Benoît XVI célèbre la Messe des
Rameaux avec les jeunes Place Saint-Pierre, Homélie |
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Le 30 mars 2010 -
(E.S.M.)
- Dans la matinée du dimanche 28 mars 2010, Dimanche des Rameaux
et xxv Journée
mondiale de la
jeunesse, le
Pape Benoît XVI
a présidé une
célébration
eucharistique
sur la Place
Saint-Pierre, en
présence de
milliers de
jeunes, au cours
de laquelle il a
prononcé
l'homélie
suivante:
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI célèbre la Messe des
Rameaux avec les jeunes Place Saint-Pierre, Homélie
Jésus Christ est le vrai chemin à suivre
Le 30 mars 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Dans la matinée du dimanche 28 mars 2010, Dimanche des Rameaux et xxv
Journée mondiale de la jeunesse, le Pape Benoît XVI a présidé une
célébration eucharistique sur la Place Saint-Pierre, en présence de milliers
de jeunes, au cours de laquelle il a prononcé l'homélie suivante:
Chers frères et sœurs,
chers jeunes!
L'Evangile de la bénédiction des rameaux, que nous écoutons ici réunis sur
la place Saint-Pierre, commence par la phrase: "Jésus marchait en avant
de ses disciples pour monter à Jérusalem" (Lc 19, 28).
Tout au début de la liturgie de ce jour, l'Eglise anticipe sa réponse à
l'Evangile, en disant: "Nous suivons le Seigneur". Avec cela, le thème du
Dimanche des Rameaux est clairement exprimé. Il s'agit de la "sequela".
Etre chrétiens signifie considérer le chemin de Jésus Christ comme le juste
chemin pour être des hommes - comme le chemin qui conduit à l'objectif, à
une humanité pleinement réalisée et authentique. Je voudrais répéter de
manière particulière à tous les jeunes, garçons et filles, en cette xxv
Journée mondiale de la jeunesse, qu'être chrétiens est un chemin, ou mieux:
un pèlerinage, un cheminement avec Jésus Christ. Un cheminement dans la
direction qu'Il nous a indiquée et qu'il nous indique.
Mais de quelle direction s'agit-il? Comment la trouver? La phrase de notre
Evangile offre deux indications à cet égard. En premier lieu, elle dit qu'il
s'agit d'une montée. Cela a tout d'abord une signification très concrète.
Jéricho, où s'est déroulée la dernière partie du pèlerinage de Jésus, se
trouve à 250 mètres sous le niveau de la mer, alors que Jérusalem - le but
du chemin - se trouve à 740-780 mètres au-dessus du niveau de la mer: une
montée de presque mille mètres. Mais ce chemin extérieur est surtout une
image du mouvement intérieur de l'existence, qui s'accomplit à la suite du
Christ: c'est une montée à la véritable hauteur permettant d'être des
hommes. L'homme peut choisir un chemin facile et éloigner toute difficulté.
Il peut aussi descendre vers le bas, la vulgarité. Il peut sombrer dans le
marécage du mensonge et de la malhonnêteté. Jésus marche devant nous, et il
se dirige vers le haut. Il nous conduit vers ce qui est grand, pur, il nous
conduit vers l'air sain des hauteurs: vers la vie selon la vérité; vers le
courage qui ne se laisse pas intimider par la rumeur des opinions
dominantes; vers la patience qui supporte et soutient l'autre. Il conduit
vers la disponibilité pour les personnes qui souffrent, pour les
laissés-pour-compte; vers la fidélité qui est du côté de l'autre, lorsque la
situation devient difficile. Il conduit vers la disponibilité à apporter de
l'aide; vers la bonté qui ne se laisse pas désarmer, même par l'ingratitude.
Il nous conduit vers l'amour - il nous conduit vers Dieu.
"Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem". Si nous
lisons cette parole de l'Evangile dans le contexte du chemin de Jésus dans
son ensemble - un chemin qu'il poursuit précisément jusqu'à la fin des temps
- nous pouvons découvrir dans l'indication de l'objectif "Jérusalem"
différents niveaux. Il faut naturellement tout d'abord comprendre simplement
le lieu "Jérusalem": c'est la ville où se trouve le Temple de Dieu, dont
l'unicité devait rappeler l'unicité de Dieu lui-même. Ce lieu annonce donc
tout d'abord deux choses: d'une part, il dit que Dieu est un seul dans tout
le monde, il dépasse immensément tous nos lieux et temps; il est ce Dieu
auquel appartient toute la création. C'est le Dieu dont tous les hommes, au
plus profond d'eux-mêmes, sont à la recherche et dont, d'une certaine façon,
tous ont également connaissance. Mais ce Dieu s'est donné un nom. Il s'est
fait connaître à nous, il a commencé une histoire avec les hommes; il a
choisi un homme - Abraham - comme point de départ de cette histoire. Le Dieu
infini est dans le même temps le Dieu proche. Lui, qui ne peut être enfermé
dans aucun édifice, veut toutefois habiter parmi nous, être totalement avec
nous.
Si Jésus monte avec Israël en pèlerinage vers Jérusalem, Il y va pour
célébrer la Pâque avec Israël: le mémorial de la libération d'Israël - un
mémorial qui, dans le même temps, est toujours espérance de la libération
définitive, que Dieu donnera. Et Jésus va vers cette fête avec la conscience
d'être Lui-même l'Agneau en qui s'accomplira ce que le Livre de l'Exode dit
à cet égard: un agneau sans défaut, mâle, qui, au coucher du soleil, devant
les yeux des fils d'Israël, est immolé "comme rite perpétuel" (cf. Ex 12,
5-6. 14). Enfin, Jésus sait que sa vie ira au-delà: la croix ne constituera
pas sa fin. Il sait que son chemin déchirera le voile entre ce monde et le
monde de Dieu; qu'Il montera jusqu'au trône de Dieu et réconciliera Dieu et
l'homme dans son corps. Il sait que son corps ressuscité sera le nouveau
sacrifice et le nouveau Temple; qu'autour de Lui, de la multitude des anges
et des saints, se formera la nouvelle Jérusalem qui est dans le ciel et
toutefois aussi déjà sur la terre, car dans sa passion Il a ouvert la
frontière entre le ciel et la terre. Son chemin conduit au-delà de la cime
du mont du Temple, jusqu'à la hauteur de Dieu lui-même: telle est la grande
montée à laquelle il nous invite tous. Il reste toujours auprès de nous sur
la terre et il est toujours déjà parvenu auprès de Dieu, Il nous guide sur
la terre et au-delà de la terre.
Ainsi, dans l'amplitude de la montée de Jésus deviennent visibles les
dimensions de notre "sequela" - l'objectif auquel il veut nous
conduire: jusqu'aux hauteurs de Dieu, à la communion avec Dieu; à
l'être-avec-Dieu. Tel est le véritable objectif, et la communion avec Lui
est le chemin. La communion avec Lui est une manière d'être en marche, une
montée permanente vers la véritable hauteur de notre appel. Marcher avec
Jésus est dans le même temps toujours un cheminement dans le "nous" de ceux
qui veulent Le suivre. Il nous introduit dans cette communauté. Etant donné
que le chemin jusqu'à la vraie vie, jusqu'à être des hommes conformes au
modèle du Fils de Dieu Jésus Christ dépasse nos propres forces, ce
cheminement comporte toujours également le fait que nous soyons portés. Nous
nous trouvons, pour ainsi dire, dans une cordée avec Jésus Christ - avec Lui
dans la montée vers les hauteurs de Dieu. Il nous tire et nous soutient. Se
laisser intégrer dans cette cordée, accepter de ne pas pouvoir y arriver
seuls, fait partie de cette "sequela" du Christ. Cet acte d'humilité, entrer
dans le "nous" de l'Eglise; s'accrocher à la cordée, la responsabilité de la
communion - ne pas arracher la corde en étant butés et pédants, fait partie
de celle-ci. Croire humblement avec l'Eglise, ainsi qu'être accrochés à la
cordée de la montée vers Dieu, est une condition essentielle de la "sequela".
Ne pas se comporter en patrons de la Parole de Dieu, ne pas courir derrière
une idée erronée de l'émancipation, fait également partie du fait de se
trouver dans l'ensemble de la cordée. L'humilité de l'"être-avec" est
essentielle à la montée. Que dans les sacrements nous nous laissions
toujours prendre à nouveau par la main par le Seigneur, que nous nous
laissions purifier et fortifier par Lui, que nous acceptions la discipline
de la montée, même si nous sommes fatigués, fait également partie de
celle-ci.
Enfin, il nous faut encore dire: la Croix fait partie de la montée vers la
hauteur de Jésus Christ, de la montée jusqu'à la hauteur de Dieu. De même
que dans les événements de ce monde on ne peut pas atteindre de grands
résultats sans renonciation et un dur exercice, de même que la joie d'une
grande découverte dans le domaine des connaissances ou d'une véritable
capacité d'action est liée à la discipline, ou plutôt à la fatigue de
l'apprentissage; le chemin vers la vie, vers la réalisation de la propre
humanité, est lié à la communion avec Celui qui est monté à la hauteur de
Dieu à travers la Croix. En dernière analyse, la Croix est l'expression de
ce que signifie l'amour: seul celui qui se perd, se trouve.
Résumons: la "sequela" du Christ demande, comme premier pas, de nous
réveiller de la nostalgie pour être authentiquement des hommes, et ainsi de
nous réveiller pour Dieu. Elle demande également que l'on entre dans la
cordée de ceux qui montent, dans la communion de l'Eglise. Dans le "nous" de
l'Eglise nous entrons en communion avec le "Toi" de Jésus Christ et nous
rejoignons ainsi le chemin vers Dieu. En outre, il est demandé que l'on
écoute la Parole de Jésus Christ et qu'on la vive: dans la foi, l'espérance
et l'amour. Ainsi, nous sommes en chemin vers la Jérusalem définitive et,
dès à présent, d'une certaine manière, nous nous trouvons là, dans la
communion de tous les saints de Dieu.
Notre pèlerinage à la suite du Christ ne va pas vers une ville terrestre,
mais vers la nouvelle Cité de Dieu, qui grandit au milieu de ce monde. Le
pèlerinage vers la Jérusalem terrestre, toutefois, peut être précisément
également pour nous, chrétiens, un élément utile pour ce voyage plus grand.
J'ai moi-même attribué trois significations à mon pèlerinage en Terre Sainte
de l'an dernier. Tout d'abord, j'avais pensé qu'à cette occasion, il peut
nous arriver ce que Jean dit au début de sa Première Lettre: ce que nous
avons entendu, nous pouvons, d'une certaine façon, le voir et le toucher de
nos propres mains (cf. 1 Jn 1, 1). La foi en
Jésus Christ n'est pas une invention légendaire. Elle se base sur une
histoire qui a véritablement eu lieu. Cette histoire, nous pouvons, pour
ainsi dire, la contempler et la toucher. Il est émouvant de se trouver à
Nazareth sur le lieu où l'Ange apparut à Marie et lui confia le devoir de
devenir la Mère du Rédempteur. Il est émouvant de se trouver à Bethléem sur
le lieu où le Verbe, s'étant fait chair, est venu habiter parmi nous; poser
le pied sur le terrain saint où Dieu a voulu se faire homme et enfant. Il
est émouvant de monter l'escalier vers le Calvaire jusqu'au lieu où Jésus
est mort pour nous sur la Croix. Et de demeurer enfin devant le sépulcre
vide; prier là où sa sainte dépouille a reposé et où, le troisième jour, eut
lieu la résurrection. Suivre les chemins extérieurs de Jésus doit nous aider
à marcher de façon plus joyeuse et avec une nouvelle certitude sur le chemin
intérieur qu'Il nous a indiqué et qui est Lui-même.
Lorsque nous nous rendons en Terre Sainte comme pèlerin, nous y allons
toutefois également - et cela est le deuxième aspect - comme messagers de la
paix, avec la prière pour la paix; avec l'invitation à tous de faire en ce
lieu, qui porte dans son nom le mot "paix", tout le possible afin qu'il
devienne véritablement un lieu de paix. Ainsi, ce pèlerinage est dans le
même temps - c'est un troisième aspect - un encouragement pour les chrétiens
à demeurer dans le pays de leurs origines et à s'y consacrer profondément
pour la paix.
Revenons une fois de plus à la liturgie du Dimanche des Rameaux. Dans la
prière avec laquelle sont bénis les rameaux d'oliviers, nous prions afin que
dans la communion avec le Christ, nous puissions apporter le fruit de bonnes
œuvres. A partir d'une interprétation erronée de saint Paul, s'est
développée de façon répétée, au cours de l'histoire et aujourd'hui encore,
l'opinion selon laquelle les bonnes œuvres ne feraient pas partie de
l'identité des chrétiens et que, dans tous les cas, elles seraient
insignifiantes pour le salut de l'homme. Mais si Paul dit que les œuvres ne
peuvent justifier l'homme, il ne s'oppose pas en cela à l'importance d'agir
de façon droite et, si il parle de la fin de la Loi, il ne déclare pas
dépassés et sans importance les Dix Commandements. Il n'est pas nécessaire à
présent de réfléchir sur toute l'ampleur de la question qui intéressait
l'Apôtre. Il est important de souligner qu'à travers le terme de "Loi", il
n'entend pas les Dix Commandements, mais le style de vie complexe à travers
lequel Israël devait se protéger contre les tentations du paganisme.
Toutefois, le Christ a apporté Dieu aux païens. Cette forme de distinction
ne leur est pas imposée. On leur donne uniquement le Christ comme Loi. Mais
cela signifie l'amour pour Dieu et pour le prochain, et tout ce qui en fait
partie. Les Commandements, qu'il faut lire de façon nouvelle et plus
profonde à partir du Christ, appartiennent à cet amour, ces Commandements
qui ne sont autres que les règles fondamentales du véritable amour: d'abord,
et comme principe fondamental l'adoration de Dieu, le primat de Dieu,
qu'expriment les trois premiers Commandements. Ils nous disent: sans Dieu,
rien n'aboutit. C'est à partir de la personne de Jésus Christ que nous
apprenons qui est ce Dieu et comment il est. Puis suivent la sainteté de la
famille (quatrième Commandement), la sainteté de la vie (cinquième
Commandement), l'ordre du mariage (sixième Commandement), l'ordre social
(septième Commandement) et enfin la nature inviolable de la vérité (huitième
Commandement). Tout cela est aujourd'hui de la plus grande actualité, et va
précisément également dans le sens de saint Paul - si nous lisons
entièrement ses Lettres. "Porter du fruit avec les bonnes œuvres": au début
de la Semaine sainte, nous prions le Seigneur de nous donner à tous toujours
plus de ce fruit.
A la fin de l'Evangile pour la bénédiction des Rameaux, nous entendons
l'acclamation par laquelle les pèlerins saluent Jésus aux portes de
Jérusalem. C'est la parole du psaume 118 (117) que les prêtres proclamaient
à l'origine de la Ville Sainte aux pèlerins, mais qui, entre temps, était
devenue l'expression de l'espérance messianique: "Béni soit au nom de Yahvé
celui qui vient" (Ps 118 [117], 26; Lc 19, 38). Les pèlerins voient dans
Jésus l'Attendu, celui qui vient au nom du Seigneur, et selon l'Evangile de
saint Luc, ils ajoutent même un mot: "Béni soit celui qui vient, le Roi, au
nom du Seigneur". Et ils poursuivent par une acclamation qui rappelle le
message des Anges à Noël, mais ils le modifient d'une manière qui fait
réfléchir. Les Anges avaient parlé de la gloire de Dieu au plus haut des
cieux et de la paix sur terre pour les hommes de bonne volonté. A l'entrée
de la Ville sainte, les pèlerins disent: "Paix dans le Ciel et gloire au
plus haut des cieux!". Ils ne savent que trop bien que sur terre, il n'y a
pas de paix. Et ils savent que le lieu de la paix est le ciel - ils savent
que cela fait partie de l'essence du ciel d'être un lieu de paix. Ainsi,
cette acclamation est l'expression d'une peine profonde, et également une
prière d'espérance: que Celui qui vient au nom du Seigneur apporte sur terre
ce qui est aux cieux. Que sa royauté devienne la royauté de Dieu, présence
du ciel sur la terre. L'Eglise, avant la consécration eucharistique, chante
la parole du Psaume avec laquelle Jésus est salué avant son entrée dans la
Ville Sainte: elle salue Jésus comme le Roi qui, venant de Dieu, au nom de
Dieu, fait son entrée parmi nous. Aujourd'hui aussi, ce salut joyeux est
toujours une prière et une espérance. Prions le Seigneur afin qu'il nous
apporte le ciel: la gloire de Dieu et la paix des hommes. Nous comprenons ce
salut dans l'esprit de la demande de Notre Père: "Que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel!". Nous savons que le ciel est le ciel, le lieu
de la gloire et de la paix, car c'est là que règne entièrement la volonté de
Dieu. Et nous savons que la terre n'est pas le ciel tant que ne se réalise
pas en elle la volonté de Dieu. Nous saluons, donc Jésus qui vient du ciel
et nous le prions de nous aider à connaître et à faire la volonté de Dieu.
Que la royauté de Dieu entre dans le monde et qu'il soit ainsi empli de la
splendeur de la paix. Amen.
►
Au cours de l'Angelus du 28 mars 2010, le Pape Benoît XVI lance un appel - 30.03.10
Regarder
la vidéo :Pour
être homme, suivre Jésusi
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 30 mars 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.03.2010 -
T/Benoît XVI
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