Benoît XVI nous indique la « vraie nature de
l’espérance chrétienne » |
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Le 30 novembre 2007, en la fête de Saint André -
(E.S.M.) - La deuxième encyclique, que le pape
Benoît XVI consacre à l’espérance chrétienne, tandis que sa première – «
Deus Caritas est » – avait pour thème l’amour. Puisque nous sommes tous
sauvés en espérance, comme dit l’Apôtre Paul, le Pape porte son regard
sur ces mots en titrant son encyclique « Spe Salvi ».
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Pierre
et André le « Protóklitos » (le premier appelé) -
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Benoît XVI nous indique la « vraie nature de l’espérance chrétienne »
« L’homme a besoin de Dieu, sans quoi il demeure
sans espoir »
Introduction à la deuxième encyclique du
Pape Benoît XVI sur l’espérance chrétienne
L’eschatologie, la doctrine sur les fins dernières, est essentiellement une
doctrine sur l’espérance chrétienne. Le professeur de théologie Joseph
Ratzinger l’a illustré en 1977 dans un livre dont il écrit dans son
autobiographie « Ma vie. Souvenirs (1927-1977) » qu’il le considérait comme
son œuvre la plus soufferte. Dans la préface à sa réédition écrite en tant
que Pape Benoît XVI, il affirme que ce livre devait son impulsion décisive
au fait que l’espérance n’était alors perçue que comme action en état de
changer le monde, de laquelle devait surgir un « monde meilleur » : «
L’espérance apparut si politique, et sa réalisation dans les mains de
l’homme tout seul. Le royaume de Dieu, autour duquel s’axe le christianisme,
serait le royaume de l’homme, le ‘monde meilleur’ de demain ».
Par là est brossée aussi l’orientation de cette deuxième encyclique, que le
pape Benoît XVI consacre à l’espérance chrétienne, tandis que sa première –
«
Deus Caritas est » – avait pour thème l’amour. Puisque nous
sommes tous sauvés en espérance, comme dit l’Apôtre Paul, le Pape porte son
regard sur ces mots en titrant son encyclique «
Spe Salvi ». Pour lui, l’espérance est le fil conducteur de
la foi chrétienne. Il reconnaît comme élément caractéristique des chrétiens
le fait « qu’ils ont un avenir » : « c’est
seulement lorsque l’avenir est assuré en tant que réalité positive que le
présent devient aussi vivable ». Ainsi, le message chrétien sur
l’espérance n’est pas seulement un langage « informatif », mais «
performatif », « qui produit des faits et qui change la vie »
(n° 2).
Dans la première partie du document, le Pape Benoît XVI montre que la foi
est « substance » de l’espérance et combien dans le Nouveau Testament et
dans l’Église primitive l’espérance chrétienne était comprise comme attente
des biens à venir à partir d’un présent déjà donné : « En présence du
Christ, avec le Christ présent, elle est attente que se complète son Corps,
dans la perspective de sa venue définitive »
(n° 9). L’espérance
chrétienne ne se réfère pas à « quelque chose » tel un désir formulé pour
l’avenir, mais à « quelqu’un », une
Personne, Jésus-Christ, qui a apporté Dieu et donc la véritable espérance à
l’humanité. L’espérance chrétienne n’est ni une
utopie, ni un principe, mais une Personne.
Le Pape précise ultérieurement que l’espérance chrétienne se réfère à la vie
éternelle. Il relève avec finesse le paradoxe de la
vie humaine, à savoir que l’homme d’une part ne veut pas mourir, et d’autre
part ne voudrait pas non plus vivre éternellement, sans fin. Ce
paradoxe montre que nous ne connaissons pas vraiment ce que pourtant nous
espérons en profondeur et que l’expression « vie éternelle » essaie de
prénommer cette réalité « connue inconnue ». La vie éternelle est en réalité
une immersion de l’homme « dans l’océan de l’amour infini, dans lequel le
temps – l’avant et l’après – n’existe plus »
(n° 12).
Puisque l’espérance chrétienne s’est ainsi concentrée sur la vie éternelle,
on a reproché au christianisme d’orienter son espérance vers un salut somme
toute individualiste. Le Pape vise ce reproche dans un chapitre à part. Non
seulement il montre que l’espérance chrétienne s’oriente toujours vers une
réalité communautaire, mais il envisage la vraie raison de ce reproche dans
la métamorphose de la conception chrétienne de l’espérance dans les temps
modernes, selon laquelle la rédemption et finalement le rétablissement du
paradis perdu ne sont plus attendus de la foi, mais de la science et de
l’action politique. La foi dans le progrès scientifique se cristallise comme
nouvel habit de l’espérance « chrétienne » : le Pape
l’atteste dans les développements de la pensée depuis Friedrich Engels en
passant par Karl Marx jusqu’à Lénine, et argumente que leur véritable erreur
est le matérialisme : « en effet, l’homme n’est pas seulement le produit de
conditions économiques, et il n’est pas possible de le guérir uniquement de
l’extérieur, créant des conditions économiques favorables »
(n° 21). Vis-à-vis
de cela, l’espérance chrétienne se dévoile comme une magnifique défense de
la raison et de la liberté humaines.
Les grandes promesses des temps modernes ayant créé véritablement des
structures inhumaines et révélé des mythes idéologiques, il est désormais
possible d’indiquer la « vraie nature de l’espérance
chrétienne ». A côté de petits et grands espoirs, dont l’homme a
besoin chaque jour pour garder son chemin, la toute grande espérance ne peut
qu’être Dieu, qui intègre le tout et peut donner à l’homme ce que celui-ci
ne pourrait pas se donner par lui-même : « la vraie, la grande espérance de
l’homme, qui résiste malgré toutes les désillusions, peut être seulement
Dieu – le Dieu qui nous a aimés et qui nous aime toujours ‘jusqu’au bout’,
‘jusqu’à ce que tout soit accompli’ »
(n° 27). C’est
pourquoi, ce ne sont pas la science et la pratique politique à racheter
l’homme, mais exclusivement l’amour.
Dans la dernière partie de son encyclique, le Pape expose ce que veut dire
espérer chrétiennement dans la vie véritable, et présente des lieux concrets
d’apprentissage et d’entraînement de l’espérance. Il voit ces lieux non
seulement dans la prière, mais également dans l’agir et le pâtir de l’homme,
dans la mesure où celui-ci se sait soutenu par la « consolation de l’amour
compatissant de Dieu » – consolatio dans le sens originaire du mot.
Mais le lieu décisif d’apprentissage et d’entraînement de l’espérance est le
regard porté sur le Jugement final, car une justice pour tous ne peut être
rétablie finalement qu’à partir de ce Jugement – surtout pour ceux et celles
qui ont souffert et dont la dignité a été blessée. La foi dans le Jugement
final n’est pourtant pas assortie d’images terrifiantes, elle est, en
première ligne, Évangile et Espérance : dans la figure du Christ souffrant,
« qui partage la condition de l’homme abandonné de Dieu »
(n° 43), Dieu
lui-même montre son vrai Visage et amalgame jugement et grâce à ce que
justice soit faite pour tous les hommes.
Un regard vers Marie, étoile et mère de l’espérance, parachève l’encyclique.
En donnant son ‘oui’, Marie a ouvert à Dieu les portes de notre monde et
reconduit devant nos yeux le but de notre espérance. Dans son encyclique, le
Pape non seulement rappelle la dimension eschatologique élémentaire de la
foi chrétienne, mais il donne aussi un bel exemple de ce que notre foi peut
apporter de ‘basique’ dans un monde empreint de pluralisme et de
relativisme. Son message se garde de n’annoncer que
des injonctions et des interdits. Au contraire, le Pape énonce la beauté de
la foi chrétienne et ainsi évoque les points forts du programme qu’il
avait lui-même formulé dans une longue interview précédant son voyage
apostolique en Bavière: « Le christianisme, le catholicisme, n’est pas une
somme d’interdits, mais une option positive. Et il est très important que
cela soit à nouveau visible, car aujourd’hui, cette conscience a presque
totalement disparu. On a tellement entendu parler de ce qui n’était pas
permis, qu’il est nécessaire aujourd’hui de dire : nous avons une idée
positive » (
Benoît XVI présente le côté positif de l’Eglise,
entretien du 5 août 2006 ). Toute
son encyclique est portée par cette conviction fondamentale sur l’espérance
chrétienne.
L’encyclique a été délibérément signée par le Pape et
publiée le 30 novembre, fête de Saint André. André, frère de Pierre, est le
saint patron du siège de l’Église orthodoxe à Constantinople et il est
honoré dans la liturgie byzantine par l’appellation de « Protóklitos
» (le premier appelé). Comme Pierre et André ont vécu une relation
fraternelle, ainsi l’Église de Rome et l’Église de Constantinople se
comprennent comme Églises soeurs et se rendent visite mutuellement lors de
la fête de leurs saints patrons respectifs. En publiant son encyclique le
jour de Saint André, le pape Benoît XVI exprime la grande espérance qu’une
pleine communion ecclésiale et eucharistique soit finalement rétablie entre
les deux Églises. De fait, l’espérance chrétienne doit être promue en esprit
oecuménique, si elle veut être crédible dans le monde actuel.
Mgr Kurt Koch
L'Encyclique
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Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/S.S. |