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Vatican : Message pour le Carême 2015
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Le 30 janvier 2015 -
(E.S.M.)
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Le message pour le Carême 2015 a été rendu public ce mardi; il
est intitulé « Tenez ferme » (Jc5,8).
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MESSAGE POUR LE
CARÊME 2015
Tenez ferme (Jc 5,
8)
Chers frères et sœurs,
Le Carême est un temps de renouveau pour l’Église, pour les communautés et
pour chaque fidèle. Mais c’est surtout un « temps de grâce » (2 Cor
6, 2). Dieu ne nous demande rien qu’il ne nous ait donné auparavant : « Nous
aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier » (1 Jn 4,
19). Il n’est pas indifférent à nous. Il porte chacun de nous dans son cœur,
il nous connaît par notre nom, il prend soin de nous et il nous cherche
quand nous l’abandonnons. Chacun de nous l’intéresse ; son amour l’empêche
d’être indifférent à ce qui nous arrive. Mais il arrive que, quand nous
allons bien et nous sentons à l’aise, nous oublions sûrement de penser aux
autres (ce que Dieu le Père ne fait jamais), nous ne nous intéressons plus à
leurs problèmes, à leurs souffrances et aux injustices qu’ils subissent…
alors notre cœur tombe dans l’indifférence : alors que je vais relativement
bien et que je suis à l’aise, j’oublie ceux qui ne vont pas bien. Cette
attitude égoïste, d’indifférence, a pris aujourd’hui une dimension mondiale,
au point que nous pouvons parler d’une mondialisation de l’indifférence. Il
s’agit d’un malaise que, comme chrétiens, nous devons affronter.
Quand le peuple de Dieu se convertit à son amour, il trouve les réponses à
ces questions que l’histoire lui pose continuellement. Un des défis les plus
urgents sur lesquels je veux m’arrêter dans ce message, est celui de la
mondialisation de l’indifférence.
L’indifférence envers son prochain et envers Dieu est une tentation réelle
même pour nous, chrétiens. C’est pour cela que nous avons besoin d’entendre,
lors de chaque Carême, le cri des prophètes qui haussent la voix et qui nous
réveillent.
Dieu n’est pas indifférent au monde, mais il l’aime jusqu’à donner son Fils
pour le salut de tout homme. Dans l’incarnation, dans la vie terrestre, dans
la mort et la résurrection du Fils de Dieu, la porte entre Dieu et l’homme,
entre ciel et terre, s’ouvre définitivement. Et l’Église est comme la main
qui maintient ouverte cette porte grâce à la proclamation de la Parole, à la
célébration des sacrements, au témoignage de la foi qui devient efficace
dans la charité (cf. Ga 5, 6). Toutefois, le monde tend à s’enfermer
sur lui-même et à fermer cette porte par laquelle Dieu entre dans le monde
et le monde en lui. Ainsi, la main, qui est l’Église, ne doit jamais être
surprise si elle est repoussée, écrasée et blessée.
C’est pourquoi, le peuple de Dieu a besoin de renouveau, pour ne pas devenir
indifférent et se renfermer sur lui-même. Je voudrais vous proposer trois
pistes à méditer pour ce renouveau.
1. « Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance
» (1Co 12, 26) – L’Église
La charité de Dieu qui rompt ce mortel enfermement sur soi-même qu’est
l’indifférence, nous est offerte par l’Église dans son enseignement et,
surtout, dans son témoignage. Cependant, on ne peut témoigner que de ce que
l’on a éprouvé auparavant. Le chrétien est celui qui permet à Dieu de le
revêtir de sa bonté et de sa miséricorde, de le revêtir du Christ, pour
devenir comme lui, serviteur de Dieu et des hommes. La liturgie du Jeudi
Saint avec le rite du lavement des pieds nous le rappelle bien. Pierre ne
voulait pas que Jésus lui lave les pieds, mais il a ensuite compris que
Jésus ne veut pas être seulement un exemple de la manière dont nous devons
nous laver les pieds les uns les autres. Ce service ne peut être rendu que
par celui qui s’est d’abord laissé laver les pieds par le Christ. Seul
celui-là a « part » avec lui (Jn 13, 8) et peut ainsi servir l’homme.
Le Carême est un temps propice pour nous laisser servir par le Christ et
ainsi devenir comme lui. Cela advient quand nous écoutons la Parole de Dieu
et quand nous recevons les sacrements, en particulier l’Eucharistie. Nous
devenons en elle ce que nous recevons : le Corps du Christ. Dans ce corps,
cette indifférence qui semble prendre si souvent le pouvoir sur nos cœurs,
ne trouve pas de place. Puisque celui qui est du Christ appartient à un seul
corps et en lui personne n’est indifférent à l’autre. « Si un seul membre
souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à
l’honneur, tous partagent sa joie » (1 Co 12, 26).
L’Église est communio sanctorum parce que les saints y participent
mais aussi parce qu’elle est communion de choses saintes : l’amour de Dieu
révélé à nous dans le Christ et tous ses dons. Parmi eux, il y a aussi la
réponse de tous ceux qui se laissent atteindre par un tel amour. Dans cette
communion des saints et dans cette participation aux choses saintes personne
n’a rien en propre, mais ce qu’il possède est pour tout le monde. Et puisque
nous sommes liés en Dieu, nous pouvons faire quelque chose aussi pour ceux
qui sont loin, pour ceux que nous ne pourrions jamais rejoindre par nos
propres forces, parce que nous prions Dieu avec eux et pour eux afin que
nous nous ouvrions tous à son œuvre de salut.
2. « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9) – Les paroisses et les
communautés
Il est nécessaire de traduire tout ce qui est dit par l’Église universelle
dans la vie des paroisses et des communautés. Réussit-on dans ces réalités
ecclésiales à faire l’expérience d’appartenir à un seul corps ? Un corps qui
en même temps reçoit et partage tout ce que Dieu veut donner ? Un corps qui
connaît et qui prend soin de ses membres les plus faibles, les plus pauvres
et les plus petits ? Ou bien nous réfugions-nous dans un amour universel qui
s’engage de loin dans le monde mais qui oublie le Lazare assis devant sa
propre porte fermée ? (cf. Lc 16, 19-31).
Pour recevoir et faire fructifier pleinement ce que Dieu nous donne, il faut
dépasser les frontières de l’Église visible dans deux directions.
En premier lieu, en nous unissant à l’Église du ciel dans la prière. Quand
l’Église terrestre prie, s’instaure une communion de service réciproque et
de bien qui parvient jusqu’en la présence de Dieu. Avec les saints qui ont
trouvé leur plénitude en Dieu, nous faisons partie de cette communion dans
laquelle l’indifférence est vaincue par l’amour. L’Église du ciel n’est pas
triomphante parce qu’elle a tourné le dos aux souffrances du monde et se
réjouit toute seule. Au contraire, les saints peuvent déjà contempler et
jouir du fait que, avec la mort et la résurrection de Jésus, ils ont vaincu
définitivement l’indifférence, la dureté du cœur et la haine. Tant que cette
victoire de l’amour ne pénètre pas le monde entier, les saints marchent avec
nous qui sommes encore pèlerins. Sainte Thérèse de Lisieux, docteur de
l’Église, convaincue que la joie dans le ciel par la victoire de l’amour
crucifié n’est pas complète tant qu’un seul homme sur la terre souffre et
gémit, écrivait : « Je compte bien ne pas rester inactive au Ciel, mon désir
est de travailler encore pour l'Église et les âmes » (Lettre 254,
14 juillet 1897).
Nous aussi, nous participons aux mérites et à la joie des saints et eux
participent à notre lutte et à notre désir de paix et de réconciliation.
Leur joie de la victoire du Christ ressuscité nous est un motif de force
pour dépasser tant de formes d’indifférence et de dureté du cœur.
D’autre part, chaque communauté chrétienne est appelée à franchir le seuil
qui la met en relation avec la société qui l’entoure, avec les pauvres et
ceux qui sont loin. L’Église est, par nature, missionnaire, et elle n’est
pas repliée sur elle-même, mais envoyée à tous les hommes.
Cette mission est le patient témoignage de celui qui veut porter au Père
toute la réalité et chaque homme. La mission est ce que l’amour ne peut pas
taire. L’Église suit Jésus Christ sur la route qui la conduit vers tout
homme, jusqu’aux confins de la terre (cf. Ac 1,8). Nous pouvons ainsi
voir dans notre prochain le frère et la sœur pour lesquels le Christ est
mort et ressuscité. Tout ce que nous avons reçu, nous l’avons reçu aussi
pour eux. Et pareillement, ce que ces frères possèdent est un don pour
l’Église et pour l’humanité entière.
Chers frères et sœurs, je désire tant que les lieux où se manifeste
l’Église, en particulier nos paroisses et nos communautés, deviennent des
îles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence !
3. « Tenez ferme » (Jc 5, 8) – Chaque fidèle
Même en tant qu’individu nous avons la tentation de l’indifférence. Nous
sommes saturés de nouvelles et d’images bouleversantes qui nous racontent la
souffrance humaine et nous sentons en même temps toute notre incapacité à
intervenir. Que faire pour ne pas se laisser absorber par cette spirale de
peur et d’impuissance ?
Tout d’abord, nous pouvons prier dans la communion de l’Église terrestre et
céleste. Ne négligeons pas la force de la prière de tant de personnes !
L’initiative 24 heures pour le Seigneur, qui, j’espère, aura lieu
dans toute l’Église, même au niveau diocésain, les 13 et 14 mars, veut
montrer cette nécessité de la prière.
Ensuite, nous pouvons aider par des gestes de charité, rejoignant aussi bien
ceux qui sont proches que ceux qui sont loin, grâce aux nombreux organismes
de charité de l’Église. Le Carême est un temps propice pour montrer cet
intérêt envers l’autre par un signe, même petit, mais concret, de notre
participation à notre humanité commune.
Enfin, la souffrance de l’autre constitue un appel à la conversion parce que
le besoin du frère me rappelle la fragilité de ma vie, ma dépendance envers
Dieu et mes frères. Si nous demandons humblement la grâce de Dieu et que
nous acceptons les limites de nos possibilités, alors nous aurons confiance
dans les possibilités infinies que l’amour de Dieu a en réserve. Et nous
pourrons résister à la tentation diabolique qui nous fait croire que nous
pouvons nous sauver et sauver le monde tout seuls.
Pour dépasser l’indifférence et nos prétentions de toute-puissance, je
voudrais demander à tous de vivre ce temps de Carême comme un parcours de
formation du cœur, comme l’a dit Benoît XVI (cf. Lett. Enc.
Deus Caritas Est n. 31). Avoir un cœur miséricordieux ne veut
pas dire avoir un cœur faible. Celui qui veut être miséricordieux a besoin
d’un cœur fort, solide, fermé au tentateur, mais ouvert à Dieu. Un cœur qui
se laisse pénétrer par l’Esprit et porter sur les voies de l’amour qui
conduisent à nos frères et à nos sœurs. Au fond, un cœur pauvre, qui
connaisse en fait ses propres pauvretés et qui se dépense pour l’autre.
Pour cela, chers frères et sœurs, je désire prier avec vous le Christ en ce
Carême : « Fac cor nostrum secundum cor tuum » : « Rends notre
cœur semblable au tien » (Litanies du Sacré Cœur de Jésus). Alors nous
aurons un cœur fort et miséricordieux, vigilant et généreux, qui ne se
laisse pas enfermer en lui-même et qui ne tombe pas dans le vertige de la
mondialisation de l’indifférence.
Avec ce souhait, je vous assure de ma prière afin que chaque croyant et
chaque communauté ecclésiale parcourt avec fruit le chemin du Carême, et je
vous demande de prier pour moi. Que le Seigneur vous bénisse et que la
Vierge Marie vous garde.
Du Vatican, le 4 octobre 2014
Fête de saint François d’Assise
François
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.01.2015
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