Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

LÉON XIV

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Le Père Nicolás en communion avec Benoît XVI

 

Rome, le 30 janvier 2008  - (E.S.M.) - Afin de répondre à la forte demande de la presse pour une interview avec le Père Général, le Père Nicolás a décidé de rencontrer la presse pour un entretien « à moitié ». "Des articles de presse ont dit qu’il y avait une distance théologique entre moi et Benoît XVI, une distance qui pourrait fonder un certain sensationnalisme". "Cette distance dont on a parlé est plutôt dans l’imagination des gens."

Le Père Nicolás

Le Père Nicolás en communion avec Benoît XVI

Rencontre du Père général avec la presse

Afin de répondre à la forte demande de la presse pour une interview avec le Père Général, le Père Nicolás a décidé de rencontrer la presse pour un entretien « à moitié ». Le moment n’est pas encore venu pour parler de la Congrégation faute d’indications et de mandats. Ainsi les journalistes ont été invités à une rencontre pendant laquelle le Père Général les saluerait et prononcerait quelques mots. Il ne répondrait pas aux questions. Plus au moins 65 journalistes (trois chaînes de télévision) ont accepté les conditions et sont venus à la rencontre. Le Père Général a tenu un discours d’environ 20 minutes qui a été très bien accueilli. Ensuite les journalistes ont visité l’aula de la Congrégation.

La Radio du Vatican a enregistré, transcrit et traduit le discours tenu en italien par le Père Général. Veuillez le trouver ci-dessous :

Rencontre avec la presse
Dans la Salle Nadal
Le 25 janvier 2008


Tout d’abord, je veux vous remercier pour l’intérêt que vous avez manifesté envers la Compagnie de Jésus durant cette Congrégation générale et pour le regard positif que vous avez posé sur moi.

Je comprends les difficultés que vous rencontrez à trouver des renseignements sur moi : je suis peu connu. Des journalistes espagnols ont cherché des trésors là où il n’y en avait pas: ils ont interrogé des gens, cherchant de petits drames, demandant si j’étais vraiment le troisième de trois garçons – de fait je suis le troisième de quatre! On a vérifié si j’avais étudié à l’institut Balmes – c’est vrai, mais pendant un an seulement quand j’avais 10 ans et j’avais coulé deux ou trois matières…

J’espère que dans l’avenir, çà ne sera pas si difficile de trouver de l’information puisque, je pense, on pourra laisser de côté ces détails moins importants et vous informer sur le plus essentiel : ce que nous faisons dans le monde d’aujourd’hui, dans l’Église, à ce moment de l’histoire.

Ces derniers jours, j’ai lu dans la presse des choses utiles mais d’autres qui ne le sont pas vraiment. Parmi les moins valables, par exemple, il y a cette recherche de conflit entre les jésuites et le Saint Père, entre les jésuites et le Vatican. Je ne pense pas que çà soit fondé. La Compagnie de Jésus a toujours été en communion avec le Saint Père et nous sommes heureux qu’il en soit ainsi. Entre des époux, il y a toujours des difficultés; ceux qui sont mariés parmi vous ne peuvent pas me dire le contraire. Quand des gens s’aiment, ils peuvent se blesser. Quand, à l’intérieur de la relation, on cherche à travailler ensemble, des difficultés peuvent survenir et c’est normal. Les gens mariés savent de quoi je parle. La Compagnie de Jésus veut travailler avec le Saint Siège et obéir au Saint Père. Çà a toujours été notre façon de voir entre nous. Çà a toujours été ainsi, çà n’a pas changé et je ne crois pas que çà va changer.

Des articles de presse ont dit qu’il y avait une distance théologique entre moi et Benoît XVI, une distance qui pourrait fonder un certain sensationnalisme. Quand j’étais étudiant, j’ai étudié les ouvrages du professeur Ratzinger; à Tokyo, nous utilisions ses livres parce qu’il est un grand professeur. Ses ouvrages étaient intéressants; ils étaient créatifs et inspirants, ce que nous apprécions à l’époque. Je parle des années 1964 à 1968, quand j’étudiais à Tokyo et que les travaux de Ratzinger étaient au programme. Plus tard, quand je suis venu à Rome, c’était la même chose. Le nom de Ratzinger était synonyme de « grand professeur ». Et en Allemagne, même s’il n’a pas enseigné à Frankfort, tout le monde lisait ses ouvrages.

Alors cette distance dont on a parlé est plutôt dans l’imagination des gens. Il est plutôt question d’une conversation continue, car la théologie est toujours espace de dialogue. Ce qui est le plus important est la recherché de la vérité, de la vérité inspirée par la Parole de Dieu, dans la vie de l’Église, dans la vie des chrétiens et chrétiennes. Dans ce dialogue, on peut trouver des différences de points de vue, mais elles font toujours partie d’une recherche mutuelle pour la vérité.

Certains journalistes disent que je suis comme Arrupe, ou comme Kolvenbach, ou moitié moitié, jusqu’à cinquante pour cent d’un ou de l’autre; je ne serais pas surpris si quelqu’un disait que je suis 10% Elvis Presley. Et tout çà est faux! Je ne suis pas le P. Arrupe. J’aime le P. Arrupe, je l’admire, il m’a influencé, je l’ai même eu comme supérieur durant quatre ans au Japon et, de fait, je l’avais connu antérieurement durant mes études, alors qu’il nous avait parlé de la bombe atomique à Hiroshima… mais je ne suis pas Arrupe. Alors, qui suis-je? Si vous me le demandez, je vous dirai que j’ai été créé pour être celui que je suis; je suis en évolution, in fieri, jusqu’à ce que je devienne vraiment celui que Dieu veut que je sois, comme c’est le cas de chacun de nous. Cela s’applique aussi aux relations avec le Saint Père ou à ce qui sortira de cette Congrégation générale. Tout dépendra de l’habilité que j’aurai de répondre ou non à la réalité d’aujourd’hui et à ceux et celles qui m’entourent, de répondre à ce que la Congrégation va me demander. C’est donc toujours une question ouverte.

Un aspect qui a de l’intérêt pour la presse, c’est ma relation avec l’Asie. Nous avons mis sur le mur à votre gauche une carte faite le mois dernier à Manille, là où j’ai travaillé au cours des dernières années. C’est une région qui va du Japon à la Chine, qui inclut l’Australie et la Micronésie dans le Pacifique. J’ai vécu la plus grande partie de ma vie en Asie, où je suis arrivé quand j’avais 24 ans, après mes études de philosophie à Alcalá. Et l’Asie a été tout un défi, un véritable défi de bien des manières.

Mes premières années au Japon n’ont pas été faciles, pas tant à cause du poisson cru – la diète japonaise est bonne – pas à cause de la langue qui n’était pas si difficile, même pour écrire les caractères japonais. Ce sont là des choses externes. Les difficultés étaient plus profondes. Le monde n’était pas comme je l’avais imaginé quand j’étais en Espagne, et ma manière de voir les choses n’était pas commune, même pour ce qui est de la foi. Des choses communément comprises d’une certaine manière en Espagne ne l’étaient pas là-bas. Le contact avec un monde si complètement différent remettait en question ce que j’avais pris pour acquis. C’est une expérience normale, mais c’était difficile.

C’est dans ce contexte que j’ai dû étudier la théologie; et ce fut très intéressant. La tâche était de reformuler la foi elle-même non seulement dans le contexte de Vatican II mais dans le contexte de l’Asie, du Japon, là où le bouddhisme et le shintoïsme ont une profonde influence. Je crois que l’Asie m’a changé, j’ose espérer que ce fut pour le mieux – les Japonais doivent juger de cela. L’Asie m’a changé et m’a aidé à comprendre les autres, à accepter ce qui est différent, à chercher à comprendre pourquoi des choses sont différentes, en quoi sont fondées les différences et comment je puis apprendre des différences.

Et puis, j’ai appris à sourire devant les difficultés, devant les imperfections humaines, devant la réalité humaine. En Espagne, j’étais quelque peu intolérant; je cherchais l’ordre, les ordres aussi, parce que je voyais la religion comme une fidélité à des pratiques religieuses. Au Japon, j’ai appris que le vrai sens religieux est plus profond, qu’on doit aller au cœur des choses, à ce qui est au plus profond de notre humanité, que nous parlions de Dieu, de nous-mêmes ou de la vie humaine. C’est là une manière d’entrer dans un univers différent. J’ai donc appris à travers tout çà que je pouvais sourire devant les difficultés, ce qui, en Espagne, m’aurait rendu bien inquiet. La vie humaine est ainsi : les imperfections font partie de la nature et c’est nécessaire de les accepter dès le tout début.

Les Japonais ont la réputation de travailler 24 heures par jour; oui sans doute, mais ils le font lentement, lentement; ils ne travaillent pas comme des Américains, des Français et encore moins comme les Espagnols qui ne travaillent peut-être qu’une heure, mais très intensément. C’est un rythme différent, et cela ne s’applique pas qu’au travail mais à la manière de comprendre les gens, sans s’imposer à eux. Çà les scandalise quand on est trop stricts, intolérants ou incapables d’accepter la diversité; c’est source de scandale pour eux.

C’était vraiment un défi pour nous qui arrivions là-bas avec la naïveté de ceux qui étaient nés et avaient été éduqués dans un pays comme l’Espagne. À cause de cela, je crois que l’Asie peut grandement enrichir l’Église universelle. Malheureusement, nous, les jésuites, sommes peu nombreux en Asie et nous n’avons pas beaucoup écrit à propos de tout çà. Le Japon peut contribuer beaucoup avec sa culture et sa manière de faire face aux problèmes en profondeur. Si nous nous arrêtons au bouddhisme, on peut voir qu’il se présente sous diverses formes en Asie; de l’Inde au Sri Lanka, le bouddhisme se présente avec une tradition du sud. Mais le nord en a une autre, le Mahayana, qui s’était ouvert à une variété de situations et qui est arrivé au Japon où il a trouvé moyen d’entrer profondément dans la culture, de sorte que le Zen a pu acquérir une citoyenneté japonaise. Les questionnements étaient profonds; tout était source de questionnement. De ce monde-là, on peut tous apprendre, tout en conservant notre sérénité face à ce que l’autre nous apporte.

Et puis il y a la Chine. La Chine est un monde, avec une variété de cultures et une diversité de langues, plus de 27 groupes ethniques dans le sud de la Chine seulement, où on parle chinois avec un mélange d’arabe. Puis il y a la Corée, le Vietnam avec leurs propres diversités. Et les Philippines, parfois appelées l’Italie de l’Asie, parce qu’on y trouve le même sens de l’humour et même goût de la vie, une compréhension de la loi qui est peut-être plus large que dans d’autres pays. On dit par exemple que les règles de circulation ne sont pas des lois mais des recommandations… Cette manière de comprendre la vie est bonne aussi pour le reste de l’Asie, elle apporte un humanisme asiatique profond.

L’Indonésie fait partie de la même tradition. Je devrais aussi parler de l’Australie, avec son caractère occidental, qui s’est donné comme mission d’être un pont entre l’Asie et l’Occident. J’ai trouvé beaucoup d’aide et de collaboration en Australie pour les programmes de développement. Et nous avons aussi de nouvelles missions, au Myanmar, au Timor oriental et au Cambodge, nouvelles parce que pour un temps ces terres nous étaient fermées. Les jésuites avaient été expulsés du Cambodge et du Myanmar par les gouvernements militaires. Au Timor, depuis l’indépendance, de petits groupes changent bien des choses : nous avons là maintenant de nouvelles vocations, mais tout est à refaire. Tous ces pays nous apportent de nouveaux défis, de nouvelles tâches.

Bien; à propos de l’avenir je ne peux pas dire grand’ chose. La raison est bien simple, c’est que je viens tout juste de commencer. Durant les réunions de la Congrégation, quand quelqu’un parle du père Général, je pense encore qu’on se réfère au P. Kolvenbach… je n’ai pas encore conscience que c’est de moi qu’il s’agit. Mon attitude actuelle est d’écouter, d’écouter et d’obéir. Comme vous le savez, la Congrégation générale a autorité sur le P. Général. Durant la Congrégation, je suis soumis à elle. Si la Congrégation me dit ce qui doit être fait, dans quelle direction aller, je dois obéir, c’est ma mission. Alors, ce qui est important pour moi maintenant est de savoir ce que la Congrégation générale désire, de même que de trouver comment répondre aux défis que le Saint Père Benoît XVI nous a fait connaître, ce sur quoi nous réfléchissons sérieusement, afin de pouvoir donner une réponse qui puisse aider l’Église, pas nous-mêmes d’abord. Je souhaite rencontrer le Saint Père bientôt pour un premier entretien. Et puis, quand les délégués de la Congrégation seront partis, je commencerai à travailler, je chercherai comment concrètement répondre aux attentes.

J’espère pouvoir alors avoir une nouvelle rencontre avec vous et répondre à vos questions. Pour le moment, je n’ai pas de réponses; je ne pourrais répondre que « çà dépendra, de ci, de çà… » Dans le dialogue que nous entretiendrons, j’espère suivre les principes de Ghandi qui a dit que quand nous parlons, il faut d’abord que ce qu’on dise soit vrai, parce que si çà n’est pas vrai, çà n’a pas d’intérêt. En second lieu, çà doit être charitable. Et enfin, çà doit produire quelque chose de bon pour les autres. Ainsi je pense que des nouvelles, même si elles sont vraies mais qu’elles n’apportent rien de bon et créent plutôt des malentendus, çà n’est pas intéressant, que si des nouvelles n’aident pas les gens, elles sont sans valeur.

J’ai l’intention d’être transparent. J’ai appris l’importance de çà en Indonésie, d’un couple qui n’était pas chrétien. Dans un contexte où la peur des esprits mauvais était forte, ce couple a choisi la transparence comme base de sa spiritualité pour se défendre contre les menaces, de sorte que tout le mal qui passait ne laissait pas de trace dans leur vie et que tout le bien qui les touchait, ils pouvaient le passer aux autres. Je pense que c’est une manière de voir symbolique que nous devons garder en tête. La transparence est une attitude qui vise la responsabilité pour le bien des autres, pas pour nous-mêmes. Ainsi, çà n’est pas si important ce que les gens pensent de moi; ce qui est important, c’est le bien pour les autres qui peut venir de moi.

Je suis donc heureux de vous avoir rencontrés et je vous remercie pour le ton positif que j’ai perçu jusqu’à maintenant. Je comprends les difficultés que vous rencontrez dans votre travail et je souhaite que dans l’avenir nous puissions vraiment travailler ensemble. Merci.

Benoît XVI encourage le P. Nicolas à continuer la formation sérieuse des jeunes jésuites
 

Sources: sjweb

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 30.01.2008 - BENOÎT XVI

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante