Les droits de la conscience humaine |
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Le 30 mars 2009 -
(E.S.M.)
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Où trouver la doctrine traditionnelle de la conscience ? Pour saint Thomas
(IaIIae Q19, a5), même la conscience erronée a des droits. Chacun
a certes le devoir de s'informer pour sortir de l'erreur. Mais la
conscience, comme dictamen rationis ultime, doit toujours être suivie en
dernier ressort.
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L'abbé Guillaume de
Tanoüarn
Les droits de la conscience humaine
par l'abbé Guillaume de Tanoüarn
Le 30 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- C'est un petit fait, mais il n'a pas échappé à la sagacité de notre ami
Daniel Hamiche, décidément omniprésent, sur tous les fronts. Il s'agit des
Etats unis et de la clause de conscience que le personnel médical peut faire
valoir pour ne pas être mêlé activement à un avortement. La loi avait été
votée par les Républicains à la fin du second mandat de George Bush. Pour
Barak Obama, elle offre un confort aux consciences exigeantes... qui n'est
pas admissible !
Voici le texte de Daniel Hamiche dans le dernier numéro de Monde et vie, je
cite : "Le 27 février, le ministère de la Santé faisait connaître son
souhait d’abolir toute disposition visant à protéger la clause de conscience
– ce qui amena le cardinal George à dénoncer, le 17 mars, la dérive vers le
« despotisme » de l’administration Obama".
Un cardinal, traitant un Président en exercice d'apprenti despote, cela
n'est pas très courant et à ma connaissance ne s'est jamais vu dans la
France républicaine. il faut remonter à la vieille monarchie pour trouver en
France (de temps en temps) une telle liberté de
ton. Cela nous fait souvenir que le catholicisme le plus traditionnel a
toujours défendu les droits de la conscience individuelle.
On trouve un autre exemple récent de cette défense traditionnelle des droits
de la conscience, dans le petit livre de l'abbé Barthe, paru aux éditions
Hora decima : Les oppositions romaines au pape. Le troisième chapitre
traite d'un document concernant l'ouverture de conscience dans les
séminaires. Alors que la discipline traditionnelle en fait une pratique
réservée au for interne de la direction spirituelle et sans conséquence sur
le devenir du séminariste (dans les séminaires de
Saint-Sulpice, au Conseil des professeurs, le directeur spirituel posait sa
barrette lorsqu'il était question de l'un de ses dirigés pour expliquer à
tous son silence sur le cas examiné par l'ensemble des professeurs),
la discipline nouvelle devrait rendre possible une demande d'ouverture de
conscience par le supérieur de la Maison. Le fait paraîtra microscopique à
ceux qui n'ont aucune pratique de l'univers clos que représente un
Séminaire. J'y ai passé 5 ans... Je sais combien le respect du for interne
est une discipline essentielle si l'on ne veut pas tomber dans le
"despotisme" que le cardinal George reprochait tout à l'heure au Président
Obama. Microcosme d'un Séminaire. Macrocosme des Etats Unis d'Amérique. Le
principe en cause est exactement le même : nul n'a le droit de forcer les
digues de la conscience individuelle, sinon Dieu seul.
Lorsqu'un Big Brother (qu'il soit ensoutané ou encravaté)
s'arroge ce droit sur la conscience individuelle, il sort de son rôle. Et le
cardinal George a raison, il n'y a pas d'autre terme pour qualifier cela que
le terme de despotisme. Nous nous trouvons là aux source de l'esprit
totalitaire.
Il y a plusieurs manières d'abuser de la conscience. Il y a ceux qui en
abusent en la niant et en niant ses droits imprescriptibles, comme le fait
Barak Obama. il y a aussi ceux qui invente une conscience nouvelle et
obligatoire pour tous. Je pense par exemple à ceux qui criminalisent
l'attitude qui consiste à déclarer que le préservatif n'est pas une
protection suffisante et que la seule protection à 100 %, c'est la
confiance, la connaissance et l'amour. Dans les deux cas, mais, c'est vrai,
plus subtilement dans le second, on pratique un viol de conscience.
Où trouver la doctrine traditionnelle de la conscience ? Pour saint Thomas
(IaIIae Q19, a5), même la conscience erronée a des droits. Chacun
a certes le devoir de s'informer pour sortir de l'erreur. Mais la
conscience, comme dictamen rationis ultime, doit toujours être suivie en
dernier ressort. L'exemple proposé par le Docteur angélique est à la fois
comique et certainement d'actualité : celui qui croit de bonne foi que
forniquer (c'est le terme employé) est un bien
et qui ne fornique pas commet le mal. Dans l'article 6, le saint Docteur
insiste sur l'idée qu'il existe des actes intrinsèquement bons et des actes
intrinsèquement mauvais, indépendamment du jugement de la conscience, bref
un bien et un mal objectif, ce qui est évident à quiconque a un tout petit
peu l'expérience de la vie. Mais Thomas a préalablement affirmé ces droits
de la conscience humaine avec une trop grande clarté pour que l'article 6
puisse être pris comme un démenti ou un correctif de l'article 5, ainsi que
me l'expliqua naguère très sérieusement un thomiste de rencontre. Reste donc
que le Thomas le plus authentique, tout comme les prêtres traditionnels
d'aujourd'hui et les évêques courageux défendent les droits de la conscience
individuelle.
Mais me diront certains, l'Eglise n'a-t-elle pas condamné la liberté de
conscience ? Et cette condamnation, par Grégoire XVI dans Mirari vos,
n'est-elle pas toujours valable ? Cette condamnation autorisée de la liberté
de conscience n'est-elle pas le principal obstacle à la diffusion de la
doctrine de Vatican II (Dignitatis
Humanae §2) dans l'Eglise catholique romaine ? Et vous, abbé
Guillaume de Tanoüarn, en faisant cette apologie des droits de la
conscience, n'êtes vous pas en train de canoniser subrepticement Vatican II
?

Sources : ab2t.blogspot
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.03.09 -
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