Audience Générale de Benoît XVI :
Sainte Mathilde de Hackeborn |
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Le 30 septembre 2010
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(E.S.M.)
- Sainte Mathilde de Hackeborn (1241/2 -1298), grande figure du
monastère allemand de Helfta, a été le sujet de la catéchèse de
l'audience générale du Saint-Père ce mercredi Place St.Pierre.
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Place Saint Pierre,
29.09.2010
Audience Générale de Benoît XVI :
Sainte Mathilde de Hackeborn
Le 30 septembre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Sainte Mathilde de Hackeborn (1241/2 -1298), grande figure du
monastère allemand de Helfta, a été le sujet de la catéchèse de
l'audience générale du Saint-Père ce mercredi Place St. Pierre.
Chers frères et sœurs,
Je voudrais vous parler aujourd'hui de sainte Mathilde de Hackeborn, l'une
des grandes figures du monastère de Helfta, ayant vécu au XIIIe siècle. Dans
le VIème livre de l'œuvre Liber specialis gratiae (le livre de la grâce
spéciale), dans lequel sont relatées les grâces spéciales que Dieu a données
à sainte Mathilde, sa consœur, sainte Gertrude la Grande affirme : « Ce
que nous avons écrit est bien peu au regard de ce que nous avons omis. Nous
publions ces choses uniquement pour la gloire de Dieu et au bénéfice de
notre prochain, car il nous semblerait injuste de garder le silence sur les
si nombreuses grâces que Mathilde reçut de Dieu, moins pour elle-même, à
notre avis, que pour nous et pour ceux qui viendront après nous »
(Mathilde de Hackeborn, Liber specialis gratiae, VI, 1).
Cette œuvre a été rédigée par sainte Gertrude et par une autre consœur de
Helfta et possède une histoire singulière. A l'âge de cinquante ans,
Mathilde traversait une grave crise spirituelle unie à des souffrances
physiques. C'est dans cette situation qu'elle confia à deux consœurs amies
les grâces spéciales à travers lesquelles Dieu l'avait guidée depuis son
enfance, mais elle ne savait pas que celles-ci notaient tout. Lorsqu'elle
l'apprit, elle en fut profondément angoissée et troublée. Toutefois, le
Seigneur la rassura en lui faisant comprendre que ce qui était écrit était
pour la gloire de Dieu et le bénéfice de son prochain (cf.
ibid., II, 25, v. 20). Ainsi, cette œuvre est la source
principale à laquelle nous pouvons puiser les informations sur la vie et la
spiritualité de notre sainte.
A travers elle, nous sommes introduits dans la famille du baron de Hackeborn,
l'une des plus nobles, riches et puissantes de Thuringe, apparentée à
l'empereur Frédéric II, et nous entrons dans le monastère de Helfta à
l'époque la plus glorieuse de son histoire. Le baron avait déjà donné au
monastère une fille, Gertrude de Hackeborn (1231/1232-1291/1292), dotée
d'une forte personnalité, abbesse pendant quarante ans, capable de conférer
une empreinte particulière à la spiritualité du monastère, le conduisant à
une floraison extraordinaire comme centre de mystique et de culture, école
de formation scientifique et théologique. Gertrude offrit aux moniales une
instruction intellectuelle de haut niveau, qui leur permettait de cultiver
une spiritualité fondée sur l'Ecriture Sainte, sur la liturgie, sur la
tradition patristique, sur la Règle et la spiritualité cistercienne, avec
une prédilection particulière pour saint Bernard de Clairvaux et Guillaume
de Saint-Thierry. Elle fut une véritable maîtresse, exemplaire en tout, dans
la radicalité évangélique et dans le zèle apostolique. Dès son enfance,
Mathilde accueillit et goûta le climat spirituel et culturel créé par sa
sœur, en apportant ensuite sa marque personnelle.
Mathilde naquit en 1241 ou 1242 dans le château de Helfta ; elle était la
troisième fille du baron. A l'âge de sept ans, avec sa mère, elle rendit
visite à sa sœur Gertrude dans le monastère de Rodersdorf. Elle fut si
fascinée par ce milieu qu'elle désira ardemment en faire partie. Elle y
entra comme écolière, et en 1258, devint religieuse dans le couvent, se
transférant entre temps à Helfta, dans le domaine des Hackeborn. Elle se
distinguait par son humilité, sa ferveur, son amabilité, la transparence et
l'innocence de sa vie, la familiarité et l'intensité avec lesquelles elle
vivait la relation avec Dieu, la Vierge et les saints. Dotée de qualités
naturelles et spirituelles élevées, comme « la science, l'intelligence, la
connaissance des lettres humaines, la voix d'une merveilleuse douceur : tout
la rendait apte à être pour le monastère un véritable trésor sous tous les
aspects » (ibid., préambule). Aussi, « le rossignol de Dieu » - comme elle
était appelée - encore très jeune, devint directrice de l'école du
monastère, directrice du chœur, et maître des novices, fonctions qu'elle
accomplit avec talent et un zèle inlassable, non seulement au bénéfice des
moniales, mais de quiconque désirait puiser à sa sagesse et sa bonté.
Illuminée par le don divin de la contemplation mystique, Mathilde composa de
nombreuses prières. C'est une maîtresse de doctrine fidèle et de grande
humilité, conseillère, consolatrice, guide dans le discernement : « Elle
distribuait - lit-on - la doctrine avec une abondance telle que l'on
n'avait jamais vue dans le monastère, et nous avons hélas! la grande crainte
que l'on ne verra plus jamais rien de semblable. Les sœurs se réunissaient
autour d'elle pour entendre la parole de Dieu, comme autour d'un
prédicateur. Elle était le refuge et le réconfort de tous, et elle avait,
par un don singulier de Dieu, la grâce de révéler librement les secrets du
cœur de chacun. De nombreuses personnes, pas seulement dans le monastère,
mais aussi des étrangers, des religieux et des séculiers, venus de loin,
attestaient que cette sainte vierge les avait libérés de leur peine et
qu'ils n'avaient jamais éprouvé autant de réconfort qu'auprès d'elle. En
outre, elle composa et elle enseigna de nombreuses prières qui, si elles
étaient réunies, dépasseraient le volume d'un psautier »
(ibid., VI, 1).
En 1261, une petite fille de cinq ans du nom de Gertrude arrive au couvent :
elle est confiée aux soins de Mathilde, qui a à peine vingt ans, qui
l'éduque et la guide dans la vie spirituelle jusqu'à en faire non seulement
une excellente disciple, mais sa confidente. En 1271 ou 1272, Mathilde de
Megdeburg entre elle aussi au monastère. Le lieu accueille ainsi quatre
grandes femmes - deux Gertrude et deux Mathilde -, gloire du monachisme
germanique. Au cours de sa longue vie passée au monastère, Mathilde est
frappée par d'incessantes et intenses souffrances auxquelles elle ajoute les
très dures pénitences choisies pour la conversion des pécheurs. De cette
manière, elle participe à la passion du Seigneur jusqu'à la fin de sa vie
(cf. ibid., VI, 2). La prière et la contemplation sont l'humus
vital de son existence : les révélations, ses enseignements, son service au
prochain, son chemin dans la foi et dans l'amour ont ici leur racine et leur
contexte. Dans le premier livre de l'œuvre Liber specialis gratiae, les
rédactrices recueillent les confidences de Mathilde effectuées lors des
fêtes du Seigneur, des saints et, de manière particulière, de la
Bienheureuse Vierge Marie. La capacité que cette sainte possède de vivre la
liturgie dans ses différents éléments, même les plus simples, en la portant
dans la vie quotidienne monastique, est impressionnante. Certaines images,
expressions, actions sont parfois éloignées de notre sensibilité, mais, si
l'on considère la vie monastique et sa tâche de maîtresse et de directrice
de chœur, on saisit sa capacité particulière d'éducatrice et de formatrice,
qui aide ses consœurs à vivre intensément, en partant de la liturgie, chaque
moment de la vie monastique.
Dans la prière liturgique, Mathilde accorde une importance particulière aux
heures canoniques, à la célébration de la messe, en particulier à la
communion. Là, elle est souvent ravie en extase dans une profonde intimité
avec le Seigneur dans son cœur très ardent et très doux, dans un dialogue
merveilleux, où elle demande des lumières intérieures, alors qu'elle
intercède de manière particulière pour sa communauté et ses consœurs. Au
centre, se trouvent les mystères du Christ vers lesquels la Vierge Marie
renvoie constamment pour marcher sur la voie de la sainteté : « Si tu
désires la véritable sainteté, reste près de mon Fils ; Il est la sainteté
même qui sanctifie toute chose » (ibid., I, 40).
Dans son intimité avec Dieu est présent le monde entier, l'Eglise, les
bienfaiteurs, les pécheurs. Pour elle, le ciel et la terre s'unissent.
Ses visions, ses enseignements, les épisodes de son existence sont décrits
avec des expressions qui évoquent le langage liturgique et biblique. On
saisit ainsi sa profonde connaissance des Saintes Ecritures, qui étaient son
pain quotidien. Elle y a constamment recours, que ce soit pour mettre en
valeur les textes bibliques lus pendant la liturgie, ou en y puisant des
symboles, des termes, des paysages, des images, des personnages. Sa
préférence va à l'Evangile : « Les paroles de l'Evangile étaient pour
elle une nourriture merveilleuse et suscitaient dans son cœur des sentiments
d'une telle douceur que souvent, prise par son enthousiasme, elle ne pouvait
en terminer la lecture... La manière dont elle lisait ces mots étaient si
fervente qu'elle suscitait chez tous la dévotion. De même lorsqu'elle
chantait dans le chœur, elle était tout absorbée en Dieu, transportée par
une telle ardeur qu'elle manifestait parfois ses sentiments avec des
gestes... D'autres fois, comme saisie en extase, elle n'entendait pas ceux
qui l'appelaient ou la secouaient et elle avait beaucoup de difficultés à
reprendre conscience des choses extérieures » (ibid.,
VI, 1). Dans l'une de ses visions, c'est Jésus lui-même qui lui
recommande l'Evangile ; en lui ouvrant la plaie de son cœur très doux, il
lui dit : « Vois combien mon amour est grand : si tu veux bien le
connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans
l'Evangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts
et plus tendres que ceux-ci : Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai
aimés (Jean 15, 9) »
(Ibid., I, 22).
Chers amis, la prière personnelle et liturgique, notamment la liturgie des
heures et la messe, sont à la racine de l'expérience spirituelle de sainte
Mathilde de Hackeborn. En se laissant guider par les Saintes Ecritures et
nourrir du Pain eucharistique, elle a parcouru un chemin d'intime union avec
le Seigneur, toujours dans la pleine fidélité à l'Eglise. Cela est également
pour nous une puissante invitation à intensifier notre amitié avec le
Seigneur, surtout à travers la prière quotidienne et la participation
attentive, fidèle et active à la messe. La liturgie est une grande école de
spiritualité.
La disciple Gertrude décrit avec des expressions intenses les derniers
moments de la vie de sainte Mathilde de Hackeborn, très difficiles, mais
éclairés par la présence de la Bienheureuse Trinité, du Seigneur, de la
Vierge Marie, de tous les saints, ainsi que de sa sœur de sang Gertrude.
Lorsque arriva l'heure où le Seigneur voulut l'attirer à Lui, elle lui
demanda de pouvoir encore vivre dans la souffrance pour le salut des âmes et
Jésus se complut de cette marque d'amour supplémentaire.
Mathilde avait 58 ans. Elle parcourut la fin de sa route marquée par huit
ans de graves maladies. Son œuvre et sa renommée de sainteté se répandirent
rapidement. Lorsque son heure vint, « le Dieu de Majesté... unique
douceur de l'âme qui l'aime.., lui chanta : Venite vos, benedicti Patris mei...
Venez, ô vous qui êtes bénis par mon Père, venez recevoir le royaume... et
il l'associa à sa gloire » (ibid., VI, 8).
Sainte Mathilde de Hackeborn nous confie au Sacré Cœur de Jésus et à la
Vierge. Elle invite à louer le Fils avec le Cœur de la Mère et à louer Marie
avec le Cœur du Fils : « Je vous salue, ô Vierge très vénérée, dans cette
douce rosée qui, du Cœur de la Très sainte Trinité, se répand en vous ; je
vous salue dans la gloire et dans la joie avec laquelle vous vous réjouissez
à présent dans l'éternité, vous qui la première d'entre toutes les créatures
de la terre et du ciel, fûtes élue avant même la création du monde ! Amen
» (Ibid., I, 45).
A l'issue de l'audience générale, le pape s'est adressé aux pèlerins en
différentes langues. Voici ce qu'il a dit en français :
Chers frères et sœurs,
aujourd'hui je voudrais vous parler de sainte Mathilde (ou Mechtilde) de
Hackeborn, religieuse cistercienne, qui a vécu, au XIIIe siècle, en
Allemagne. Attirée par la vie monastique, elle entrera jeune dans le
monastère de Rodersdorf, et puis, en 1258, elle deviendra moniale à Helfta,
en Saxe. Mathilde se distinguera par son humilité, sa ferveur, sa
simplicité, sa pureté et par l'intensité de son union avec Dieu. Son don
naturel pour le chant, lui vaudra le surnom de « rossignol de Dieu ». Elle
sera l'auteur de nombreuses prières. Le livre de la grâce spéciale, rédigé
par Gertrude la Grande, recueille les fruits de sa contemplation nourrie de
la Liturgie, école de spiritualité. On y trouve l'une des plus anciennes
références à la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus, symbole de l'amour divin.
En se laissant guider par la Sainte Écriture et nourrir par le Pain
eucharistique, et s'appuyant sur la Liturgie, Mathilde vécut chaque moment
de la vie monastique, dans la pleine fidélité à l'Église. Elle connut
également d'intenses et continuelles souffrances auxquelles elle ajoutait de
dures pénitences pour la conversion des pécheurs, participant ainsi à la
passion du Seigneur jusqu'à la fin de sa vie, en 1299. Par son existence,
Mathilde de Hackeborn nous invite à intensifier notre amitié avec le
Seigneur, surtout à travers la prière quotidienne et la participation
attentive, fidèle et active à l'Eucharistie !
Je suis heureux d'accueillir ce matin les francophones présents, en
particulier ceux venus d'Haïti. Je continue à porter les Haïtiens dans ma
prière suppliant Dieu de soulager leur misère. Que votre pèlerinage à Rome,
chers pèlerins, soit pour vous tous l'occasion d'approfondir votre relation
personnelle avec le Christ. Que Dieu vous bénisse !
APPEL
A l'issue de l'audience, le pape a évoqué la situation au Nigeria
Mes pensées vont à présent à la grave crise humanitaire qui a récemment
frappé le Nord du Nigeria, où près de deux millions de personnes ont été
contraintes de quitter leurs maisons à cause de violentes inondations. A
toutes les personnes concernées, j'exprime ma proximité spirituelle et je
les assure de mes prières.
Texte original du
discours du Saint Père
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L’UDIENZA GENERALE
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Français
Sources : ZF10092908
© Copyright 2010du texte original - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.09.2010 -
T/Catéchèse
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