Homélie de Mgr Fouad Twal, patriarche
de Jérusalem, aux jeunes pèlerins français à Bethléem |
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Le 31 juillet 2009 -
(E.S.M.)
- Le grand départ approche pour les 2000 étudiants français partis suivre
le pèlerinage « Aux sources - Terre sainte 2009 » lancé à
l'instigation de la Conférence des évêques de France.
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Homélie de Mgr Fouad Twal, patriarche
de Jérusalem, aux jeunes pèlerins français à Bethléem
Pèlerinage des jeunes en Terre sainte : après dix jours de marche,
l'aventure se termine... Une aventure humaine et spirituelle intense..
Le 31 juillet 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le grand départ approche pour les 2000 étudiants français partis suivre
le pèlerinage « Aux sources - Terre sainte 2009 » lancé à
l'instigation de la Conférence des évêques de France.
Après dix jours de marche, l'aventure se termine. Tous s'apprêtent à
retrouver leur famille entre aujourd'hui et demain. Entre temps, ils auront
vécu une aventure humaine et spirituelle intense jalonnée de moments forts :
- la marche dans le désert du Néguev,
- le bivouac au bord du lac de Tibériade,
- l'accueil et la nuit dans des familles de Galilée,
- les colloques à l'université de Bethléem et au Palais des Nations de
Jérusalem.
- Et toutes les visites effectuées par groupe pendant la durée du
pèlerinage.
L'avant-dernier soir marquera durablement les esprits. La célébration de la
Passion sous la demie lune et les oliviers de Gethsémani restera l'un des
temps forts du pèlerinage. De même la messe de la Résurrection le lendemain
matin présidée par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et
président de la Conférence des évêques de France.
En ce dernier jour (ou avant-dernier selon les diocèses)
en communauté, les pèlerins profitent coûte que coûte des dernières heures
avant le départ pour visiter la ville trois fois sainte. Sous un soleil de
plomb, ils cheminent dans les ruelles de Jérusalem, drapés du chèche bleu
ciel qui les distinguent dans toute la ville et qui permet de les aviser de
loin. On les entend chantonner doucement l'hymne du pèlerinage « Allons à la
source » malgré la fatigue accumulée.
Puissent-ils se souvenir longtemps de toutes les émotions vécues ensemble !
(eglise.catholique)
Homélie de Mgr Fouad Twal, patriarche de
Jérusalem aux jeunes pèlerins français à Bethléem
Très chers jeunes,
Au nom de l'Assemblée des Ordinaires Catholique, de toute la communauté
chrétienne de Terre sainte, et spécialement de tous nos jeunes, je vous
souhaite la bienvenue.
Vous êtes nos mages modernes venus de France à la recherche du Petit Roi, à
travers les villes divisées, par-delà les murs que les hommes ont érigés
contre les hommes et au milieu des espoirs qui ne sont pas encore éteints
dans nos cœurs. Il est tellement petit, ce Roi, qu'il nous faut un effort
supplémentaire pour pouvoir Le trouver, parmi le fracas de la violence et
des heurts dont résonne cette Terre sanctifiée par Sa naissance, Sa vie, Sa
mort et Sa résurrection. L'Enfant divin de Bethléem vous souhaite la
bienvenue ; Il aime voir d'autres jeunes autour de Lui : jeunes pleins de
vitalité, de joie de vivre et non de mourir.
Nous sommes réunis ce soir pour contempler ensemble le mystère de
l'Incarnation. Le thème de votre journée est justement : "Nos yeux ont
contemplé le Verbe de Vie".
1. Le mystère de Noël
Dans l'évangile qui vient d'être proclamé, nous avons entendu saint Jean
énoncer cet immense mystère : "Et le Verbe s'est fait chair." Avez-vous
remarqué comme ce verset est court? Quelques mots seulement. Quelques mots
pour tâcher d'exprimer l'inexprimable.
"Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils." "Et le Verbe s'est
fait chair." Quand on rapproche ces deux versets de saint Jean, on voit bien
que c'est l'Amour seul, qui a poussé Dieu à s'unir à l'Homme ; c'est l'Amour
qui nous a donné le Seigneur Jésus, Dieu fait Homme. Et c'est un amour
exigeant : pour Lui - puisqu'il l'a conduit jusqu'à la mort - comme pour
nous - puisque nous sommes appelés à l'imiter. L'Amour seul peut accomplir
l'impossible.
Noël est un événement d'une simplicité divine. Que nous est-il demandé en
effet? Simplement de nous émerveiller devant un nouveau-né, d'être simples
dans nos rapports avec Lui et entre nous, pleinement confiants dans la
Providence qui ne manquera jamais son rendez-vous avec les hommes de bonne
volonté.
Le petit enfant Jésus, couché dans la mangeoire, nous introduit dans un
autre aspect du mystère de Noël : l'Innocence. Dans le langage courant, le
mot innocence a au moins trois significations. Il désigne l'état de celui
qui subit injustement un mal ou une injustice ; il désigne également la
vulnérabilité, l'incapacité à se défendre ; il désigne enfin le fait de ne
pas nuire, de ne pas faire de mal à autrui. Quel que soit le sens que l'on
donne au mot, on peut dire que Jésus est le parfait Innocent. Et cela éclate
à la crèche : petit bébé, il est vulnérable et sans défense ; refusé à
l'hôtellerie, il sera rejeté et subira toutes sortes de maux de la main des
hommes, jusqu'à la mort sur la croix ; enfant sans voix, il ne nuit à
personne ; agneau sans tache, il n'a pas de péché. C'est ce qu'attestera le
bon Larron sur la croix : "Pour nous, c'est juste : après ce que nous avons
fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal"
(Lc
23, 41). Non seulement Jésus, l'Innocent, n'a jamais commis le mal, mais il
est venu pour nous faire du bien, et le plus grand Bien qui soit : nous
aimer, nous guérir, nous sauver! et nous donner la vie. Noël : innocence,
émerveillement, enfance, joie, paix, confiance.
La Nativité, comme toute la vie du Christ, nous révèle que la puissance de
Dieu ne ressemble pas à la puissance des hommes. Trop souvent, nous, les
hommes, nous utilisons notre puissance pour nous affirmer face aux autres,
voire pour opprimer, écraser et dominer les autres. Notre Terre Sainte,
hélas, ne souffre que trop de cette logique... Mais chez le Bon Dieu, le
comble de la puissance consiste à se faire faible et petit. A Noël, le Dieu
éternel et tout-puissant descend pour être avec nous, au milieu de nous,
comme nous. Saint Paul le dira : "La puissance de Dieu se déploie dans la
faiblesse" (2 Co 12, 9). Dans la faiblesse des hommes, bien sûr, mais aussi
dans la faiblesse dont Dieu lui-même se revêt. Ce faisant, Il vient nous
montrer que nous n'avons aucune raison d'avoir peur de lui ; il nous révèle
également que la clé d'une existence réussie, le secret d'une vie sainte,
c'est l'humilité, le service, le don de soi par amour. "Le Fils de l'homme
n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie"
(Mc 10,
45). C'est d'ailleurs une des caractéristiques de la jeunesse : cette
générosité à se mettre au service des autres vous pousse souvent, vous les
jeunes, à partir aux quatre coins du monde pour aider, servir et aimer ceux
qui sont dans le besoin.
Annoncer la bonne nouvelle de Noël. Peut-être certains d'entre vous
étaient-ils présents lorsque le pape Benoît XVI, est venu vous visiter en
France, en septembre 2008. Je fais miennes les paroles que le Saint-Père
vous a adressées à vous, les jeunes. Il vous a dit notamment : "Il est
urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur
vos lieux d'études, de travail ou de loisirs. N'ayez pas peur ! Ayez le
courage de vivre l'évangile et l'audace de le proclamer" ; et encore :
"Portez la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge (...) Témoignez de Dieu,
car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté
catholique en vertu de votre baptême et en raison de la commune profession
de foi. L'Église vous fait confiance, je tiens à vous le dire !" (Adresse de
Benoît XVI aux jeunes sur le parvis de Notre-Dame de Paris, 12 septembre
2008).
En rentrant chez vous après ce pèlerinage, n'ayez pas peur d'annoncer cette
Bonne Nouvelle d'un Dieu fou d'amour pour les hommes, d'un Dieu Innocent,
d'un Dieu qui est allé jusqu'à se faire petit bébé dans une mangeoire, d'un
Dieu qui a voulu être dépendant de nous, d'un Dieu qui a mis son corps entre
nos mains, d'un Dieu que vous avez rencontré personnellement lors de ce
pèlerinage, d'un Dieu qui vous a accueillis dans sa ville natale.
2. Les jeunes de France à la rencontre des jeunes de Terre Sainte
Chers jeunes de France, au cours de votre pèlerinage, vous avez pu
rencontrer des jeunes chrétiens de Terre Sainte. Lors de votre week-end en
Galilée, vous avez été accueillis dans les paroisses latines, melkites et
maronites. Je suis sûr que vous n'oublierez pas de sitôt, cette expérience.
Vous avez pu ainsi être témoins de la vitalité de l'Eglise de Terre Sainte ;
vous avez pu prier, manger, échanger et nouer des contacts avec les pierres
vivantes, qui constituent notre Eglise, notamment les jeunes, notre trésor
le plus précieux. Je vous encourage à consolider et à nourrir les liens que
vous avez tissés : En priant les uns pour les autres, en vous encourageant
les uns les autres à vivre en disciples du Christ, en vous visitant les uns
les autres. L'Eglise est un corps vivant, elle est constituée de frères et
sœurs du Christ, tous fils et filles d'un même Père. L'Eglise est une
famille, la famille de Dieu. Vivez donc en frères et sœurs!
Vous, jeunes de France, je vous demande de prier pour les jeunes de Terre
Sainte. Même en peu de jours, vous avez pu percevoir quel défi permanent,
constitue le fait d'être chrétien sur cette terre :
• Vous connaissez bien sûr, le conflit qui ensanglante et divise la Terre
Sainte depuis plus de soixante ans. Vous avez suivi à la télévision le drame
de la guerre à Gaza. Hélas, certains dirigeants politiques ont peur de la
paix plus que de la guerre et jouent à gérer le conflit au lieu de le
résoudre. Oui, ils jouent... Drôle de jeu, en vérité !Prions aussi pour les
dirigeants politiques, qui ont en main le sort des peuples.
• Vous savez que la situation économique, en Palestine surtout, est très
préoccupante ;
• Vous avez compris, lors de vos rencontres avec des représentants du
judaïsme et de l'islam, que la coexistence interreligieuse constitue ici un
enjeu majeur ;
• Vous avez entendu parler de l'hémorragie de l'émigration, qui touche
surtout nos jeunes ;
• Vous savez que les chrétiens ne sont ici qu'une infime minorité, mais
qu'ils croient encore à la paix et à la justice ;
• Vous savez que nos jeunes n'auront pas la joie de vous rendre la visite
que vous leur avez faite. Ils devront se contenter de vous voir partir les
larmes aux yeux. Nos larmes... Tout pourra nous manquer sauf les larmes, qui
désormais se mêlent à toutes nos joies, nos peurs et nos espoirs.
Priez pour nos jeunes. Mais aussi, offrez-leur votre amitié! Encouragez-les
à être fidèles à leur vocation : témoigner du Christ sur la terre de
l'Incarnation!
D'un autre côté, vous avez certainement eu l'occasion de découvrir la beauté
et les richesses de la jeunesse chrétienne de Terre Sainte :
• Nos jeunes sont fiers d'être les descendants de la première Eglise de
Jérusalem, fiers de la richesse et de la diversité de leurs rites et
traditions ;
• Nos jeunes reçoivent une éducation de qualité dans nos écoles et
université chrétiennes : nombreux sont ceux qui font de grandes études et
dont le niveau est reconnu ;
• Nos jeunes sont les dignes ambassadeurs de la culture arabe chrétienne :
je suis persuadé que vous avez été touchés par l'accueil et l'hospitalité
qu'ils vous ont offerts dans les paroisses de Galilée ;
• Comme tous les chrétiens de Terre Sainte, nos jeunes témoignent d'un amour
spontané pour la vie, l'amitié et la famille ;
• Vous savez peut-être que notre Séminaire à Beit Jala est rempli de jeunes
: malgré toutes nos difficultés, nombreux sont les garçons qui se sentent
appelés à devenir prêtres à la suite du Christ. A tel point que nous devons
agrandir le séminaire.
On pourrait citer encore bien d'autres richesses de la jeunesse chrétienne
de Terre Sainte... Elle est notre espérance et notre avenir, comme vous êtes
l'espérance et l'avenir de l'Eglise de France. L'Eglise et le monde ont
besoin de jeunes chrétiens, joyeux, authentiques, fraternels, généreux,
libres, responsables et courageux. La vie avec le Christ est la plus belle
aventure qui existe! Elle vaut la peine de s'y consacrer pleinement!
3. La beauté de l'Eglise Mère
Elle est belle, l'Eglise Mère de Jérusalem qui vous accueille avec vos
prêtres, vos évêques et vos familles qui vous accompagnent de près ou de
loin. Elle est belle, cette Eglise Mère, que j'ose appeler quelquefois
"Eglise Grand-mère"! Elle est en même temps la plus ancienne, la plus belle
et la plus compliquée, mais elle sait se faire aimer de tous.
Tous les croyants du monde viennent sur cette terre pour prier et se
ressourcer : juifs, chrétiens et musulmans. Tous les croyants y viennent
aussi pour se disputer, et jusqu'aujourd'hui, pas moyen de les mettre
d'accord... Dans la vie, il y a des amours qui tuent, et un certain amour
pour la Terre Sainte peut tuer. Avant nous déjà, le Maître a tellement aimé
cette Eglise, Il a tellement fait pour ressembler ses enfants - tous ses
enfants : juifs, chrétiens et musulmans - mais même ses larmes n'ont pas pu
faire que son désir d'unité se réalise. Et nous continuons de rêver et
d'espérer que nos rêves se réaliseront un jour, et nous continuons de prier
et de croire que l'harmonie entre les peuples est possible, que la justice,
la paix et la sécurité pour tous, sont possibles.
Chers jeunes, avec vous aujourd'hui, notre Eglise revêt de nouveau une
dimension mondiale, universelle : nous savons en effet que cette Terre
Sainte ne peut être le monopole de personne. Tous les croyants dans le Dieu
unique y sont nés, et plus d'une centaine de nationalités se rencontrent
dans ses murs.
Avec vous, notre Eglise se révèle également comme l'Eglise mère œcuménique
par excellence, réunissant en son sein tous les rites et toutes les
confessions. En elle, il y a de la place pour tout le monde, car c'est pour
tous les hommes et tous les peuples ,que le Seigneur est né à Bethléem,
qu'Il est mort et ressuscité à Jérusalem.
Très chers jeunes de France, l'Eglise de Jérusalem vous accueille avec joie,
et les centaines de communautés religieuses, qui font notre richesse et
notre fierté, en redonnant à cette Terre sa dimension spirituelle, vous
assurent de leur prière et de leur affection. Que le Bon Dieu vous bénisse
et vous garde. Amen.
+ Fouad Twal, Patriarche
Bethléem, 27 juillet 2009
Sources : lpj
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
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