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Benoit XVI : ma vie, mes priorités
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Le 29 décembre 2022 -
(E.S.M.)
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En ces heures inquiétantes pour la vie terrestre du pape
émérite Benoît, nous vous proposons ci-dessous deux de ses écrits
autographes et autobiographiques décisifs pour le comprendre
jusqu’au bout.
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Benoît XVI -
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Benoit XVI : ma vie, mes priorités
Prions pour Benoît XVI !
Le 29 décembre 2022 - E.
S. M. - En ces heures inquiétantes pour la vie terrestre du
pape émérite Benoît, nous vous proposons ci-dessous deux de ses
écrits autographes et autobiographiques décisifs pour le comprendre
jusqu’au bout.
Le premier est extrait de la
lettre qu’il a envoyée aux évêques de l’Église catholique le 10
mars 2009, dans laquelle il présente les « priorités » de son
pontificat.
Le second est tiré de la lettre encyclique « Spe
Salvi » du 30 novembre 2007, qu’il a entièrement rédigée
lui-même, et dévoile l’espérance qui l’a toujours animé, même dans
les heures les plus difficiles pour l’Église, lui qui s’est trouvé
appelé à la gouverner plutôt que de se consacrer entièrement à une
vie d’étude, tout comme cela s’était passé pour le théologien et
évêque Augustin, le docteur de l’Église qu’il préfère entre tous.
« La priorité qui dépasse toutes les
autres »
Je pense avoir souligné les priorités de mon Pontificat dans les
discours que j’ai prononcés à son début. Ce que j’ai dit alors
demeure de façon inaltérée ma ligne directive. La première priorité
pour le Successeur de Pierre a été fixée sans équivoque par le
Seigneur au Cénacle: « Toi… affermis tes frères » (Lc 22, 32).
Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa
première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer
devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance
qui est en vous » (I P 3, 15).
À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque
de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la
priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et
d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque,
mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous
reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout
(cf. Jn
13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de
notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon
des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu,
l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en
manifestent toujours plus en son sein.
« Une vie totalement nouvelle »
La vraie, la grande espérance de l’homme, qui résiste malgré toutes
les désillusions, ce ne peut être que Dieu – le Dieu qui nous a
aimés et qui nous aime toujours « jusqu’au bout », « jusqu’à ce que
tout soit accompli » (cf. Jn 13, 1 et 19, 30). Celui qui est touché
par l’amour commence à comprendre ce qui serait précisément « vie ».
Il commence à comprendre ce que veut dire la parole d’espérance que
nous avons rencontrée dans le rite du Baptême: de la foi j’attends
la « vie éternelle » – la vie véritable qui, totalement et sans
menaces, est, dans toute sa plénitude, simplement la vie.
Jésus, qui a dit de lui-même être venu pour que nous ayons la vie et
que nous l’ayons en plénitude, en abondance
(cf. Jn 10, 10), nous a
aussi expliqué ce que signifie « la vie »: « La vie éternelle, c’est
de te connaître, toi le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître
celui que tu as envoyé, Jésus Christ »
(Jn 17, 3). La vie dans le
sens véritable, on ne l’a pas en soi, de soi tout seul et pas même
seulement par soi: elle est une relation. Et la vie dans sa totalité
est relation avec Celui qui est la source de la vie. Si nous sommes
en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est Lui-même la Vie et
l’Amour, alors nous sommes dans la vie. Alors nous « vivons ».
Mais maintenant se pose la question: de cette façon ne sommes-nous
pas retombés de nouveau dans l’individualisme du salut, dans
l’espérance pour moi seulement pour moi, qui n’est justement pas une
véritable espérance, parce qu’elle oublie et néglige les autres?
Non. La relation avec Dieu s’établit par la communion avec Jésus –
seuls et avec nos seules possibilités nous n’y arrivons pas. La
relation avec Jésus, toutefois, est une relation avec Celui qui
s’est donné lui-même en rançon pour nous tous
(cf. 1 Tm 2, 6). Le
fait d’être en communion avec Jésus Christ nous implique dans son
être « pour tous », il en fait notre façon d’être. Il nous engage
pour les autres, mais c’est seulement dans la communion avec Lui
qu’il nous devient possible d’être vraiment pour les autres, pour
l’ensemble. […]
Nous pouvons observer de façon frappante la même relation entre
amour de Dieu et responsabilité envers les hommes dans la vie de
saint Augustin. Après sa conversion à la foi chrétienne, avec
quelques amis aux idées semblables, il voulait mener une vie qui fût
totalement consacrée à la parole de Dieu et aux choses éternelles.
Il voulait réaliser par des valeurs chrétiennes l’idéal de la vie
contemplative exprimé dans la grande philosophie grecque,
choisissant de cette façon « la meilleure part »
(cf. Lc 10, 42).
Mais les choses en allèrent autrement.
Alors qu’il participait à la messe dominicale dans la ville
portuaire d’Hippone, il fut appelé hors de la foule par l’Évêque et
contraint de se laisser ordonner pour l’exercice du ministère
sacerdotal dans cette ville. Jetant un regard rétrospectif sur ce
moment, il écrit dans ses Confessions: « Atterré par mes péchés et
la masse pesante de ma misère, j’avais, en mon cœur, agité et ourdi
le projet de fuir dans la solitude: mais tu m’en as empêché, et tu
m’as fortifié par ces paroles: “Le Christ est mort pour tous afin
que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais
sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux” (2 Co 5, 15) ». Le
Christ est mort pour tous. Vivre pour Lui signifie se laisser
associer à son « être pour ».
Pour Augustin, cela signifiait une vie totalement nouvelle. Une
fois, il décrivit ainsi son quotidien: « Corriger les indisciplinés,
conforter les pusillanimes, soutenir les faibles, réfuter les
opposants, se garder des mauvais, instruire les ignorants, stimuler
les négligents, freiner les querelleurs, modérer les ambitieux,
encourager les découragés, pacifier les adversaires, aider les
personnes dans le besoin, libérer les opprimés, montrer son
approbation aux bons, tolérer les mauvais et [hélas] aimer tout le
monde ». « C’est l’Évangile qui m’effraie » [23] – cette crainte
salutaire qui nous empêche de vivre pour nous-mêmes et qui nous
pousse à transmettre notre commune espérance.
De fait, c’était bien l’intention d’Augustin: dans la situation
difficile de l’empire romain, qui menaçait aussi l’Afrique romaine
et qui, à la fin de la vie d’Augustin, la détruisit tout à fait,
transmettre une espérance – l’espérance qui lui venait de la foi et
qui, en totale contradiction avec son tempérament introverti, le
rendit capable de participer de façon résolue et avec toutes ses
forces à l’édification de la cité. Dans le même chapitre des
Confessions, où nous venons de voir le motif décisif de son
engagement « pour tous », il écrit: Le Christ « intercède pour nous,
sans lui c’est le désespoir. Elles sont nombreuses, ces langueurs,
et si fortes! Nombreuses et fortes, mais ton remède est plus grand.
En croyant que ton Verbe était beaucoup trop loin de s’unir à
l’homme, nous aurions bien pu désespérer de nous, s’il ne s’était
fait chair, habitant parmi nous ». En raison de son espérance,
Augustin s’est dépensé pour les gens simples et pour sa ville – il a
renoncé à sa noblesse spirituelle et il a prêché et agi de façon
simple pour les gens simples.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
Sources : diakonos
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.12.2022
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