 |
Débat sur la laïcité : Une tribune de la Conférence des responsables
de cultes en France
|
Le 30 mars 2011 -
(E.S.M.)
-
C’est peu dire que la laïcité est à la une des médias ! Un débat
sur ce sujet est-il opportun en ce moment et dans quelles conditions
?
|
|
Les
signataires (voir en bas de pages)
Débat sur la laïcité : Une tribune de la Conférence des responsables
de cultes en France
Présentation par Mgr Bernard Podvin, Porte-Parole des évêques de France.
Le 30 mars 2011 - E.
S. M. -
C’est peu dire que la laïcité est à la une des médias ! Un débat sur ce
sujet est-il opportun en ce moment et dans quelles conditions ? On n’évoque
pas hâtivement un thème aussi grave, seulement quand les projecteurs sont
braqués sur l’évènement. Dans la tribune ci-jointe, la Conférence des
responsables de cultes en France (CRCF) en appelle à la sérénité et à la
vigilance. La laïcité est un des piliers du pacte républicain. Attention à
ne pas dilapider ce précieux acquis dans un contexte fragile. Elle n’est
jamais séparable des valeurs fondamentales que partagent les confessions.
Merci à vos organes de presse de relayer ce texte. Il explicite la façon
profonde avec laquelle les responsables de cultes veulent se situer, sans se
dérober, et refusant d’être instrumentalisés. « La laïcité, disait
Jean-Paul II en 2005, doit être l’espace pour un dialogue constructif
dans l’esprit des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité
auxquelles le peuple de France est fort justement très attaché. Elle ne
doit pas être le lieu d’un affrontement. ».
Mgr Bernard Podvin
Porte-parole des évêques de France
Le 30 mars 2011
Tribune
Débat sur la laïcité :
Sérénité et vigilance, recommandée par les responsables de culte !
La Conférence des Responsables de Culte en France a été créée le 23 novembre
dernier et elle regroupe six instances responsables du Bouddhisme, des
Églises chrétiennes (Catholique, Orthodoxe, Protestante), de l’Islam et du
Judaïsme. Cette initiative est justifiée par la volonté d’approfondir notre
connaissance mutuelle, par le sentiment de contribuer ensemble à la cohésion
de notre société dans le respect des autres courants de pensée, et par la
reconnaissance de la laïcité comme faisant partie du bien commun de notre
société.
La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de
notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble.
Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis. Il nous parait capital,
pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en
évitant amalgames et risques de stigmatisation.
Nous signons ensemble cette tribune sans aucun esprit polémique ou partisan.
Une parole commune nous semble néanmoins nécessaire. Notre cohésion au sein
de la Conférence que nous avons fondée, est significative dans notre société
française. Elle a été rendue possible grâce notamment au climat de
coopération instauré entre les religions, que la "laïcité à la française" et
ses évolutions depuis plus d'un siècle ont permis.
Mais cette cohésion ne signifie pas pour autant uniformité ! Elle ne nous
engage nullement en faveur d'un quelconque amalgame syncrétiste ou d’un
nivellement de nos positions individuelles et celles des cultes que nous
représentons. Nous travaillons ensemble dans la confiance, en intégrant nos
histoires et identités respectives. Nous continuons à avoir des approches
différenciées sur telle ou telle question, sans pour autant faire de nos
différences des facteurs d'opposition. Nous sommes déterminés à réfléchir et
à œuvrer ensemble sur la durée, en relation avec les autorités et les forces
vives de notre pays, afin que le facteur religieux y soit un élément de paix
et de progrès.
L'accélération des agendas politiques risque, à la veille de rendez-vous
électoraux importants pour l’avenir de notre pays, de brouiller cette
perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être
préjudiciables. Nous en sommes conscients. Cela ne doit pas nous dissuader
pour autant de rappeler l'essentiel quand il le faut. Nous restons très
attentifs aux évolutions profondes de notre société, notamment celles qui
concernent les religions, dans le respect du cadre de la République. Ces
évolutions appellent parfois des adaptations voire des améliorations du
cadre juridique et règlementaire de l’expression et de la vie des cultes en
France. Nous ne manquerons pas d’être une force positive de propositions
dans ce sens.
Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ? Le débat est
toujours signe de santé et de vitalité. Le dialogue est toujours une
nécessité. Il a un rôle majeur dans une société libre, démocratique et
respectueuse de la personne humaine. Mais un parti politique, fût-il
majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ? Ce ne sont ni
les débats, ni les travaux qui manquent dans ce domaine ! La Loi 1905 est
déjà plus que centenaire. Elle a permis d’apporter depuis lors des solutions
à des questions nées de nouvelles situations et des évolutions de notre
société dans un monde de plus en plus rapide. Tous les cultes adhèrent sans
réserve à ses principes fondamentaux tels qu’ils s’expriment en particulier
dans ses deux premiers articles. Mais les modalités d’application de ces
principes restent toujours perfectibles. Faut-il recenser tous les colloques
et autres séminaires qui ont abordé en long et en large la question de la
laïcité et de ses applications dans notre pays depuis des années? Faut-il
rappeler, dans la période récente, les travaux étendus et exhaustifs de la
Commission présidée par le Professeur Jean Pierre MACHELON qui ont donné
lieu à un rapport sur les « relations des cultes avec les pouvoirs publics »
remis au ministre de l’intérieur le 20 septembre 2006 ? Ce rapport avait
abordé d’une manière approfondie les différents aspects liés à l’exercice du
culte en France dont celui du « support institutionnel » de son
exercice dans notre pays. Faut-il rappeler de même les travaux du «
Groupe juridique inter-cultes » qui travaille depuis 2007, dans le
prolongement des recommandations du Groupe MACHELON, au sein du Ministère de
l’intérieur, et où siègent des représentants des principaux cultes ? Ce
groupe a bien fonctionné et a permis la publication de plusieurs circulaires
dont la dernière, du 23 juin 2010, conjointe aux Ministères de l’intérieur
et des finances, aborde d’une manière détaillée à l’attention des préfets,
des directeurs départementaux des finances publiques et des trésoriers
payeurs généraux, les différents aspects liés au « support institutionnel
de l’exercice du culte en France » ? Faut-il rappeler aussi la
production intellectuelle abondante d’articles et d’écrits divers, ainsi que
les nombreux ouvrages qui paraissent sur l’histoire, les fondements, la
pratique et les perspectives de la laïcité en France ? La liste en sera
longue. Elle illustre parfaitement toute la richesse et la profondeur de
notre expérience française de la laïcité. Nous y reviendrons lors de la
rencontre publique que nous comptons organiser en octobre prochain.
Secouée par des crises à répétition, politique, économique, financière et
morale, la période actuelle manque de lisibilité mais sans doute pas
d’espérance ! Le devoir de ceux qui sont « en responsabilité » consiste à
éclairer le chemin et à élaborer des solutions conformes au bien de tous.
N'ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons.
Nous militons ensemble pour une laïcité de bonne intelligence.
La laïcité n’est pas séparable des valeurs fondamentales que nous
partageons, en particulier de la dignité et du respect de la personne
humaine et de sa liberté inaliénable. Ces valeurs qui ne peuvent s’épanouir
que dans la confiance mutuelle source de paix pour notre société.
Signataires
Cardinal André VINGT-TROIS, président de la
Conférence des Évêques de France
Avec Mgr Laurent ULRICH, vice-président de la Conférence des Évêques de
France
Pasteur Claude BATY, président de la Fédération protestante de France
Avec le pasteur Laurent SCHLUMBERGER, membre du Conseil de la Fédération
protestante de France, président du Conseil national de l’Église réformée de
France
Métropolite EMMANUEL, président de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de
France
Avec le Métropolite Joseph, secrétaire de l’Assemblée des Evêques orthodoxes
de France
Et Mr. Carol SABA, porte-parole de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de
France
Grand Rabbin Gilles BERNHEIM, Grand Rabbin de France
Avec le rabbin Moshé LEWIN, porte-parole du Grand Rabbin de France
M. Mohammed MOUSSAOUI, président du Conseil français du culte musulman
Avec M. Anouar KBIBECH, secrétaire général du Conseil français du culte
musulman
Révérend Olivier WANG-GENH, président de l’Union bouddhiste de France
Sources : hwww.eglise.catholiquel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.03.2011 - T/Eglise
|