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Père Lombardi: Benoît XVI, maître et témoin de la foi
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Le 30 décembre 2023 -
E.S.M.
- À un an de la disparition de notre très cher
Pape bavarois, le père Federico Lombardi, président de
la fondation Joseph-Ratzinger–Benoît-XVI, rend un
virulent hommage à son héritage théologique
inépuisable. Ne nous lassons pas de le lire et de le
relire !
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Benoît XVI -
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Père Lombardi: Benoît XVI, maître et témoin de la foi
Le 30 décembre 2023 -
E.S.M. -
À un an du départ au ciel de Benoît XVI, le sujet sur lequel il est
juste et naturel de réfléchir est son héritage. S'agit-il d'une
figure à confier en priorité aux maîtres de lecture du passé, ou
d'une figure qui continue à nous interroger tous, aujourd'hui,
précisément en cette période dramatique que nous vivons?
Qu'il soit
un maître de la foi ne fait aucun doute. Nous ne nous
lasserons pas de relire son
Introduction au christianisme et sa
Trilogie sur
Jésus de Nazareth les théologiens pourront puiser
longtemps dans ses Opera Omnia, continuant d'y trouver des
suggestions et des orientations pour leur réflexion et leur recherche.
Qu'il soit aussi un éminent témoin de la vie dans la foi - et de la foi
chrétienne en la vie éternelle - est également très clair pour ceux qui l'ont
écouté dans ses homélies et dans son magistère spirituel, ainsi que pour
ceux qui ont pu le connaître de près, en suivant son long cheminement
intérieur vers la rencontre avec Dieu.
Ce que je voudrais observer maintenant, c'est que J. Ratzinger continue
d'être un compagnon précieux pour ceux qui vivent avec participation et
passion les vicissitudes de la vie humaine et de l'histoire sur cette terre,
avec toutes les interrogations dramatiques qu'elles soulèvent aujourd'hui.
Raison éthique et rationalité de la foi
Nous ne pouvons pas cacher le fait que le chemin de notre monde, à bien
des égards, semble -et est- «hors de contrôle». La crise écologique,
l'émergence continue de risques et de développements dramatiques dans
l'utilisation de la technologie, la communication, les applications liées à
l'intelligence artificielle, et enfin les revendications de droits
contradictoires et le bouleversement de la coexistence internationale, avec
la prolifération de plus en plus menaçante des guerres... Comme l'a si bien
souligné le professeur Francesc Torralba en recevant le prix Ratzinger le 30
novembre dernier, Benoît XVI a abordé en profondeur les raisons de la crise
de notre époque et a proposé à la culture contemporaine, non pas de rejeter
la raison moderne, mais d'élargir ses horizons, en redonnant de l'espace à
la raison éthique et à la rationalité de la foi.
La perspective de J. Ratzinger, face aux échecs de la raison humaine, n'a
donc pas été de la nier ou de la limiter, mais de l'élargir, de l'inviter à
chercher courageusement à comprendre non seulement comment fonctionne le
monde, mais aussi pourquoi il existe et quelle est la place de l'homme dans
le cosmos et le sens de son aventure.
On ne peut nier que cette perspective, qui est en quelque sorte une
proposition de dialogue avec la culture contemporaine, a souvent été
accueillie froidement ou parfois rejetée. Le mathématicien Odifreddi, qui se
déclare athée et prend souvent des positions provocatrices, mais qui a
réellement essayé de dialoguer avec Ratzinger et qui a reçu de sa part une
attention extraordinaire et respectueuse dans les années qui ont suivi sa
démission, a qualifié le pontificat de Benoît XVI de «tragique»
précisément à cause de cet aspect: sa proposition culturelle et son
ouverture d'une part, et l'absence de réponse de la part des «hommes de
culture» d'autre part. Personnellement, je ne suis pas d'accord, car je
pense que Benoît XVI n'était pas naïf au point de s'attendre à une réponse
favorable rapide.
Dialogue entre la culture moderne et la foi
Au contraire, je considère que la proposition de Benoît XVI est
clairvoyante, qu'elle conserve toute sa validité et qu'elle représente
également pour l'avenir une voie royale pour le dialogue entre la science et
la foi, et plus généralement entre la culture moderne et la foi, sur la base
d'une confiance profonde dans la raison humaine. Mieux encore, qu'elle soit
un axe pour l'engagement chrétien dans le monde contemporain, qui ne peut
échapper à l'effort de réflexion sur les causes des problèmes et à la
recherche d'un consensus fondé sur la vérité, et non sur la convergence
précaire et contingente d'intérêts et d'utilités.
Dans la vision chrétienne de Benoît XVI, l'élargissement de la raison
s'étend à la logique de l'amour, qui s'exprime dans la logique de la
gratuité et se traduit par la fraternité, la solidarité et la
réconciliation. La vérité et l'amour se manifestent pleinement dans
l'incarnation du Logos, le Verbe de Dieu.
Deus Caritas Est,
Caritas in Veritate,
Laudato Si,
Fratelli tutti ... Les grands mots des deux derniers pontificats se succèdent avec continuité
et cohérence. L'engagement de l'Église et des chrétiens et leur
responsabilité dans le destin de l'histoire humaine dans le monde requièrent
à la fois la raison et l'amour, unis dans la lumière offerte par la foi. Les
gestes concrets de charité, auxquels François nous appelle continuellement,
demandent à être insérés dans le cadre lumineux et cohérent de la vision de
l'Église comme communion, en marche à notre époque vers la rencontre avec
Dieu.
La force positive de Vatican II émerge lentement
Parlant du Concile Vatican II dans une lettre -importante et surprenante
pour moi- écrite trois mois avant sa mort à l'occasion d'un Symposium
organisé par la Fondation Ratzinger avec l'Université Franciscaine de
Steubenville, J. Ratzinger affirmait avec détermination que le Concile
s'était avéré « non seulement sensé, mais nécessaire » et poursuivait:
« Pour la première fois, la question d'une théologie des religions est
apparue dans sa radicalité. Il en va de même pour le problème de la
relation de la foi avec le monde de la raison pure. Ces deux questions
n'avaient pas été prévues ». Ainsi, au départ, il semblait que le Concile
menaçait l'Église, mais « entre-temps, la nécessité de reformuler la
question de la nature et de la mission de l'Église devient progressivement
évidente. C'est ainsi que la force positive du Concile émerge lentement...
Avec Vatican II, la question de l'Église dans le monde est finalement
devenue centrale ».
Le dernier Pape à avoir participé à l'ensemble du Concile et à l'avoir
vécu de l'intérieur nous laisse ainsi un témoignage de sa pertinence durable
et nous encourage à continuer à en développer les germes et les conséquences
sans crainte, en reformulant la mission même de l'Église dans le monde, en
engageant la raison et la foi à travailler ensemble pour le bien et le salut
de l'humanité et du monde. Le regard se tourne vers l'avenir avec espérance.
Le service de Benoît XVI se poursuit dans le mouvement plus profond de
l'Église du Seigneur, sous la conduite de François et de ses successeurs.
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Sources
: vaticannews
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.12.2023
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