que payent les riches qui vivent dans la même ville. Ne pas
avoir accès aux services d’hygiène et sanitaires dans des bidonvilles comme
Libéra, dans les banlieues de la capitale du Kenya, signifie que la foule
défèque dans des sacs en plastique puis les jette à l’intérieur des égouts à
ciel ouvert dans les rues, parce qu’il n’ont pas le choix. Les familles les
plus pauvres du Salvador, du Nicaragua et de la Jamaïque, dépensent en
moyenne plus de 10% de leur revenu pour l’eau. A Manille, aux Philippines,
l’eau coûte 2,5 fois plus cher qu’à New York, à Accra, au Ghana, presque
trois fois plus cher, et à Barranquilla, en Colombie, plus de cinq fois plus
cher.
Le rapport recommande aux gouvernements – surtout quant aux nécessités de
mettre les pauvres du monde au centre d’une stratégie globale qui affronte
sérieusement le problème – d’élaborer des lois qui garantissent le droit des
êtres humains à un approvisionnement hydrique sûr et accessible,
physiquement et économiquement. « Comme niveau minimum, cela comprend un
objectif d’au moins 20 litres d’eau potable par jour pour chaque citoyen et
à titre gratuit pour ceux trop pauvres pour payer », affirment les
auteurs du rapport. « Comme la faim – conclut le rapport – la privation
de l’accès à l’eau est une crise silencieuse vécue par les pauvres et
tolérée par ceux qui ont les ressources, la technologie et le pouvoir
politique pour y mettre fin ; la crise hydrique freine la croissance
économique : l’Afrique subsaharienne perd chaque année 5% de son PIB, un
chiffre supérieur à celui que la région reçoit en aides ».
Selon les auteurs du rapport, un tiers des personnes privées de l’accès à
l’eau est au-dessous du seuil de pauvreté absolue, déterminé par un revenu
d’un dollar par jour. Un autre tiers de ces personnes vit avec pas plus de
deux dollars par jour.
Deux cinquièmes des familles les plus pauvres au niveau mondial représentent
plus de la moitié du nombre total des individus privés de l’accès aux
services hygiéno-sanitaires.
Ces chiffres, soulignent les auteurs, ne montrent pas un rapport de cause à
effet – on peut ou bien ne pas avoir accès à l’eau et aux services hygieno-sanitaires
parce qu’on est pauvre, ou bien être pauvre parce qu’on n’a pas accès à
l’eau ni aux services higiéno-sanitaires – mais soulignent l’existence d’un
solide rapport bidirectionnel entre la pauvreté économique et le manque
d’accès à l’eau.
Le rapport indique en outre que “pour atteindre les objectifs du
millénaire sur l’accès à l’eau et aux services higiéno-sanitaires d’ici
2015, il faut 10 milliards de dollars par an. Ce chiffre représente moins de
l’équivalent de cinq jours de dépense militaire générale et moins de la
moitié de ce que dépensent les pays riches chaque année pour l’eau minérale
».
Seules deux régions du monde, l’Asie orientale et l’Amérique Latine, sont
sur la bonne voie, selon le rapport, pour arriver à l’objectif fixé quant
aux services hygénio-sanitaires. Au rythme actuel, l’Afrique sub-saharienne
atteindra le but quant à l’eau en 2040 et quant aux services hygiéno-sanitaires
en 2076. Pour ces services, l’Asie méridionale est en retard de quatre ans
sur l’objectif et les états arabes sont en retard de 27 ans en ce qui
concerne l’eau. Si cela n’arrivait pas, 234 millions de personnes
manqueraient le but concernant l’eau, avec 55 pays en retard sur le
programme, et 430 millions de personnes n’atteindraient pas le but relatif
aux services hygiéno-sanitaires, avec 74 pays en retard sur le programme.
Pour affronter et résoudre le problème, le rapport, outre proposer la
création d’un Plan d’action global, mentionne trois éléments principaux pour
son succès :
1) Faire de l’eau un droit de l’homme : « Tous devraient avoir au moins
20 litres d’eau potable par jour et les pauvres devraient la recevoir
gratuitement », soutient le rapport.
2) Elaborer des stratégies nationales pour l’eau et les services d’hygiène.
Les gouvernements devraient viser à dépenser un pourcentage minimum de leur
PIB pour l’eau et les services d’hygiéniques et sanitaires, et pour en
rendre plus équitable l’accès (la dépense publique est normalement
inférieure à 0,5% du PIB, mais il suffit de considérer par exemple que le
budget pour la défense en Ethiopie est dix fois plus élevé que les fonds
destinés à l’eau et aux services d’hygiéniques et sanitaires, et au Pakistan
47 fois).
2) Augmentation des aides internationales. Le rapport demande une
augmentation des aides de 3,4 milliards de dollars chaque année.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau 2007, le Secrétaire général des
Nations Unies, Ban Ki-moon, confirmant ces données, a déclaré : “Les
réserves disponibles sont dans un état de forte contrainte, comme
conséquence de la forte croissance de la population, de modèles de
consommation non durables, d’investissements inadéquats dans les
infrastructures et d’un manque d’efficacité dans l’usage de l’eau ».
Interview de Monseigneur Giampaolo Crepaldi,
secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix
D.: “Monseigneur, quelles sont, à votre avis, les causes à la base
desquelles, selon les données des Nations Unies, un habitant de la planète
sur cinq n’a pas encore accès à l’eau potable?”
R.: “Je tiens à rappeler avant tout, sur ce thème, la Note préparée par
le Conseil pontifical de la Justice et de la Paix comme contribution du
Saint-Siège au IIIe Forum mondial de l’eau qui a eu lieu le 22 mars 2003
(www.vativa.va).
Je considère qu’il y a trois facteurs qui concourent à déterminer ce très
grave problème que vit une grande partie de l’humanité.
Le premier concerne la responsabilité des pays développés à fournir une
culture, une information, des technologies aux pays les plus pauvres. Ce qui
détermine une très inégale distribution de la ressource hydrique.
Un second facteur est de caractère politique : le contrôle de la ressource
hydrique produit une augmentation de la conflictualité entre les états ; le
contentieux entre Israël et la Syrie, par exemple, pour le contrôle du haut
plateau de Golan est lié au contrôle des nappes phréatiques.
Le dernier facteur est de caractère politico-économique : le débat entre la
gestion publique ou privée de la ressource hydrique n’est toujours pas
résolu, et l’on se demande comment trouver les formules du rapport entre
public et privé. Il est hors de doute que là-dessus, comme sur les autres
sujets, il y a toujours une responsabilité publique à encadrer, qui doit
avoir pour rôle d’orienter les choix et les actions de tous les acteurs en
jeu ».
D.: “Dans la “Déclaration du millénaire” de 2000, les leaders
mondiaux, sous l’égide des Nations Unies, ont défini une série de
propositions, ambitieuses, à réaliser d’ici 2015. Parmi celles-ci, la
division par deux du nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable
et aux services d’hygiénique. Quelle est sa valeur par rapport à cet
objectif d’action ? »
R.: “Ce que nous devons constater, avec amertume et réalisme, est que
malheureusement il n’existe pas de règle qui fasse autorité au niveau
international et qui aide réellement les Etats à résoudre les problèmes du
temps que nous vivons.
Ce problème, le nombre des personnes qui dans le monde vivent dans une
extrême pauvreté, peut être résolu à travers l’aide publique au
développement, qui malheureusement est bien loin, de la part notamment de
pays comme l’Italie, les Etats-Unis, l’Allemagne, du pourcentage de 0,7% du
Produit intérieur brut.
Il est donc nécessaire, pour affronter le problème de la pauvreté extrême
dans le monde, que les sociétés riches affrontent sérieusement ce thème avec
détermination et responsabilité, afin d’apporter une aide véritable aux
habitants de la planète qui souffrent ».
Interview du Père Giulio Albanese, de la
Direction des Oeuvres missionnaires pontificales
D.: “Père, en vous basant sur votre expérience dans les régions du Sud du
monde, quelles réflexions pouvez-vous faire quant au problème d’une grande
partie de l’humanité qui vit le problème de l’insuffisance de la ressource
hydrique ? »
R.: “Pour celui qui voyage dans le Sud du monde, dans les « périphéries »
des villages en général, parmi les injustices qu’il observe, il y en a une à
stigmatiser sans faute : la réticence par rapport au thème du développement.
De la sécheresse, des intempéries, il y en a toujours eu. Ce qui arrive est
que, par exemple, il y ait juste une inondation, et il y a une intervention
pour affronter l’urgence. Et ensuite il y aura une nouvelle urgence. On ne
comprend pas que certains phénomènes sont chroniques. Un exemple
emblématique est celui de l’Ethiopie, où font totalement défaut les systèmes
de canalisation de l’eau de pluie. Tous le savent, mais rien de sérieux, de
structurel, ne se fait ».
D.: “Quels sont, à votre avis, les responsabilités du monde occidental sur
ce sujet?”
R.: “Je crois qu’il faut que tous se mettent à discuter, à tous les
niveaux. De nombreuses fois, il est vrai, les responsabilités peuvent être
attribuées à la classe dirigeante locale, mais il y en a aussi au niveau
international, au niveau des organismes internationaux. Un autre facteur
important qui a son impact spécifique aussi sur le problème de l’eau, est
celui des changements climatiques, prouvés scientifiquement. Par rapport à
ce thème, alors qu’on intervient dans l’hémisphère Nord, dans le Sud on omet
d’intervenir et cela cause de véritables désastres ».
D.: “Quel avenir aura l’Afrique?”.
R.: “L’Afrique devient la décharge de l’humanité. Les responsabilités de
l’homme et des politiques qui sont mises en avant sont importantes. La
pollution des nappes phréatiques en Afrique est un fait très sérieux, ainsi
que des centaines et centaines d’agglomérations, comme c’est le cas à Mukuru,
qui est en substance une véritable décharge à ciel ouvert, où vivent dans
une agglomération 600/700.000 personnes, une densité de population anormale
; si à cela on ajoute le manque d’eau, on peut facilement comprendre ce
qu’est la vie de ces hommes et de ces femmes ».
D.: Qu’est-ce qui doit changer dans la société occidentale pour qu’on
affronte sérieusement ces problèmes?
R.: “Le défi est avant tout culturel, et donc aussi spirituel. Du reste,
dans ce village général, qu’est aujourd’hui le monde, même dans l’hémisphère
Nord nous ne sommes plus personne, mais nous sommes des consommateurs. Le
changement est possible seulement s’il y a une culture, et donc aussi une
information. Souvent je rappelle ce que disait le Père Balducci : nous
vivons à une époque planétaire avec une conscience néolithique. Nous devons
toujours nous rappeler que les changements qui sont arrivés ces cinquante
dernières années sont largement supérieurs à ceux arrivés dans le dernier
million d’années. Nous avons tous, par rapport aux problèmes du monde, une
grande responsabilité : si aujourd’hui le monde est parcouru par des
demi-vérités, ou souvent des mensonges, sur tel ou tel problème, c’est aussi
parce que souvent nous sommes silencieux. Il me vient à l’esprit ce que
disait un grand pacifiste que j’ai toujours admiré, Martin Luther King. Il a
dit une fois une phrase qui est restée dans ma mémoire : «
je n’ai pas peur de la méchanceté des mauvais, mais
du silence de ceux qui sont honnêtes ». Je pense que seule la
spiritualité, au sens augustinien, et donc une spiritualité qui devienne
action, peut sauver le monde que nous vivons ».
L’eau contaminée, on en meurt.
Il y a en ce moment en Angola une épidémie de choléra, qui a causé – sur la
base des données du bureau angolais de l’Organisation mondiale de la santé –
203 décès et 5.700 contaminés. Depuis le 13 février 2006, il y a eu 3.000
morts.
Le choléra, avec la malaria (en tant qu’elle favorise la prolifération du
moustique anophèle), la diarrhée, la dysenterie bacillaire et anémique, le
typhus, la salmonellose, la giardase, la schistosomiase, le trachoma, ou le
ver de Guinée, font partie des maladies causées par le manque d’eau – ou par
les eaux polluées – et donc de services d’hygiène, qui provoquent la
souffrance et la mort de millions et millions d’enfants dans les pays à bas
revenu. Ces maladies affectent 400 millions d’enfants d’âge scolaire chaque
année.
La seule diarrhée – un banal malaise transitoire, pour celui qui a
facilement accès aux médicaments et aux soins pédiatriques – tue chaque
année 1,8 millions d’enfants dans l’hémisphère Sud. Dans les entités moins
développées, un enfant a en moyenne 4 à 5 accès de dysenterie par ans, qui
s’il manque de soins adaptés peut conduire à une déshydratation mortelle, et
qui laisse de toute façon des traces parfois physiques indélébiles. Par
exemple, les crises diarrhéiques récurrentes affaiblissent le système
immunitaire de l’enfant, l’exposant à un risque élevé de mortalité pour
maladies « opportunistes », comme les infections de l’appareil respiratoire.
Les parasites intestinaux soustraient de la nourriture à l’organisme,
aggravant l’état latent de malnutrition et ralentissant le développement et
les capacités d’apprentissage de l’enfant. Encore plus grave est le danger
d’infection qui se cache dans les lieux où toute la population d’une
communauté se rend pour déféquer ou jeter des déchets organiques, quand
manquent les infrastructures telles que les cabinets de toilette, les égouts
et les décharges. Aux dommages provoqués par les agents pathogènes naturels,
s’ajoutent, de plus en plus nombreux, ceux liés à la pollution des sources
et des bassins aquifères, par la main de l’homme.
"Les maladies liées à la consommation d’eau contaminée tuent un enfant
tous les quinze secondes, et sont à l’origine dans le monde entier de
nombreuses autres maladies et de la malnutrition », a déclaré récemment
à New York le Directeur général de l’UNICEF Ann M. Veneman : « Il faut
des solutions à la crise hydrique mondiale qui assurent la survie des
enfants, en leur permettant de grandir, d’apprendre et de vivre avec dignité
».
Les besoins sociaux fondamentaux comme l’instruction sont intimement liés à
l’eau propre et à l’hygiène : les maladies causées par l’eau diminuent les
énergies des enfants et leurs capacités à apprendre. Chaque jour, un grand
nombre d’enfants dans les pays en voie de développement ne fréquente pas
l’école à cause de maladies comme la diarrhée et les parasites intestinaux.
On estime que chaque année, dans le monde entier, les jours d’absence au
travail ou à l’école se traduisent par une perte de productivité égale à
environ 63 milliards de dollars.
L’OMS estime que chaque année on pourrait sauver 1,6 millions de vies, en
fournissant l’accès sûr à l’eau potable, à la santé, à l’hygiène. On estime
(donnée UNICEF) que la seule diarrhée tue chaque année 1,8 millions
d’enfants dans l’hémisphère Sud. L’eau infectée et stagnante est aussi un
moyen de transmission de maladies mortelles : le choléra, la malaria et les
infections intestinales d’origine parasitaire, qui affectent 400 millions
d’enfants en âge scolaire chaque année.
« Toutes les maladies véhiculées par l’eau infectée et par le manque de
services hygiéniques pourraient être prévenues – comme on le lit sur le site
Internet de l’UNICEF – si seulement la communauté internationale acceptait
d’étendre à tous les habitants de la planète le droit élémentaire à l’eau et
à l’hygiène et d’investir à cette fin les fonds nécessaires ».
“Si seulement la communauté internationale acceptait d’étendre...” :
cette accusation péremptoire adressée à la communauté internationale par un
organisme international donne un peu la chair de poule.
Pourquoi la communauté internationale n’accepte pas d’étendre et
n’investit pas les fonds nécessaires, a-t-on envie de crier ?
Pourquoi la communauté internationale consent qu’un patrimoine universel
comme l’eau – largement suffisant pour les exigences de toute la planète –
soit soustrait à la disponibilité de milliards de personnes et ne soit pas
partagé ? Selon certaines estimations le business mondial de l’eau
équivaut à presque la moitié de l’économie liée au pétrole. Un chiffre
d’affaires grand, très grand. Est-ce aux multinationales du secteur –
finirait-on par se demander – de conditionner les choix des gouvernements ?
(D.Q.)
Sources: Agence Missionnaire- www.vatican.va -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.08.2007 - BENOÎT XVI -
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