Le Motu Proprio de Benoît XVI ne concerne pas que
l'ancienne liturgie |
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Le 30 novembre 2007 -
(E.S.M.) - En demandant avec instance que la
messe soit célébrée "en conformité avec les prescription du Missel
actuel", le pape Benoît XVI ne montre-t-il pas très clairement que le
Motu proprio ne s'adresse pas qu'aux fidèles attachés à la forme
"extraordinaire" de la liturgie mais aussi à tous les prêtres qui se
disent attachés à l'enseignement de Vatican II ?
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Le
"double usage de l'unique et même rite" -
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Le Motu Proprio de Benoît XVI ne concerne pas que l'ancienne liturgie
Ceux qui analysent le
Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, qu'ils
lui soient favorables ou qu'ils lui soient défavorables, ne retiennent
généralement qu'un seul aspect de l'enseignement contenu dans ce document
magistériel: celui qui concerne la forme "extraordinaire" du rite romain et
l'autorisation donnée de pouvoir célébrer l'Eucharistie selon l'Ordo missae
du Bienheureux Jean XXIII. Cette lecture est très insuffisante. Le document
magistériel n'aborde pas "que" la question de la forme "tridentine" de la
liturgie; il aborde "aussi" la question de la forme actuelle de la messe, ce
qu'oublient de souligner bien des fidèles, bien des prêtres, et bien des
évêques!
Reprenons certains termes du Motu proprio qui concernent directement la
liturgie actuelle :
"Parmi les livres liturgiques du rite romain, la première place revient
évidemment au Missel romain", écrit Benoît XVI qui utilise ici un singulier
- "le Missel romain" (missale-romanum)
- pour bien montrer la continuité dans les différentes éditions du Missel
qui se sont succédées au cours des siècles. Et si le pape dit que la
première place doit revenir au Missel romain, cela signifie aussi qu'il faut
mettre hors des sacristies, des églises et des autels les livrets
d'animation liturgique qui ne sont en aucun cas l'équivalent de ce Missel,
le seul ouvrage qui fait autorité en liturgique. (Présentation générale du Missel Romain)
Puis Benoît XVI indique que "le Concile Vatican II exprima le désir que
l'observance et le respect dus au culte divin soient de nouveau réformés et
adaptés aux nécessités de notre temps." Nous lisons bien: "observance et
respect". Que de travail à faire dans ce domaine-là dans nos paroisses où si
peu "observent" et si peu "respectent"!
Le Motu proprio poursuit : "le Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970
des livres liturgiques restaurés et partiellement rénovés de l'Eglise
latine; ceux-ci, traduits partout dans le monde en de nombreuses langues
modernes, ont été accueillis avec plaisir par les Évêques comme par les
prêtres et les fidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type du
Missel romain. Ainsi, les Pontifes romains se sont employés à ce que "cet
édifice liturgique, pour ainsi dire, apparaisse de nouveau dans la splendeur
de sa dignité et de son harmonie" (...)". Les livres liturgiques
ont été officiellement, approuvés, reconnus, accueillis et ils ont permis
que la liturgie soit à nouveau splendide et digne, écrit le Saint-Père.
Ainsi, ce qui a enlaidi la liturgie actuelle, ce n'est pas l'usage des
livres restaurés à la suite de Vatican II, mais le fait que de nombreux
célébrants ont organisé des messes qui ne tenaient pas compte de ces livres.
Autrement dit, s'il y a crise liturgique, la faute n'incombe ni au Concile,
ni au missel romain qui en est issu, mais bien à certains clercs et aussi à
certains fidèles laïcs - quel que soit le "bord" duquel ils se réclament -
qui se trompent de cible en attaquant systématiquement Vatican II.
Le pape Benoît XVI poursuit: "le Missel romain promulgué par Paul VI est
l'expression ordinaire de la lex orandi
(la
règle de ce qu’il faut dire dans la prière) de
l'Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V
et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l'expression
extraordinaire de la même lex orandi de l'Église et être honoré en
raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la lex
orandi de l'Église n'induisent aucune division de la lex credendi
(la règle de ce qu’il faut
croire)
de l'Église; ce sont en effet deux mises en oeuvre de l'unique rite
romain." Il faut bien lire ce passage capital qui ruine complètement les
propos et les arguments que l'on trouve aussi bien sous la plume de certains
"traditionalistes" qui refusent Vatican II que sous celle de ceux qui se
réclament du Concile pour le déformer sans vergogne. Ce que dit très
exactement le pape ici, c'est que quelle que soit l'expression liturgique
employée pour célébrer l'Eucharistie, il n'y a aucun
risque d'altération de la foi catholique : les deux expressions de la
prière - l'expression "ordinaire" aussi bien que l'expression
"extraordinaire" - traduisent parfaitement la foi de l'Église. Voilà
pourquoi seuls ceux qui reconnaissent sans la moindre arrière-pensée
l'autorité de Vatican II sont habilités à veiller à ce que dans nos églises
ne puisse exister que l'une de ces deux formes qui sont le "double
usage de l'unique et même rite" dit le Souverain Pontife dans
sa Lettre qui accompagne le Motu proprio
et qu'il adresse aux évêques.
Dans cette même Lettre Benoît XVI rappelle "avant tout que le Missel, publié
par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean-Paul II, est et
demeure évidemment la forme normale la forma ordinaria de la
liturgie Eucharistique." Autrement dit, les célébrations qui s'éloignent du
Missel actuel tout en se réclamant du Concile - autrement dit, celles qu'on
trouve encore dans une majorité de paroisses - sont le reflet de "formes
anormales" de la liturgie. A ce titre, elles doivent définitivement
disparaître.
Et le pape d'ajouter que si beaucoup de personnes ont souhaité retrouver la
forme "extraordinaire" de la liturgie, c'est parce qu'en de nombreux
endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau
Missel mais qu'on a déformé la liturgie à la limite du supportable. Ici
encore, Benoît XVI s'adresse directement à ceux qui se disent fidèles à
Vatican II mais qui ont fait subir des déformations à la liturgie restaurée:
ils sont les premiers responsables de ce que des fidèles se sont tournés
vers la forme "extraordinaire" de la messe. De cette constatation, le
Saint-Père tire la conclusion de son message aux évêques: "dans
la célébration de la Messe selon le missel de Paul VI, pourra être
manifestée de façon plus forte que cela ne l'a été souvent fait jusqu'à
présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite
ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les
communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec
beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions; c'est ce qui
rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce
Missel." En demandant avec instance que la messe soit célébrée "en
conformité avec les prescription du Missel actuel", le pape Benoît XVI ne
montre-t-il pas très clairement que le Motu proprio ne s'adresse pas qu'aux
fidèles attachés à la forme "extraordinaire" de la liturgie mais aussi à
tous les prêtres qui se disent attachés à l'enseignement de Vatican II ?
Or c'est précisément ce point-là que beaucoup ont
tendance à passer sous silence, comme pour éviter d'avoir à reconnaître que
leurs façons de célébrer la messe n'est pas toujours conforme à
l'enseignement conciliaire dont ils se réclament, et devraient donc être
corrigées.
Denis CROUAN docteur en théologie,
Pdt de Pro Liturgia
Le Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires
Sources: PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |