Cardinal Vingt-Trois, l'Hymne à l’Espérance du
pape Benoît XVI |
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Paris, le 30 novembre 2007 -
(E.S.M.) - Benoît XVI développe sa
présentation de l’espérance en affirmant ce contenu historique de la
promesse du bonheur face au tragique de la condition humaine confrontée
à la souffrance et à la mort et aux efforts des philosophes pour dégager
une réponse devant l’inéluctable.
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Le pape Benoît XVI et le
cardinal Vingt-Trois -
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Cardinal Vingt-Trois, l'Hymne à l’Espérance du pape Benoît XVI
La nouvelle encyclique de Benoît XVI «
Spe Salvi », «
Sauvés par l’Espérance », sortira en librairie mercredi 5 décembre en co-édition Bayard, Cerf, Fleurus-Mame.
Le Cardinal André Vingt-Trois en a
rédigé la préface.
Hymne à l’Espérance du pape Benoît XVI
La deuxième encyclique du Pape Benoît XVI est
une hymne à l’espérance. Elle vient rejoindre l’humanité de notre temps dans
ses attentes comme dans ses déceptions, et même ses désespoirs. La lecture
attentive de ce très beau texte aidera sans doute les chrétiens à retrouver
le sens profond de l’espérance qui leur est offerte. Plus largement, elle
ouvrira une brèche dans la chape de plomb sous laquelle tant d’hommes et de
femmes de notre temps se sentent écrasés sans recours. Il est si facile de
voir ce qui ne va pas, d’analyser ce qui se défait dans nos sociétés et chez
les autres.
L’espérance n’est pas seulement une tournure d’esprit ou une attitude, ce
que nous nommons habituellement « optimisme » et qui ne va pas sans une
certaine note de naïveté et d’aveuglement. Telle n’est pas l’espérance
chrétienne : elle, elle est le fruit de la Promesse réalisée par la mort et
la résurrection du Christ. Loin de s’illusionner sur la réalité, l’espérance
chrétienne est l’affirmation d’une certitude quant au bonheur auquel Dieu
nous appelle et qu’il nous donne déjà de connaître à travers les épreuves de
ce temps et jusqu’à la mort incluse.
C’est pourquoi ce qui définit l’espérance chrétienne n’est pas seulement une
manière de penser. C’est plutôt le contenu d’un message historiquement connu
: l’amour de Dieu est plus fort que la mort. Historiquement, il a été plus
fort que la mort en la personne de Jésus de Nazareth. Historiquement, il a
été plus fort que la mort à travers la vie des générations de chrétiens
depuis deux mille ans. Aujourd’hui encore il est plus fort que la mort pour
quiconque veut bien accueillir la Bonne Nouvelle de la Promesse.
Benoît XVI développe sa présentation de l’espérance en affirmant ce contenu
historique de la promesse du bonheur face au tragique de la condition
humaine confrontée à la souffrance et à la mort et aux efforts des
philosophes pour dégager une réponse devant l’inéluctable. Comment
l’espérance chrétienne apporte-t-elle un signal original dans ce concert
universel ? Comment nous indique-t-elle un chemin de confiance ? Le
sacrifice du Christ et l’envoi en mission de l’Église nous donnent-ils autre
chose qu’une illusion supplémentaire ? Plus simplement et plus radicalement
encore, le Pape demande non sans audace : « La foi chrétienne est-elle aussi
pour nous aujourd’hui une espérance qui transforme et soutient notre vie ? »
(n. 10)
Pour répondre à ces questions, Benoît XVI ouvre le dialogue avec les
ressources humaines de l’espérance : la raison et la liberté. L’humanité
contemporaine a développé différents systèmes pour donner corps à la
conviction que le salut de l’homme n’est plus à attendre du ciel. Désormais,
c’est l’humanité elle-même qui est vue comme l’artisan de son salut. Telle
est la nouvelle croyance qui s’est répandue à partir de la mise en œuvre
radicale des potentialités de la raison. Ainsi, dans les deux derniers
siècles, s’est développée une promesse de salut par la science et le progrès
qui relègue dans les affabulations les promesses d’un salut à venir.
Le travail de la raison qui a généré le développement scientifique a donné
des fruits magnifiques, c’est vrai. Le Pape le souligne : nos générations en
sont les bénéficiaires. Mais nous oublions trop facilement les ombres de ce
tableau. Ces fruits ne sont pas encore équitablement partagés à travers le
monde, loin s’en faut. Ils ne sont pas non plus tous bénéfiques. L’histoire
moderne nous a appris qu’ils pouvaient être facteurs de mort autant que de
vie. Benoît XVI n’hésite pas à nourrir sa réflexion de ce que la
philosophie, notamment allemande, a pu mettre au jour dans les décennies de
la fin du XXème siècle quant à l’ambiguïté du progrès. Enfin, il vaut la
peine de se demander si la liberté profonde des êtres humains a progressé au
rythme des réalisations techniques et des emballements qu’elles suscitent.
Devant les injustices croissantes d’un monde industrialisé au prix de la
souffrance d’une multitude asservie aux conditions inhumaines de la
production, certains, dont Marx est le plus connu, ont tenté d’élaborer un
moyen de salut pour tous à partir de la révolution sociale. Érigé en
véritable religion nouvelle, le matérialisme scientifique a sans doute été
moins fidèle à la raison qu’il le promettait. Il a surtout généré un
asservissement des personnes à des dictatures sanglantes dont toutes ne sont
pas encore épuisées. Finalement ce messianisme politique n’a servi ni la
raison ni la liberté.
L’espérance chrétienne, elle, interprète l’histoire humaine en la soumettant
à la lumière d’une réalité qui dépasse notre propre expérience : la réalité
de Dieu. Peut-il y avoir une véritable intelligence de l’histoire sans se
référer à une transcendance qui « est le fondement et le but de notre
liberté. » (n° 23)
? Cette référence, c’est l’absolu de l’amour qui nous est manifesté dans le
don que Jésus fait de sa vie. Avec lui, c’est la transcendance absolue qui
devient une réalité immanente à notre monde. Croire en lui, ce n’est pas
fuir les contraintes de l’histoire humaine, c’est s’y immerger totalement
dans le don de soi-même.
L’espérance chrétienne, c’est l’appel le plus fort à l’exercice de notre
responsabilité humaine, à notre intelligence et à notre liberté. De cette
responsabilité nous aurons à rendre compte devant Dieu : ce sera le jugement
exercé sur notre engagement dans le service de l’amour. L’annonce de ce
jugement n’est pas une menace mais une nouvelle espérance : Dieu nous prend
assez au sérieux pour croire à notre liberté et à notre responsabilité.
Puisque l’espérance chrétienne renforce notre confiance dans l’amour de
Dieu, elle nous pousse à nous impliquer davantage dans la réalité de notre
temps présent. Elle nous conduit à prier avec confiance, non seulement pour
nous-mêmes, mais encore pour tous les hommes soumis aux tribulations et aux
souffrances de ce monde. Elle nous incite à agir résolument pour transformer
ce monde et y faire progresser les exigences de la justice et de la paix,
sans lesquelles l’annonce du bonheur promis ne saurait être crédible. Cet
engagement au service de nos frères à la suite du Christ nous encourage
aussi à assumer la souffrance dans notre vie, assumer notre souffrance en
communion avec la souffrance du Christ.
« Nous avons besoin des espérances - des plus
petites et des plus grandes - qui, au jour le jour, nous maintiennent en
chemin. Mais sans la grande espérance, qui doit dépasser tout le reste,
elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu seul,
qui embrasse l’univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que,
seuls, nous ne pouvons atteindre. »
(n° 31)
Cardinal André VINGT-TROIS Archevêque de
Paris Président de la Conférence des Evêques de France
Le cardinal André Vingt-Trois a présenté, cet après midi, à la presse cette encyclique
publiée deux jours avant l’entrée dans le temps liturgique de l’Avent. « Ce
temps est celui de la préparation, de l’attente et de l’espérance.
L’encyclique nous offre des indications sur la manière de vivre l’Avent ».
Il a souligné la dimension très personnelle de ce texte qui, à partir d’une
approche très simple et proche de l’expérience humaine, développe une
réflexion qui s’approfondit et intègre les approches philosophiques,
politiques, historiques.
Il a appelé les communautés chrétiennes à lire ce texte. « Elles pourraient
être pour cela accompagnées par des pédagogues pour une lecture accessible à
tous ».
Il a évoqué la possibilité d’en faire une lecture « professionnelle » : «
Les éducateurs, par exemple, pourraient travailler sur la partie traitant de
l’aspiration de l’homme au bonheur comme élément de pédagogie ».
Interrogé sur la manière pour les catholiques d’être signes d’espérance dans
la société française, il a évoqué la figure et l’histoire d’Edith Stein. «
Être chrétien, c’est se tenir debout devant Dieu,
devant la vie en acceptant les épreuves, les accidents, la mort. Si nous
vivons de l’amour, rien de tout cela ne pourra nous détruire. Nous ne sommes
pas anéantis car nous savons en quoi nous avons mis notre espérance
».
L'Encyclique
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Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.11.2007 - BENOÎT XVI
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